2016/08/31

Sur la Religion Intérieure

Dans toutes les religions il y a des récits extraordinaires à propos de l’entrée de l’esprit, à propos de la perte de conscience, à propos des phénomènes extraordinaires. Actuellement des formes raffinées de modifier les états de conscience sont de mode, comme dans l’action des drogues. Par le biais de l’action de drogues certains font des récits extraordinaires d’autres niveaux, d’autres états, et d’une compréhension différente du monde. En effet, ces états existent. Mais il se trouve qu’en aucun de ces cas (celui des religions et celui de l’action des drogues) il n’y a contrôle du phénomène. 

Nous, nous parlons d’un travail conscient et ceux qui ont participé de ce travail savent ce que c’est de libérer cette énergie interne, c’est-à-dire : atteindre un niveau de «réveil » plus grand. Nous connaissons plusieurs techniques. Une d’elles a à voir avec cette sensation interne d’une forme sphérique dans la poitrine et dont l’expansion progressive, d’un seul coup libère le mécanisme d’énergie alors on commence à transiter par des états plus conscients (non par les états de perte de conscience, qui est la voie de chute, cette voie que nous appelons « crépusculaire »). 

Il y a une autre technique qui se réfère à un travail avec les formes, mais pas comme le fond les orientaux avec leurs « yantras ». Il y a une autre technique : en ne remplissant pas la conscience de contenus, mais en vidant la conscience de contenus. Mettons un exemple : si ici réunis on suggère : « cherchez à l’intérieur de vous-même, ce que vous avez cherché toute votre vie », vous direz : mais que dois-je trouver ? Si je devais trouver un vase à fleurs, ou une image, ou le cœur, en dernier ressort la chose serait facile. Mais qu’est-ce que c’est ce « chercher à l’intérieur de soi-même, et que j’ai cherché durant toute la vie ? » Ceci n’est pas clair. Alors bien, c’est en cela que se trouve la technique, elle se base sur, la non-suggestion d’un objet déterminé. 

Si nous suggérions un objet interne déterminé, l’acte s’y référant se complèterait en lui et s’arrêterait. Si nous ne suggérons pas d’objet, mais que nous lançons un acte de recherche de quelque chose, et nous ne savons pas de quoi il s’agit, alors se produit le phénomène suivant : une image apparait, une automobile par exemple et je dis : « ce n’est pas ce que j’ai cherché toute ma vie », apparait un chien « non ça non plus ». Alors, ce qui se passe, c’est que tous les contenus qui surgissent ne sont pas l’objet proposé et je reconnais par élimination qu’il ne s’agit d’aucun d’entre eux. En fait, je ne sais pas quelle est cette chose que j’ai cherchée durant toute ma vie. C’est un sentiment profond, c’est un sentiment très à l’intérieur de soi-même auquel on parvient à mesure que l’on écarte tous les contenus et toutes les images auxquelles nous nous sommes habitués ordinairement. Par ce procédé de vidage mental, surgit alors d’un seul coup le phénomène que nous connaissons comme la Force. 

Il y a aussi une quatrième forme qui est par le vide mental. Mais avant, faisons une petite digression. Vous reconnaissez qu’il y a des personnes capables d’imaginer très bien un objet, et il y en a d’autres qui n’ont pas la capacité pour imaginer des objets. Il y des personnes qui se rappellent très bien les visages, et par contre il y a des personnes qui se rappellent très bien les voix. Il y a des personnes qui apprennent mieux en lisant, et il y des personnes qui apprennent mieux en écoutant. Nous parlons de deux formes de mémoire connues depuis très longtemps : la forme de mémoire visuelle et la forme auditive. Il y a des personnes qui ont une meilleure mémoire par les représentations visuelles et d’autres par les représentations auditives. Alors ce qui se passe, c’est que certains, les plus visuels, peuvent imaginer des choses et travailler avec elles, mais les autres ne les imaginent pas bien. Tous, visuels ou pas, peuvent se concentrer sur eux-mêmes, et écouter les « bruits » de leur propre conscience. Ce ne sont pas des bruits d’os, ce ne sont pas des bruits cérébraux ; je me réfère aux contenus de la conscience qui, si on les observe bien, sont comme si on les écoutait. 


Nous ne parlons pas de cas pathologiques, d’hallucinés qui entendent des voix ; nous disons que parfois nous sommes en conversation avec nous-mêmes, que nous nous rappelons des conversations etc. donc, toute cette chose auditive qui travaille à l’intérieur de nous-même, c’est celle-ci qu’il nous intéresse de vider de notre conscience. Alors il nous intéresse de faire attention à ces sons. Commençons par écouter ces sons. Nous voyons qu’entre un son et un son, entre un contenu et un contenu parfois un silence se produit, puis la chansonnette continue et « la conversation » continue. Entre un problème et un autre problème surgit un silence. C’est ce silence qui nous importe. Lorsque nous travaillons en faisant attention au silence, nous provoquons aussi un vide mental de la même manière que lorsque nous écartions des contenus. Maintenant, en écartant des sons mentaux, nous écartons non seulement des sons mais aussi des images visuelles. Nous faisons attention à ce vide mental, à ce silence mental, et dans ce travail c’est lorsque d’un coup, survient aussi ce que nous nous connaissons comme la Force.

Tous ceux qui ont travaillé avec ça, reconnaissent les différentes techniques. Il y d’autres personnes qui ne sont pas si psychologiques, qui sont un peu plus étranges, et qui semblent mieux manier le plan du transcendantal, de l’action de la Force externe que, pour le moment nous ne discuterons pas.

Pour finaliser cette causerie, revenons pour considérer ce qui a été dit. Lorsque nous parlons de Religion Intérieure, nous ne parlons pas d’une forme organisée de culte, de sacrements, ni de prêtres. Nous parlons d’un sentiment religieux qui a à voir avec le travail interne. Et ce travail interne se manie avec trois techniques. Une technique (dans la vie quotidienne) de l’attention dirigée ; une technique d’oraison dans le sens dont nous l’avons décrite, une oraison repliée sur soi-même et sans faire appel à des intermédiaires, et enfin ce travail très occasionnel qui a à voir avec le maniement de la force.

Sur la Religion Intérieure, 30 Aout 1974, Silo

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