2012/08/20

La crise spirituelle du Québec...Ou la crise mondiale de civilisation?


Résumé de: "La crise spirituelle du Québec" / Paul-Émile Roy . 

Le Québec actuel est perplexe. Il ne sait trop où il s'en va. Il refuse son passé, ne se soucie pas de son avenir. On pourrait presque dire qu'il avance dans le présent les yeux fermés. L'auteur n'hésite pas à parler de crise spirituelle. Devant ce marasme informe, il déplore l'absence de toute spiritualité, le manque flagrant d'âme et d'idéal. Dans un monde privé de toute transcendance, divine ou humaine, plus rien n'a de sens. Il semble que les grandes vérités qui ont fait l'Occident soient oubliées, délaissées, conspuées bien souvent. Le moment n'est-il pas venu de nous réapproprier l'héritage ?

Paul-Émile Roy est né à Saint-Cyprien, en 1928. Après des études en lettres à Paris et à l'Université de Montréal, il enseigne la littérature française et québécoise au collège et au cégep de Saint-Laurent. Il a commencé très tôt à écrire et poursuit cette activité depuis qu'il a pris sa retraite en 1991. Il s'interroge sur le sort qui est fait à la culture et à la spiritualité dans les grands changements provoqués par l'avènement de la modernité, notamment au Québec. Ses plus récentes publications sont Le mouvement perpétuel (Bellarmin, 2010) et L'écrivain et son lecteur, correspondance entre Paul-Émile Roy et Pierre Vadeboncoeur (Leméac, 2011)

En réponse: 
(extrait de "La crise de la civilisation et l´humanisme"Académie des Sciences, Moscou, 18 juin 1992)

"D’un côté, nous remarquons que le paysage social et historique dans lequel nous vivons a violemment changé par rapport à celui dans lequel nous vivions il y a encore quelques années ; d’un autre côté, nous continuons, pour interpréter ces situations nouvelles, à utiliser les outils d’analyse appartenant au vieux paysage. De plus, notre sensibilité accroît les difficultés : formée à une autre époque, elle ne change pas au rythme des événements. Et cette raison explique certainement pourquoi, partout dans le monde, se creuse un fossé entre ceux qui détiennent les pouvoirs économique, politique, artistique, etc. et les nouvelles générations qui appréhendent autrement les fonctions que doivent accomplir les institutions et les leaders.
Je crois que le moment est venu de dire une chose qui paraîtra scandaleuse à “l’ancienne sensibilité” : pour les nouvelles générations, le modèle économique et social qui alimente les discussions quotidiennes des faiseurs d’opinions n’est pas une question fondamentale ; ces nouvelles générations espèrent que les institutions et les leaders ne seront pas une charge supplémentaire s’ajoutant à ce monde déjà compliqué. D’une part elles espèrent une nouvelle alternative, car les modèles existants leur semblent épuisés ; d’autre part elles ne sont pas prêtes à suivre des propositions ou des leaderships en désaccord avec leur sensibilité. Ceci est souvent considéré comme un manque de responsabilité de la part des plus jeunes. Pour ma part, je ne parle pas ici de responsabilité, mais d’une certaine sensibilité dont on doit tenir compte très sérieusement. Et on ne résoudra pas ce problème avec des sondages d’opinion ou des enquêtes destinés à savoir de quelle nouvelle manière on peut manipuler la société. Il s’agit de considérer globalement la signification de l’être humain concret, proclamé en théorie mais toujours trahi dans la pratique.

Concernant les affirmations précédentes, on objectera que dans une crise comme celle-ci les peuples veulent des solutions concrètes. Mais j’affirme que trouver une solution concrète est une chose et que c’en est une autre – très différente – de promettre des solutions concrètes. Ce qui est concret, c’est qu’on ne croit plus aux promesses ; et cela est beaucoup plus important en tant que réalité psychosociale que de proposer des solutions dont les gens ont l’intuition qu’elles ne seront pas réalisées dans la pratique. La crise de crédibilité est d’autant plus dangereuse qu’elle nous jette sans défense dans les bras de la démagogie et du premier leader charismatique venu qui fait appel à des sentiments profonds et propose des solutions immédiates. Même si je répète souvent ces choses, elles sont difficiles à admettre car l’obstacle posé par notre paysage de formation nous fait encore confondre les mots qui mentionnent les faits avec les faits eux-mêmes.
Actuellement, nous sommes au point où il saute aux yeux qu’il est nécessaire de se demander, une fois pour toutes, si le regard dont nous avons usé jusqu’à présent pour comprendre ces problèmes est toujours adéquat. Ce que je dis n’est pas si étrange. En effet, depuis quelques années, les scientifiques de différentes disciplines ont cessé de croire qu’ils observaient la réalité même ; ils se sont souciés de comprendre comment leurs propres observations interféraient avec les phénomènes étudiés. Exprimé avec nos propres mots, ceci signifie que l’observateur introduit des éléments de son propre paysage qui n’existent pas dans le phénomène étudié ; cela signifie que le regard qui s’intéresse à un champ d’étude s’adresse déjà à une certaine région de celui-ci. Il pourrait donc arriver que nous prêtions attention à des questions sans importance. Mais cela devient beaucoup plus grave quand on justifie des positions politiques en affirmant que tous les projets tiennent compte de l’être humain alors que, dans la réalité, ils placent les gens en position accessoire.

Manifestement, on ne perçoit pas que seule la compréhension de la structure de la vie humaine peut donner une explication cohérente des événements et du destin de la civilisation. Et cela nous amène à dire que dans la réalité on ne tient pas compte de la vie humaine, même si on en parle beaucoup. En effet, la vie des individus est supposée être non pas agent producteur d’événements, mais objet passif des forces macro-économiques, ethniques, religieuses ou géographiques ; de plus, on estime qu’il faut exiger des peuples travail et discipline sociale sur le plan objectif, crédulité et obéissance sur le plan subjectif.
Après avoir observé comment nous considérons les phénomènes de civilisation selon notre paysage de formation, nos croyances et nos systèmes de valeurs, revenons-en au thème principal.

La crise actuelle ne se produit pas dans des civilisations cloisonnées comme cela a pu arriver en des temps où ces entités pouvaient interagir tout en ignorant ou en régulant certains facteurs. Dans le processus de mondialisation croissante que nous subissons, nous devons interpréter les faits selon une dynamique globale et structurelle. Cependant, nous voyons que tout se déstructure : l’Etat national est blessé par les coups que lui assènent, d’en bas, les régionalismes et, d’en haut, la structuration en blocs supranationaux et la mondialisation ; les personnes, les codes culturels, les langues et les biens se mêlent en une fantastique tour de Babel ; les entreprises centralisées connaissent une crise résultant de leur incapacité à devenir plus flexibles ; le fossé des générations s’élargit comme si coexistaient, en un même moment et en un même lieu, des sous-cultures séparées par leur passé et leurs projets d’avenir ; les membres d’une famille, les collègues de travail, les organisations politiques, syndicales et sociales subissent l’action de forces centrifuges désintégratrices ; prises dans ce tourbillon, les idéologies ne peuvent apporter de réponses ni inspirer une action cohérente aux groupes humains ; l’ancienne solidarité disparaît et le tissu social se dissout toujours plus ; pour finir, l’individu d’aujourd’hui se trouve isolé et privé de contacts humains en dépit du nombre conséquent de gens qui l’entourent et de l’importance des moyens de communication dont il dispose. Tous ces phénomènes paradoxaux et déstructurés relèvent encore du même processus global et structurel ; et si les anciennes idéologies ne peuvent apporter de réponses à ces phénomènes, c’est qu’elles font partie du monde qui s’en va.

Cependant, beaucoup voient en cela la fin des idées et de l’Histoire, la fin des conflits et du progrès humain. Nous, qui nommons tout cela crise, ne considérons certainement pas cette crise comme une décadence finale. En fait, nous voyons cette dissolution des formes anciennes comme la déchirure d’un vêtement devenu trop étriqué pour l’être humain.

Ces événements, qui s’accélèrent de manière très inégale selon les endroits, ne tarderont pas à couvrir toute la planète, même là où l’on arbore encore un triomphalisme injustifié. Nous verrons apparaître des phénomènes que le langage quotidien qualifiera d’incroyables. Nous sommes en train d’avancer vers une civilisation planétaire qui se dotera d’une nouvelle organisation et d’une nouvelle échelle de valeurs. Mais pour cela, on ne peut éviter de partir du thème le plus important de notre temps : savoir si nous voulons vivre et dans quelles conditions. Il est évident que les projets des cercles minoritaires, cupides et provisoirement puissants ne prendront pas en compte ce thème, uniquement valable pour les êtres humains isolés, petits et impuissants. En revanche, ils considéreront les facteurs macro-sociaux comme décisifs. Cependant, à méconnaître les besoins actuels de l’être humain concret, ils seront surpris de voir parfois le découragement social, parfois des débordements violents, et toujours, la fuite quotidienne à travers la névrose, le suicide et toutes sortes de drogues. Des projets aussi déshumanisés s’embourberont au cours de leur mise en œuvre car 20% de la population mondiale ne pourront supporter bien longtemps la distance croissante les séparant de ces 80% d’êtres humains en état de survie. Comme nous le savons tous, le recours aux psychologues, aux médicaments, aux sports et aux suggestions des faiseurs d’opinion ne fera pas disparaître ce syndrome. Ni les puissants moyens de communication sociale, ni le gigantisme des spectacles publics ne parviendront à nous convaincre que nous sommes des fourmis ou de simples chiffres statistiques ; en revanche, cela renforcera encore le sentiment de l’absurde et du non-sens de la vie.

Dans la crise de civilisation que nous subissons, il y a, me semble-t-il, de nombreux facteurs positifs dont il faut tirer profit exactement comme nous tirons profit de la technologie pour améliorer la santé, l’éducation et les conditions de vie, cette technologie que nous rejetons lorsqu’elle est appliquée à la destruction et qu’elle dévie de l’objectif qui l’a fait naître. Cette situation crée des conditions favorables pour reconsidérer globalement tout ce à quoi nous avons cru jusqu’à présent, pour évaluer l’histoire humaine avec un nouveau point de vue, pour lancer nos projets vers une autre image de l’avenir, pour nous regarder les uns les autres avec de nouveaux sentiments de compassion et de tolérance. Alors, un nouvel humanisme s’ouvrira un passage à travers ce labyrinthe de l’Histoire dans lequel l’être humain a cru s’annihiler tant de fois.
La crise actuelle se propage aux quatre coins de la planète. Elle ne touche pas seulement Moscou ou une Communauté d’Etats Indépendants, même si c’est là qu’elle s’est manifestée avec le plus d’évidence. La civilisation mondiale, aujourd’hui en marche, ne peut ignorer les initiatives de ce grand peuple ; en effet, notre avenir à tous, en tant que membres d’une même civilisation mondiale, dépend des solutions qu’il peut trouver à ses propres problèmes.

Nous avons parlé du concept de civilisation et de ce que nous considérons aujourd’hui comme la formation d’une civilisation mondialisée. Nous avons également abordé le thème de la crise et celui des croyances qui fondent notre interprétation du moment actuel. Quant au concept d’humanisme, qui apparaît dans le titre de cette conférence, je veux seulement en montrer quelques aspects. Tout d’abord, nous ne parlons pas de l’humanisme historique, de l’humanisme des lettres et des arts qui permit à la Renaissance de rompre les attaches obscurantistes avec la longue nuit médiévale. Cet humanisme historique à ses propres caractéristiques et nous nous en sentons les continuateurs malgré la fausseté de certains courants confessionnels actuels qui s’arrogent le titre d’humanistes… Il ne peut y avoir humanisme là où une valeur, quelle qu’elle soit, est placée au-dessus de l’être humain. Je dois également souligner que l’humanisme donne son explication du monde, des valeurs, de la société, de la politique, de l’Art et de l’Histoire à partir de sa conception de l’être humain. Comprendre la structure de la vie humaine permet d’éclairer la façon de voir les choses. On ne peut procéder autrement. On ne peut arriver à l’être humain avec un point de départ autre que l’être humain. Pour l’humanisme contemporain, on ne peut partir de théories sur la matière, sur l’esprit ou sur Dieu… Il est nécessaire de partir de la structure de la vie humaine, de sa liberté et de son intention. Et en toute logique, aucune approche déterministe ou naturaliste ne peut se transformer en humanisme puisque leur postulat de départ pose l’être humain comme accessoire.

L’humanisme d’aujourd’hui définit l’être humain comme “ … un être historique dont le mode d’action sociale transforme sa propre nature. ” Nous trouvons là les éléments qui, dûment développés, peuvent construire une théorie et une pratique répondant à l’urgence de la situation. Approfondir cette définition de l’être humain nous mènerait trop loin et nous manquons de temps pour le faire.

Cependant, vous avez tous compris que notre rapide description de la civilisation et de la crise actuelle se fonde sur la structure de l’existence humaine, et qu’une telle description représente justement une application de notre conception de l’humanisme contemporain. Puisque notre vision des choses peut contribuer à éviter certaines difficultés actuelles, alors les termes crise de civilisation et humanisme sont liés. Ces données suffisent pour comprendre comment nous considérons l’humanisme : un ensemble d’idées, une action, un courant d’opinion et, éventuellement, une organisation ayant pour objectif une transformation sociale et personnelle ; une organisation accueillant en son sein des particularités politiques et culturelles concrètes qui, bien que convergentes dans leur intention finale, restent des forces de changement différentes. D’ailleurs, il rendrait un bien mauvais service à cette période de changement, celui qui se sentirait appelé à conquérir l’hégémonie par l’universalisation d’une certaine tendance, et ce alors que la décentralisation progresse et que les particularismes réels demandent à être reconnus.

J’aimerais terminer par une considération très personnelle. Ces jours-ci, j’ai eu l’occasion de participer à des rencontres et à des séminaires avec des académiciens et des personnalités de la Culture et de la Science. Plus d’une fois, il m’a semblé remarquer un climat de pessimisme lorsque nous échangions des idées sur l’avenir que nous aurions à vivre. Dans ces occasions, j’ai senti qu’il n’était pas opportun que j’exprime naïvement mon enthousiasme, ni que je déclare ma foi dans un avenir heureux. Cependant, dans la période actuelle, je crois que nous devons faire l’effort de dépasser ce découragement en nous rappelant les autres moments de crises graves que vécut et dépassa l’espèce humaine. Et j’aimerais rappeler ces quelques mots, que je partage pleinement et qui vibrent depuis les origines de la tragédie grecque : “ … de tous les chemins, apparemment fermés, l’être humain a toujours trouvé l’issue. ” 

Le message de Silo: la méditation

"Ici est raconté comment on convertit le non-sens de la vie en sens et en plénitude.
Ici, on trouve joie, amour du corps, de la nature, de l’humanité et de l’esprit.
Ici, on renie les sacrifices, le sentiment de culpabilité et les menaces outre-tombe.
Ici, on n’oppose pas le terrestre à l’éternel.
Ici, on parle de la révélation intérieure à laquelle parvient celui qui, soigneusement, médite en une humble recherche"


Extrait du Livre "Le Message de Silo" 

2012/08/15

La formidable NDE de Mellen Thomas Benedict


En 1982 je suis mort d’un cancer en phase terminale.... Il était inopérable et toutes les chimiothérapies possibles m’auraient laissé comme un légume. On me donnait six à huit mois à vivre.
J’avais eu accès à des informations terrifiantes dans les années 70 et j’avais commencé à devenir incroyablement sensible aux problèmes nucléaires, écologiques et autres. Or, comme je n’avais aucune base spirituelle, je commençai à croire que la nature avait fait une bêtise et que nous étions probablement un organisme cancéreux pour la planète. Je ne voyais aucune solution à tous ces problèmes que nous avions créés nous-mêmes.
Je percevais tous les humains comme un cancer et c’est ce que j’ai récolté.
C’est ce qui allait me tuer.

Faites attention à votre façon de voir le monde. Il se retourne contre vous, particulièrement si c’est un point de vue négatif. Le mien l’était vraiment et il me conduisait directement à la mort. J’essayais toutes sortes de méthodes de guérisons alternatives, mais aucune ne m’aidait.
Je fus donc déterminé à chercher ce qu’il y avait réellement entre moi et Dieu. Parce que jusqu’ici je n’avais pas jugé bon d’avoir affaire avec Lui. A l’époque, j’étais très éloigné de la spiritualité.