2016/11/29
2016/11/24
Causerie de Silo avec Salvatore sur la mort
Remarques
sur les observations faites par Salvatore Puledda des conversations
avec Silo[1] concernant le phénomène de la mort, lors d'un séminaire à
Mendoza, 1983.
Voici ce que me lança Negro par rapport au phénomène de la mort pendant les séminaires que j’eus à Mendoza. La causerie ne fut pas totalement différente. Nous avons commencé par un bout, puis un autre et ainsi de suite, mais je l’ai reconstruite plus ou moins ainsi : Il dit qu’il y a un Double et que cela est considéré comme certain. Ce double registre tout ce qui se passe durant la vie comme si c’était une espèce de… lui le nomme “une copie carboneˮ ou photocopie du corps et tout ce qui lui arrive à chacun est inscrit là. Non seulement ceci, mais aussi que les caractéristiques avec lesquelles chacun naît sont là, gravées dans le Double. Parce que là surgit un problème assez sérieux, qui serait… en quels termes pourrions-nous parler de justice humaine si effectivement on ne connaît pas les conditions qui ont été données à une personne ?
Par exemple : une personne naît boiteuse ou aveugle, ou avec un développement intellectuel très faible ou très haut, quelqu’un naît dans une situation environnementale d’une certaine manière, un autre dans une situation totalement défavorable, un autre au milieu d’un champ. La chose est différente, n’est-ce pas ? La capacité de développement de chacun est différente et donc de quelle manière pouvons-nous juger une personne, où est la justice ? Ce sont des interrogations que vous vous êtes faites mille fois.
Il disait que ces caractéristiques dans lesquelles on vient au monde et l’enceinte dans laquelle chacun arrive, tout ceci est gravé dans le Double. Il disait que chacun arrive avec une caractéristique déterminée que lui appelle “la Direction Mentaleˮ, qui pourrait être ce que les Grecs appelaient le “Daimôn qui est la force qui pousse une personne dans une direction ou une autre, qui va la mener de préférence dans une direction ou une autre. De plus, cette personne va se développer dans une enceinte déterminée, dans laquelle elle est, dans laquelle on nait et tout ceci donne la Direction Mentale qu’on lui donne (et nous pouvons parler ainsi) à la naissance. Toutes les choses qui vont lui arriver dans la vie, s’il a été dans une enceinte favorable ou un peu favorable etc., tout ceci est inscrit dans le Double.
Alors, s’il y a un jugement post-mortem, c’est un jugement très différent du jugement humain. Alors, tout ce qui lui a été donné au commencement, plus ce qu’il lui a été donné dans les interrelations avec l’enceinte plus ou moins favorable, ainsi que toutes les choses qui lui sont arrivées au cours de la vie vont s’inscrire là, comme une photocopie parfaite de ce qui est arrivé dans la vie, ça s’accumule là.
Alors je vous décris le panorama comme lui, me l’a présenté. La Mort. Qu’est-ce que la Mort ?
Il me donna une définition que je me rappelle très précisément. Il disait : “La Mort est l’illusion maximaleˮ. Pourquoi est-ce ainsi ? La raison était celle-ci. Il disait : pendant la vie, on a des impulsions non seulement de la mémoire mais aussi de l’enceinte externe et alors on se situe aussi par rapport à l’enceinte externe, on répond aux choses qui sont dehorset on bouge vers elles.
Mais lorsqu’on meurt, ton corps n’a déjà plus la possibilité de répondre aux stimuli, de les sentir, de les capter, alors l’unique chose qui reste, c’est la mémoire, dans le Double. Dit dans notre langage, tu as la représentation mais pas de perception. Si tu n’as pas de perception, ce que tu as sont seulement tes souvenirs qui se sont organisés d’une certaine manière. Alors, après la mort, mis à part que le sujet ne comprend pas, un sujet sans travail interne ne comprend pas qu’il est mort, donc la relation avec le milieu est coupée et lui surgissent tous ses contenus, ses climats et, ces contenus et climats organisent un paysage, comme le paysage du rêve ou le paysage du transfert et il se meut dans ces paysages, croyant qu’ils sont réels. Donc l’approximation que je peux avoir de ce phénomène est le transfert ou le rêve. Dans le rêve, je suis dans un paysage que j’ai moi-même construit, mais je ne sais pas que c’est moi qui l’ai construit.
Si le sujet ne se rend pas compte, n’a pas d’autre référence, il est comme dans un rêve. Il est dans son paysage mais il ne se rend pas compte qu’il le construit lui-même et automatiquement les paysages qu’il construit vont avoir un argument, un développement jusqu’à parvenir à un point où se donne la contradiction.
Je me demande : À ce point, le sujet est-il vivant ou mort ? Qui est celui qui perçoit ? C’est un bazar. Qui est celui qui me voit ?
Ainsi nous émettons une hypothèse, qui est que le Double existe, parce que si nous pensons que seul le corps existe, alors nous avons un autre bazar. Le Double travaille avec sa mémoire. La connexion entre la mémoire, le Double et le corps, ceci je ne sais pas comment ça fonctionne.
Continuons de supposer que le Double existe, la question suivante est : Comment le Double agit-il sur le corps ? Ceci je ne l’ai pas clair. Je ne sais pas non plus à quel moment commence le phénomène, je transmets ce qu’il m’a dit.
Nous en étions là, le sujet était dans son paysage que lui-même construit sans le savoir et qui l’amène automatiquement à sa contradiction. Après ça, quelques-uns de ces Doubles, ceux qui sont là-bas et ne peuvent processer davantage, se dissolvent, perdent de l’unité, le paysage qu’ils ont construit par la contradiction se dissout. Et d’autres non, d’autres parviennent à un paysage comme c’est dans la majorité des religions, ils arrivent à un paysage et là-bas on pèse, on décide, les bonnes actions et les mauvaises actions. Il disait que c’est ainsi, mais que ce n’est pas le lot commun que le Double arrive au jugement.
Je lui demande alors : S’il y a un jugement, il y a des juges. Qui juge ? Ces juges ontils une identité ? Ont-ils une réalité externe au rêve du sujet ? Ou sont-ils une projection du sujet lui-même lorsqu’il est arrivé à un certain état ? Ça se comprend ? Parce que dans la majorité des religions, il y a les juges des morts.
Lui disait que ce n’était pas très important, que ce n’est pas le point central. Puis il dit : Et, après le jugement, on les envoie dans différents endroits qui correspondent plus ou moins à ce qui se dit dans les religions, à un point où on les dissout une autre fois. (C’est-à-dire qu’après le jugement, il peut se dissoudre,
c’est-à-dire qu’il y a comme plusieurs check-up). Et après il disait – et c’est peut-être le plus intéressant dans ce qu’il m’a dit : ceux qui ont passé le jugement favorable (pour ainsi dire) se trouvent face à l’anneau de l’expérience guidée “Le voyageˮ(2). C’est ce qu’il m’a dit explicitement. Et là, on passe véritablement à une chose complètement différente. Ce double qui a maintenu son unité, qui a pu passer à travers son rêve, qui a été jugé de façon favorable alors, làbas, lui apparait un anneau. Il disait que c’était plus ou moins le paysage post-mortem et l’expérience du “voyageˮ exprimait exactement ce tunnel lumineux où vont les Doubles qui arrivent.
c’est-à-dire qu’il y a comme plusieurs check-up). Et après il disait – et c’est peut-être le plus intéressant dans ce qu’il m’a dit : ceux qui ont passé le jugement favorable (pour ainsi dire) se trouvent face à l’anneau de l’expérience guidée “Le voyageˮ(2). C’est ce qu’il m’a dit explicitement. Et là, on passe véritablement à une chose complètement différente. Ce double qui a maintenu son unité, qui a pu passer à travers son rêve, qui a été jugé de façon favorable alors, làbas, lui apparait un anneau. Il disait que c’était plus ou moins le paysage post-mortem et l’expérience du “voyageˮ exprimait exactement ce tunnel lumineux où vont les Doubles qui arrivent.
Quels sont les Doubles qui arrivent ? Ceci est très intéressant. Ceci dépend de ce que tu as fait avec cette Direction Mentale qui t’a été donnée au commencement. Qu’as-tu obtenu, qu’as-tu fait ? Étant donné les conditions que tu as eues.
Une autre chose qu’il m’a dite était en rapport avec la réincarnation. Il disait que seuls les Bodhisattvas se réincarnaient. C’est-à-dire cette personne très spéciale qui est arrivée à un certain niveau de compréhension et qui choisit par amour de l’humanité ou une autre raison de revenir. Il disait que c’était l’unique forme de réincarnation. Tout ne se réincarne pas.
Un autre point très, très important, bien que ce ne soit pas du paysage post mortem était comment l’Orient et l’Occident ont affronté le thème de la mort. Il disait que les Occidentaux avaient pris la forme égyptienne de conserver les corps ou cette forme que prirent plus tard le judaïsme et le christianisme où resurgissait la chair. Alors il y a le problème du corps, et la momification sera une idée fondamentale de l’Occident qui l’amène à une certaine matérialisation matérialité de la civilisation.
En Orient, l’idée est complètement différente, c’est une vallée de larmes où cette roue monstrueuse, terrible, te fait toujours te réincarner et te réincarner et te réincarner et tu dois passer 10000 vies, d’abord un asticot, puis un papillon etc. jusqu’à parvenir à être Brahman. L’idée fondamentale est que ceci disparaisse de là et ça produit deux tréfonds mentaux très différents, qui donnent direction à un type de civilisation. Là-bas, il est souhaitable de s’en aller et, ici, de conserver le corps.
Autre chose qui me reste de ce qu’il me dit : le concept de purgatoire n’était pas une idée si stupide. Lorsque l’on donne un jugement, on donne aussi un temps pour qu’il puisse recomposer ses contradictions et alors, certains sont jugés et… Et aux autres on leur laisse un temps qui correspondrait avec le mythe du purgatoire, où il peut y avoir une interaction avec les vivants. Interaction mentale. Les vivants peuvent l’aider à faire ce qu’il doit faire (c’est comme ça qu’on explique les prières pour les morts et ces choses). C’est ainsi qu’il décrivait le paysage.
De tout ça se détache une idée très utile qui est que peu importe à quel moment de la vie on meurt, ni dans quelles conditions on naît. C’est la chose la plus exceptionnelle et la plus importante. Il y a une véritable justice, qui n’est pas la justice humaine ! Il n’y a pas de désavantage, c’est une justice que nous ne comprenons pas très bien.
L’autre idée que l’on peut ressortir de cette conversation qui est très utile, qui aide dans tout ce thème des transferts et de l’action valable. Ceci me pousse à sortir de mes contradictions, car ce sont les mêmes que je
rencontrerai, à la différence qu’ici je peux opérer et, là-bas non.
Par rapport à la Direction Mentale, il disait que tous ne partent pas ou ne viennent pas avec la même. (Cette Direction Mentale c’est … la Dot). Ce n’est pas un prédéterminisme, c’est un regard. Avec tout ce qui t’a été donné, qu’as-tu fait ? On te mesure selon ce que l’on t’a donné et ceci est la justice.
Il disait littéralement : Tout ceci, tant la direction mentale qui t’a été donnée que les conditions, les choses qui te sont arrivées pendant ta vie sont inscrites dans le Double, malgré ça on ne peut comparer et, c’est pour ça qu’il n’existe pas de justice humaine. Alors la difficulté est énorme, l’énorme humilité que nous devrions avoir pour juger la vie des autres. C’est très difficile de juger. Par conséquence, la justice est relative, le jugement qu’ils te feront sera relatif. C’est un jugement personnalisé, pas selon le code.
Ce thème de la justice m’a enlevé plusieurs problématiques, je ne sais pour vous… mais pour moi, ça m’a beaucoup allégé, c’est pour ça que je vous le raconte. Le reste, la mort comme illusion et comme création d’images d’un rêve, où se construisent des paysages en accord avec le climat que tu avais dans la vie, pour moi, sans m’effrayer, ça m’a généré l’envie de travailler parce que de toutes façons, que je le veuille ou non, ce que j’ai va apparaitre. Cela me donne de l’entrain pour travailler. Je peux me cacher comme l’autruche mais de toutes manières ce que tu as va t’apparaitre, ainsi mieux vaut le travailler. C’est meilleur que tu parviennes à une unité parce que, même si tu fais l’autruche, ça va t’apparaitre de toute façon.
C’est ce que je crois utile… le reste sont des anecdotes que je ne comprends pas. C’est tout.
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[1] Mario Luis Rodríguez Cobos (www.silo.net)
[2] « …J'avance parmi des murs transparents qui produisent des changements de couleur musicaux quand on les traverse. J'avance encore jusqu'à parvenir à une surface plane au centre de laquelle je vois un grand objet mobile, impossible à cerner du regard, car quelle que soit la direction suivie à sa surface, celle-ci finit par s'enrouler à l'intérieur du corps. Ça me donne des vertiges; je détourne le regard. Je rencontre une silhouette apparemment humaine. Je ne peux voir son visage. Elle me tend une main dans laquelle je vois une sphère rayonnante. Je commence à m'approcher et, en un acte de complète acceptation, je prends la sphère et la pose sur mon front. (*)…”. Voir: http://experiencesguidees.blogspot.ca/2014/10/le-voyage.html
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Sur ce sujet, voir aussi:
a- Sur la transcendance dans la vie
b- notes d'une conversation avec Salva sur la mort
2016/11/17
Silo: L'Expérience
(sous-titres en français)
Silo : L'Expérience
Commentaires de Silo.
Centre
d'études Punta de Vacas, 2008
L'Expérience
- Silo, parfois, lorsque
j'essaie d'exprimer ton message, je rencontre des difficultés, cela ne sort pas
très bien, j'ai la sensation que je ne le communique pas bien.
- Tu ne peux communiquer avec facilité le Message, par ce que le Message est
surtout Expérience, Alors, expliquer une expérience. . . Comment pourrais-tu
expliquer à quelqu'un le goût sucré ? Comment pourrais-tu expliquer à une
personne qui n'a jamais vu les couleurs par exemple, ce qu'est la couleur rouge
ou la couleur bleue à celui qui ne l'a pas vue ? S'il s'agit de quelqu'un qui a
vu la couleur bleue, quand tu lui en parles, il te dit : “ Ah oui, je sais de
quoi tu parles ! "
- Mais comment expliques-tu une
expérience que l'autre n'a pas eue ?
- Alors quand tu dis que tu as des difficultés pour commenter ton expérience,
je dis que c'est très raisonnable que cela se produise, c'est ce qui se passe,
y'a pas moyen de le communiquer. Donc, lorsque tu veux communiquer quelque
chose,
tu dois parvenir à ce que l'autre personne puisse faire un effort
d'expérience, qu'elle puisse ressentir cela, car simplement en l'expliquant, tu
ne pourras pas l'atteindre, tu ne la toucheras pas. Et les expériences que nous
transmettons ce sont des expériences qui ne sont pas tellement liées aux choses
quotidiennes mais plutôt à quelque chose de très extraordinaire qui se produit
en nous.
Ces expériences, surtout les expériences qui nous intéressent tellement, sont
les expériences de changement. Les expériences de changement, dont je t'ai déjà
parlé à un autre moment, sont très différentes des expériences quotidiennes,
parce que ce sont les expériences qui changent les gens. Lorsque quelqu'un
tombe amoureux pour la première fois, son cortex s'enflamme et c'est comme s'il
marchait sur des nuages ; tout en marchant il se sent tout léger, c'est une
autre expérience, une autre expérience de l'espace dans lequel il vit, une
autre expérience de la relation entre personnes.
L'expérience de l'amour est
une des grandes expériences, mais comment la transmettre à qui n'a pas eu cette
expérience ? Les expériences du rêve sont plus habituelles. On rêve de choses
extraordinaires, des choses que l'on ne voit pas dans la vie quotidienne. Parfois,
quand on se réveille, les influences du rêve continuent et cela s'avère très
attrayant et très profond . . . ce qui s'est produit dans nos rêves.
Mais l'on comprend que ces
rêves, - où ce qui arrive n'est pas ce qui se passe dans la vie quotidienne - travaillent
dans un autre espace mental, dans un autre endroit du mental.
C'est la même chose que ce que
nous avons dit de l'amour. Ils agissent dans un autre lieu du mental, pas dans
le lieu du mental où travaille la représentation quotidienne.
Ainsi, il existe donc en
chacun de nous la capacité de nous placer en d'autres lieux,
de gagner d'autres
profondeurs. Nos expériences se transmettent, pour produire ces changements,
dans la profondeur du mental de l'être humain. Le Message va par-là, c'est là
que “ frappe” le Message.
Les expériences de changement
Comment peux-tu expérimenter
ces choses-là ? Eh bien en ce moment même tu pourrais expérimenter ces choses. Avant
toute chose, dis-moi : tu as bien rêvé une fois dans ta vie ? Oui ou non ? Tu
as sûrement déjà fait un rêve une fois dans ta vie ? Je crois que l'on connait
bien les rêves, c'est un état de conscience différent de celui que l'on a dans
la vie de tous les jours, celui des rêves, qui a sur nous beaucoup
d'importance, beaucoup de pouvoir et parfois cela nous change la vie, les
expériences des rêves, n'est-ce pas ?
Bon, es-tu déjà tombé amoureux
? Ne serait-ce qu'une fois ? C'est un type d'expérience qui peut changer ta vie ; c'est
ce type d'expériences qui se produisent dans un autre espace, comme à un autre niveau : l'expérience
de l'amour par exemple, les expériences des rêves, celles que nous avons tous
eues, dont nous n'avons pas l'habitude de tenir compte et que nous oublions, sont des
expériences très révélatrices dans lesquelles nous approfondissons.
Parfois, en entrant dans ces
expériences, nous avons la sensation de voir le monde pour la première fois. Je
n'ai jamais vu le monde de cette façon et de plus, cela dure très peu de temps,
cela dur e vraiment très peu de temps de voir le monde ainsi et je ne peux pas
y revenir par la suite.
Parfois, à la campagne comme ici, je vois un
coucher de soleil. Et dans ce coucher de soleil, c'est comme si je comprenais
tout, pour un très court instant. Cette compréhension, tout à coup, pour un
très bref instant, liée à ce coucher de soleil est pour moi une expérience de
changement qui peut même s'avérer très importante, mais habituellement je ne
tire pas les conséquences de cela.
Tout le monde a eu des
expériences de ce type, mais bien peu nombreuses sont les personnes qui ont
approfondi ces expériences. Nous entrons là dans les expériences qui ont lieu
dans un autre espace mental, qui ont lieu dans une autre situation mentale, qui
se produisent dans un autre état de conscience ; c'est dans ces expériences que
nous entrons.
Et il y a un petit livre, qui
s'appelle le Regard Intérieur, qui explique très bien ces expériences-là. C'est
ce petit livre que nous transmettons et nous disons aux gens : “Méditez ce
petit livre, regardez si dans ce petit livre il y a des choses qui vous
résonnent, comme des choses importantes
dans votre vie, car bientôt va surgir le thème que...vous ne serez pas là pour
toujours... Vous allez partir, nous allons tous partir ; la vie se termine à un
moment donné. . . Et alors comment ça continue cette histoire ? Vous
disparaissez pour toujours ou quelque chose en vous continue ? Vous voudriez
avoir des réponses là-dessus avant de partir, car partir… c'est sûr, vous allez
partir. Mais cela vous plairait bien d'avoir une quelconque réponse à ce sujet.
Bien. Ce livre parle de ces
choses, ces expériences parlent de ces choses, de ce qui se passe avec la vie,
avec le sens de la vie, ce qui se passe après la vie, ce qui se passe avec la
mort, toutes ces choses qui sont
celles qui nous intéressent. Et cela intéresse beaucoup de gens. C'est pour cela que beaucoup
de gens écoutent ce message, mais nous ne dissertons pas beaucoup sur le
message théorique, le message des idées, mais sur cette chose affective,
émouvante, d'expérience, c'est sur cela que nous travaillons avec les gens qui
s'approchent. Alors les gens viennent et
nous questionnent. Alors nous leur disons : « Faisons une expérience
! ». Et voilà !
- Durant toutes ces années, tu as exprimé ton message sous différentes
formes. dans différentes choses, oui ! et il y a des gens qui disent, eh bien,
que tu changes toujours d'avis, que ce sont des choses différentes. . . Mais
pour nous, pour moi, je n'ai pas cette sensation.
Mais comment toi, tu expliques
cette forme ? Mais toi ? Tu as la sensation qu'il s'agit toujours de la même
chose ?
- La même chose, bien sûr, depuis le début.
- Comme si nous parlions de
traductions de la même chose. Différentes traductions, différents langages de
la même signification. Ces expressions surgissent parce que les gens le voient
sous différents angles et les gens interrogent depuis différents angles et les
gens qui questionnent sous un certain angle obtiennent une réponse qui
correspond à cette perspective, différente de l'autre. Cela finit par produire
cette grande confusion car certains interprètent une chose et les autres une
autre. Interprétation d'une seule et même chose.
Nous, qui avons la tête si
fermée, nous croyons toujours que
l'interprétation doit être unique et résultat : les interprétations sont
diverses, par ce que les perspectives des personnes sont diverses. Il se
produit la même chose avec le langage. Il semble que ce sont des choses
différentes mais, en réalité, c'est la même histoire, dans le fond, mais ce
sont des traductions différentes de ce message, ce sont des traductions
différentes. Toi tu l'as vu et tu as l'expérience que nous sommes toujours en
train de parler de la même chose, oui... c'est cela, nous sommes toujours en
train de parler d'une seule et même chose. Et si tu parles avec quelqu'un qui
n'a jamais rien entendu avant de ce message, que poses-tu comme thème central ?
Le thème central, c'est la souffrance humaine.
La Souffrance comme thème
central, c'est notre thème. Le thème de la souffrance : Comment la souffrance
existe-t-elle dans l'être humain ? Comment peut-on vaincre la souffrance ? Quel
est le chemin qui amène vers une plus grande souffrance ? Par quel chemin
peut-on sortir de là et arriver ailleurs ? C'est notre thème, le thème de la
souffrance.
La souffrance, ce n'est pas
simplement la douleur, la douleur physique. Nous faisons une très grande
distinction entre la douleur et la souffrance. On peut ressentir de la douleur
parce qu'on a faim, parce que le corps fait mal.
Eh bien, c'est la science et
la justice qui peuvent soulager la douleur humaine. Mais la souffrance humaine
est mentale et la souffrance humaine n'est résolue ni par le développement de
la science, ni par le développement de la justice. C'est un effort que doit
faire l'être humain pour entrer dans d'autres régions du mental. Ceci est notre
thème, ceci est l'un de nos thèmes.
En toute logique, il y a des
thèmes qui sont très reliés au thème de la souffrance : celui de l'illusion, le
thème du monde que l'on imagine, des choses que l'on imagine sur soi-même, des choses que l'on imagine
sur les autres. Le thème de l'illusion est pour nous le thème clé et il est
très lié à la souffrance. Selon la façon dont quelqu'un fait évoluer ses
illusions, sa souffrance va augmenter ou va diminuer.
Enfin, le thème des croyances,
des choses que l'on croit. . . le thème des choses que l'on croit sur les
autres, sur soi-même, sur le monde, sur la vie, sur la durée de la vie. Parce
que quand on est dans un état normal, en train de faire des choses, on a
toujours la sensation et la croyance que l'on ne va pas mourir. Bien entendu
que si l'on demande à quelqu'un : “ Hey, vous allez mourir ?” Il va dire “ Bien
sûr !” mais au fond, il ne le croit pas. “ Oui, oui, bien sûr, évidemment, nous
allons tous mourir !” Mais il ne le croit pas. S'il le sentait à ce moment-là, il
en tremblerait comme une feuille, il en tomberait par terre, tiens!
Si bien que le thème de la souffrance, le thème des illusions, le thème de
la finitude, le thème des croyances, ce sont les thèmes dans lesquels nous
sommes. oui . . . les gens les associent toujours. .
- Ils se réfèrent à cela depuis un cadre religieux. Si tu crois en un dieu,
si tu ne crois pas. .
- Bien sûr, mais en fait nous ne pouvons pas mettre nos thèmes dans le
domaine du religieux car pour être dans le domaine du religieux, il faut avoir
des dieux, il faut avoir des prêtres, il faut avoir des livres sacrés, et pour
nous les dieux, ou le dieu, -ce qui revient au même- pour nous, ce n'est pas quelque
chose de confirmé, pour nous, c'est quelque chose de douteux, tout simplement.
Dieu est quelque chose d'incertain
Dieu est quelque chose
d'incertain. Et si tu me dis : “ Bon, mais toi tu crois ou tu ne crois pas en
dieu ?” Pour moi, ce sujet n'a aucun intérêt, par ce que ce n'est pas dieu qui
va résoudre mon problème de souffrance, ce n'est pas dieu qui va solutionner
mon problème de futur, en aucune façon, et ceux qui disent qu'ils ont dieu pour
résoudre ces problèmes souffrent tellement, ont tant de problèmes de futur,
tant d'insécurité, tant de choses, que l'on finit par douter qu'eux-mêmes
croient en dieu.
Alors posons-le de façon plus
simple. Posons-le de façon plus facile. Dieu est quelque chose d'incertain. Et
à partir de là, à vous de commencer à faire sur vous-même les changements et à
faire les choses. Bien ! “ Je crois en Dieu” , va nous dire l'un ; et l'autre
va nous dire “ Je ne crois pas en Dieu” et nous allons leur dire : “ Dieu est
quelque chose d'incertain.” .“ Comment ça, c'est quelque chose d'incertain ?”
Oui bien sûr, c'est clairement quelque chose d'incertain. Il suffit que je vous
dise que Dieu est quelque chose d'incertain pour qu'il soit incertain. “ Oui,
mais moi j'y crois !” Va dire l'autre. Oui vous y croyez, mais je dis que c'est
quelque chose d'incertain. On se rend compte alors qu'on introduit le thème de
l'incertitude des dieux. Et si Dieu est quelque chose d'incertain, alors là,
cela pose des problèmes de toutes parts. Si Dieu est quelque chose d'incertain,
alors il est d'autant plus discutable que quelqu'un utilise les dieux pour
imposer des choses, c'est bien pire encore.
- Alors, il y a deux démarches, une pour les croyants, une pour les non croyants,
alors que dis-tu aux croyants, aux gens qui croient en dieu, que leur dis-tu à
eux ?
Moi ce que je leur dis, c'est
: qu'ils croient ou ne croient pas, parfait ! Cela me parait très bien qu'ils
croient ou qu'ils ne croient pas, ça m'est égal. Mais ceci n'est pas le thème
pour sortir du monde de la souffrance et pour créer un nouveau type d'être
humain. Ceci n'est pas le thème. Ce que je dis aux gens qui croient : qu'ils
croient ! Et l'on me dit qu'ils ne croient pas, et bien qu'ils ne croient pas
!! Car le thème est autre. Le thème est autre, ce n'est pas le sujet de croire
ou ne pas croire en dieu. Le thème, c'est : comment solutionner ses problèmes
existentiels. Et l'existentiel ne se résout pas par ce que l'on croit ou ne
croit pas en dieu. . .
Il suffit d'observer. On peut
l'expérimenter: Prends... comme si nous faisions une recette, prends trois
cuillérées de sucre . . ., bon. Prends une personne qui croit en dieu avec
force et demande-lui comme elle a
résolu ses problèmes dans la vie, comment elle a solutionné ses angoisses, ses
peurs ; et ensuite, prends une autre personne qui ne croit pas en dieu et
demande-lui comment elle a résolu ses thèmes, ses peurs. Et nous allons trouver
dans les deux cas, qui sont si différents car l'un croit en dieu et l'autre
pas, nous allons trouver qu'ils sont très semblables parce que ces personnes
ont les mêmes angoisses, les mêmes peurs, le même désespoir de mourir.
Alors, nous disons : ce sont
des thèmes très intéressants, mais ils ne sont pas à propos. Ce qui est à propos, c'est
l'étude, l'approfondissement du thème de la souffrance. Ça, c'est approprié. Ce
qui est judicieux, c'est de comprendre que ce ne sont pas les croyances qui
solutionnent les problèmes, c'est judicieux de comprendre que l'on vit en
craignant des choses, que l'on vit rempli de peurs, rempli d'angoisses, c'est
cela qu'il nous parait important de souligner ici, cela même.
- À quelqu'un qui n'a jamais rien entendu de ces choses, qui arrive et
écoute tout cela, que dis-tu à cette personne, comment commence-t-elle ?
Comment est-ce que je peux commencer à dépasser ma souffrance ? Par où ?
Comment ? Quel est le premier pas ?
- Je ne lui dis rien. C'est
elle qui s'approche pour demander, ceci est important aussi. Nous expliquons
face aux questions Nous ne savons même pas comment parvenir aux gens, nous
n'avons pas de moyens de diffusion, ce que l'on nous fait dire à travers des
médias de diffusion n'a jamais rien à voir car c'est manipulé . alors nous ne
parvenons pas aux gens, nous sommes une voix qui parle
dans le désert.
Ce sont les gens qui
s'approchent de nous ; les gens nous demandent : Il parait que vous parlez de
l'expérience ? Comment cela, vous parlez de la souffrance ? Ce sont les gens
qui nous interrogent et nous, nous leur répondons ; et quelques-uns vont à leur
tour répondre à d'autres. Ainsi donc, nous n'essayons pas de faire du
prosélytisme, comme on pourrait comprendre le prosélytisme, nous expliquons nos
choses, par ce qu'il y a des gens que cela intéresse. Il y a beaucoup de gens intéressés
par ces choses-là, et il me semble qu'il y a de plus en plus de gens.
Et bon, ce sont d'autres
formes. Nous sommes dans un autre type de société, nous sommes dans les
sociétés postmodernes où les idées de la modernité ne fonctionnent plus, nous
sommes loin de la Renaissance et nous sommes loin de l'âge moderne, on ne fait
plus bouger les choses avec l'explication de doctrines, avec l'explication
d'efficiences, comme s'il s'agissait de grandes valeurs, non . . . cela ne
fonctionne plus. Ce sont d'autres choses qui fonctionnent, cela nous est encore
un peu difficile. . . Les gens vont comprendre que les valeurs ont changé, que
le monde est différent, que ce prosélytisme vulgaire des idéologies ne
fonctionne plus, ceci pour les gens, c'est un problème. . .Bon, on va avoir ces
problèmes quelques années encore, mais cela va s'améliorer. . .
- C'est une optique très intéressante, pas très commune. . .
- Non, ce n'est pas très
commun, encore quelque temps avec ces petits problèmes, ces choses mais il va
leur arriver avec les idéologies ce qui arrive dans la vie quotidienne avec
certaines illusions que l'on a. On ne veut pas s'enlever ces illusions.
Croyances, idéologies, illusions.
. . . On ne veut pas se
déposséder des illusions que l'on a par ce qu'on croit qu'on va pouvoir vivre
grâce à ces illusions. Finalement, ces illusions s'effondrent et là on commence
à ressentir une liberté bien plus grande que celle que l'on supposait. C'est
comme ça que cela se passe aussi avec les idéologies beaucoup de gens croient
qu'ils doivent avoir cette idéologie car si l'on n'a pas cette idéologie, ben
alors, à quoi bon de vivre, dans quel but, et en fin de compte, ce que l'on a,
c'est une illusion grande comme une maison. Et c'est un problème car cela nous
déforme la réalité.
Donc, je dis que le monde
change et que les gens, sans grandes difficultés et dans peu de temps, vont peu
à peu se défaire des idéologies, un vêtement qui leur est devenu trop petit
aujourd'hui ; mais non pas parce que l'homme chute, par ce que l'être humain
est en train de chuter, au contraire, c'est parce qu'il est en train de grandir
! Et les vêtements lui sont devenus tr op petits, les idéologies lui sont trop
petites, les illusions lui sont tr op petites.
Cette croissance de l'être
humain est ce qui lui donne la sensation d'asphyxie dans ce moment historique. Tout
va bien, tout va bien, les choses ne vont pas si mal, mais nous avons besoin
d'encore un peu de temps.
- Silo, il y a des gens qui disent que tu es un homme comme les autres. .
.d'autres disent que tu es un prophète ; d'autres encore disent que tu es un
demi-dieu, un dieu, un diable, enfin.
- les gens disent beaucoup de
choses. Je crois que les gens ont le droit de dire tout cela, et puis alors ? Cela
ne me soucie pas le moins du monde. Que quelqu'un dise : Mais c'est un prophète
! Et ? Cela n'enlève ni n'ajoute rien. Je suis une personne commune ? Et ? Le
sujet, c'est comment peut-on faire pour sortir des problèmes de souffrance, de
la douleur, de toutes ces choses, et cela ne déforme en rien le Message le fait
que les gens croient une chose ou une autre.
2016/11/07
Dario Ergas: Le regard du sens
Dans "le Regard du Sens", Dario Ergas nous propose de partir
du postulat qu'il y a un Sens et qu'il nous faut donc partir à sa
quête, nous en approcher doucement pour en guetter les signes et
entendre son murmure.
Dans ce monde troublé et violent, chacun d'entre nous se perd et continue cependant d'avancer sur son chemin en cherchant quelque chose qui justifie son existence. On reconnait dans ce livre ces errances et ces avancées, ces questionnements et ces soupçons de réponses et l'on se réjouit alors que nos aspirations trouvent en ces pages un écho.
Ce livre est un réconfort et une promesse.
Dans ce monde troublé et violent, chacun d'entre nous se perd et continue cependant d'avancer sur son chemin en cherchant quelque chose qui justifie son existence. On reconnait dans ce livre ces errances et ces avancées, ces questionnements et ces soupçons de réponses et l'on se réjouit alors que nos aspirations trouvent en ces pages un écho.
Ce livre est un réconfort et une promesse.
Pris de:
(cliquez sur l'image pour télécharger le livre)
2016/09/03
Le phenomenon de l'illumination
Silo. Canarie 2 – 1978
4° Jour.
A mesure que l’on descend dans l’espace de représentation, cet
espace s’obscurcit. A mesure que l’on monte dans cet espace il
s’éclaircit. Comme vous le savez bien. Cette obscurité dans la
descente et cette clarté dans la monté sont en rapport avec deux
phénomènes : un l’éloignement des centres optiques et le
système habituel d’idéation et l’autre le système habituel de
perception par lequel nous avons associé la lumière du soleil avec
le ciel, etc… l’absence de lumière avec les profondeurs.
Ceci ne signifie pas que les objets, placés dans les hauteurs ou les
profondeurs ne soient pas clairs, car il y a des objets dans les
hauteurs qui sont obscurs même lorsque l’espace de représentation
est plus illuminé, et il y a des objets qui sont clairs dans les
profondeurs de l’espace de représentation. Mais il y a des points
limites, aussi bien dans la montée que dans la descente, dans
l’espace de représentation, et ainsi en arrivant aux limites, tant
en bas qu’en haut, tout l’espace se trouve obscurci. Il se trouve
obscurci parce que nous arrivons aux sensations limites du corps. Il
est obscur parce qu’au-delà il n’y a pas de signal. De sorte
qu’en descendant ou en montant, même lorsqu’en haut nous voyons
de la clarté, si l’on monte bien au-delà, au-delà de la clarté,
l’espace de représentation s’obscurcit aussi. Enfin l’espace
de représentation, aussi bien en bas qu’en haut, dans ses limites,
se trouve totalement obscur.
Dans les profondeurs ou dans les hauteurs peuvent apparaître des
objets plus ou moins lumineux. Je peux représenter ces objets, mais
cela ne modifie pas le ton général de lumière qui peut exister
dans l’espace de représentation. Cependant dans certaines
conditions et toujours aux limites de l’espace de représentation,
uniquement dans des conditions déterminées, un curieux phénomène
de lumière se produit, il fait irruption en illuminant tout l’espace
de représentation. Ainsi cette lumière qui illumine tout l’espace
de représentation s’impose de telle façon que même si notre
sujet monte ou descend, dans tous les cas l’espace de
représentation demeure illuminé. Cette lumière ne dépend pas d’un
objet spécialement illuminé, mais tout l’écran est maintenant
très brillant. C’est comme si vous mettiez la T.V., complètement
lumineuse. Il ne s’agit pas de voir un objet plus illuminé qu’un
autre, mais il y a une brillance particulière qui n’est pas en
fonction de ce qui se passe dans les figures, la brillance générale
sur tout l’écran est extrême. Dans certains processus
transférentiels, après avoir enregistré ce phénomène, notre ami
ressort en veille, et sa perception du monde continue à être
modifiée par cette curieuse transformation qui s’est opérée dans
son espace de représentation. Selon les descriptions, les objets lui
semble plus brillants, plus nets, avec plus de profondeur, etc.…
C’est-à-dire qu’en produisant ce curieux phénomène
d’illumination de l’espace de représentation, quelque chose
aussi s’est produit non seulement dans le système de
représentation mais aussi ce système de représentation à modifié
les perceptions du monde, selon ce que nous venons de voir. IL est
très accidentel que les deux phénomènes se produisent :
l’obscurité de la limite, le dépassement de cette barrière,
fréquemment décrite et l’accès à une sorte de lumière
illuminant l’espace de représentation.
Par contre dans les processus autotransférentiels,
l’intention finale de ce processus, est de transcender les limites
de la représentation de cet espace qui finalement s’obscurcit. De
même, empiriquement, sans grande connaissance technique, ou
peut-être avec une connaissance mais sans l’afficher, dans de
nombreuse religions et pratique mystiques, il s’agit de se mettre
en contact avec cette lumière ou avec ce phénomène transcendant
le système de
représentation, qui soudain fait
irruption dans la conscience.
Avec différents procédés ascétiques, parfois rituels, parfois
hallucinatoire, au moyen du jeûne, de la prière, de la répétition,
par de nombreux moyens, beaucoup de rites dans tous les cas
supérieurs et beaucoup de religions prétendent obtenir ce contact
avec une sorte de source de lumière. Dans les processus
transférentiels et autotransférentiels, que ce soit par accident
dans le premier cas ou de façon dirigée dans le deuxième, on a
quelque connaissance de ce phénomène, et on sait que ceci peut se
produire quand le sujet a reçu une forte commotion psychique,
c’est-à-dire que son état est proche d’un état altéré de
conscience. La littérature universelle est également remplie de
considérations sur ces phénomènes. Lorsqu’après sa commotion
spirituelle, ou interne, Moïse va sur la montagne et rencontre la
lumière, un buisson ardent devant lui, et qu’il se prosterne
devant ce buisson ardent et que sans le regarder il dit : «
Et toi qui es-tu ? », le buisson ardent, chose étrange,
lui parle, c’est-à-dire communique avec lui et lui répond : «
je suis celui qui est ». C’est une réponse intéressante.
Lorsque Paul qui à l’apparition du christianisme s’adonnait à
la persécution des chrétiens, c’était un hobby pour lui,
(rires), lorsque Paul poursuivait les chrétiens mais certainement
sous une forte commotion spirituelle et une puissante recherche, vit
soudain une grande lumière qui le fit tomber de son cheval, qui le
rendit quasi aveugle, et la lumière lui demande : « Saül
pourquoi, me poursuis-tu ? » C’est ainsi que Paul
s’appelait : Saül. Il aurait pu s’appeler Ramon, par
exemple (rire), mais il s’appelait ainsi. « Saül, pourquoi
me poursuis-tu ? » De plus Saül resta aveugle, il fut
aveuglé à cause de cette lumière. Et Saül se convertit au
christianisme et devint le plus grand organisateur du christianisme,
saint Paul.
Aujourd’hui, sans aller si loin, on aperçoit de
nombreux objets dans les cieux. Les gens voient des lumières. Si
notre ami est un monsieur qui conduit une voiture, et qu’en pleine
nuit, il voit devant lui une lumière, une lumière qui se déplace,
il arrête sa voiture. Cette lumière continue à se déplacer très
vite et que ce n’est pas la lumière d’un autre véhicule, c’est
une lumière qui se déplace dans toutes les directions, s’il n’y
a pas de référence spatiale- des cabines téléphonique, des
maisons etc…- à quelle distance se trouve cette lumière ?
Est-elle derrière le pare-brise ? Ou devant ? Ou dans sa
conscience ? Et cette représentation est en train de modifier
sa perception. Puis, il y a beaucoup d’autres phénomènes qui
n’ont rien à voir avec la
lumière que nous évoquions dans le
cas de Saül ou de Moïse, etc…
On observe bien d’autres cas : des cas de luminescence, etc…
dans la chambre du silence etc… avec des drogues hallucinogènes,
les gens observent aussi certaines choses mais sans rapport avec la
lumière qui aveugle. Dans la chambre du silence, le sujet qui
flotte, et son visage hors de l’eau et certaines parties de son
corps aussi, à un moment donné le sujet voit une lune d’argent
par exemple. Cette lune d’argent n’est rien d’autre que la
traduction à l’image visuelle de ses sensations tactiles de cette
partie du visage restée hors de l’eau, la forme de cette lune
croissante ou décroissante, n’est autre que la forme du visage de
notre ami. Cette lumière, à son tour devient plus indépendante et
le sujet, comme il n’a plus de limites corporelles, ne sait pas si
cette lumière est hors de lui ou bien, si elle est une projection
d’un phénomène traduit de représentations internes. Ainsi donc
ces lumières que l’on voit, peuvent être dues aussi, à des
anesthésies intracorporelles qui, en raison de forts systèmes de
tensions dans la société contemporaine, inhibent des impulsions et
se traduisent alors en images déterminées qui peuvent se projeter
dans un état altéré de conscience.
Cela se complique lorsqu’il s’agit d’un petit disque qui va et
vient, mais que soudain ce phénomène fait irruption avec une grande
force, il fait irruption avec une grande Force illuminant d’une
grande lumière le sujet qui observe. Et le sujet reste parfois
aveugle. Il ne s’agit pas d’un petit disque. Toujours et quand
nous accordons du crédit aux choses que les gens racontent. Il
arrive aussi, dans le cas de ces puissantes lumières, que le sujet
parle de connexion avec cette lumière et il semblerait alors, qu’il
parle avec cette lumière et qu’il y ait une sorte de contact
télépathique dans lequel la Lumière leur indique des choses, ou
ils communiquent avec cette lumière. De même que Moïse en son
temps se connectait avec la ronce ou Saül se connectait avec cette
lumière qui le fit tomber de cheval. Nos contemporains qui voient
des choses dans les cieux communiquent aussi parfois avec ces
puissantes sources de lumière qui semblent leur donner des messages
et en reçoivent et ainsi de suite. Déjà dans l’Iliade et dans
d’autres textes, certains commentent qu’il leur parut mourir et
sont revenus, ils ont eu l’impression d’abandonner leur corps et
de s’orienter vers une lumière toujours plus vive sans pouvoir
bien le raconter, ce n’est pas le cas de l’Iliade, mais de nos
contemporains, sans pouvoir bien relater si c’était eux qui
avançaient vers la lumière ou la lumière vers eux. Le fait est
qu’ils rencontrent cette lumière, et cette lumière, a la
propriété de se communiquer avec eux d’une certaine façon, de
parler avec eux ou de leur donner des indications. Que les lumières
parlent est un peu étrange comme vous le savez. Dons ces lumières
donnent des indications et le contact s’établit. Et bien sûr,
pour pouvoir raconter cette histoire, que ce soit pour avoir reçu un
choc électrique dans le cœur ou autre chose du même style et alors
ils sentent qu’ils reviennent ou s’éloignent de cette fameuse
lumière avec laquelle ils étaient sur le point d’établir un
intéressant contact. Mais bien sûr, s’ils établissaient ce
contact, nous n’en serions pas informés (rires). Il est donc bon
dans tous les cas qu’ils reviennent. (Rires).
Il existe de nombreuses explications à ces phénomènes, des
explications du côté de l’anoxie, d’autres parlent de
l’accumulation de dioxyde de carbone, il y a beaucoup
d’explications sur ce phénomène de lumière. Mais pour nous,
comme d’habitude, les explications qui sont aujourd’hui d’une
sorte et demain d’une autre, ne nous intéressent pas beaucoup ;
nous nous intéressons plutôt au système de registre,
l’emplacement, le registre affectif que vit le sujet, et par-dessus
tout autre chose, cette sorte de grand sens que cela semble donner au
sujet et qui avec certitude change sa vie. La vie de Moïse change,
la vie de Paul change, la vie des sujets qui croient avoir eu une
forte expérience avec cette lumière et combien d’autres cas. Ceux
qui croient être revenus de la mort, etc. ce changement de sens de
sa propre vie du fait de l’expérience du contact avec un phénomène
extraordinaire qui soudain fait irruption chez le sujet et que le
sujet ne parvient pas à comprendre s’il s’agit d’un phénomène
de perception ou de représentation. Mais dans ce cas, pour toutes
les situations, ce phénomène semble d’une grande importance, et
du fait de sa présence, il a l’aptitude de changer subitement le
sens de la vie humaine.
Demain nous poursuivrons sur ce thème.
5° Jour.
Outre les états crépusculaires, nous distinguons aussi des états
qui peuvent être occasionnels et des états que nous pourrions très
bien appeler états supérieurs de conscience. Nous avons classé les
états supérieurs de conscience depuis longtemps comme états
d’extase, de transport extatique, et de reconnaissance. Celui qui
s’introduit assez souvent dans l’expérience, le fait d’abord
par les états les plus primaires, c’est-à-dire les états
d’extase. Ces états ont habituellement des concomitances motrices,
une certaine agitation, certains mouvements du corps. Les états de
transport extatique ont plutôt des concomitances émotives, et
souvent une joie intense envahit le sujet, un état ineffable
l’envahit. Nous pourrions dire que les états supérieurs de
reconnaissance sont plutôt intellectuels, dans le sens où le sujet
croit un instant comprendre le “tout“. En un instant le sujet
croit qu’il n’y a pas de différence entre ce qui est “lui “
et ce qu’est le “monde“, comme si le moi avait disparu. Notre
ami maintenant ne se préoccupe pas de son n° d’identité, de son
poids, de sa taille, de tout ce qui lui fait sentir qu’il est lui :
“ moi maintenant j’ai un état intéressant“. Mais ce moi
semble plutôt avoir complètement disparu, et lui est simplement
présent, comme dans certaines représentations de certaines
religions, une sorte de grand œil, et non un monsieur qui regarde
derrière les trous de serrures. Ces états supérieurs de
conscience peuvent avoir leurs concomitances motrices, émotives et
intellectuelles.
Il est clair que sans arriver à des choses aussi extraordinaires :
qui peut dire qu’il n’a pas une fois dans sa vie, sans rien
faire de spécial, senti subitement une joie sans raison, une joie
subite croissante étrange, mais une joie tout de même ? Qui
peut dire qu’il ne lui est pas arrivé, comme ça, de se rendre
compte que les choses sont telles qu’elles sont, mais de s’en
rendre compte en profondeur et avec une grande signification ?
Imaginez cela-même, et plus encore. (Rires).
Le travail avec l’expérience peut très bien se faire et se
poursuivre dans le calme, être développée peu à peu, sans
précipitation, sans inquiétude, parce qu’après tout nous ne
cherchons pas ces expériences comme un but, mais comme des
références capables d’orienter la conscience dans une direction
croissante. Il ne s’agit pas de se lancer dans l’expérience pour
une sorte d’hédonisme spirituel, pour avoir des expériences,
disons pour manger plus de fraises. (Rires). Si vous voulez
additionner les expériences vous trouvez n’importe quoi. Il ne
semble pas qu’il s’agisse de ça… je vous le dis parce que
notre époque est très portée sur la consommation, donc beaucoup
d’expériences. (Rires). Il ne s’agit pas de ça, accumuler des
expériences, -“ homme de beaucoup d’expérience“- mais
d’obtenir quelques références capables d’orienter dans un sens
intéressant. On peut travailler avec ces expériences lentement,
sans grandes difficultés, comprenant que ce que l’on cherche au
fond de tout c’est un sens plus qu’une expérience.
Et qu’est-ce que l’expérience ? C’est une sorte
d’intermédiaire avec le sens.
Chacun son "paysage"
Quand
je perçois le monde externe, quand je me développe quotidiennement
en lui, non seulement je le constitue avec des représentations qui
me permettent de m’y reconnaître et d’agir, mais je le constitue
en plus avec des systèmes coprésents de représentation. Cette
structuration que je fais avec le monde, je l’appelle “paysage“
et je constate que la perception du monde est toujours la
reconnaissance et l’interprétation d’une réalité, en accord
avec mon paysage. Ce monde que je prends pour la réalité même,
c’est ma propre biographie en action et cette action de
transformation que j’effectue dans le monde, c’est ma propre
transformation. Et quand je parle de mon mode interne, je parle
également de l’interprétation que j’en fais et de la
transformation que j’effectue en lui.
Silo: Psychologie
de l’Image, 1990
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