Religion
Au
sens large du terme, on peut dire que la r.
se fonde sur la croyance en des êtres spirituels. Cependant, cela ne
peut être appliqué pleinement aux premiers bouddhistes ni aux
confucéens, pour lesquels la r.
est un code de conduite et un style de vie. Les religions montrent ce
qui existe dans leur paysage de formation (v.) respectif en ce qui
concerne la description de leurs dieux, cieux, enfers, etc. Elles
font irruption dans un moment historique et il est d'usage de dire
qu'alors Dieu se "révèle" à l'homme, mais quelque chose
s'est produit dans ce moment historique pour que l'on accepte une
telle révélation. Face à cela, toute une discussion autour des
conditions sociales de ce moment-là se produit. Cette façon de
considérer le phénomène religieux a son importance mais n'explique
pas comment est le registre interne qu'ont dans ce moment les membres
d'une société qui s'achemine vers un nouveau moment religieux. Si
la r.
se fonde sur un phénomène psychosocial, il convient aussi de
l'étudier depuis cette perspective .
On peut parler de "l'extériorité" des religions quand on
étudie le système des images projetées en icônes, peintures,
statues, constructions, reliques (propres à la perception visuelle),
dans les cantiques et dans les prières (propres à la perception
auditive), ou dans les gestes, les positions et orientations du corps
(propres aux perceptions kinesthésique et cénesthésique). A partir
de "l'extériorité" d'une r.,
on peut aussi bien étudier sa théologie, ses livres sacrés et ses
sacrements que sa liturgie, son organisation, ses dates de cultes et
la situation des croyants au regard d'opérations précises à
effectuer, selon leur âge et leur état physique.
Enfin,
toujours depuis l'extériorité religieuse, il est intéressant de
remarquer avec quelle fréquence on est tombé dans l'erreur dans la
description et le pronostic. Ainsi, presque rien de ce qui a été
dit sur les religions ne peut aujourd'hui être maintenu. Si certains
pensent aux religions comme moyen d'endormir l'activité politique et
sociale, aujourd'hui ils se retrouvent face à leurs puissantes
impulsions dans ces domaines ; si d'autres les imaginaient imposer
leur message, ils trouvent que ce message a changé ; ceux qui
croyaient que cela allait durer toujours, aujourd'hui doutent de leur
"éternité" et ceux qui supposaient leur disparition
assistent en peu de temps avec surprise à l'irruption de formes
mystiques manifestes ou larvées. Rien de ce qui a été dit sur les
religions ne peut tenir debout, parce que ceux qui en ont fait
l'apologie ou les ont dénigrées l'on fait d'un point de vue
externe, sans tenir compte du registre interne, du système
d'idéation des sociétés. Et logiquement, sans compréhension de
l'essence du phénomène religieux, il peut aboutir au merveilleux ou
à l'absurde, mais presque toujours à l'inattendu.
Religiosité
Système
de registres internes par lequel un croyant oriente ses contenus
mentaux dans une direction transcendante. La r.
est très liée à la foi, que l'on peut orienter de façon naïve,
fanatique ou destructive, ou d'une façon utile (du point de vue des
références) dans la relation avec le monde dont les stimuli
changeants ou douloureux tendent à la déstructuration (v.)
de la conscience.
La
r.
ne comporte pas nécessairement la croyance en la divinité ; c'est
le cas de la mystique bouddhiste originelle. De cette perspective, on
peut comprendre l'existence d'une "r.
sans religion". Il s'agit, dans tous les cas, d'une expérience
de "sens" des événements et de la vie humaine. Une telle
expérience ne peut pas non plus être réduite à une philosophie, à
une psychologie ou, en général, à un système d'idées.
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