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2020/03/29

Le Belvédère des étoiles (fragment)

Dehors, il y a le mandarinier en fleurs. En entrant, je trouve un escalier qui monte en spirale. C'est une pagode de plusieurs étages. Au pied de l'escalier, une cloche en fer. Je la frappe et le toit s'ouvre. Des moines, peut-être chinois, se promènent dans les cours et les jardins. Je ne peux pas vraiment dire avec certitude qu'ils sont chinois ; bien que leurs yeux soient petits et bridés, leurs visages sont bruns et bronzés. Ils pourraient être Népalais. Ils se déplacent d'un pas lent, comme quelqu'un qui profite de marcher pour réfléchir et méditer. Je monte le grand escalier en bois poli et travaillé. Je remarque dans les détails le soin mis par ceux qui, à l'époque, ont donné le meilleur d’eux pour construire le temple. Je porte une longue robe de soie, finement brodée et de belles pantoufles couvrent mes pieds. Je croise un moine qui descend lentement, son regard se pose sur chaque marche. Je le salue en chinois parfait et il me répond d'un doux mouvement de la tête. Je continue à monter et en chemin, je trouve d'autres moines qui descendent. Je répète le salut à chacun. Ils me regardent à peine et le contact se fait au travers de minuscules révérences qui n'interrompent pas leurs méditations silencieuses. Je continue à monter lentement. À mesure que j'avance par la spirale, j'observe attentivement et avec une certaine excitation ce monde de silences et de murmures autour de moi. À chaque marche, il y a des points de vue depuis lesquels je peux voir les forêts de la région. Je poursuis jusqu'en haut de la pagode où se termine l'escalier, devant de simples et beaux vitraux qui représentent des paysages lumineux, pleins de vie et de couleurs. De cet endroit, j'ai une vue imprenable sur toute la vallée, et je reconnais là-bas en bas les flèches et les coupoles des églises et  des temples que j'ai un jour visités.

Je sors par une petite ouverture sur le toit de la pagode. Je pourrais facilement perdre l'équilibre, aussi je m'appuie sur une canne qui se transforme en parapluie. Quand je l'ouvre, il me soulève dans les airs. Comment tient-il en l'air vu sa petite structure ? Bien soutenu, je commence à regarder autour de moi et je vois d'autres personnes voyageant dans les airs avec leurs propres parapluies. C'est déjà assez inhabituel, mais le plus surprenant est que les voyageurs-parapluies ne sont pas seuls. Il y a un trafic de toute sorte dans cet espace aérien. À mes côtés, je vois beaucoup d'oies. Je suis fasciné par leur battement d'ailes large et synchronisé. Comme si jusqu'ici les surprises n'avaient pas été assez nombreuses, dans un mouvement rapide et sûr, l'une d'elle m'attrape et, m'allongeant sur ses jambes, me transporte vers le haut. La surprise ne dure que quelques secondes, substituée par la sensation extraordinaire de nous envoler merveilleusement bien, en montant beaucoup plus haut que les autres. Elle m'enveloppe dans son ventre et de là, je peux voir au loin, embrassant du regard la quasi-totalité de la courbure de la Terre.

Le vol est doux, silencieux, chaud. Maintenant installé sur son dos tout doux, je me sens aimé et protégé. Dans la nuit étoilée se détache une lune immense. Nous volons ainsi pendant plusieurs heures jusqu'au Belvédère des Étoiles d'où je descends du dos de l'oie. Elle se transforme en un homme en costume à plumes et reste à ma droite. Presque sans le regarder, je comprends immédiatement qu'il est le Guide. Côte à côte, en silence, nous contemplons les étoiles. Après un temps que je ne saurais préciser, d'une voix calme et ferme, il me dit de chercher mon étoile. Sa question me surprend parce que je ne sais pas quelle pourrait être mon étoile. Je regarde vers la mer de lumières qui s'étend du sommet dans toutes les directions, essayant de savoir laquelle de ces lucioles du ciel pourraient être la mienne. Je ne peux même pas imaginer que l'une d'elle m'appartienne et habitué au concept du "mien" comme quelque chose qui m'appartient, je ne parviens pas à saisir qu'il fait aussi référence à celle à laquelle moi j'appartiens. Avec plus d'insistance et de fermeté, il dit :
- Dis-moi quelle est ton étoile.
- Je ne sais pas, je réponds.
La situation commence à me désespérer. Je n'ai vraiment pas la moindre idée de quelle est mon étoile et je ne sais pas non plus comment résoudre ce qui me semble plus une énigme qu'une information oubliée. Alors que j'essaie de résoudre la question, il me répète encore une fois :
- Dis-moi quelle est ton étoile !
Et élevant la voix avec gentillesse mais sans concession, il répète :
- Ton étoile, montre-la-moi !
Je suis désespéré.
- Je ne sais pas laquelle ! Je ne sais pas !
Avec gentillesse, il élève la main et, la dirigeant vers le haut, il tend un doigt
indiquant une partie du ciel. Je monte sur le doigt qui avance à grande vitesse, parcourant une distance énorme en quelques secondes. Je pars pour ce qui semble être un voyage au hasard vers la voûte des lumières. Cependant, nous nous dirigeons vers une étoile particulière près de laquelle nous arrivons en quelques secondes. Comprenant son aide, je dis :
- C'est celle-là mon étoile. Il rit et la traverse avec son doigt comme s'il ne s'agissait que d'une illusion
optique. Elle est plate, comme une feuille de papier blanc. Alors le doigt se lance vers le haut à une vitesse impressionnante. Il traverse vertigineusement les étoiles et les galaxies. Il continue de monter, passant les soleils et les planètes, à travers des nébuleuses, laisse derrière elles des agglomérations stellaires. Il grimpe des distances inimaginables jusqu'à ce qu'il atteigne la fin de l'espace. Tout est noir et l'on dirait qu'il n'y a plus rien. Mais ça continue de monter. Nous traversons la zone d'obscurité totale et au bout d'un moment, surpris, je vois de nouvelles lumières.

Nous approchons d'une zone de luminosité diffuse et je sais immédiatement que c'est mon étoile. En fait ce n'est pas exactement une étoile mais un petit nuage blanc, avec beaucoup de lumière. Je sais que c'est ma place, ma maison, mon origine et mon destin. Je suis bouleversé et je me mets à pleurer. Je ressens une plénitude que je n'avais jamais ressentie auparavant dans ma vie. C'est un mélange d'émotion, de joie profonde, de gratitude. Je reste longtemps ainsi à contempler, à remercier.

Quand je suis sur le point de commencer le retour, j'observe au-dessus de mon étoile, légèrement vers la gauche, un petit trou dans le fond noir à travers lequel on peut voir de l'autre côté. Je ne peux pas dire à quelle distance il se trouve mais je le regarde d'où je suis et curieusement, je peux voir à travers. De l'autre côté, il y a "tout de nouveau". Il y a des Univers complets, des mondes entiers. Ce qui est curieux, c'est que je ne les vois pas mais que je les sens. C'est le Tout. Je suis émerveillé.
- Qu'est-ce que c'est ?, je demande au Guide.
- C'est le Passage par lequel on naît.
- Je veux passer par là.
- Pas encore. Pas encore. Tu ne peux pas comme ça.
- Pourquoi ?
- Par là on passe, mais on ne revient pas, on passe pour toujours. C'est la matrice à travers laquelle on naît vraiment, bien que ce soit ce que vous appelez la mort.
Alors je ressens quelque chose de si incroyablement beau que rien ne lui est comparable. C'est la plus grande commotion que j'aie jamais ressentie. C'est si profond que je ne peux le décrire.
Tout est bien, tout est très bien.
Quelque chose se relâche dans la partie la plus profonde de mon Être.

Maintenant je sais que la mort n'existe pas. La certitude est absolue, c'est l'expérience indubitable. Il n'y a pas de mort. Ce que j'ai cru toute ma vie n'existe pas. Le Passage est là, devant moi, et c'est par là que je passerai. Tout va bien, tout va bien.Le doigt me ramène. Sans hâte, il descend et nous traversons l'étoile plate. Nous atteignons le Belvédère. Je remercie le Guide. L'oie me prend sur son dos et nous sommes déjà dans la pagode. J'entre par la porte haute et je commence à descendre les escaliers sans faire de bruit. Les moines chantent. Je vais avec l'un d'eux vers la cloche et quand nous y arrivons, il dit qu'il m'aidera et posément, il ajoute :
- À partir de maintenant, chaque fois que tu voudras voir ton étoile et aller devant le Passage, tu pourras le faire, en sonnant la cloche.
Je m'approche de la cloche, je la frappe et le toit de la pagode s'ouvre doucement.
Tout en haut, je vois le Passage.
Le moine répète encore une fois :
- Quand tu sonneras la cloche, tu pourras voir ta nébuleuse et le Passage par lequel on naît.
Et pour finir, il ajoute :
- Pour sonner la cloche, tu n'as pas besoin de venir jusqu'ici. Quand tu en auras besoin, tu sauras comment la trouver.
Puis il disparaît et je découvre que je suis dans la maison de mon quotidien. Je sors et je regarde le mandarinier en fleurs. Le plus exquis des parfums m'accueille.
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2019/04/10

Notes d'une conversation de Salvatore Puledda à Milan sur la mort.


(Nous avons omis les noms complets des personnes qui y figurent et avons laissé le contenu de ce matériel à qui il peut être utile).

"Les morts sont toujours vivants, mais dans un autre monde, dans le monde intermédiaire, qui est un monde psychique, ce n'est pas dans un endroit lointain, c'est ici, c'est comme dans une autre dimension, il y a des mondes infinis, c'est un monde complexe, plus complexe que le nôtre, avec une flore et une faune aussi, les morts sont là, et (si j’ai bien compris), il y a d’autres entités intentionnelles là-bas (sont-ils les dieux? Je ne sais pas).
Au moment de la mort, il n’y a pas de douleur, mais c’est un moment délicat, car le défunt est confus, ne sait pas si elle se trouve à l’intérieur du corps (ce qui semblerait normal car il est habitué à ça) ou à l’extérieur et ne sait très bien où aller.
Bien souvent, la personne décédée reste près du corps (et c’est pourquoi, dans toutes les cultures, on prend soin des corps des morts, on ne les jette pas, on leur accorde beaucoup d’attention), ils sont aussi désorientés.
Le transit peut être facile ou difficile et cela dépend de l'état dans lequel se trouvait la personne au moment de son décès. C'est pourquoi N. a écrit que mourir au bon moment peut être un élan béni.
Les morts, quand quelqu'un les voit dans leur monde, "marchent". Il s’agit d’une image configurée par le vivant, qui ne correspond probablement pas à la réalité mais à une configuration faite par ceux qui regardent et ne peuvent pas représenter l’autre monde tel quel, ils doivent le représenter selon des éléments d’espace et de temps correspondant à leur expérience dans ce monde. Il semble que cette image signifie que les morts sont dans un processus.
Les morts communiquent avec les vivants et les moments les plus appropriés sont le rêve et les œuvres transférentielles[1]. Le contact est basé sur un lien affectif, c'est-à-dire qu'il se produit entre proches.
Il n’est pas pratique de rechercher ce contact pour ne pas déranger, mais parfois ce contact a lieu parce que les deux veulent l’avoir.
La première chose que j'ai demandée à Salvatore était de savoir si quelqu'un avait rêvé d'Anna, la fille qui était morte. Je lui ai dit non, mais qu'AP l'avait vue lors d’une session de transfért deux jours après sa mort. Elle était dans la lumière, très heureuse et elle a dit: "Je suis déjà arrivée ici et je vous attends." Ce n'était pas un éclair, c'était un pont. Je l'ai vu moi-même, la nuit de l'accident; Je ne dormais pas, mais j'étais dans un état totalement altéré, en pleurs, quand elle est apparue, elle a ri et a dit: "Ne pleure pas, Gio, je vais bien!" Je n'avais pas accordé beaucoup d'importance à cette chose, pensant que c'était une projection de ma part pour me compenser dans un moment de désespoir total; mais Salva, je la considère comme un contact (et N. aussi, car elle l’a écrit hier):
"Salva, Excellent, votre intervention à Milan, je pense que cela a été très utile, je pensais que votre explication était très appropriée et j’ai été frappé par le transfert de A.P et la demi-lune de Gio.
Les événements psychologiques qui ont entouré ce fait malheureux ont servi (et serviront, je pense) à beaucoup de gens de mettre leur tête dans une dimension plus intéressante que la vie de tous les jours.
Merci beaucoup, Salva, et un gros câlin.
Mario. "

Salva a également donné de l'importance à d'autres signes, comme par exemple, le walkman de la sœur d'Anna qui a allumé seul deux fois.
Une autre fille nous a raconté qu’elle conduisait, énervée, et soudain, elle a perdu sa vision de la rue et Anna est apparue heureuse en disant: "Avez-vous vu ce que j'ai fait?" Salvatore chiait de rire ... il dit qu'Anna avait quelque chose de particulier ...
Disons que toutes les choses que se sont passés, Salva les valorisaient beaucoup, en tant que contacts qu'elle avait noués. Dans le travail de transfert, ils ont parfois contacté leurs proches et une fois ils ont dit. "Nous sommes en vie, notre problème est que nous ne pouvons pas vous faire croire".

Nous avons trois corps. Le corps physique, un autre corps avec lequel nous entrons en contact lors de l'expérience de la force[2] (le double) et un autre que l'on peut appeler l'esprit. Quand le corps physique meurt, le double vit toujours et ce double prend le troisième corps. Au cours du processus successif, l'esprit est relâché et arrive à la ville cachée. "Le chemin interne"[3] explique ce processus. Il semble que tous ne parviennent pas à libérer l'esprit. Il semble que cela dépend de l'unité interne. Ensuite, l'unité interne[4] détermine les possibilités de développement après la mort. Salva m'a dit que la plupart des gens parviennent à atteindre le monde intermédiaire, mais tous n'arrivent pas plus tard dans la ville cachée. Cela parce que le double, qui contient, ou protège, ou porte (je ne sais pas) le troisième corps, peut être fort ou faible et cela dépend de l'unité interne. S'il est faible, il se désarme avant que l'esprit soit prêt à se libérer. Il ne nous a pas dit ce qui se passe avec les doubles faibles qui se dissolvent sans avoir pu contenir l'esprit jusqu'à son départ; Il a seulement dit que rien de mal ne leur arrive.
Mais maintenant je comprends pourquoi nous devons aider les gens à mourir dans l’unité. Avant, je pensais que c’était d’essayer de transcender; maintenant, je crois que c'est pour aider le transit et aussi pour aider son développement futur. Et je comprends aussi pourquoi nous devons vivre dans l'unité interne ...
Salva a beaucoup parlé de la culture actuelle. Il a déclaré que le christianisme avait déjà échoué, non pas parce que son enseignement était mauvais, mais parce qu'il utilisait d'anciennes allégories qui ne vont plus dans cette société technologique.
Ainsi, les gens se retrouvent sans une direction vers le haut et gardent seulement une direction vers le bas. (d'où tous les films de zombies de Dracula, qui sont des allégories de ce qui se passe après la mort sans possibilité d'option vers le haut, ou, en tout cas, des allégories de désespoir devant l'absence d'une autre direction vers le haut). La mode sombre (dark) est à l'intérieur de ce même phénomène.
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voir aussi: La mort est l'illusion maximale

2018/10/08

Trouver un nouveau sens à la mort peut transformer la vie


Pressenza, 23.07.2018 Cloty Rubio
Cet article est aussi disponible en: EspagnolCatalan
Trouver un nouveau sens à la mort peut transformer la vie
Entretien avec Victor Piccininni, auteur du livre L’art d’accompagner. Outils et pratiques d’accompagnement personnel et spirituel en soins palliatifs
Victor, de quoi s’agit-il et quel est le but du livre ?
L’art d’accompagner est un petit guide pour aider dans la mission d’accompagner les personnes qui sont dans des moments critiques de leur vie, et plus spécifiquement, pour accompagner les personnes à la fin de leur vie physique. Il s’agit d’un bref écrit, destiné à tous. Une écriture qui n’a pas de grands développements, bien au contraire. Il s’agit d’un guide qui, d’une manière simple, essaie de transmettre une série d’outils, de pratiques et de suggestions utiles pour ces moments.
Quand l’on se trouve dans ces moments, que ce soit en tant qu’ami, en tant que membre de la famille ou comme professionnel, l’on se demande souvent ce qui est le plus approprié à faire, quoi dire, ce qu’il ne faut pas dire, quels exercices pourraient aider… Comment aider la personne à ressentir le plus grand bien-être possible, comment faire pour qu’elle parte de ce monde en paix. Comment accompagner tous ces moments.
Comment donner un nouveau sens à la vie en resignifiant la mort ?
Lorsque, à partir de sa propre expérience, on commence à avoir l’intuition, à soupçonner ou à être certain que la mort physique n’est que la fin de l’existence du corps, mais qu’il y a « quelque chose » qui peut être appelé de mille façons différentes : l’âme, l’esprit, la force intérieure ou cosmique, le profond, etc, et qui peut transcender cet instant et ouvrir la voie à l’immortalité, ouvrir la voie à d’autres temps et espaces différents de l’habituel, lorsque cela se produit, la vie elle-même prend un sens totalement différent de celui que l’on voit habituellement et l’on commence à agir d’une manière différente. Et si cette croyance ou intuition devient une certitude, si elle devient une expérience, la vie est transformée et les actions commencent à être guidées par ce nouveau sens de vie.
C’est pourquoi les expériences dans ce domaine sont si importantes, et non pas tant les théories. Les théories sans l’expérience nous laissent toujours dans le doute. Mais des expériences intérieures sur la possibilité d’une transcendance spirituelle, aussi minimes soit-elles, peuvent ouvrir le futur à un nouveau destin. Quand cette expérience sur le sens réel du moment de la mort devient évidente, la vie est redimensionnée, totalement resignifiée. Quand on a la certitude, par expérience, que la mort n’arrête que la partie physique et qu’il y a une possibilité que, s’il y a unité et réconciliation interne, quelque chose de sacré continuera son chemin évolutif, tout est profondément transformé.
Par conséquent, resignifier le moment de la mort peut conduire à transformer beaucoup de choses dans la vie. Beaucoup de gens en ont déjà fait l’expérience : quand un être cher meurt, ou quand, pour différentes circonstances, l’être cher a été dans un moment proche de la mort ou quand tu penses à ta propre finitude. Dans toutes ces situations, si tu y réfléchis, tu obtiens une resignification de ce qu’il faut faire dans la vie. Imagine-toi quand tu as l’expérience et la certitude que quelque chose continue après la mort !
Accompagner et aider les autres dans ce moment de la vie, avec affection et dévouement sincère, est vécu comme une grande action qui laisse un goût d’unité intérieure, ne le penses-tu pas ?
Oui, tout à fait. Et cette unité intérieure, cette sensation d’unité intérieure, est déjà en soi une expérience transcendante, une expérience qui t’ouvre d’autres portes intérieures et t’éloigne de la simple matérialité, de croire que tout se termine avec la mort.
Cet accompagnement commence à te connecter avec d’autres réalités plus profondes. Et tu sens que ces réalités profondes sont exactement les mêmes en toi et dans la personne que tu accompagnes. Et quand cela se produit, toutes les barrières imposées par les corps physiques sont surmontées et l’expérience d’une communication mentale, émotionnelle et spirituelle profonde s’ouvre.
Le livre n’est pas à but lucratif et cette première édition cherche à récolter des fonds pour une autre. Un millier d’exemplaires seront distribués dans les centres de soins palliatifs. Comment cette initiative a-t-elle vu le jour ?
L’objectif est d’amener ces outils et ces pratiques profondes là où ils sont le plus nécessaires. Je sens que ma formation autour des enseignements de Silo ne peut pas rester seulement en moi ou dans un petit groupe de personnes. C’est le but principal de ma vie et je pense que c’est la même chose avec des milliers de personnes qui ont été formées à cet enseignement. Nous essayons toujours d’apporter aux autres ce qui a été bon pour nous.
Ce livret a le même objectif et donc l’intérêt de multiplier les éditions et d’atteindre des milliers de centres de soins palliatifs et d’autres espaces où les gens en ont besoin. Je ne peux pas imaginer tirer profit de l’irradiation de cet enseignement, ce serait une contradiction. Pour cette raison, tout l’argent qui sera récolté avec cette première édition sera destiné à une deuxième édition et ainsi de suite, en améliorant et en élargissant le contenu, jusqu’à arriver le plus loin possible.
Faut-il aussi humaniser les derniers instants de ce monde ? Est-ce que ce besoin est évident ?
Je pense que nous devons « humaniser la santé » dans toute son ampleur et plus particulièrement dans les dernières étapes de la vie physique. L’accompagnement personnel, psychologique et spirituel en fin de vie fait partie de ce concept : Humaniser la santé. Nous ne sommes pas seulement un corps qui, lorsqu’il se détériore, tout se termine. C’est une conception purement matérialiste et anti-humaniste.
L’être humain est beaucoup plus que le corps, beaucoup plus qu’un nombre statistique, ou encore une position culturelle ou économique. Chaque fois, nous ressentons de plus en plus fortement le besoin de prêter attention à ce qui nous est interne et à ce qui est spirituel, à ce que chacun de nous ressent. Bien que souvent, nous ne savons pas comment exprimer ou canaliser ce besoin, mais ce besoin devient de plus en plus évident.
Les gens ont-ils des outils pour faire face à cette étape de la vie et à cet accompagnement ?
Je pense que oui. Aucune connaissance ou outil spécial n’est nécessaire pour commencer. Le livre en parle. Le plus important est l’attitude avec laquelle chacun aborde ces situations qui se donnent pour accompagner les autres. La première étape consiste à chercher à aller plus profondément en soi-même, à se connecter avec ce qu’il y a de meilleur en soi, avec cette bonté et cette compassion qui font partie de soi-même, qui sont dans soi-même… Et de là, nous allons vers l’autre que nous voulons accompagner. Ne pas le faire mécaniquement mû par le devoir ou par des intérêts particuliers. Les outils arrivent alors si l’attitude est adéquate, les outils se cherchent et se trouvent.
Qu’en est-il des professionnels, ont-ils un guide pour les aider dans les soins palliatifs ?
C’est une époque de grand développement et de progrès dans le domaine des soins palliatifs. Il répond à ce que nous disions au sujet du besoin profond d’humaniser la santé. Tout comme le développement du mercantilisme et le pouvoir de l’argent dans le domaine de la santé mènent à la déshumanisation de la pratique médicale, il y a une force croissante dans la direction opposée, dans la direction d’une humanisation croissante. Dans le sens d’assister et d’accompagner l’être humain comme un être intégral, avec le corps, l’esprit, les émotions, l’énergie… Cela signifie que les professionnels ont les outils pour s’occuper de ce concept intégral physique-psychique-spirituel. Bien sûr, cela dépendra des intérêts particuliers de chacun, de tenir compte ou non de ce dont nous parlons. De chercher et les appliquer ou se laisser emporter par le mercantilisme dominant.
En référence à ce point, mon expérience dans les unités de soins palliatifs (USP) est très gratifiante à cet égard. Les professionnels que j’ai rencontrés dans plusieurs USP ont une sensibilité très développée et ils ont aussi cette approche de soins intégraux pour la personne. Il y a beaucoup de connaissances, il y a des guides, des écrits et des expériences qui s’accumulent. C’est peut-être dans le domaine de l’accompagnement spirituel qu’il y a le plus grand manque d’outils et de guides, puisque le spirituel a souvent été associé au dogmatique ou religieux, ce qui conduit souvent à des malentendus. C’est pourquoi je suis intéressé par la publication de ce livret, qui se veut une contribution au domaine des pratiques personnelles et spirituelles, indépendantes ou complémentaires des croyances religieuses de chacun.
L’art d’accompagner propose un voyage à travers sa propre vie destiné à une réconciliation profonde avec soi-même et avec les autres : quelle est l’importance d’une réconciliation profonde ?
La réconciliation profonde avec soi-même et avec les autres conduit à l’unité intérieure, et au dépassement des ressentiments, contradictions et frustrations que tant de souffrances intérieures génèrent. Cette unité intérieure est la base de la croissance et du renforcement spirituel, et ce renforcement spirituel est synonyme de paix intérieure, de transformation, de joie douce au moment du départ, au moment de la mort physique et il est aussi synonyme de la possibilité de transcender ce moment dans d’autres temps et espaces. Ce n’est pas une théorie. Ces commentaires et affirmations sont basés sur l’expérience, sur ce que les gens ressentent et expérimentent quand ces réconciliations profondes deviennent réalité à l’intérieur de la personne.
Vous êtes membre de l’équipe de bénévoles de l’Unité de soins palliatifs de l’hôpital Dr. E. Tornú, comment se passe cette expérience ? Est-ce que tu le recommanderais à d’autres ?
Accompagner d’autres personnes dans les moments significatifs de leur vie, si tu le fais avec affection et en pensant à ce qu’il y a de mieux pour les autres, est une tâche merveilleuse. Et si tu as aussi les bons outils et les bonnes recommandations, tu aides les autres et tu t’aides toi-même. Cette tâche est comme une magie, parce que tu ressens la gratitude de l’autre personne. Tu sens que ce que tu fais l’aide vraiment à traverser cette situation et, de plus, cela s’inscrit en toi comme quelque chose de très valable, unitive et transformatrice. C’est quelque chose qui se répercute et au-delà de la situation difficile qui est vécue du point de vue physique, tu sens qu’une atmosphère de grande bonté inonde l’environnement. Mais comme il s’agit d’expériences personnelles, tout le monde ne se sent pas toujours à l’aise de faire cela.
Je crois fermement, que nous avons tous la capacité d’accompagner et d’aider les autres, mais chacun doit le faire là où il se sent à l’aise. Certains le feront en soins palliatifs, d’autres par l’éducation, d’autres par la transmission d’un enseignement de solidarité… Et ainsi d’autres dans tant d’autres activités qui rayonnent le meilleur de chacun. Toutes ces choses qui, d’une manière ou d’une autre, traduisent en actions concrètes ce que Silo a synthétisé de façon magistrale comme le moment de « Connecter avec le profond. Avec le sacré de l’intériorité humaine » et en même temps il nous a dit : « Il est temps d’Humaniser la Terre ! »

2018/03/19

La mort - La fonction oppressive du système


Le système enchaîne vers la mort. 

Chaque mort, pour le Système, est une joie car c'est un combattant de moins. Mais il n'est pas nécessaire de se référer à la mort physique, qui n'est rien d'autre que l'achèvement du court cycle de vie. Il existe d'autres types de décès, qui se produisent dans la vie. La fin de la concrétion possible des idéaux, ou la fin des longs désirs, de la saisie des vérités irréfutables, c’est aussi mourir. Sans oublier que pour beaucoup, la mort signifie la dernière fuite, la dernière évasion, l'abolition des tourments. 

Le Système propose deux pièges, et dit: «Au-delà de la mort, il n'y a rien, ou d'avant la naissance, vous avez déjà une âme, auquel cas vous devrez la garder en bon état», c'est-à-dire faire ce que le Système dicte - afin qu'il puisse alors "boire de l'éternité". En outre, ce sujet est si caché que tout ce qui est dit offenserait sérieusement. 

Il est clair qu'il peut pas y avoir une modification si vous pensez dans cette direction. 

La mort est le corrélat de la violence. Plus il y a de violence, plus la mort sera proche. 

Pourquoi y a-t-il tellement de violence aujourd'hui? Est-ce que personne ne peut se débarrasser de cette peur, de cette incertitude qui peut être une justification magnifique pour dire: «pourquoi faire quelque chose, si je peux mourir demain, et si je ne suis pas là pour le voir? 

Mais si la tâche d'assumer l'existence est entreprise, ne pas en mettant à plus tard; de faire avancer un jeune vitalisme puissant, de maintenir la volonté d'être, où finissent les peurs et les angoisses face à la mort? Si soudainement vous commencez à créer un monde parallèle, un intramonde à l'intérieur du monde en déclin, une "âme" flagrante dans les corps vides; Que reste-t-il de cette incertitude écrasante face à l'évidence de la brièveté de la vie, quand chaque moment peut être transcendant de la décadence ordinaire? 

La peur de la mort chez un jeune homme est apparemment inexplicable, mais intérieurement elle est comprise. Il y a de la peur et de l'angoisse parce qu'il y a de la vacuité, parce que tout ce qui était debout est tombé; les mythes sont tombés, la foi, Dieu est morte. La signification du langage a décliné, il n'y a pas de coïncidences, il n'y a rien de commun; Il y a un vide, une solitude, un désert qui offre parfois un mirage. C'est pourquoi il y a des jeunes qui ont perdu leur vitalité et se promènent dans des villes pleines de reflets, de lumières étranges. C'est pourquoi ce jeune homme s'inquiète de la mort. Mais ne vous laissez pas berner, ce n'est pas la vie au-delà de la mort qui vous inquiète, mais la vie plus ici de la mort, la vie que vous pensez avoir pour votre corps, mais que vous n'avez pas dans votre âme. désillusionné et donc malade et faible. Cet homme, à ce stade, est invité à créer quelque chose de sincère et de réel, pas pour demain mais pour aujourd'hui. Tout de suite! 

Il doit d'abord reprendre les quelques forces restantes, commencer par l'espoir et la peur d'échouer, car il l'a connu de nombreuses fois et il est déjà fatigué, fatigué de la tromperie et des mensonges. Ce jeune homme veut une âme, une âme nouvelle et flamboyante, construite avec son propre effort et avec l'aide de ses semblables, cette âme dont il a entendu parler mais dont il n'a aucune idée. Mais supposons que l'âme soit ce qui donne la cohérence et la sagesse, qui donne le pouvoir et la force, qui est individuel et à son tour le centre de l'Univers, qui appartient à l'esprit immortel de l'homme. Pour cette âme, le soleil se lèvera, car pour cette âme nous allons travailler dès l'aube. Tout le reste viendra à cette âme. 

2018/03/04

Notes d'une conversation sur la mort avec Salva à Milan.

(Nous avons omis les noms complets des personnes qui y figurent et laissons le contenu de ce document à qui il peut servir).

"Les morts continuent à vivre, mais dans un autre monde, dans le monde intermédiaire, qui est un monde psychique, ce n'est pas dans un endroit éloigné, c'est ici, c'est comme une autre dimension, il y a des mondes infinis, c'est un monde complexe. plus complexe que le nôtre, avec sa flore et sa faune aussi. Les morts sont là, et (si j'ai bien compris) il y a d'autres entités intentionnelles (seront-elles les dieux? Je ne sais pas).

Au moment de la mort il n'y a pas de douleur, mais c'est un moment délicat car le défunt est confus, il ne sait pas s'il est à l'intérieur du corps (comme cela lui paraît normal, car c’était l’habituel pour lui) ou dehors et il ne sait pas très bien où aller.

Plusieurs fois, la personne morte reste proche du corps (et c'est pourquoi dans toutes les cultures il y a le soin des corps des morts, ils ne sont pas jetés, ils reçoivent beaucoup d'attention). Il est aussi désorienté.

Le transit peut être facile ou difficile et cela dépend de l'état dans lequel la personne était au moment de sa mort. Voilà pourquoi N. a écrit que mourir au bon moment peut être une explosion bénie.

Les morts, quand quelqu'un les voit dans leur monde, "marchent". C'est une image configurée par le vivant, qui ne correspond probablement pas à la réalité mais qui est une configuration faite par ceux qui regardent et ne peuvent pas représenter l'autre monde tel qu'il est, ils doivent le représenter selon des éléments d'espace et de temps qui correspondent à son expérience dans ce monde. Il semble que cette image signifie que les morts sont dans un processus.

Les morts communiquent avec les vivants et les meilleurs moments pour le faire sont le rêve et les travaux transférentiels. Le contact est basé sur un lien émotionnel, c'est-à-dire entre les êtres chers.

Ce n'est pas pratique de chercher ce contact, pour ne pas déranger, mais parfois c'est parce que les deux veulent l'avoir.

La première chose que Salva m’a demandé, c'était si quelqu'un avait rêvé d'Anna, la fille qui est morte. Je lui ai dit non, mais qu’A.P. l'avait vue dans un travail de transfert deux jours après sa mort. Elle était dans la lumière, très heureuse, et a dit: "Je suis déjà arrivé ici et je vous attends, ce n'était pas un rayon, c'était un pont". Je l'ai vu moi-même, la nuit de l'accident; Je ne dormais pas, mais j'étais dans un état totalement altéré, pleurant, quand elle m'apparut, elle rit et dit: "Ne pleure pas, Gio, je vais bien!" Je n'avais pas donné beaucoup d'importance à cette chose, pensant que c'était une de mes projections pour me compenser dans un moment de désespoir total; mais Salva l’a consideré comme un contact (et N. aussi, parce qu'il a écrit hier):

"Cher Salva,
Excellente votre intervention à Milan. Je pense que cela a été très utile. Je pensais que votre explication était très appropriée et j'ai été frappé par le transfert d’A.P et le demi-sommeil de Gio.
Les événements psychologiques qui ont entouré cet événement malheureux ont servi (et je crois qu'il servira) à beaucoup de gens à mettre leur tête dans une dimension plus intéressante que le quotidien.
Merci beaucoup, Salva, et un gros câlin.
Mario. "

Salva a également donné de l'importance à d'autres signes, tels que par exemple. Le baladeur de la sœur d'Anna qui est partie seule deux fois.

Une autre fille nous est arrivée: elle conduisait, énervée, et soudainement elle a perdu sa vision de la rue et Anna est apparue heureuse, en disant: "Avez-vous vu ce que j'ai fait?" Salva pleurait de rire ... il disait qu'Anna avait quelque chose de particulier ...

Disons que Salva a bien apprécié toutes les choses qui se sont passées, en tant que contacts qu'elle a faits. Dans le travail de transfert*, ils ont parfois contacté des proches morts et une fois ils ont dit : "Nous sommes en vie, notre problème est que nous ne pouvons pas vous faire croire."

Nous avons trois corps. Le corps physique, un autre corps avec qui nous prenons contact pendant l'expérience de la force (le double) et un autre qui peut être appelé l'esprit. Quand le corps physique meurt, le double vit encore et ce double prend le troisième corps. Au cours du processus successif, l'esprit est libéré et arrive à la cité cachée. "La guide du chemin intérieur" explique ce processus. Il semble que tous n’arrivent pas à libérer l'esprit. Il semble que cela dépend de l'unité interne. Ensuite, l'unité interne détermine les possibilités de développement après la mort. Salva m'a dit que la plupart des gens parviennent à atteindre le monde du milieu, mais pas tous arrivent plus tard dans la ville cachée. Cela parce que le double, qui contient, ou protège, ou porte (je ne sais pas) le troisième corps, peut être fort ou faible et cela dépend de l'unité intérieure. Si cette unité est faible, ce troisième corps se désarme avant que l'esprit soit prêt à se libérer. Il ne nous a pas dit ce qui arrive aux doubles faibles qui se dissolvent sans avoir pu contenir l'esprit jusqu'à son départ; Il a seulement dit que rien de mal ne leur arrivait.

Mais maintenant je comprends pourquoi nous devons aider les gens à mourir dans l'unité. Avant je pensais que c'était d’essayer qu’ils transcendassent ; maintenant je crois que c'est pour aider le transit et aussi pour aider son développement futur. Et je comprends aussi pourquoi nous devons vivre dans l'unité intérieure ...

Salva a beaucoup parlé de la culture actuelle. Il a dit que le christianisme a déjà échoué, non parce que son enseignement est mauvais mais parce qu'il utilise des allégories anciennes qui ne vont plus dans cette société technologique.

Donc, les gens sont laissés sans une direction ascendante et ne conservent que la direction descendante (d'où tous les films de zombies, de Dracula, qui sont des allégories de ce qui se passe après la mort sans avoir de l'option ascendante ou, en tout cas, des allégories de désespoir face au manque d'une autre direction). La mode sombre est à l'intérieur de ce même phénomène.

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* Voir Silo, Notes de psychologie, Psychologie III. Chapitre 1. Catharsis, transferts et auto-tranferts, http://silo.net/en/collected_works/index

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Sur ce sujet, voir aussi:
a- La mort est l'illusion maximale
b- Sur la transcendance dans la vie

2016/11/24

Causerie de Silo avec Salvatore sur la mort


Remarques sur les observations faites par Salvatore Puledda des conversations avec Silo[1] concernant le phénomène de la mort, lors d'un séminaire  à Mendoza, 1983.
Voici ce que me lança Negro par rapport au phénomène de la mort pendant les séminaires que j’eus à Mendoza. La causerie ne fut pas totalement différente. Nous avons commencé par un bout, puis un autre et ainsi de suite, mais je l’ai reconstruite plus ou moins ainsi : Il dit qu’il y a un Double et que cela est considéré comme certain. Ce double registre tout ce qui se passe durant la vie comme si c’était une espèce de… lui le nomme “une copie carboneˮ ou photocopie du corps et tout ce qui lui arrive à chacun est inscrit là. Non seulement ceci, mais aussi que les caractéristiques avec lesquelles chacun naît sont là, gravées dans le Double. Parce que là surgit un problème assez sérieux, qui serait… en quels termes pourrions-nous parler de justice humaine si effectivement on ne connaît pas les conditions qui ont été données à une personne ? 
Par exemple : une personne naît boiteuse ou aveugle, ou avec un développement intellectuel très faible ou très haut, quelqu’un naît dans une situation environnementale d’une certaine manière, un autre dans une situation totalement défavorable, un autre au milieu d’un champ. La chose est différente, n’est-ce pas ? La capacité de développement de chacun est différente et donc de quelle manière pouvons-nous juger une personne, où est la justice ? Ce sont des interrogations que vous vous êtes faites mille fois.

Il disait que ces caractéristiques dans lesquelles on vient au monde et l’enceinte dans laquelle chacun arrive, tout ceci est gravé dans le Double. Il disait que chacun arrive avec une caractéristique déterminée que lui appelle “la Direction Mentaleˮ, qui pourrait être ce que les Grecs appelaient le “Daimôn qui est la force qui pousse une personne dans une direction ou une autre, qui va la mener de préférence dans une direction ou une autre. De plus, cette personne va se développer dans une enceinte déterminée, dans laquelle elle est, dans laquelle on nait et tout ceci donne la Direction Mentale qu’on lui donne (et nous pouvons parler ainsi) à la naissance. Toutes les choses qui vont lui arriver dans la vie, s’il a été dans une enceinte favorable ou un peu favorable etc., tout ceci est inscrit dans le Double.

Alors, s’il y a un jugement post-mortem, c’est un jugement très différent du jugement humain. Alors, tout ce qui lui a été donné au commencement, plus ce qu’il lui a été donné dans les interrelations avec l’enceinte plus ou moins favorable, ainsi que toutes les choses qui lui sont arrivées au cours de la vie vont s’inscrire là, comme une photocopie parfaite de ce qui est arrivé dans la vie, ça s’accumule là.

Alors je vous décris le panorama comme lui, me l’a présenté. La Mort. Qu’est-ce que la Mort ?
Il me donna une définition que je me rappelle très précisément. Il disait : “La Mort est l’illusion maximaleˮ. Pourquoi est-ce ainsi ? La raison était celle-ci. Il disait : pendant la vie, on a des impulsions non seulement de la mémoire mais aussi de l’enceinte externe et alors on  se situe aussi par rapport à l’enceinte externe, on répond aux choses qui sont dehorset on bouge vers elles.

Mais lorsqu’on meurt, ton corps n’a déjà plus la possibilité de répondre aux stimuli, de les sentir, de les capter, alors l’unique chose qui reste, c’est la mémoire, dans le Double. Dit dans notre langage, tu as la représentation mais pas de perception. Si tu n’as pas de perception, ce que tu as sont seulement tes souvenirs qui se sont organisés d’une certaine manière. Alors, après la mort, mis à part que le sujet ne comprend pas, un sujet sans travail interne ne comprend pas qu’il est mort, donc la relation avec le milieu est coupée et lui surgissent tous ses contenus, ses climats et, ces contenus et climats organisent un paysage, comme le paysage du rêve ou le paysage du transfert et il se meut dans ces paysages, croyant qu’ils sont réels. Donc l’approximation que je peux avoir de ce phénomène est le transfert ou le rêve. Dans le rêve, je suis dans un paysage que j’ai moi-même construit, mais je ne sais pas que c’est moi qui l’ai construit. 

Si le sujet ne se rend pas compte, n’a pas d’autre référence, il est comme dans un rêve. Il est dans son paysage mais il ne se rend pas compte qu’il le construit lui-même et automatiquement les paysages qu’il construit vont avoir un argument, un développement jusqu’à parvenir à un point où se donne la contradiction.
Je me demande : À ce point, le sujet est-il vivant ou mort ? Qui est celui qui perçoit ? C’est un bazar. Qui est celui qui me voit ?

Ainsi nous émettons une hypothèse, qui est que le Double existe, parce que si nous pensons que seul le corps existe, alors nous avons un autre bazar. Le Double travaille avec sa mémoire. La connexion entre la mémoire, le Double et le corps, ceci je ne sais pas comment ça fonctionne.

Continuons de supposer que le Double existe, la question suivante est : Comment le Double agit-il sur le corps ? Ceci je ne l’ai pas clair. Je ne sais pas non plus à quel moment commence le phénomène, je transmets ce qu’il m’a dit.

Nous en étions là, le sujet était dans son paysage que lui-même construit sans le savoir et qui l’amène automatiquement à sa contradiction. Après ça, quelques-uns de ces Doubles, ceux qui sont là-bas et ne peuvent processer davantage, se dissolvent, perdent de l’unité, le paysage qu’ils ont construit par la contradiction se dissout. Et d’autres non, d’autres parviennent à un paysage comme c’est dans la majorité des religions, ils arrivent à un paysage et là-bas on pèse, on décide, les bonnes actions et les mauvaises actions. Il disait que c’est ainsi, mais que ce n’est pas le lot commun que le Double arrive au jugement.

Je lui demande alors : S’il y a un jugement, il y a des juges. Qui juge ? Ces juges ontils une identité ? Ont-ils une réalité externe au rêve du sujet ? Ou sont-ils une projection du sujet lui-même lorsqu’il est arrivé à un certain état ? Ça se comprend ? Parce que dans la majorité des religions, il y a les juges des morts.

 Lui disait que ce n’était pas très important, que ce n’est pas le point central. Puis il dit : Et, après le jugement, on les envoie dans différents endroits qui correspondent plus ou moins à ce qui se dit dans les religions, à un point où on les dissout une autre fois. (C’est-à-dire qu’après le jugement, il peut se dissoudre,
c’est-à-dire qu’il y a comme plusieurs check-up). Et après il disait – et c’est peut-être le plus intéressant dans ce qu’il m’a dit : ceux qui ont passé le jugement favorable (pour ainsi dire) se trouvent face à l’anneau de l’expérience guidée “Le voyageˮ(2). C’est ce qu’il m’a dit explicitement. Et là, on passe véritablement à une chose complètement différente. Ce double qui a maintenu son unité, qui a pu passer à travers son rêve, qui a été jugé de façon favorable alors, làbas, lui apparait un anneau. Il disait que c’était plus ou moins le paysage post-mortem et l’expérience du “voyageˮ exprimait exactement ce tunnel lumineux où vont les Doubles qui arrivent.
Quels sont les Doubles qui arrivent ? Ceci est très intéressant. Ceci dépend de ce que tu as fait avec cette Direction Mentale qui t’a été donnée au commencement. Qu’as-tu obtenu, qu’as-tu fait ? Étant donné les conditions que tu as eues. 

Une autre chose qu’il m’a dite était en rapport avec la réincarnation. Il disait que seuls les Bodhisattvas se réincarnaient. C’est-à-dire cette personne très spéciale qui est arrivée à un certain niveau de compréhension et qui choisit par amour de l’humanité ou une autre raison de revenir. Il disait que c’était l’unique forme de réincarnation. Tout ne se réincarne pas.

Un autre point très, très important, bien que ce ne soit pas du paysage post mortem était comment l’Orient et l’Occident ont affronté le thème de la mort. Il disait que les Occidentaux avaient pris la forme égyptienne de conserver les corps ou cette forme que prirent plus tard le judaïsme et le christianisme où resurgissait la chair. Alors il y a le problème du corps, et la momification sera une idée fondamentale de l’Occident qui l’amène à une certaine matérialisation matérialité de la civilisation.

En Orient, l’idée est complètement différente, c’est une vallée de larmes où cette roue monstrueuse, terrible, te fait toujours te réincarner et te réincarner et te réincarner et tu dois passer 10000 vies, d’abord un asticot, puis un papillon etc. jusqu’à parvenir à être Brahman. L’idée fondamentale est que ceci disparaisse de là et ça produit deux tréfonds mentaux très différents, qui donnent direction à un type de civilisation. Là-bas, il est souhaitable de s’en aller et, ici, de conserver le corps. 

Autre chose qui me reste de ce qu’il me dit : le concept de purgatoire n’était pas une idée si stupide. Lorsque l’on donne un jugement, on donne aussi un temps pour qu’il puisse recomposer ses contradictions et alors, certains sont jugés et… Et aux autres on leur laisse un temps qui correspondrait avec le mythe du purgatoire, où il peut y avoir une interaction avec les vivants. Interaction mentale. Les vivants peuvent l’aider à faire ce qu’il doit faire (c’est comme ça qu’on explique les prières pour les morts et ces choses). C’est ainsi qu’il décrivait le paysage.

De tout ça se détache une idée très utile qui est que peu importe à quel moment de la vie on meurt, ni dans quelles conditions on naît. C’est la chose la plus exceptionnelle et la plus importante. Il y a une véritable justice, qui n’est pas la justice humaine ! Il n’y a pas de désavantage, c’est une justice que nous ne comprenons pas très bien.

L’autre idée que l’on peut ressortir de cette conversation qui est très utile, qui aide dans tout ce thème des transferts et de l’action valable. Ceci me pousse à sortir de mes contradictions, car ce sont les mêmes que je
rencontrerai, à la différence qu’ici je peux opérer et, là-bas non. 

Par rapport à la Direction Mentale, il disait que tous ne partent pas ou ne viennent pas avec la même. (Cette Direction Mentale c’est … la Dot). Ce n’est pas un prédéterminisme, c’est un regard. Avec tout ce qui t’a été donné, qu’as-tu fait ? On te mesure selon ce que l’on t’a donné et ceci est la justice.

Il disait littéralement : Tout ceci, tant la direction mentale qui t’a été donnée que les conditions, les choses qui te sont arrivées pendant ta vie sont inscrites dans le Double, malgré ça on ne peut comparer et, c’est pour ça qu’il n’existe pas de justice humaine. Alors la difficulté est énorme, l’énorme humilité que nous devrions avoir pour juger la vie des autres. C’est très difficile de juger. Par conséquence, la justice est relative, le jugement qu’ils te feront sera relatif. C’est un jugement personnalisé, pas selon le code.

Ce thème de la justice m’a enlevé plusieurs problématiques, je ne sais pour vous… mais pour moi, ça m’a beaucoup allégé, c’est pour ça que je vous le raconte. Le reste, la mort comme illusion et comme création d’images d’un rêve, où se construisent des paysages en accord avec le climat que tu avais dans la vie, pour moi, sans m’effrayer, ça m’a généré l’envie de travailler parce que de toutes façons, que je le veuille ou non, ce que j’ai va apparaitre. Cela me donne de l’entrain pour travailler. Je peux me cacher comme l’autruche mais de toutes manières ce que tu as va t’apparaitre, ainsi mieux vaut le travailler. C’est meilleur que tu parviennes à une unité parce que, même si tu fais l’autruche, ça va t’apparaitre de toute façon. 

C’est ce que je crois utile… le reste sont des anecdotes que je ne comprends pas. C’est tout.
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[1] Mario Luis Rodríguez Cobos (www.silo.net)
[2] « …J'avance parmi des murs transparents qui produisent des changements de couleur musicaux quand on les traverse. J'avance encore jusqu'à parvenir à une surface plane au centre de laquelle je vois un grand objet mobile, impossible à cerner du regard, car quelle que soit la direction suivie à sa surface, celle-ci finit par s'enrouler à l'intérieur du corps. Ça me donne des vertiges; je détourne le regard. Je rencontre une silhouette apparemment humaine. Je ne peux voir son visage. Elle me tend une main dans laquelle je vois une sphère rayonnante. Je commence à m'approcher et, en un acte de complète acceptation, je prends la sphère et la pose sur mon front. (*)…”. Voir: http://experiencesguidees.blogspot.ca/2014/10/le-voyage.html

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Sur ce sujet, voir aussi:
a- Sur la transcendance dans la vie

b- notes d'une conversation avec Salva sur la mort

2015/12/31

Sens profond des rituels funéraires

"Le “double énergétiqueˮ se nourrit de sensations de différents potentiels, il se maintient sur la base d’impressions (des choses qui se voient, s’entendent, se sentent à travers les sens externes et internes). Ce corps d’impressions qui sont en définitive des sentiments, des pensées, des sensations, tout ce qui n’est pas le corps physique. 

Lorsque les fonctions du corps physique s’arrêtent, le corps énergétique se sépare. L’énergie du double vient du monde des sensations et du fait qu’il manque les sensations, il se dissout. La mort cérébrale est décisive et non pas la mort clinique qui se produit avant. C’est pour ça, s’il y a mort, ne lui faites pas peur, ne le dérangez pas et ne dites pas d’imbécilités jusqu’à ce que la mort cérébrale se produise, ce qui se donne lorsque le double se sépare et conserve une frange de souvenirs. 

Lors de la mort cérébrale, les émotions, les représentations se paralysent. Le double, qui ne peut plus utiliser ces énergies organisées, ne reçoit plus d’impressions, mais le corps énergétique a une mémoire (des souvenirs) comme l’enregistrement de ce qu’il y a eu, c’est tout ce qu’il peut conserver. C’est une mémoire répétitive, ce n’est pas une mémoire dynamique. S’il reste fixé dans un lieu, on bouge les meubles de l’endroit et le double se dissout. 

Les cérémonies des morts sont des intuitions sur le double, pour qu’il se “nourrisseˮ d’impressions, non pas qu’il va manger le repas que lui laisse les proches ou les amis, mais le double a besoin de “sensationsˮ pour ne pas se dissoudre. Tout le thème de la conservation du corps, les momifications, les repas, les talismans, pour les Égyptiens, c’était pour que le Ka (l’âme ou le double) se maintienne et pour lui offrir une possibilité, pour lui donner le temps afin qu’à son tour, il puisse générer autre chose, un souffle plus élevé qui puisse devenir une organisation plus subtile, plus élevée, l’esprit, le Ba."


Compilation partielle.Version 18 juillet 2012 Andrés K.

2015/04/02

Une expérience aux frontières de la mort vécue par Nicole Dron


Nicole Dron est française, née en 1941 dans l'Aisne. Elle a été l'un des premiers "témoins" à accepter de parler publiquement de son expérience, sans volonté de publicité. Par le biais de conférences et en participant à des émissions radiophoniques et télévisées, elle a beaucoup contribué à la reconnaissance des EMI (expériences de mort imminente) dans le grand public ainsi que parmi les chercheurs et scientifiques intéressés. Depuis plus de vingt ans, Nicole Dron sillonne infatigablement la France et les pays francophones afin de sensibiliser tous ceux que son récit peut aider.

2014/10/15

Des emplacements face à la mort et à la transcendance.

...L’être humain peut donc se trouver dans ces cinq états et à des degrés différents. Mais quel est l’emplacement correct ? Existe-t-il un emplacement correct ou sommes-nous simplement en train de décrire l’existence, décrivant ses problèmes sans y apporter de solution ? Pouvons-nous donner des solutions ? Pouvons-nous suggérer quel est le meilleur emplacement face à ce problème ? Parlons-en. Car personne ne parle avec nous, donnons donc notre point de vue particulier sur ce thème.

L’être humain se trouve dans ces cinq états et degrés. Mais quel devrait être l’emplacement correct ? L’emplacement minimum devrait être de désirer avoir cette expérience ou cette croyance, parce que ce désir est la prémisse nécessaire pour déjà s’orienter dans le sens de la transcendance.

Peu importe que l’on ait l’expérience ou que l’on ait la foi ; mais si l’on aspire à cette chose depuis cette situation de non croyance et de non foi, de non expérience, observe et vois comment le mécanisme s’oriente dans cette direction.

Les gens disent que la foi ou des choses semblables, est quelque chose qui est ou n’est pas chez les gens, qu’elle jaillit ou ne jaillit pas, que c’est quelque chose qui ne peut être maniée mais, observez ce mécanisme. Vous pouvez absolument ne pas avoir foi, vous pouvez absolument ne pas avoir d’expérience, vous pouvez aussi comprendre intellectuellement que ceci est intéressant, que ça peut valoir la peine de s’orienter dans cette direction. Je vous dis donc, que lorsque tout ceci commence à arriver, vous êtes déjà orientés dans cette direction.

Au minimum, le désir d’avoir l’expérience ou la croyance, parce que ce désir est la prémisse nécessaire pour s’orienter déjà dans le sens de la transcendance.

Si ce désir est faible, rien ne pourra se construire. Mais à mesure que ce désir grandit, ce sera comme un acte lancé à la recherche de son objet et cela donnera direction à l’existence.

Ceux qui parviennent à obtenir cette foi ou cette expérience transcendante - même s’ils ne peuvent la définir en termes précis tout comme on ne peut définir l’amour - ceux-là reconnaîtrons la nécessité d’orienter d’autres personnes vers ce sens ; cependant ils n’essaieront jamais d’imposer leur propre paysage à ceux qui ne le reconnaissent pas.

Aussi en toute cohérence avec ce qui a été énoncé, je déclare devant vous mon inébranlable foi et ma certitude d’expérience que la mort n’arrête pas le futur.

Au contraire, la mort modifie l’état provisoire de notre existence pour la lancer bienheureusement vers la transcendance immortelle.

Je n’impose ni ma certitude, ni ma foi et je cohabite avec ceux qui ont des positions différentes à l’égard du sens. Mais par solidarité, je me sens obligé d’offrir le message qui, selon moi, rend l’être humain heureux et libre.

Sous aucun prétexte, je n’élude ma responsabilité d’exprimer mes vérités, même si celles-ci semblent discutables, à ceux qui éprouvent le caractère provisoire de la vie et l’absurdité de la mort.

D’autre part, je ne questionne jamais personne sur ses croyances particulières ; et même si je définis clairement ma position sur ce point, je proclame pour tout être humain la liberté de croire ou non en Dieu et la liberté de croire ou non en l’immortalité.

Parmi les milliers et les milliers de femmes et d’hommes qui travaillent solidairement, au coude à coude avec nous, se comptent des athées et des croyants, des personnes avec des doutes et d’autres avec des certitudes. Personne n’est interrogé sur sa foi. Tout est présenté comme orientation pour que chacun décide pour lui-même de la voie la mieux à même d’éclairer le sens de sa vie.

Il n’est pas courageux de cesser de proclamer ses propres certitudes, mais il est indigne de la véritable solidarité d’essayer de les imposer.

1980. Déclaration de Mexico.
Source: Silo Parle. Editions Références. 2013

2014/07/07

Le Message de Silo sur l’immortalité et Le Sacré


…Dans presque toutes les cérémonies sont présentes deux réalités qui, traitées explicitement ou non, montrent leur importance par leurs profondes significations qu’elles recouvrent pour la vie. Nous connaissons ces réalités, qui admettent différentes interprétations, sous les désignations suivantes : "L’Immortalité" et "Le sacré".

Le Message accorde la plus grande importance à ces thèmes et explique qu’on doit pouvoir disposer du plein droit de croire ou de ne pas croire en l’Immortalité et dans le Sacré car l’orientation de la vie d’une personne sera en fonction de la posture qu’elle assume face à cela.

Le Message assume les difficultés d’examiner ouvertement les croyances fondamentales, heurtant la censure et l’autocensure qui inhibent la pensée libre et la bonne conscience. Dans le contexte de la libre interprétation que favorise le Message, on admet que, pour certaines personnes, l’Immortalité se réfère aux actions réalisées dans la vie et que leurs effets continuent dans le monde physique malgré la mort physique. Pour d’autres, la mémoire conservée par les êtres chers, ou même par des groupes ou des sociétés entières, garantit la perpétuation après la mort physique. Pour d’autres encore, l’Immortalité est acceptée comme perpétuation personnelle à un autre niveau, dans un autre "paysage" d’existence.

Pour continuer avec la libre interprétation : Certains ressentent le Sacré comme le moteur de l’affection la plus profonde. Pour eux, les enfants ou les autres êtres chers représentent le Sacré et revêtent une valeur maximale qui ne doit être avilie sous aucun prétexte. Il y a ceux qui considèrent l’être humain comme Sacré, ainsi que ses droits universels. D’autres encore expérimentent la divinité comme l’essence du Sacré.
Dans les communautés qui se forment autour du Message, on considère que les différentes postures assumées face à l’Immortalité et au Sacré ne doivent pas être simplement "tolérées" mais véritablement respectées. Le Sacré se manifeste depuis la profondeur de l’être humain, d’où l’importance de l’expérience de la Force, en tant que phénomène extraordinaire que nous pouvons faire surgir dans le monde quotidien. Sans l’expérience, tout est douteux, avec l’expérience de la Force, nous avons des évidences profondes.

Nous n’avons pas besoin de la foi pour reconnaître le Sacré. On obtient la Force au cours de certaines cérémonies comme celles de l’Office et de l’Imposition. On peut également percevoir les effets de la Force dans les cérémonies de Bien-être et d’Assistance.


Le contact avec la Force provoque une accélération et une augmentation de l’énergie psychophysique surtout si des actes cohérents sont réalisés quotidiennement, actes qui par ailleurs créent une unité intérieure orientée vers la naissance spirituelle. 

2013/07/07

à propos du sens de la vie

Mexico, Mexique - 10 octobre 1980 
Echange avec un groupe d’étude 
(Retranscription des réponses de Silo données dans le cadre de ce groupe d’échanges).

Je vous remercie de l’occasion qui m’est donnée ici de discuter avec vous certains points de vue concernant des aspects importants de notre conception de la vie humaine. Je dis “discuter” car il s’agira plutôt d’un échange que d’une dissertation.
Le premier point à considérer est notre approche du sujet dans son ensemble. Notre objet d’étude est-il le même que celui des sciences ? S’il en était ainsi, les sciences auraient sûrement le dernier mot.
Notre intérêt se porte sur l’existence humaine non en tant que phénomène biologique ou social – des sciences consacrent déjà leurs efforts sur ce point – mais sur l’existence humaine comme expérience personnelle, comme registre* quotidien. Cette approche est motivée par le constat suivant : quand quelqu’un s’interroge sur le phénomène social et historique inhérent à l’être humain, il le fait toujours à partir de sa vie quotidienne, de sa situation, mû par ses désirs, ses angoisses, ses nécessités, ses amours, ses haines. Avant même toute statistique et toute théorisation, il le fait à partir de ses frustrations, de ses succès ; il le fait à partir de la vie même.
Qu’y a-t-il de commun et en même temps de particulier à toute existence humaine ? C’est la recherche du bonheur et le dépassement de la douleur et de la souffrance. Ceci est une vérité dont chaque être humain peut avoir le registre.
Cela dit, quel est donc ce bonheur auquel aspire l’être humain ? Il est ce que celui-ci croit être le bonheur. Cette affirmation, un peu surprenante, se base sur le constat suivant : les personnes s’orientent vers des images et des idéaux de bonheur différents. Mieux ! L’idéal de bonheur change selon la situation historique, sociale et personnelle. Nous en conclurons que l’être humain recherche à la fois ce qu’il croit le rendre heureux et ce qu’il croit l’éloigner de la souffrance et de la douleur.
Au regard de cette aspiration au bonheur, des résistances apparaîtront sous forme de douleur et de souffrance. Comment ces résistances pourront-elles être vaincues ? Tout d’abord, nous devons nous interroger sur leur nature.
Pour nous, la douleur est un fait physique. Nous en avons tous fait l’expérience. C’est un fait sensoriel, corporel. La faim, les intempéries et les catastrophes naturelles, la maladie, la vieillesse génèrent de la douleur. Voilà le point à partir duquel nous distinguons la douleur des phénomènes qui n’ont rien à voir avec le domaine sensoriel. Seul le progrès de la société et de la Science peut faire reculer la douleur. C’est d’ailleurs dans ces domaines spécifiques que les réformateurs sociaux et les scientifiques peuvent investir leurs plus grands efforts, ainsi que les peuples eux-mêmes, générateurs du progrès dont se nourrissent ces réformateurs et ces scientifiques.
En revanche, la souffrance est de nature mentale. Ce n’est pas un fait sensoriel comme la douleur. La frustration, le ressentiment sont des états dont nous avons aussi l’expérience, mais nous ne pouvons pas les situer dans un organe spécifique ou dans un ensemble d’organes. 
Peut-on dire que, bien qu’étant de nature différente, la douleur et la souffrance interagissent ? Il est certain que la douleur est une des causes de la souffrance. En ce sens, le progrès social et l’avancée de la Science font reculer un aspect de la souffrance. Mais où trouverons-nous la solution pour faire reculer spécifiquement la souffrance ? Nous la trouverons dans le sens de la vie. Aucune réforme, aucun progrès scientifique n’est capable d’éloigner cette souffrance générée par la frustration, le ressentiment, la peur de la mort et la peur en général.
Le sens de la vie est une orientation vers le futur qui donne cohérence à cette vie, qui permet de donner un cadre à ses activités et qui la justifie pleinement. A la lumière du sens, même la douleur dans sa composante mentale et la souffrance en général reculent et rapetissent ; elles sont interprétées comme des expériences susceptibles d’être dépassées.
Quelles sont donc les sources de la souffrance humaine ? Ce sont celles qui génèrent de la contradiction. On souffre de vivre des situations contradictoires, mais aussi de s’en souvenir et de les imaginer.
Ces sources de souffrance ont été appelées les trois voies de la souffrance. Elles peuvent se modifier selon l’état dans lequel se trouve l’être humain par rapport au sens de la vie. Nous devrons examiner brièvement ces trois voies pour parler ensuite de la signification et de l’importance du sens de la vie.

(… question d’un participant)
Bien sûr, la sociologie étudie les groupes humains de la même manière que les sciences peuvent étudier les astres ou les micro-organismes. De même, la biologie, l’anatomie et la physiologie étudient le corps humain sous divers points de vue, et la psychologie étudie le comportement psychique. Mais tous ceux qui étudient (les chercheurs et les scientifiques) n’étudient pas leur propre existence. Il n’existe pas de science qui étudie l’existence de chacun. La Science ne dit rien de l’état d’une personne qui, rentrant chez elle, se voit refermer la porte au nez, être maltraitée ou bien recevoir une caresse.
Nous, nous nous intéressons justement à l’existence humaine ; c’est pourquoi les débats scientifiques ne sont pas de notre ressort. En même temps, nous observons que la Science a de sérieuses failles, de sérieuses difficultés à définir ce qui se passe dans l’existence humaine. Que s’y passe-t-il en effet ? Quelle est la nature de la vie humaine quant à son sens ? Quelle est la nature de la souffrance et de la douleur ? Quelle est la nature du bonheur et de la recherche du bonheur ? Ce sont là les objets de notre étude, de notre intérêt. De ce point de vue, on pourrait dire que nous avons une position face à l’existence, une position face à la vie, non une science s’y référant.

(… question d’un participant)
Bien sûr, nous avons mis l’accent sur le fait que les gens recherchent ce qu’ils croient être le bonheur. Mais aujourd’hui, on peut croire en une chose puis demain en une autre. Ainsi, si nous comparons les croyances que nous avions sur le bonheur à l’âge de douze ans à celles que nous avons aujourd’hui, nous observons combien nos attentes ont changé. De la même façon, si nous consultons dix personnes, nous constaterons encore cette diversité de points de vue. Au Moyen-Age, on avait une idée générale du bonheur bien différente de celle de l’époque de la Révolution industrielle. La quête du bonheur des individus et des peuples varie donc. Le bonheur, en tant qu’objet, n’est pas chose aisée à définir. Il semblerait même qu’il n’existe pas d’objet donnant le bonheur. On recherche plus un état d’âme qu’un objet tangible.
Certes, il y a quelquefois confusion entre les deux, comme dans certaines publicités qui présentent un savon comme le vrai bonheur… Mais en réalité, nous comprenons tous qu’en parlant de bonheur, nous cherchons à décrire un état plus qu’un objet, lequel d’ailleurs n’existe pas, que l’on sache ! Cependant, l’état de bonheur n’est pas plus facile à définir. Il n’est jamais défini convenablement. Ainsi, on a effectué une sorte d’escamotage, sans que cela soit plus clair pour les gens. Bien, nous allons donc continuer s’il n’y a pas d’autre question…

(… question d’un participant)
Cette dernière question a trait au dépassement de la douleur et de la souffrance. Comment se fait-il que la douleur soit surmontée grâce au progrès de la société et de la Science et que, parallèlement, la souffrance ne le soit pas ?
Certains soutiennent que l’être humain n’a pas du tout avancé. Pour nous, il est évident que l’être humain s’est développé ; il a avancé dans la conquête scientifique et dans celle de la nature. Bien sûr, les différentes civilisations se sont développées de façon inégale ; certes, il y a des problèmes de tous types ; mais l’être humain et la civilisation humaine ont fait de grands progrès, c’est évident. Souvenez-vous qu’à d’autres époques une simple bactérie faisait des ravages, quand aujourd’hui un médicament administré à temps résout le problème rapidement. Il fut une époque où la moitié de l’Europe succomba à une épidémie de choléra ; aujourd’hui, cela ne peut plus se produire. On combat d’anciennes et de nouvelles maladies ; elles seront sûrement vaincues. Les choses ont changé, beaucoup changé. Mais en matière de souffrance, il est clair qu’un individu d’il y a 5000 ans et un individu d’aujourd’hui notre époque ont les mêmes registres de déception, de peur, de ressentiment et qu’ils en souffrent pareillement. Ils les vivent et en souffrent comme si pour eux l’histoire humaine n’avait pas existé, comme si, dans ce domaine, chaque être humain était toujours le premier. La douleur a reculé grâce aux progrès déjà mentionnés, mais la souffrance humaine n’a pas diminué. Sur ce point, on n’a pas obtenu de réponses satisfaisantes. Dans ce sens, il y a une disparité entre douleur et souffrance. Mais pour autant, peut-on dire que l’être humain n’a pas avancé ? Ne se pose-t-on pas aujourd’hui ce genre de questions précisément parce que l’être humain a avancé ? N’est ce pas cette avancée qui incite l’être humain à apporter une réponse à ces interrogations, qu’il n’était pas nécessaire de se poser à une autre époque ? Les trois voies de la souffrance sont aussi trois voies nécessaires à l’existence humaine, mais elles ont subi des distorsions dans leur fonctionnement normal. Je vais essayer de m’expliquer.
La sensation de ce que je perçois et vis maintenant, la mémoire de ce j’ai vécu et l’imagination de ce que je pourrais vivre sont des voies nécessaires à l’existence humaine. Retirons certaines de ces fonctions, et l’existence se désarticule. Retirons la mémoire, et nous perdrons jusqu’à la gouverne même de notre corps. Eliminons la sensation, et nous perdrons la régulation de notre corps. Arrêtons l’imagination, et nous ne pourrons plus nous orienter dans aucune direction. Le fonctionnement de ces trois voies nécessaires à la vie peut subir une distorsion qui les convertit en ennemies de la vie, en porteuses de souffrance. Nous souffrons donc quotidiennement à cause de ce que nous percevons, de ce dont nous nous souvenons ou de ce que nous imaginons.
En d’autres occasions, nous avons dit que vivre une situation contradictoire – comme vouloir faire des choses opposées entre elles – produit de la souffrance. Mais nous souffrons aussi par peur de ne pas obtenir ce que nous souhaitons pour l’avenir ou par peur de perdre ce que nous possédons. Et évidemment, nous souffrons de ce que nous avons perdu, de ce que nous n’avons pas obtenu et de toutes les souffrances passées (humiliation, châtiment, douleur physique, trahison, injustice, honte). Nous vivons ces fantômes, venus du passé, comme s’ils étaient des faits présents. Ces fantômes, source de rancune, de ressentiment et de frustration, conditionnent notre futur et nous font perdre la foi en nous-mêmes.
Discutons du problème des trois voies de la souffrance.
Si ces trois voies rendent possible la vie, comment se fait-il qu’elles aient subi des distorsions ? Si l’on suppose que l’homme recherche le bonheur, il devrait faire en sorte d’employer ces trois voies en sa faveur ! Mais comment se fait-il que ces trois voies, tout à coup, soient devenues précisément ses principales ennemies ? Il semblerait qu’au moment où la conscience humaine s’est accrue – et alors que l’être humain n’était pas encore un être bien défini – à ce moment-là précisément, le fait d’amplifier son imagination, son souvenir et sa perception du monde, le fait d’amplifier une de ces fonctions ait fait surgir un phénomène de résistance. Il en va avec les fonctions internes comme lorsque nous voulons effectuer une nouvelle activité ; nous rencontrons des résistances. On retrouve ce même phénomène dans la nature : quand il pleut, l’eau tombe, s’écoule dans les rivières et rencontre des résistances sur son chemin ; ces résistances vaincues, elle arrive finalement jusqu’à la mer.
Dans son développement, l’être humain rencontre des résistances ; en les rencontrant, il se fortifie ; en se fortifiant, il intègre des difficultés ; en intégrant celles-ci, il les dépasse. Donc, toute cette souffrance surgie chez l’être humain au cours de son développement l’a aussi renforcé et lui a permis d’aller au-delà de la souffrance elle-même. Ainsi, dans les étapes historiques antérieures, la souffrance a dû contribuer au développement de l’être humain dans la mesure où elle a justement créé des conditions pour être dépassée.
Nous, nous n’aspirons pas à la souffrance. Nous aspirons à nous réconcilier, y compris avec notre espèce qui a tant souffert et grâce à laquelle nous pouvons explorer de nouveaux horizons. La souffrance de l’homme primitif n’a pas été inutile, tout comme n’a pas été inutile la souffrance de générations et de générations limitées par tant de conditionnements. Nous remercions nos prédécesseurs malgré leur souffrance car, grâce à eux, nous pouvons envisager de nouvelles libérations.
La souffrance n’est donc pas née à l’improviste, mais avec le développement et la croissance de l’homme. Evidemment, en tant qu’êtres humains, nous n’aspirons nullement à continuer de souffrir ; au contraire, nous aspirons à dépasser ces résistances, ouvrant ainsi de nouvelles voies au développement humain.
Nous avons dit pouvoir trouver la solution au problème de la souffrance grâce au sens de la vie, et nous avons défini ce sens comme une direction vers le futur qui donne cohérence à la vie, permet de donner un cadre à ses activités et la justifie pleinement. Cette direction vers le futur est d’une très grande importance car, d’après nos observations, si on supprime la voie de l’imagination, voie du projet, voie du futur, l’existence humaine perd sa direction, ce qui constitue une source de souffrance inépuisable.
Il est évident pour tous que la mort apparaît comme la plus grande souffrance liée au futur. Dans cette perspective, il est clair que la vie a un caractère provisoire et que toute construction humaine est donc une construction inutile vers le néant.
Le fait de détourner le regard de la mort a peut-être permis de penser la vie comme si la mort n’existait pas… Celui qui pense que tout finit avec la mort pourra être réconforté par l’idée qu’on se souviendra de lui pour ses splendides actions ou que ses êtres chers – et peut-être les générations à venir – ne l’oublieront pas ; quand bien même ce serait le cas, tout souvenir serait vain puisque tout le monde s’achemine vers un néant absurde. On pourrait aussi penser que tout ce que l’on fait dans la vie ne sert qu’à répondre le mieux possible à des nécessités ; soit, mais comme ces besoins se termineront avec la mort, toute lutte pour sortir du règne de la nécessité perdra son sens. Enfin, on pourrait se dire que la vie d’une personne a peu d’importance au regard de la vie de l’espèce et que sa mort n’est donc pas significative ; mais si c’était le cas, ni la vie, ni les actions personnelles n’auraient de sens. Aucune loi, aucun engagement n’auraient de justification, et il n’y aurait fondamentalement aucune différence entre les bonnes actions et les mauvaises actions.
Rien n’a de sens si tout finit avec la mort. Si cela est vrai, l’unique recours possible pour transiter dans la vie est de se donner du courage avec des sens provisoires, avec des directions provisoires auxquelles appliquer notre énergie et notre action. Les choses se passent habituellement ainsi mais, pour cela, il est nécessaire de nier la réalité de la mort, de faire comme si elle n’existait pas.
Si l’on interroge une personne sur le sens qu’elle donne à sa vie, elle répondra probablement que c’est sa famille, son prochain ou une cause déterminée qui, selon elle, justifie son existence. Ce sont ces sens provisoires qui lui donneront une direction pour faire face à l’existence ; mais pour peu que naissent des problèmes avec ses proches, pour peu que la cause embrassée lui cause une désillusion, pour peu que quelque chose change par rapport au sens choisi, l’absurdité et la désorientation reviendront vers leur proie.
Finalement, voilà ce qui arrive avec les sens et les directions de vie provisoires : lorsqu’on les atteint, ils ne sont plus des références et cessent alors d’être utiles pour l’avenir ; lorsqu’on ne les atteint pas, ils cessent d’être utiles en tant que référence. Il est vrai qu’après l’échec d’un sens provisoire, il reste toujours l’alternative d’en adopter un nouveau, peut-être opposé à celui qui a échoué. Mais, sens après sens, s’efface au fil du temps toute trace de cohérence de sorte que la contradiction augmente et, avec elle, la souffrance. 
La vie n’a pas de sens si tout finit avec la mort. Mais est-il vrai que tout finit avec la mort ? Est-il vrai qu’on ne peut prendre une direction définitive qui ne varie pas avec les accidents de la vie ? Comment se situe l’être humain face au problème de tout voir se terminer avec la mort ?
 Nous examinerons cela après avoir échangé sur ce qui a été dit jusqu’ici.

(Pause et échange…)
Tout comme nous distinguons trois voies de souffrance, nous observons aussi cinq états liés au problème de la mort et de la transcendance. Chaque personne peut se situer dans l’un de ces cinq états. 
Le premier état est celui dans lequel une personne a la preuve indubitable – fournie par sa propre expérience et non par son éducation ou son environnement – que la vie est un transit et la mort tout juste un accident.
D’autres personnes croient que l’être humain se dirige vers une forme de transcendance. Elles ont acquis cette croyance à travers leur éducation, leur environnement. Elles l’ont acquise non par quelque chose de ressenti, d’expérimenté ou d’évident pour eux, mais plutôt par un enseignement qu’ils acceptent sans aucune expérience.
Il y a un troisième type de position par rapport au sens de la vie : celui des personnes désireuses d’avoir une foi ou une expérience. Vous avez certainement rencontré beaucoup de personnes déclarant : “ Si je pouvais croire à certaines choses, ma vie serait différente. ” On pourrait citer bien des exemples. Ainsi, certaines personnes ont eu beaucoup d’accidents et de malheurs qu’elles ont surmontés par la foi ou grâce au registre que ces accidents et ces malheurs – transitoires ou provisoires – n’épuisent pas la vie, mais sont une épreuve, une résistance qui fait avancer dans la connaissance, d’une façon ou d’une autre. Vous avez peut-être même rencontré des personnes qui acceptent la souffrance comme un moyen d’apprentissage. Nous ne parlons pas de celles qui la recherchent – certaines semblant l’affectionner tout particulièrement – mais de celles qui tirent le meilleur parti de ce qui leur arrive ; de celles qui ne cherchent pas la souffrance, au contraire, mais qui, dans une telle situation, l’assimilent, l’intègrent et la dépassent. Il y a donc des personnes qui se trouvent dans cet état : elles n’ont ni foi ni croyance mais aimeraient avoir quelque chose qui leur donne du courage et une direction dans la vie. Oui, ces personnes existent.
D’autres personnes soupçonnent intellectuellement l’existence d’un futur après la mort, la possibilité d’une transcendance. Elles considèrent simplement cela comme possible, mais n’ont aucune expérience de transcendance, aucun type de foi et elles n’aspirent pas à avoir cette expérience ou cette foi. Vous connaissez certainement ce type de personnes.
Enfin, il y a celles qui nient toute possibilité de transcendance. Vous connaissez aussi ces personnes-là et, probablement, beaucoup d’entre vous pensent ainsi.
Avec ces diverses variantes, chacun peut effectivement se situer : il peut se situer parmi ceux qui ont la preuve, la certitude de la transcendance ; ou parmi ceux qui ont la foi pour l’avoir assimilée tout petit ; ou encore parmi ceux qui voudraient avoir une expérience ou une foi ; ou parmi ces autres qui considèrent la transcendance comme une possibilité intellectuelle sans se poser de grands problèmes ; ou enfin parmi ceux qui la nient.
Cependant, la question des diverses positions face au problème de la transcendance ne s’arrête pas là. Il semble exister différents niveaux de profondeur dans chacune de ces positions. Ainsi, des personnes disent avoir la foi, elles l’affirment sans que leurs propos correspondent effectivement à leur expérience. Nous ne disons pas qu’elles mentent, mais qu’elles parlent de façon superficielle. Elles disent avoir la foi mais peuvent ne plus l’avoir demain.
Ainsi, dans ces cinq positions, nous observons différents degrés de profondeur liés à la mobilité ou à la fermeté des convictions que l’on affirme avoir. Nous avons connu des personnes dévotes, croyantes mais qui, à la mort d’un parent ou d’un être cher, disaient avoir perdu toute foi, et sont tombées dans le pire des non-sens. Cette foi était une foi de surface, une foi de façade, une foi périphérique. A l’inverse, pour d’autres qui ont vécu de grandes catastrophes et affirmé leur foi, tout s’est passé différemment.
Nous avons aussi connu des personnes convaincues de la totale inexistence de la transcendance. On meurt et on disparaît. Nous pourrions dire que leur foi était que tout finit avec la mort. Pourtant, en passant près d’un cimetière, il leur est certainement arrivé de presser le pas et de se sentir inquiètes… Comment cela est-il compatible avec la ferme conviction que tout finit avec la mort ? Il y a donc des gens qui, même en niant la transcendance, ont une position très superficielle. 
Ainsi, lorsqu’on se trouve dans l’un de ces états, on peut s’y trouver à différentes profondeurs. A certains moments de notre vie, nous croyons des choses à propos de la transcendance, et ensuite d’autres. Cela change, cela est variable, ce n’est pas quelque chose de statique. Cela varie non seulement avec les différents moments de notre vie, mais aussi en fonction des situations. Celles-ci changent et nos croyances sur le problème de la transcendance changent aussi ; et ce peut être d’un jour à l’autre. Quelquefois je crois une chose précise le matin, puis le soir déjà plus. Ce qui semble être de la plus grande importance – puisque cela oriente la vie humaine – est en fait quelque chose de trop variable. Et c’est justement cette instabilité qui finalement nous déconcertera dans notre vie quotidienne.
L’être humain peut donc se trouver dans ces cinq états et à des degrés différents. Mais quel est l’emplacement correct ? Existe-t-il un emplacement correct ou sommes-nous simplement en train de décrire des problèmes sans y apporter de solutions ? Pouvons-nous dire quel est le bon emplacement face à ce problème de la transcendance ?
Certains disent que la foi est quelque chose qui existe ou n’existe pas chez les individus, qu’elle surgit ou ne surgit pas. Mais observez cet état de conscience. Quelqu’un peut ne pas avoir du tout la foi mais peut aussi, sans foi ou sans expérience de la transcendance, désirer l’avoir ; il peut même comprendre intellectuellement qu’une telle chose peut être intéressante et que s’orienter dans cette voie peut valoir la peine. Eh bien, quand cela arrive, c’est que quelque chose se manifeste déjà dans cette direction.
Ceux qui parviennent à cette foi ou à cette expérience transcendante – même s’ils ne peuvent la définir en termes précis tout comme on ne peut définir l’amour – ceux-là reconnaîtront la nécessité d’orienter d’autres personnes vers ce sens ; cependant, ils n’essaieront jamais d’imposer leur propre paysage à ceux qui ne s’y reconnaissent pas. 
Aussi, en toute cohérence avec ce qui a été énoncé, je déclare devant vous ma foi et ma certitude basée sur l’expérience que la mort n’arrête pas le futur ; au contraire, la mort modifie l’état provisoire de notre existence pour la lancer vers la transcendance immortelle. Je n’impose pas ma certitude, ni ma foi et cohabite avec ceux qui ont des positions différentes à l’égard du sens. Mais par solidarité, je me sens obligé d’offrir le message qui, selon moi, rend l’être humain heureux et libre. Sous aucun prétexte je n’élude ma responsabilité d’exprimer mes vérités, même si celles-ci semblent discutables à ceux qui éprouvent le caractère provisoire de la vie et l’absurdité de la mort. 
D’autre part, je ne questionne jamais personne sur ses croyances particulières ; et même si je définis clairement ma position sur ce point, je proclame pour tout être humain la liberté de croire ou non en Dieu et la liberté de croire ou non en l’immortalité.
Parmi les milliers et les milliers de femmes et d’hommes qui travaillent solidairement au coude à coude avec nous se comptent des athées et des croyants, des personnes avec des doutes et d’autres avec des certitudes. Personne n’est interrogé sur sa foi. Tout est présenté comme une orientation pour que chacun décide pour lui-même de la voie la mieux à même d’éclairer le sens de sa vie.
Il n’est pas courageux de cesser de proclamer ses propres certitudes, mais il est indigne de la véritable solidarité d’essayer de les imposer.