2016/06/08

La question de Dieu


(configurer sous titres en français)
Silo,
Rencontre pour un dialogue philosophico-religieux. 
Syndicat Luz y Fuerza, Buenos Aires, Argentine, 
29 octobre 1995
"Si Dieu n’est pas mort, les religions ont alors des responsabilités à assumer envers l’humanité. Elles ont aujourd’hui le devoir de créer un nouvel environnement psychosocial, de s’adresser à leurs fidèles avec une attitude pédagogique et d’éradiquer toute trace de fanatisme et de fondamentalisme. Elles ne peuvent rester indifférentes face à la faim, à l’ignorance, à la mauvaise foi et à la violence.
Elles doivent fermement contribuer à renforcer la tolérance et le dialogue avec d’autres confessions et avec tous ceux qui se sentent responsables du destin de l’humanité. Elles doivent s’ouvrir, et je vous prie de ne pas prendre ceci pour une irrévérence, aux manifestations de Dieu dans les différentes cultures. Nous espérons d’elles cette contribution à la cause commune en un moment par ailleurs difficile.
Au contraire, si Dieu est mort dans le cœur des religions, nous pouvons être certains qu’il renaîtra en une nouvelle demeure, comme nous l’enseigne l’histoire de l’origine de toutes les civilisations ; et cette nouvelle demeure sera dans le cœur de l’être humain, et elle sera fort éloignée de toute institution et de tout pouvoir"

(texte complete:)
"J’essaierai, dans les vingt minutes qui m’ont été accordées, de donner mon point de vue sur la première des questions de l’ordre du jour défini par les organisateurs de cet événement, à savoir La question de Dieu.
La question de Dieu peut être posée de différentes façons. Je choisirai le cadre historique-culturel, non par affinité personnelle, mais pour tenir compte du cadre implicite de cette rencontre. L’ordre du jour inclut en effet d’autres questions telles que “ la religiosité dans le monde contemporain ” et “ le dépassement de la violence personnelle et sociale ”. L’objet de cet exposé sera par conséquent “ la question de Dieu ”, et non “Dieu”.
Pourquoi devrions-nous nous intéresser à la question de Dieu ? Quel intérêt un tel sujet peut-il avoir pour nous qui appartenons déjà au XXIe siècle ? Ne l’avait-on pas considéré comme épuisé depuis l’affirmation de Nietzsche, “ Dieu est mort ” ? Apparemment, cette question n’a pas été réglée par simple décret philosophique. Et ceci pour deux raisons importantes : en premier lieu, on n’a pas compris exactement la signification d’une telle question ; en second lieu, nous nous rendons compte, à partir d’une perspective historique, que ce qui était considéré encore récemment comme “hors propos” soulève aujourd’hui de nouvelles questions. Et les interrogations sur ce sujet résonnent non dans les tours d’ivoire des penseurs ou des spécialistes, mais dans la rue et dans le cœur des gens simples. On pourra toujours dire que ce que l’on observe aujourd’hui est une simple croissance de la superstition ou un trait culturel de peuples qui, pour défendre leur identité, retournent avec fanatisme vers leurs livres sacrés et leurs leaders spirituels. Avec une approche pessimiste et en se fondant sur certaines interprétations historiques, on pourra aussi considérer que tout ceci signifie une régression vers d’obscures époques. A chacun son avis ; toutefois la question demeure, et c’est ce qui compte.
Je crois que l’affirmation de Nietzsche : “ Dieu est mort ” marque un moment décisif dans la longue histoire de la question de Dieu, du moins du point de vue d’une théologie négative ou “radicale”, comme voudront l’appeler les défenseurs de cette position.
Il est clair que Nietzsche ne se situait pas sur le terrain de la confrontation que les théistes, les athées, les spiritualistes ou les matérialistes fixaient habituellement pour leurs discussions. Nietzsche se demandait plutôt : croit-on encore en Dieu ? ou encore : le processus qui en finira avec la croyance en Dieu est-il déjà en marche ? Dans Ainsi parlait Zarathoustra, celui-ci dit : “ … Et c’est ainsi qu’ils se séparèrent l’un de l’autre, le vieillard et l’homme, riant comme rient deux petits garçons. Mais quand Zarathoustra fut seul, il parla ainsi à son cœur : “Serait-ce possible ! Ce vieux saint dans sa forêt n’a pas encore entendu dire que Dieu est mort !” ” Dans la IVe partie, Zarathoustra demande : “ Qu’est-ce que tout le monde sait aujourd’hui ? … Serait-ce ceci, que le Dieu ancien ne vit plus, le Dieu en qui tout le monde croyait jadis ? Tu l’as dit, répondit le vieillard attristé. Et j’ai servi le Dieu ancien jusqu’à sa dernière heure. ” D’autre part, dans Le gai savoir apparaît la parabole de l’insensé qui dit en cherchant Dieu sur la place publique : “ Où est allé Dieu ? … je veux vous le dire ! … Dieu est mort ! Dieu reste mort ! … ” Mais comme ceux qui l’écoutaient ne comprenaient pas, le fou leur expliqua qu’il était venu prématurément, et que la mort de Dieu était encore en train d’advenir.
Dans les passages cités, il est évident que l’on fait allusion à un processus culturel, au déplacement d’une croyance, en laissant de côté la détermination exacte de l’existence ou de la non-existence en soi de Dieu. Le déplacement de cette croyance a des conséquences considérables car elle entraîne tout un système de valeurs, du moins en Occident et à l’époque où Nietzsche écrit. La “ grande marée du nihilisme ”, prédite par l’auteur pour les temps à venir, a comme toile de fond la mort annoncée de Dieu.
Suivant cette conception, on peut penser que si les valeurs d’une époque sont fondées sur Dieu et que celui-ci disparaît, un nouveau système d’idées devra advenir, qui rendra compte de la totalité de l’existence et justifiera une nouvelle morale. Ce système d’idées devra rendre compte du monde, de l’histoire, de l’être humain et de leur signification, de la société et de la vie collective, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, de ce que l’on doit faire et ne pas faire. Or, de telles idées sont apparues depuis bien longtemps et ont abouti aux grandes constructions de l’idéalisme critique et de l’idéalisme absolu. Peu importe dans quelle direction – idéaliste ou matérialiste – un tel système de pensée a été appliqué car sa trame et sa méthodologie de connaissance et d’action étaient strictement rationnelles et ne rendaient jamais compte de la totalité de la vie. Dans l’interprétation nietzschéenne, les choses étaient à l’opposé : les idéologies surgissaient de la vie pour en donner une explication et une justification. A ce propos, n’oublions pas que Nietzsche et Kierkegaard, tous deux en lutte contre le rationalisme et l’idéalisme de l’époque, passent pour être les précurseurs des philosophies de l’existence. Cependant, la description et la compréhension de la structure de la vie humaine n’apparaissent pas encore dans l’horizon philosophique de ces auteurs – elles arriveront à une époque ultérieure. A leur époque, la définition de l’homme en tant “qu’animal rationnel” agit encore de manière sous-jacente : l’homme en tant que nature dotée d’une “raison” qui peut être comprise en termes d’évolution animale ou en termes de “réflexe”, etc. A cette époque, on pouvait encore penser légitimement que la “raison” primait sur le reste ou, à l’inverse, que les instincts et les forces obscures de la vie orientaient la raison, comme chez Nietzsche et chez les vitalistes en général. Mais après la “découverte” de la “vie humaine”, les choses changèrent… Et je dois m’excuser de ne pas développer ce point en raison du temps qui m’est imparti pour cet exposé.
Cependant, j’aimerais éclaircir sommairement la sensation d’étrangeté que l’on éprouve lorsqu’on affirme que “la vie humaine” n’a été découverte et comprise que récemment. En deux mots : depuis les premiers hommes jusqu’à nos jours, nous savons tous que nous vivons, que nous sommes humains et tous, nous faisons l’expérience de notre propre vie ; néanmoins, dans le domaine des idées, la compréhension de la vie humaine avec sa structure typique et ses caractéristiques propres est très récente. C’est comme si l’on disait que nous, humains, avons toujours vécu avec les codes de l’ADN et de l’ARN dans nos cellules, mais qu’il y a fort peu de temps que ceux-ci ont été découverts et que leur fonctionnement a été compris ; ainsi, des concepts comme ceux d’intentionnalité, d’ouverture, d’historicité de la conscience, d’intersubjectivité, d’horizon, etc. ont été précisés récemment dans le domaine des idées ; et grâce à eux, on a rendu compte de la structure de la “vie humaine”, et non de la vie en général. La définition qui en résulte est radicalement différente de celle de “l’animal rationnel”. Par exemple : la vie animale, la vie naturelle, commence au moment de la conception ; mais la vie humaine, quand commence-t-elle si elle est par définition “être-au-monde”, et que “être au monde” est ouverture et milieu social ? Ou bien : la conscience est-elle le reflet des conditions naturelles et “objectives” ou est-elle l’intentionnalité qui configure et modifie les conditions données ? Ou encore : l’être humain est-il définitivement achevé ou est-il un être capable de se modifier et de se construire lui-même, non seulement dans un sens historique et social, mais aussi biologique ? Ainsi, les découvertes concernant la structure de la vie humaine soulèvent d’innombrables questions qui nous poussent à dépasser l’horizon historique de l’époque où Nietzsche a pu affirmer que “ Dieu est mort ! ”, époque où prévalait encore la définition de l’être humain comme “animal rationnel”.
Revenons à notre sujet…
Si, à la mort de Dieu, on ne trouvait aucun substitut qui pose les fondements du monde et de l’action humaine ou si, face à cette mort, on imposait de force un système rationnel auquel échapperait le fondamental (la vie), ce serait le chaos et l’effondrement des valeurs, qui entraînerait avec lui toute la civilisation. C’est ce que Nietzsche a nommé “ la grande marée du nihilisme ” et parfois “ l’Abîme ”. Il est clair que ni les études qu’il a menées dans La Généalogie de la morale, ni les idées qu’il a développées dans Par-delà le bien et le mal ne sont parvenues  à produire la “ transmutation des valeurs ” qu’il s’efforçait de rechercher. Au contraire, en cherchant quelque chose qui puisse dépasser son “dernier homme” du XIXe siècle, il construisit un Surhomme qui, comme dans les plus récentes légendes du Golem, se mit en marche sans contrôle, détruisant tout sur son passage. On érigea l’irrationalisme et la “ volonté de puissance ” en valeur suprême, constituant ainsi le tréfonds idéologique de l’une des plus grandes monstruosités dont se souvient l’Histoire.
Le “Dieu est mort” n’a pu être résolu ni dépassé par une base de valeurs nouvelle et positive. Et les grandes constructions de la pensée trouvèrent leur point d’orgue dans la première partie de ce siècle sans atteindre cet objectif. A l’heure actuelle, nous nous immobilisons face à ces questions : pourquoi devrions-nous être solidaires ? Pour quelle cause faudrait-il que nous risquions notre avenir ? Pourquoi devrions-nous lutter contre toutes sortes d’injustices ? Par simple nécessité, pour une raison historique ou à cause d’un ordre naturel ? L’ancienne morale basée sur Dieu, mais sans Dieu, est-elle ressentie comme une nécessité ? Tout cela est insuffisant !
Aujourd’hui, nous nous trouvons dans l’impossibilité historique que surgissent de nouveaux systèmes qui posent des fondements solides ; pourtant, la situation semble se compliquer. Nous devons rappeler que la dernière grande vision de la philosophie apparaît en 1900, dans les Recherches logiques de Husserl ; que la vision complète du psychisme humain, proposée par Freud dans L’interprétation des rêves, est de la même année ; la vision cosmique de la physique prend forme en 1905 et 1915 avec la relativité d’Einstein ; la systématisation de la logique, quant à elle, prend forme en 1910 dans les Principia Mathematica de Russel et Whitehead et en 1921, dans le Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein ; Etre et Temps de Heidegger date de 1927 et cette œuvre inachevée, qui prétendait jeter les bases d’une nouvelle ontologie phénoménologique, marque l’époque de rupture avec les grands systèmes de pensée.
Précisons que nous ne parlons pas de l’interruption de la pensée, mais de l’impossibilité de continuer à élaborer de grands systèmes capables d’apporter un fondement à toutes choses.
Le dynamisme de cette période se manifeste également dans le domaine esthétique, à travers “le grandiose” des œuvres. C’est Stravinsky, Bartok et Sibelius, Picasso, les muralistes Rivera, Orozco et Siqueiros ; ce sont des écrivains de grande ampleur comme Joyce, des cinéastes épiques comme Eisenstein, les constructeurs du Bauhaus avec Gropius à leur tête ; des urbanistes, des architectes tels Wright et Le Corbusier, aux œuvres spectaculaires. La production artistique se serait-elle arrêtée dans les années suivantes et encore à l’heure actuelle ? Je ne le crois pas. Cependant, elle prend un autre aspect, se module, se déconstruit, s’adapte aux moyens ; elle se réalise grâce à des équipes et des spécialistes, et utilise la technique à l’extrême.
Les régimes politiques sans âme qui, pendant ces périodes, s’imposent et donnent l’illusion du monolithisme et de la complétude, peuvent être compris comme les séquelles d’un romantisme délirant, comme des tentatives titanesques pour transformer le monde à n’importe quel prix. Ils inaugurent l’ère de la barbarie technicisée, de la suppression de millions d’êtres humains, de la terreur atomique, des bombes biologiques, de la contamination et de la destruction à grande échelle. Voilà la grande marée du nihilisme, celle qui annonçait la destruction de toutes les valeurs et la mort de Dieu de Zarathoustra ! En quoi l’être humain croit-il encore ? Croit-il en de nouvelles alternatives de vie ou bien se laisse-t-il emporter par un courant qui lui semble irrésistible et comme ne dépendant pas de son intention ?
C’est alors que s’installe fermement la prédominance de la technique sur la Science, la vision analytique du monde, la dictature de l’argent abstrait sur les réalités productives. Dans ce magma se ravivent les différences ethniques et culturelles que l’on croyait dépassées par le processus historique ; les systèmes sont rejetés par le déconstructivisme, le post-modernisme et les courants structuralistes. La frustration de la pensée devient un lieu commun chez des philosophes à l’intelligence faible.
Le méli-mélo des styles qui se supplantent les uns les autres, la déstructuration des relations humaines et la propagation de supercheries en tout genre rappellent les époques d’expansion impériale de la Perse ancienne, de l’hellénisme et de la Rome des Césars. Par cet exposé, je ne prétends pas présenter une morphologie historique type, un modèle de processus en spirale qui se nourrit d’analogies. En tout cas, je souligne des aspects qui ne nous surprennent pas et ne nous semblent pas incroyables car on les a observés, quoique dans un contexte différent de mondialisation et de progrès matériel. Je ne veux pas non plus transmettre l’atmosphère “d’inexorabilité” d’une séquence mécanique dans laquelle l’intention humaine ne compte pas. Je pense plutôt le contraire. Je crois que, grâce aux réflexions que suscite l’expérience historique de l’humanité, nous sommes aujourd’hui en mesure d’amorcer une nouvelle civilisation, la première civilisation planétaire. Mais les conditions requises pour ce saut sont extrêmement difficiles à remplir. Pensons à la manière dont s’élargit la brèche entre d’un côté les sociétés post-industrielles, les sociétés de l’information et de l’autre les sociétés où l’on souffre de la faim ; pensons à l’augmentation de la marginalisation et de la pauvreté dans les sociétés opulentes ; pensons à l’abîme entre les générations, qui semble freiner l’avancée de l’Histoire ; pensons à la dangereuse concentration du capital financier international, au terrorisme de masse, aux brusques sécessions, aux chocs ethnico-culturels, aux déséquilibres écologiques, à l’explosion démographique et aux mégalopoles au bord du collapsus… Pensons à tout ceci et, sans céder à une vision apocalyptique, il faudra bien admettre les difficultés que présente le scénario actuel.
Le problème se situe à mon avis dans cette difficile transition entre le monde que nous avons connu et le monde à venir. Et comme dans toutes les transitions entre la fin d’une civilisation et le début d’une autre, il faudra tenir compte de la possibilité d’un collapsus économique, d’une déstructuration administrative, d’un remplacement des Etats par des Para-Etats et par des bandes ; il faudra prendre garde au règne de l’injustice, au découragement, à l’amenuisement de l’être humain, à la dissolution des liens, à la solitude, à l’augmentation de la violence et à l’émergence de l’irrationalisme, tout cela dans un milieu de plus en plus accéléré et de plus en plus global. Par-dessus tout, il faudra examiner quelle sera la nouvelle image du monde à proposer : quel type de société, quel type d’économie, quelles valeurs, quel type de relations interpersonnelles, de dialogue entre chaque être humain et son prochain, entre chaque être humain et son âme
Néanmoins, toute proposition nouvelle devra tenir compte d’au moins deux limites : premièrement, aucun système complet de pensée ne pourra prendre pied dans une époque de déstructuration ; deuxièmement, aucune articulation rationnelle du discours ne sera défendable si elle va au delà des aspects immédiats de la vie pratique et de la technologie. Ces deux difficultés nuisent à la possibilité de fonder durablement de nouvelles valeurs.
Si Dieu n’est pas mort, les religions ont alors des responsabilités à assumer envers l’humanité. Elles ont aujourd’hui le devoir de créer un nouvel environnement psychosocial, de s’adresser à leurs fidèles avec une attitude pédagogique et d’éradiquer toute trace de fanatisme et de fondamentalisme. Elles ne peuvent rester indifférentes face à la faim, à l’ignorance, à la mauvaise foi et à la violence.
Elles doivent fermement contribuer à renforcer la tolérance et le dialogue avec d’autres confessions et avec tous ceux qui se sentent responsables du destin de l’humanité. Elles doivent s’ouvrir, et je vous prie de ne pas prendre ceci pour une irrévérence, aux manifestations de Dieu dans les différentes cultures. Nous espérons d’elles cette contribution à la cause commune en un moment par ailleurs difficile.
Au contraire, si Dieu est mort dans le cœur des religions, nous pouvons être certains qu’il renaîtra en une nouvelle demeure, comme nous l’enseigne l’histoire de l’origine de toutes les civilisations ; et cette nouvelle demeure sera dans le cœur de l’être humain, et elle sera fort éloignée de toute institution et de tout pouvoir.
Je vous remercie de votre attention."
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*  Le terme registre constitue l’un des concepts centraux de la psychologie de Silo ; il signifie l’expérience vécue que l’on a d’un phénomène, c’est-à-dire la manière dont la conscience l’enregistre, “ l’impression ” du phénomène dans la conscience (n.d.t.).

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