2019/01/25

Mani et la beauté: Conséquences sur le moment actuel

  Parc d’Étude et de Réflexion La Belle Idée
Avril 2013

"Nous vivons dans un monde où l’accélération des changements produit un grand déséquilibre chez l’être humain. Un style de vie nous a été imposé selon lequel seule compte l’accumulation d’objets et de pouvoir. Les modèles et les références sociales actuelles ne valorisent pas la Connaissance et le progrès humain. Tout ce qui concerne la beauté réelle, c’est-à-dire l’inspiration, la poésie, l’amour de la nature et le monde intérieur, est soit écarté, soit considéré comme une marchandise ou un loisir. Puisque rien ne compte de ce qui est profond et beau, il n’y a plus de soin pour les belles choses, ni pour les relations amicales et amoureuses, qui demandent pourtant tellement d’attention à ce qui nous parvient de l’intérieur !

Nous avons beaucoup d’incertitudes quant à l’avenir. Ce modèle est en train d’exploser et c’est quelquefois inquiétant de constater que cette folie pourrait pour la première fois produire une des-truction de l’humanité, qui a créé par son esprit obscur, les armes nucléaires, psychologiques, fi-nancières et chimiques suffisantes pour le faire.

Je sens beaucoup d’amertume, et heureusement aussi une sainte révolte, gagner ceux qui ont des guides ! Tout n’est pas perdu puisque simultanément une nouvelle sensibilité surgit de ce dégoût. Nous sommes comme Mani "étrangers à ce monde". Mais nous ne savons pas trop comment faire.

Dans ces moments (un peu désespérés) de l’histoire, écoutons les faibles signaux qui peuvent nous aider à faire dévier la direction des événements. Pour cela, la connaissance est essentielle et il est important d’aller chercher dans le passé et dans ce moment présent, les personnes courageuses. Elles se reconnaissent au fait qu’elles ont été persécutées et effacées des mémoires par ceux qui prétendent aujourd’hui détenir la "vérité".

Mani fut à un moment de ma vie, et pendant ces deux dernières années, un compagnon dans mes joies et mes difficultés. Il me conseillait et je l’aimais. Il était comme le miroir où se projettent les guides, les bonnes personnes qui dans l’histoire apportent compréhension, protection, soulage-ment, enthousiasme…

Mani et "les rédempteurs" nous rappellent ce que nous avons oublié :

J’ai quelque chose de très spécial en moi qui fait que je suis un être humain, entre monde na-turel et monde divin. Je peux décider de ce que je ferai demain, changer ma propre nature, changer le monde… D’où vient cette capacité extraordinaire qu’on appelle intention ? Je peux vivre indifférent aux autres, je peux souffrir parce que l’autre souffre… D’où vient cette sensi-bilité qui s’appelle empathie, amour ou compassion ? Moi, humain, je suis le seul, je crois, à pouvoir observer une fleur, la trouver parfaite dans sa forme et sa couleur, la mémoriser et la dessiner… D’où vient cette capacité extraordinaire ?

Mani nous répond et nous explique comment procéder pour séparer lumière et obscurité.

Aujourd’hui, Silo nous dit :

Mais malgré tout... malgré tout... malgré cet enfermement affligeant, quelque chose de léger comme un son lointain, quelque chose de léger comme une brise de l’aube, quelque chose, qui commence doucement, se fraie un chemin à l’intérieur de l´être humain...

Pour quoi, ô mon âme, cette espérance ? Pour quoi cette espérance, qui depuis les heures les plus obscures de mon infortune, se fraie un passage en répandant sa lumière ?...

Dans certains moments de l’histoire s’élève une clameur, une demande déchirante des individus et des peuples. Alors, depuis le Profond parvient un signal. Souhaitons que ce signal soit traduit avec bonté par les temps qui courent ! Qu’il soit traduit en vue de dépasser la douleur et la souffrance ! Car derrière ce signal soufflent les vents du grand changement.

Dans les moments où cela est nécessaire, ils sont descendus à nouveau, les anges et les messagers, pour nous rappeler à notre propre nature qui est double. Nous avons "oublié" aujourd’hui la moitié de nous-mêmes : notre double, notre âme. C’est elle qui souffre dans ce monde, c'est elle que nous nourrissons par la bonne Connaissance, c'est elle qui, lorsqu'elle est nourrie, nous donne la sensation de liberté, de joie et de douceur…"

2019/01/21

Antenne psychique

Antenne psychique
En 2019, au pied de l'Aconcagua - où Silo a donné son message au monde - nous lancerons un signal, sous forme d’antenne parabolique, une demande pour l'humanité en faveur du dépassement de la douleur et la souffrance.

Nous proposons de laisser une empreinte, en nous connectant avec un espace interne de silence, pour construire une image lumineuse de l'avenir humain. Nous vous invitons à produire un objet en argile, dans lequel s'exprime cette image intériorisée du futur souhaité. Nous espérons que nous recevrons du monde entier des objets et des demandes écrites avec les aspirations les plus profondes.

Nous assemblerons toutes les pièces sur une antenne parabolique et cuirons ces pièces d'argile qui seront des demandes pour le futur. Cette construction collective, cette demande commune, restera comme une offrande au mont Aconcagua. 

Quoi ? 

Projet de collaboration internationale dans lequel nous proposons de traduire en argile, en papier ou en bois, une demande pour l'avenir de l'humanité. Ces demandes seront reçues à Punta de Vacas (Mendoza, Argentine) et le processus se terminera par une cuisson extérieure sur une antenne parabolique au pied de l'Aconcagua. 

Comment ? 

Nous chercherons une disposition intérieure, en réalisant les pièces à partir du silence intérieur et en visualisant cet avenir positif pour l'humanité. 

Dans quel but ? 

Pour envoyer une demande vers le futur. C'est une opportunité de syntonie entre les personnes qui aspirent à dépasser la douleur et la souffrance. Nous croyons que nos pensées, nos émotions et nos demandes ont un impact réel sur la réalité que nous construisons. 

Qui ? 

Les personnes du monde entier sont invitées à participer en envoyant leur demande (écrite ou une pièce réalisée par soi-même ou en groupe). 

Quand et où ? 

L'activité se déroulera jusqu'au 21 mars 2019, date à laquelle la cuisson des pièces aura lieu. 
Simultanément, dans différents endroits de la planète, les pièces seront produites individuellement ou en groupes. Nous ouvrons la proposition que cela se fasse au moment et à l'endroit que chacun décide : sur une place, dans une maison, avec des amis, avec la famille, une communauté, des institutions, etc. 

Instructions 

1 - Prendre un morceau d'argile (que vous aurez recueillie ou achetée). Si possible, ajouter du chamote ou de la brique moulue de 20%. Ou directement de l'argile pour Raku. 

2 - Détendre son corps, son cœur et son mental. 

3- Méditer ou réfléchir sur les questions suivantes : Qu'est-ce que je demande pour l'humanité dans le futur ? Quel avenir positif j'imagine pour l'humanité ? Comment j'imagine cette humanité du futur ? Comment je veux que ces gens se sentent ? Comment sera leur conscience ? Comment penseront-ils ? Seront-ils plus sages ? Plus gentils ? De plus grande bonté ? Attendre la réponse en silence. 

4 - Essayer de se connecter avec ses images intérieures pour les concrétiser dans l'argile. Nous ne mettons pas l'accent sur le résultat, mais sur l'attitude intérieure. Il n'y a pas de bonne réponse. Se laisser aller, il ne s'agit pas de faire bien ou mal. 

5 – « Vous qui marchez sur la terre, vous qui êtes l'argile du cosmos, laissez votre empreinte. » Essayer de faire une pièce pas plus grande que 12x12x12cm. 

6 - Laisser sécher. (Si vous êtes en contact avec un céramiste, organisez une cuisson de vos pièces. Sinon laissez-les simplement sécher.) 

7 - Pour faire parvenir les pièces, vous pouvez les conserver dans une boîte emballée dans du papier journal ou nous contacter à www.facebook.com/antenapsiquica

2018/10/08

Trouver un nouveau sens à la mort peut transformer la vie


Pressenza, 23.07.2018 Cloty Rubio
Cet article est aussi disponible en: EspagnolCatalan
Trouver un nouveau sens à la mort peut transformer la vie
Entretien avec Victor Piccininni, auteur du livre L’art d’accompagner. Outils et pratiques d’accompagnement personnel et spirituel en soins palliatifs
Victor, de quoi s’agit-il et quel est le but du livre ?
L’art d’accompagner est un petit guide pour aider dans la mission d’accompagner les personnes qui sont dans des moments critiques de leur vie, et plus spécifiquement, pour accompagner les personnes à la fin de leur vie physique. Il s’agit d’un bref écrit, destiné à tous. Une écriture qui n’a pas de grands développements, bien au contraire. Il s’agit d’un guide qui, d’une manière simple, essaie de transmettre une série d’outils, de pratiques et de suggestions utiles pour ces moments.
Quand l’on se trouve dans ces moments, que ce soit en tant qu’ami, en tant que membre de la famille ou comme professionnel, l’on se demande souvent ce qui est le plus approprié à faire, quoi dire, ce qu’il ne faut pas dire, quels exercices pourraient aider… Comment aider la personne à ressentir le plus grand bien-être possible, comment faire pour qu’elle parte de ce monde en paix. Comment accompagner tous ces moments.
Comment donner un nouveau sens à la vie en resignifiant la mort ?
Lorsque, à partir de sa propre expérience, on commence à avoir l’intuition, à soupçonner ou à être certain que la mort physique n’est que la fin de l’existence du corps, mais qu’il y a « quelque chose » qui peut être appelé de mille façons différentes : l’âme, l’esprit, la force intérieure ou cosmique, le profond, etc, et qui peut transcender cet instant et ouvrir la voie à l’immortalité, ouvrir la voie à d’autres temps et espaces différents de l’habituel, lorsque cela se produit, la vie elle-même prend un sens totalement différent de celui que l’on voit habituellement et l’on commence à agir d’une manière différente. Et si cette croyance ou intuition devient une certitude, si elle devient une expérience, la vie est transformée et les actions commencent à être guidées par ce nouveau sens de vie.
C’est pourquoi les expériences dans ce domaine sont si importantes, et non pas tant les théories. Les théories sans l’expérience nous laissent toujours dans le doute. Mais des expériences intérieures sur la possibilité d’une transcendance spirituelle, aussi minimes soit-elles, peuvent ouvrir le futur à un nouveau destin. Quand cette expérience sur le sens réel du moment de la mort devient évidente, la vie est redimensionnée, totalement resignifiée. Quand on a la certitude, par expérience, que la mort n’arrête que la partie physique et qu’il y a une possibilité que, s’il y a unité et réconciliation interne, quelque chose de sacré continuera son chemin évolutif, tout est profondément transformé.
Par conséquent, resignifier le moment de la mort peut conduire à transformer beaucoup de choses dans la vie. Beaucoup de gens en ont déjà fait l’expérience : quand un être cher meurt, ou quand, pour différentes circonstances, l’être cher a été dans un moment proche de la mort ou quand tu penses à ta propre finitude. Dans toutes ces situations, si tu y réfléchis, tu obtiens une resignification de ce qu’il faut faire dans la vie. Imagine-toi quand tu as l’expérience et la certitude que quelque chose continue après la mort !
Accompagner et aider les autres dans ce moment de la vie, avec affection et dévouement sincère, est vécu comme une grande action qui laisse un goût d’unité intérieure, ne le penses-tu pas ?
Oui, tout à fait. Et cette unité intérieure, cette sensation d’unité intérieure, est déjà en soi une expérience transcendante, une expérience qui t’ouvre d’autres portes intérieures et t’éloigne de la simple matérialité, de croire que tout se termine avec la mort.
Cet accompagnement commence à te connecter avec d’autres réalités plus profondes. Et tu sens que ces réalités profondes sont exactement les mêmes en toi et dans la personne que tu accompagnes. Et quand cela se produit, toutes les barrières imposées par les corps physiques sont surmontées et l’expérience d’une communication mentale, émotionnelle et spirituelle profonde s’ouvre.
Le livre n’est pas à but lucratif et cette première édition cherche à récolter des fonds pour une autre. Un millier d’exemplaires seront distribués dans les centres de soins palliatifs. Comment cette initiative a-t-elle vu le jour ?
L’objectif est d’amener ces outils et ces pratiques profondes là où ils sont le plus nécessaires. Je sens que ma formation autour des enseignements de Silo ne peut pas rester seulement en moi ou dans un petit groupe de personnes. C’est le but principal de ma vie et je pense que c’est la même chose avec des milliers de personnes qui ont été formées à cet enseignement. Nous essayons toujours d’apporter aux autres ce qui a été bon pour nous.
Ce livret a le même objectif et donc l’intérêt de multiplier les éditions et d’atteindre des milliers de centres de soins palliatifs et d’autres espaces où les gens en ont besoin. Je ne peux pas imaginer tirer profit de l’irradiation de cet enseignement, ce serait une contradiction. Pour cette raison, tout l’argent qui sera récolté avec cette première édition sera destiné à une deuxième édition et ainsi de suite, en améliorant et en élargissant le contenu, jusqu’à arriver le plus loin possible.
Faut-il aussi humaniser les derniers instants de ce monde ? Est-ce que ce besoin est évident ?
Je pense que nous devons « humaniser la santé » dans toute son ampleur et plus particulièrement dans les dernières étapes de la vie physique. L’accompagnement personnel, psychologique et spirituel en fin de vie fait partie de ce concept : Humaniser la santé. Nous ne sommes pas seulement un corps qui, lorsqu’il se détériore, tout se termine. C’est une conception purement matérialiste et anti-humaniste.
L’être humain est beaucoup plus que le corps, beaucoup plus qu’un nombre statistique, ou encore une position culturelle ou économique. Chaque fois, nous ressentons de plus en plus fortement le besoin de prêter attention à ce qui nous est interne et à ce qui est spirituel, à ce que chacun de nous ressent. Bien que souvent, nous ne savons pas comment exprimer ou canaliser ce besoin, mais ce besoin devient de plus en plus évident.
Les gens ont-ils des outils pour faire face à cette étape de la vie et à cet accompagnement ?
Je pense que oui. Aucune connaissance ou outil spécial n’est nécessaire pour commencer. Le livre en parle. Le plus important est l’attitude avec laquelle chacun aborde ces situations qui se donnent pour accompagner les autres. La première étape consiste à chercher à aller plus profondément en soi-même, à se connecter avec ce qu’il y a de meilleur en soi, avec cette bonté et cette compassion qui font partie de soi-même, qui sont dans soi-même… Et de là, nous allons vers l’autre que nous voulons accompagner. Ne pas le faire mécaniquement mû par le devoir ou par des intérêts particuliers. Les outils arrivent alors si l’attitude est adéquate, les outils se cherchent et se trouvent.
Qu’en est-il des professionnels, ont-ils un guide pour les aider dans les soins palliatifs ?
C’est une époque de grand développement et de progrès dans le domaine des soins palliatifs. Il répond à ce que nous disions au sujet du besoin profond d’humaniser la santé. Tout comme le développement du mercantilisme et le pouvoir de l’argent dans le domaine de la santé mènent à la déshumanisation de la pratique médicale, il y a une force croissante dans la direction opposée, dans la direction d’une humanisation croissante. Dans le sens d’assister et d’accompagner l’être humain comme un être intégral, avec le corps, l’esprit, les émotions, l’énergie… Cela signifie que les professionnels ont les outils pour s’occuper de ce concept intégral physique-psychique-spirituel. Bien sûr, cela dépendra des intérêts particuliers de chacun, de tenir compte ou non de ce dont nous parlons. De chercher et les appliquer ou se laisser emporter par le mercantilisme dominant.
En référence à ce point, mon expérience dans les unités de soins palliatifs (USP) est très gratifiante à cet égard. Les professionnels que j’ai rencontrés dans plusieurs USP ont une sensibilité très développée et ils ont aussi cette approche de soins intégraux pour la personne. Il y a beaucoup de connaissances, il y a des guides, des écrits et des expériences qui s’accumulent. C’est peut-être dans le domaine de l’accompagnement spirituel qu’il y a le plus grand manque d’outils et de guides, puisque le spirituel a souvent été associé au dogmatique ou religieux, ce qui conduit souvent à des malentendus. C’est pourquoi je suis intéressé par la publication de ce livret, qui se veut une contribution au domaine des pratiques personnelles et spirituelles, indépendantes ou complémentaires des croyances religieuses de chacun.
L’art d’accompagner propose un voyage à travers sa propre vie destiné à une réconciliation profonde avec soi-même et avec les autres : quelle est l’importance d’une réconciliation profonde ?
La réconciliation profonde avec soi-même et avec les autres conduit à l’unité intérieure, et au dépassement des ressentiments, contradictions et frustrations que tant de souffrances intérieures génèrent. Cette unité intérieure est la base de la croissance et du renforcement spirituel, et ce renforcement spirituel est synonyme de paix intérieure, de transformation, de joie douce au moment du départ, au moment de la mort physique et il est aussi synonyme de la possibilité de transcender ce moment dans d’autres temps et espaces. Ce n’est pas une théorie. Ces commentaires et affirmations sont basés sur l’expérience, sur ce que les gens ressentent et expérimentent quand ces réconciliations profondes deviennent réalité à l’intérieur de la personne.
Vous êtes membre de l’équipe de bénévoles de l’Unité de soins palliatifs de l’hôpital Dr. E. Tornú, comment se passe cette expérience ? Est-ce que tu le recommanderais à d’autres ?
Accompagner d’autres personnes dans les moments significatifs de leur vie, si tu le fais avec affection et en pensant à ce qu’il y a de mieux pour les autres, est une tâche merveilleuse. Et si tu as aussi les bons outils et les bonnes recommandations, tu aides les autres et tu t’aides toi-même. Cette tâche est comme une magie, parce que tu ressens la gratitude de l’autre personne. Tu sens que ce que tu fais l’aide vraiment à traverser cette situation et, de plus, cela s’inscrit en toi comme quelque chose de très valable, unitive et transformatrice. C’est quelque chose qui se répercute et au-delà de la situation difficile qui est vécue du point de vue physique, tu sens qu’une atmosphère de grande bonté inonde l’environnement. Mais comme il s’agit d’expériences personnelles, tout le monde ne se sent pas toujours à l’aise de faire cela.
Je crois fermement, que nous avons tous la capacité d’accompagner et d’aider les autres, mais chacun doit le faire là où il se sent à l’aise. Certains le feront en soins palliatifs, d’autres par l’éducation, d’autres par la transmission d’un enseignement de solidarité… Et ainsi d’autres dans tant d’autres activités qui rayonnent le meilleur de chacun. Toutes ces choses qui, d’une manière ou d’une autre, traduisent en actions concrètes ce que Silo a synthétisé de façon magistrale comme le moment de « Connecter avec le profond. Avec le sacré de l’intériorité humaine » et en même temps il nous a dit : « Il est temps d’Humaniser la Terre ! »

2018/09/17

Dario Ergas: Synthèse de l’étude sur la foi

Dario Ergas, Centre d’Études, Parc d’Études et de Réflexion Punta de Vacas, Mars 2017
Traduction en français par Nathalie Douay et Paquita Ortiz

Foi externe
La foi externe est un état psychologique dans lequel on attribue la cause de la force intérieure à un objet de conscience, externe ou interne. La conscience attribue sa cohésion à un objet et renforce  un de ses contenus. La foi externe s’expérimente comme une force intérieure mais qui appartient à l’objet de foi et que c’est lui qui nous la procure. C’est-à-dire que la foi est externe quand on croit que l’objet de foi est la cause de la foi.
La foi externe n’évite pas la peur, au contraire, elle l’augmente dans la coprésence. À chaque crise vitale, elle ressurgira en angoissant la conscience. Pour éviter que la peur ne s’empare de moi, je la submerge de prières ou de tout autre type de répétitions qui maintiennent mon attention en dépendance de l’objet de foi. Mais en faisant cela, en forçant l’attention pour maintenir en présence l’objet de foi, la peur grandit comme un tréfonds de la conscience.

Foi interne
La foi interne est un acte intentionnel, c’est-à-dire que l’acte a sa propre liberté et oriente le psychisme vers ce que l’on aime. La foi interne est, plus précisément, la sensation cénesthésique de cet acte intentionnel qui dirige le psychisme vers quelque chose de "voulu". Nous sommes face à  une qualité assez différente de ce que nous avons l’habitude d’appeler foi, qui en général, se réfère à la foi externe. La foi interne n’est pas un don, ni une grâce mais une énergie vitale que je peux expérimenter et dont je peux disposer pour "charger" des images mentales déterminées et orienter l’action dans une direction voulue.
Cette chose "voulue par moi", dans le cas de la foi interne, renforce l’acte qui la cherche, concentre la force intérieure qui l’imagine, privilégie la commotion interne et non sa "réalité" matérielle ou spirituelle, pas plus que sa possession ou sa concrétisation. La foi interne ne cherche pas à valider l’objet de foi mais à s’expérimenter elle-même en gagnant chaque fois plus en indépendance, autonomie ou liberté vis-à-vis du ou des objets auxquels elle se réfère.
L’acte de foi se réfère à "l’autre", qui est hors de mon contrôle et indépendant de ma volonté. Ce que je veux, "l’autre", n’est pas quelque chose qui "est" puisque son être s’échappe chaque fois que je le définis ; il s’agit de quelque chose qui a une qualité de processus, de changement ; ce que je veux avance en se montrant, en se dévoilant, en se construisant.
La foi interne est un acte intentionnel, comme réponse à une nécessité expérimentée comme vitale, de vie ou de mort, ou en d’autres termes, comme une nécessité de futur et de sens. La foi interne ne se réveille pas par pression sociale, ni par éducation, ni même par révélation. Dans tous ces cas, nous ne parvenons qu’à une foi externe qui porte dans ses racines, un certain degré d’imposition, plus ou moins subtil ou grossier. Ce qui est voulu depuis ma foi interne, au lieu de générer de la dépendance ou l’angoisse de la possession, fait rebondir le regard vers l’intériorité et j’expérimente la
reconnaissance de ma propre foi ou de la force interne. 
La foi en soi-même n’est pas affirmation de soi. Elle n’est pas l’exaltation de mes qualités. Elle n’est pas de s’accrocher à une croyance ou à une identité. La foi en soi-même jaillit quand je lâche les amarres de mon identité et que j’accepte que je ne sais pas qui je suis ; alors, à tâtons dans la quiétude de cette nuit d’étoiles immobiles, je sens l’impulsion de ma propre intention. Ce que je suis, "cet autre", ne m’appartient pas et pourtant réside en moi.
Ainsi, la foi interne est une intention de laquelle j’ai une sensation, qui dirige la conscience vers l’autre qui "veut par soi-même" sans que le moi puisse intervenir dans sa décision, et en le faisant,mon intention à son tour s’expérimente elle-même comme une augmentation de la foi interne, comme une reconnaissance de soi et comme la possibilité ouverte au futur.

Foi en la transcendance
Une foi externe dans la transcendance transférera l’expérience ou la possibilité de l’immortel, la volonté de Dieu, d’un autre être spirituel, ou à tout autre type de contenu de conscience. La peur de la mort est toujours coprésente et, dans certaines circonstances, très banales pour d’autres, elle traverse le brouillard qui m’assoupit et pénètre dans la peau tremblante de mon existence. Depuis la foi externe, j’aurai recours à un Être qui est l’objet de ma foi. Je l’invoquerai et je sentirai sa présence, et avec lui j’empêcherai que la peur de la mort sorte de la coprésence, expérimentant ainsi une certaine tranquillité. Par des prières et des répétitions, je forcerai la présence de cet Être, parce qu’en étant occupé à l’invoquer, l’angoisse de la mort diminue. La mort reste hors de l’horizon de mon attention mais perdure dans le champ de la coprésence. Au lieu de diminuer, la peur de la mort augmente sa pression comme réaction à la force que je mets pour empêcher qu’elle entre dans le champ de mon attention. Dans toute erreur ou toute crise, la peur de la mort surgira depuis la coprésence et occupera le centre de la conscience.
Ce n’est pas l’objet de l’acte de foi qui distingue la foi interne de la foi externe. Mais dans un cas, la direction de la conscience est mise vers le contact avec la force intérieure en se détachant de l’objet de foi, en le comprenant comme un échafaudage de la construction spirituelle remplaçable à chaque pas évolutif ; et dans le second cas, dans le cas de la foi externe, on affirme et on exalte l’objet de foi en le considérant comme la cause de la foi. Dans tous les cas, il faut clarifier que même dans le cas de la foi externe, si nous sommes face à une nécessité réelle, qui mobilise des forces instinctives de survie, un déplacement du moi habituel pourrait se produire. La conscience répondra depuis cette condition "inspirée" à la nécessité qui l’a pressionnée. Ceci validera l’objet de la foi externe et renforcera le sentiment que la force intérieure provient de l’extériorité.
Si au contraire, je réveille ma foi interne, j’accepte l'incertitude de ne pas connaître les réponses. Je me laisse posséder par le sentiment de l’ignorance face à des thèmes que jusqu’ici, j’essayais qu’ils ne m’affectent pas, de les chasser rapidement à travers une foi ingénue ; ou parfois, en éradiquant ces pensées par des oraisons ou des répétitions forcées. Absorbé par le doute et l’ignorance, un vertige inhabituel, une angoisse qui m’inquiète et qui reste pour toujours me révèlent que je suis face à une véritable nécessité de mon existence. Alors j’ai recours à ma foi interne.
Renversé vers l’intérieur de moi-même, je me réfugie au-delà de la sensation. Bien qu’il me coûte de l’accepter parce que ça réfute toute pensée antérieure, je sens une force intérieure qui ne s’altère pas face à la confusion intellectuelle, une certaine neutralité émotive qui ne s’agite pas dans le va-etvient du oui et du non de l’angoisse ; je trouve une tranquillité inespérée en moi, que je peux décider d’accepter, ou de le dégrader comme s’il était illusoire. La foi interne s’expérimente en soi-même, et même sans avoir de réponses, je sais que je "sais" et bien que ce soit sans passion, c’est sans peur non plus. Cette présence en moi, même au coeur de la tourmente, est révélatrice d’une force intérieure qui peut m’orienter dans une direction transcendante et de sens. La foi interne ne nie pas l’abîme, la mort ou le néant ; mais elle expérimente en elle-même quelque chose qui lui survit.

La croissance de la foi interne
Nous ne nous apercevons jamais assez de la primauté de l’action pour donner cohérence et unité à la vie. La pensée est importante, le sentiment est important mais leur mobilité et variabilité ne donnent pas consistance jusqu’à ce qu’ils soient fixés dans le monde à travers l’action. C’est l’action qui finalement rapporte dans l’accumulation de la force et de l’unité interne, ou dans la faiblesse et la contradiction.

La foi interne grandit dans la reconnaissance de "l’autre", d’une intention étrangère que je ne peux posséder mais que je peux aimer et rendre digne. Cette intention qui ne m’appartient pas, je peux la reconnaitre dans l’autre être humain près de moi, je peux percevoir une intention évolutive à laquelle je participe, en frôlant le terrain du sacré. Mais cette reconnaissance de "l’autre" s’évanouit immédiatement comme compréhension intellectuelle ou comme émotion touchante à moins qu’à travers l’action nous reconnaissions "l’autre" que je ne possède pas mais que l’action peut révéler.
Ainsi la valeur de l’action est tout d’abord donnée par sa capacité à augmenter la foi interne et l’unité interne et non pas par le fait d’atteindre des objectifs. Les indicateurs externes de l’action ont une importance au moment de l’évaluation et de la réflexion mais ne peuvent supplanter la référence existentielle de la croissance de la paix intérieure, de la force interne et de la joie du futur en soi même et dans le milieu qui m’entoure. En faisant cette inversion de la valeur de l’action, nous expérimentons de la contradiction, de la faiblesse et la foi s’externalise vers l’ingéniosité ou le fanatisme.
Nous en comprenons un peu plus sur la foi interne en la différenciant de la foi externe dans laquelle on croit que l’objet de foi ou la croyance est la cause de la foi. Nous avons traduit la foi interne dans sa modalité de foi en soi-même et de foi dans la transcendance.
La foi peut être réveillée quand se présente à nous la proximité de la mort ou du non-sens; ceci peut arriver par accident, ou parce que consciemment nous nous approchons aimablement de ces pensées, en acceptant l’incertitude et l’angoisse qu’elles nous produisent. La reconnaissance de ma nécessité est aussi reconnaissance de la fragilité, de l’errance dans le non-sens, du futur qui se brise avec la mort. Depuis le contact avec cette nécessité, je prends la décision de réveiller ma foi interne, de sentir ma force intérieure.
Dans cette internalisation, je trouve une force intérieure et un calme que nous appelons foi interne. Cette foi interne, je peux la diriger vers quelque chose de "voulu", d’aimé. Cet "autre" vers lequel je dirige ma foi ne peut être possédé puisqu’il n’est pas ce qu’il est mais qu’il change et se constitue dans la mesure où la foi interne grandit ; et à mesure que ma foi se dépose en lui, la sensation d’elle même s’intensifie. Le contact et la reconnaissance de cette énergie va changer les croyances que j’ai sur la vie, les autres et la transcendance.
En prenant contact avec la sensation de ma force intérieure, j’observe que celle-ci est liée à certaines personnes, à certains projets ou futurs possibles vers lesquels je me dirige. Je peux sentir aussi la force avec laquelle je m’accroche à eux et la peur que je ressens à l’idée que ces personnes m’abandonnent ou que ce futur imaginé ne s’accomplisse pas. Je peux maintenant observer cette dépendance de ma force intérieure à ces futurs possibles. En observant mon appréhension et ma peur, j’entre dans un espace plus interne et plus tranquille, et j’observe ces attachements depuis une certaine neutralité. Cette position interne peut se convertir en une nouvelle référence dont la croissance et le renforcement donnent un sens rénovateur à la vie et orientent l’action vers un destin libérateur.

2018/08/09

Préparez vous

Préparez vous chère ami e s
Préparez vous à pénétrer dans l absurdité total
Préparez vous à observer le non sens
Préparez vous à ressentir la vitalité diffuse
Préparez vous à devoir faire un choix...
Quoi qu'il en soit nous sommes tous responsable de notre devenir et celui de l humain en général.
Soyez rassuré, il n y a pas de bon ou mauvais choix lorsqu'on apprend de ses échecs
Beaucoup ne parviendra pas à voir plus loin que leur propre mort
Beaucoup vont souffrir
Cela n oblige personne à s engager à dépasser notre propre conditionnement
Ça nous rend pas moins responsable...
Alors je continue vers le non sens et cherche toujours à muter pour survivre jusqu'à devenir un mort vivant fataliste
Ou j avance pas à pas échecs après échecs dans la tentative d être de plus en plus cohérent en faisant en sort de pensée ressentir et agir dans la même direction jusqu'à aimer la réalité que je construis quotidiennement.
Je sens cette intention en moi de croissance , cette soif d apprendre et de transcendé ces peurs les plus profonde qui hante ma conscience.
Gracias à celui qui guide ma direction et éveille ma responsabilité
Gracias Silo
                                                                                                                                   Eric  Amato

2018/04/28

À propos de la "naissance de l'Esprit"

"... bien que le surgissement du corps et du double (âme ou psychisme) soit mécanique, la naissance de l’Esprit est intentionnelle. Elle est voulue et dépend du type d’actions réalisées. La première a été de naitre ; dans le premier souffle, il y a la décision de vouloir vivre.

L’être humain est surtout un être intentionnel, une direction vers le futur ouvert, c’est une intention de croissance. Le fonctionnement psychique pour être évolutif et produire le développement spirituel qui est comme une graine, a besoin "d’aliment". Il a besoin de grandir et ne peut se développer que dans une atmosphère de paix, de force et de joie que nous devons créer par nos actes.

Ce sont la souffrance et la contradiction interne qui empêchent le développement spirituel et ce sont les expériences de paix, les actes valables, les expériences avec la Force, qui configurent un "centre interne", un centre de gravité évolutif duquel il est possible d’avoir des indicateurs et qui prédispose à la vraie "naissance spirituelle", car avant, c’était une semence, une graine, une possibilité.

Chaque être humain a cette semence, cette possibilité, mais c’est par le biais d’un acte libre, d’une recherche que la nécessité interne peut se développer.

Et ceci est possible dans la situation "d’échec" puisque tant que nous sommes illusionnés, distraits par d’autres intérêts dans notre vie, le réveil spirituel n’est pas possible et attend son moment."

Eduardo Gonzalo

2018/03/27

Travaux avec le niveau de sommeil dans les écoles de l’éveil - Inde et contreforts de l'Himalaya -

arianeweinberger@gmail.com 
Parcs d’Étude et de Réflexion – La Belle Idée 
Février 2018

INTRODUCTION
Cette étude, délimitée géographiquement à la région indo-tibétaine, a été réalisée d'une part dans l'intérêt global de découvrir les écoles mystiques dans lesquelles le niveau de sommeil faisait partie des travaux d'ascèse, et d'autre part, dans l'intérêt plus personnel de comparer les expériences et conclusions de ces chercheurs spirituels avec nos propres observations dans ce domaine ; observations que nous avons formulées sous forme de « 7 hypothèses » que voici : 
1. Dans le contexte de l'ascèse, les rêves sont des « indicateurs » de notre croissance spirituelle : les rêves psychologiques diminuent et les rêves significatifs augmentent ; 
2. Il est possible et même intéressant de rendre intentionnel le sommeil naturel, en y introduisant direction, réversibilité, lucidité ; 
3. Quand le Dessein est au centre, il envahit tous les niveaux de conscience, même le sommeil ; les rêves deviennent alors des « expériences spirituelles » ; 
4. Quand l'ascèse se prolonge dans le sommeil, les rêves ressemblent à des « pratiques d'ascèse allégorisées » : le « train d'images oniriques » conduit alors au Profond ; 
5. Dans ce cas, la disparition des images/registres ne correspond plus à l'évanouissement de la conscience mais à une « rupture de niveau » (suspension/suppression du moi) : le sommeil végétatif, de vitalité diffuse, se convertit en une expérience d'Éveil ; 
6. Nombre de rêves significatifs sont des traductions postérieures des réminiscences du contact avec le Profond obtenu dans le sommeil ; 
7. Les rêves significatifs méritent d'être étudiés et interprétés pour que leurs significations et enseignements soient pleinement intégrés.
...

CONCLUSION
Cette investigation bibliographique sur les écoles indo-tibétaines de l’Éveil a été réalisée avec un intérêt général — découvrir les mystiques qui incluaient le niveau de sommeil dans leur travail d’ascèse — mais aussi avec un intérêt plus particulier — savoir si ces ascètes avaient abouti à des expériences et conclusions similaires aux nôtres.
Après étude des différentes sources rencontrées, nous pouvons affirmer à présent que nos « hypothèses » développées dans l’Introduction ont été confirmées, bien que de façon inégale selon les écoles. Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire de les reprendre une à une pour en prouver la validité ; en revanche, il nous paraît important de faire ressortir et de commenter les aspects les plus significatifs et inspirants, à nos yeux, pour notre Ascèse.

L’irrévérence mentale
Une caractéristique commune nous frappe chez tous les maîtres spirituels qui ont travaillé avec le sommeil comme voie d’ascèse : ils développent leurs travaux en marge de la religion officielle, ou bien refusent de se soumettre aux règles des ordres monastiques existants, ou encore ils s’inspirent d’éléments doctrinaires et de techniques provenant de plusieurs courants (pas seulement des leurs) pour tracer leur propre chemin.
En effet, les « ascètes de la forêt » de l'Inde ancienne sont des ascètes errants ou des ermites qui pratiquent, étudient et enseignent en marge de la religion établie (le védisme-brahmanisme). Cela vaut pour les mystiques hindous comme pour le jaïniste Mahavira et le Bouddha, les deux vivant à la même époque.
À l’époque médiévale, les shivaïtes tantriques du Cachemire se démarqueront du Shivaïsme classique, tandis que les bouddhistes tantriques de la tradition Vajrayana se distingueront du bouddhisme classique (Hinayana/Theravada) ; et qui plus est, à l’intérieur de la branche Vajrayana, les mystiques Naropa, Marpa, Milarépa et ses successeurs — constituant la lignée Kagyupa — ne seront jamais moines ordonnés comme les yogi des trois autres lignées.
Quant à Swami Satyananda (moine), il se formera auprès de plusieurs maîtres spirituels, intégrant dans son yoga des éléments de différentes traditions (hindouistes-vendantistes mais aussi tantriques et même jungienne). Enfin, si Sri Aurobindo s’inscrit dans la tradition hindouiste, il est avant tout un autodidacte, libre d'appartenance ; d’ailleurs il ne prendra jamais le statut de « renonçant » (sannyasin ou swami), même si, dans les faits, il consacrera sa vie entièrement à la Réalisation spirituelle, renonçant même à la direction de son ashram pour se dédier uniquement à la méditation et à l’écriture pendant les 25 dernières années de sa vie.
En somme, ces mystiques sont tous des esprits particulièrement indépendants, libres, audacieux. Et pour cause : prétendre produire l’éveil depuis le sommeil, n’est-ce pas une irrévérence mentale ?

La double posture
La « double nature » de la conscience — conditionnée et en même temps intentionnelle —, se traduira dans une « double posture » mentale vis-à-vis du phénomène onirique. L’être humain, lorsqu’il croit être réveillé, est en réalité perdu dans ses rêveries, il « rêve ». La nuit, il est perdu dans ses images oniriques, il « dort ». Enfin, dans son sommeil profond végétatif, il est perdu dans la vitalité diffuse, comme « mort ». L'être humain doit transcender la veille, le rêve et le sommeil profond pour réaliser sa nature ultime, passer de l'illusion à la Réalité (Réalisation du Soi). En ce sens, le contenu des rêves n’est pas très important car les images oniriques, aussi inspirées soient-elles, ne sont que les illusions d’une conscience « non totalement illuminée ». Ce qui compte c’est la lucidité dans le sommeil, le maintien de la conscience de soi, se rendre compte que l’on rêve. Aussi s'agit-il d’éluder le sommeil paradoxal avec les rêves pour glisser dans un « entre-deux » (brèche entre la veille et le rêve) ou du moins raccourcir le train d'images oniriques pour entrer le plus rapidement possible dans le sommeil profond sans images et, de là, dans l’Éveil.
Dans le même temps, le sommeil est important parce qu’il offre une voie facile d’immersion en soi: en plongeant dans le sommeil, on coupe naturellement les stimuli des sens externes, pouvant alors explorer le monde intérieur, puis les réalités du plan supérieur, si tel est le dessein. Dans ce cas, les rêves s’avèrent être un « pont » avec ce plan. Le sommeil devient une voie d'illumination dès lors qu’on apprend à éduquer l’attention, à donner direction aux images, à rester en état de liberté intérieure face aux illusions du paysage onirique. Les rêves sont considérés comme des indicateurs précieux de progrès spirituel, et inversement, les avancées de l’ascèse doivent se confirmer dans les rêves. Ce progrès se mesure à leur pouvoir transformateur, à la qualité des images /registres, au degré de lucidité, à la capacité à induire des rêves inspirés et à les diriger vers la Lumière, à s'en souvenir au réveil, à les interpréter correctement pour bénéficier de leur enseignement. Parmi les rêves significatifs, les plus recherchés sont les rêves prémonitoires ou « prophétiques », les rêves partagés (de communication d'espaces), les rêves de conscience inspirée (ravissement, extase, reconnaissance).
Cette double posture n’est pas contradictoire, elle est « paradoxale ». Mais, l’Ascèse, n’est-elle pas pleine de paradoxes ? Équilibrer le moi pour mieux le déstabiliser ; renforcer ses mécanismes pour mieux les réduire au silence. Formuler un Dessein puissant et en même temps renoncer à tous les désirs, même les plus élevés, et, enfin, mourir pour accéder à l’existence…
Et, « le penser paradoxal », ne serait-il pas, justement, l’indicateur d’une forme mentale différente, supérieure, au-delà des dualismes, des oppositions et des contradictions ?

L’ascèse continue
Ce qui est visé, dans toutes les écoles que nous avons étudiées, c’est l’Éveil absolu. Il ne suffit pas d’être un « partiellement illuminé » avec des expériences occasionnelles desquelles on peut retomber dans un état ordinaire. Il s’agit de devenir un « totalement illuminé » dont l’état ne fluctue plus. Cela implique un processus dans lequel le niveau de conscience de soi est consolidé et l’état de conscience inspirée permanent ; où le centre de gravité interne profond s'est substitué à l’ancienne identité. Parvenir à ce changement profond, essentiel, irrévocable, exige une ascèse intégrale et continue ; une ascèse jour et nuit.
Alors, rien d’étonnant à ce que le niveau de sommeil se convertisse en une « ascèse de nuit », additionnellement à l'ascèse du jour. Le Dessein étant au centre de façon permanente, il envahira tous les niveaux de conscience y compris le sommeil, transformant les rêves en expériences mystiques. « Si pour toi le jour et la nuit sont inspirés, tu avances vers une vie éveillée… ».
Mais nos ascètes « fous-furieux » ne se contentent pas de rêves significatifs comme conséquences des pratiques diurnes ; même si les rêves inspirés, mystiques, ne sont plus accidentels à ce stade de l’ascèse puisqu’ils se produisent suite à une prédisposition générale et à une pratique assidue durant la journée. Ces mystiques vont, de surcroît, élaborer des pratiques spécifiques pour la nuit : des procédés plus ou moins complexes selon les écoles, pour rendre intentionnel le sommeil naturel, pour en faire une méditation profonde, une pratique d’ascèse en soi ; ce qui exige, une fois de plus, une attitude mentale « contre-nature » !
Après étude des différentes pratiques yogiques, Eliade conclut : Toutes les techniques yogiques invitent au même geste : faire exactement le contraire de ce que la nature humaine vous force à faire. L'orientation reste toujours la même : réagir contre l'inclination « normale », « profane », en dernier lieu « humaine ». … (Eliade, Yoga – immortalité et liberté, p. 104).
Mais l'ascèse elle-même, n'est-elle pas en soi une entreprise « contre-nature », à commencer par chercher à aller dans le vide au lieu de le fuir… ?
Alors, contrôler le sommeil, en mettant de la réversibilité et de la conscience de soi dans le rêve, et de plus, en produisant l'éveil depuis le sommeil profond, revient à triompher, encore une fois, d’une loi naturelle, à s'affranchir d'un conditionnement de plus, à pousser encore une limite, bref, à amplifier le champ de liberté.
Et, en allant contre-nature, le pratiquant dépassera sa nature humaine et réalisera sa nature véritable : « pleinement humaine » ou si l’on préfère, « divine » !

Domestiquer le sommeil et la mort
Lorsque, nuit après nuit, nous allons dormir et que nous perdons toute notion de nous-mêmes, est ce que nous entrons dans la mort ou dans le Profond ? Le sommeil sert-il à nous préparer à la mort ou à la transcendance ?
Dans l'ère védique, l’attitude vis-à-vis du sommeil est pleine d’appréhensions : le sommeil est considéré comme un état d’affaiblissement par rapport à la veille, pire, il est comparé à la mort — il est le fils de la mort ; de façon similaire, chez les grecs, le dieu du sommeil « Hypnos » et le dieu de la mort « Thanatos » sont frères —. Cette vision est compréhensible puisque dans le sommeil « naturel », la réversibilité de la conscience diminue pendant le cycle paradoxal (rêves) et notre « moi-conscience » s’évanouit totalement pendant le cycle végétatif profond (sans images).
Cela changera au moment où la religion s’intériorisera : les rituels religieux externes céderont aux pratiques d’immersion en soi, d’auto-exploration et d’auto-transformation de la conscience. De même, au lieu de faire appel à la magie pour se protéger contre des rêves néfastes ou pour obtenir des rêves favorables, on étudiera le sommeil et on développera des techniques pour le contrôler.
Des équivalences vont être établies entre « sommeil-méditation-éveil » d’une part et « sommeilmort- transcendance » d’autre part. Le point de jonction étant la conscience de soi ! Sans conscience de soi, pas de centre de gravité interne, et sans centre de gravité interne, pas de transcendance.
La lucidité que le yogi aura développée dans son sommeil, lui servira au moment de sa mort ; car le « bardo post-mortem » ressemble à l’état de rêve — comme cela est amplement développé dans le Bardo-Thödol, Le livre des morts tibétains. Alors, au lieu de se perdre dans son propre labyrinthe, le rêveur (ou le mourant) entraîné à la conscience de soi, saura déjouer les pièges des projections de son mental et rester en état de liberté face aux illusions du paysage onirique ; il saura donner direction à ses images puis il saura les transcender pour se diriger vers la Lumière.
Le pratiquant devra également s’éduquer à distinguer les différents types de lumières et surtout il devra se préparer à supporter la clarté de la Lumière ultime car, dans le cas contraire, il ne pourra pas l'intégrer. En effet, lorsqu’on n’y est pas entraîné, on ne saurait supporter son éblouissement et sa pression : alors le dormeur sera expulsé de son sommeil et se réveilla brusquement. Le mort, quant à lui, s’en éloignera sans accéder à la libération ultime. Comment ne pas faire la relation avec la cérémonie d'Assistance (Le Message de Silo, p. 121) ?
Et, lorsque les rêves ressembleront de plus en plus au parcours du Guide du Chemin Intérieur (Ibid, p. 51) — quasi identique à l’Assistance — pour nous conduire dans la plus belle des Lumières, ou lorsque les rêves seront les traductions postérieures à nos incursions, toujours plus fréquentes, dans la Cité cachée devenue désormais notre nouveau « foyer », nous saurons que nous sommes immortels. Alors chaque nuit sera vécue comme un retour à la Source et chaque nouvelle journée comme une « projection » de ses significations profondes dans le monde. Et lorsque cette mission sera accomplie ici, l'évolution continuera dans les espaces infinis…