2018/09/17

Dario Ergas: Synthèse de l’étude sur la foi

Dario Ergas, Centre d’Études, Parc d’Études et de Réflexion Punta de Vacas, Mars 2017
Traduction en français par Nathalie Douay et Paquita Ortiz

Foi externe
La foi externe est un état psychologique dans lequel on attribue la cause de la force intérieure à un objet de conscience, externe ou interne. La conscience attribue sa cohésion à un objet et renforce  un de ses contenus. La foi externe s’expérimente comme une force intérieure mais qui appartient à l’objet de foi et que c’est lui qui nous la procure. C’est-à-dire que la foi est externe quand on croit que l’objet de foi est la cause de la foi.
La foi externe n’évite pas la peur, au contraire, elle l’augmente dans la coprésence. À chaque crise vitale, elle ressurgira en angoissant la conscience. Pour éviter que la peur ne s’empare de moi, je la submerge de prières ou de tout autre type de répétitions qui maintiennent mon attention en dépendance de l’objet de foi. Mais en faisant cela, en forçant l’attention pour maintenir en présence l’objet de foi, la peur grandit comme un tréfonds de la conscience.

Foi interne
La foi interne est un acte intentionnel, c’est-à-dire que l’acte a sa propre liberté et oriente le psychisme vers ce que l’on aime. La foi interne est, plus précisément, la sensation cénesthésique de cet acte intentionnel qui dirige le psychisme vers quelque chose de "voulu". Nous sommes face à  une qualité assez différente de ce que nous avons l’habitude d’appeler foi, qui en général, se réfère à la foi externe. La foi interne n’est pas un don, ni une grâce mais une énergie vitale que je peux expérimenter et dont je peux disposer pour "charger" des images mentales déterminées et orienter l’action dans une direction voulue.
Cette chose "voulue par moi", dans le cas de la foi interne, renforce l’acte qui la cherche, concentre la force intérieure qui l’imagine, privilégie la commotion interne et non sa "réalité" matérielle ou spirituelle, pas plus que sa possession ou sa concrétisation. La foi interne ne cherche pas à valider l’objet de foi mais à s’expérimenter elle-même en gagnant chaque fois plus en indépendance, autonomie ou liberté vis-à-vis du ou des objets auxquels elle se réfère.
L’acte de foi se réfère à "l’autre", qui est hors de mon contrôle et indépendant de ma volonté. Ce que je veux, "l’autre", n’est pas quelque chose qui "est" puisque son être s’échappe chaque fois que je le définis ; il s’agit de quelque chose qui a une qualité de processus, de changement ; ce que je veux avance en se montrant, en se dévoilant, en se construisant.
La foi interne est un acte intentionnel, comme réponse à une nécessité expérimentée comme vitale, de vie ou de mort, ou en d’autres termes, comme une nécessité de futur et de sens. La foi interne ne se réveille pas par pression sociale, ni par éducation, ni même par révélation. Dans tous ces cas, nous ne parvenons qu’à une foi externe qui porte dans ses racines, un certain degré d’imposition, plus ou moins subtil ou grossier. Ce qui est voulu depuis ma foi interne, au lieu de générer de la dépendance ou l’angoisse de la possession, fait rebondir le regard vers l’intériorité et j’expérimente la
reconnaissance de ma propre foi ou de la force interne. 
La foi en soi-même n’est pas affirmation de soi. Elle n’est pas l’exaltation de mes qualités. Elle n’est pas de s’accrocher à une croyance ou à une identité. La foi en soi-même jaillit quand je lâche les amarres de mon identité et que j’accepte que je ne sais pas qui je suis ; alors, à tâtons dans la quiétude de cette nuit d’étoiles immobiles, je sens l’impulsion de ma propre intention. Ce que je suis, "cet autre", ne m’appartient pas et pourtant réside en moi.
Ainsi, la foi interne est une intention de laquelle j’ai une sensation, qui dirige la conscience vers l’autre qui "veut par soi-même" sans que le moi puisse intervenir dans sa décision, et en le faisant,mon intention à son tour s’expérimente elle-même comme une augmentation de la foi interne, comme une reconnaissance de soi et comme la possibilité ouverte au futur.

Foi en la transcendance
Une foi externe dans la transcendance transférera l’expérience ou la possibilité de l’immortel, la volonté de Dieu, d’un autre être spirituel, ou à tout autre type de contenu de conscience. La peur de la mort est toujours coprésente et, dans certaines circonstances, très banales pour d’autres, elle traverse le brouillard qui m’assoupit et pénètre dans la peau tremblante de mon existence. Depuis la foi externe, j’aurai recours à un Être qui est l’objet de ma foi. Je l’invoquerai et je sentirai sa présence, et avec lui j’empêcherai que la peur de la mort sorte de la coprésence, expérimentant ainsi une certaine tranquillité. Par des prières et des répétitions, je forcerai la présence de cet Être, parce qu’en étant occupé à l’invoquer, l’angoisse de la mort diminue. La mort reste hors de l’horizon de mon attention mais perdure dans le champ de la coprésence. Au lieu de diminuer, la peur de la mort augmente sa pression comme réaction à la force que je mets pour empêcher qu’elle entre dans le champ de mon attention. Dans toute erreur ou toute crise, la peur de la mort surgira depuis la coprésence et occupera le centre de la conscience.
Ce n’est pas l’objet de l’acte de foi qui distingue la foi interne de la foi externe. Mais dans un cas, la direction de la conscience est mise vers le contact avec la force intérieure en se détachant de l’objet de foi, en le comprenant comme un échafaudage de la construction spirituelle remplaçable à chaque pas évolutif ; et dans le second cas, dans le cas de la foi externe, on affirme et on exalte l’objet de foi en le considérant comme la cause de la foi. Dans tous les cas, il faut clarifier que même dans le cas de la foi externe, si nous sommes face à une nécessité réelle, qui mobilise des forces instinctives de survie, un déplacement du moi habituel pourrait se produire. La conscience répondra depuis cette condition "inspirée" à la nécessité qui l’a pressionnée. Ceci validera l’objet de la foi externe et renforcera le sentiment que la force intérieure provient de l’extériorité.
Si au contraire, je réveille ma foi interne, j’accepte l'incertitude de ne pas connaître les réponses. Je me laisse posséder par le sentiment de l’ignorance face à des thèmes que jusqu’ici, j’essayais qu’ils ne m’affectent pas, de les chasser rapidement à travers une foi ingénue ; ou parfois, en éradiquant ces pensées par des oraisons ou des répétitions forcées. Absorbé par le doute et l’ignorance, un vertige inhabituel, une angoisse qui m’inquiète et qui reste pour toujours me révèlent que je suis face à une véritable nécessité de mon existence. Alors j’ai recours à ma foi interne.
Renversé vers l’intérieur de moi-même, je me réfugie au-delà de la sensation. Bien qu’il me coûte de l’accepter parce que ça réfute toute pensée antérieure, je sens une force intérieure qui ne s’altère pas face à la confusion intellectuelle, une certaine neutralité émotive qui ne s’agite pas dans le va-etvient du oui et du non de l’angoisse ; je trouve une tranquillité inespérée en moi, que je peux décider d’accepter, ou de le dégrader comme s’il était illusoire. La foi interne s’expérimente en soi-même, et même sans avoir de réponses, je sais que je "sais" et bien que ce soit sans passion, c’est sans peur non plus. Cette présence en moi, même au coeur de la tourmente, est révélatrice d’une force intérieure qui peut m’orienter dans une direction transcendante et de sens. La foi interne ne nie pas l’abîme, la mort ou le néant ; mais elle expérimente en elle-même quelque chose qui lui survit.

La croissance de la foi interne
Nous ne nous apercevons jamais assez de la primauté de l’action pour donner cohérence et unité à la vie. La pensée est importante, le sentiment est important mais leur mobilité et variabilité ne donnent pas consistance jusqu’à ce qu’ils soient fixés dans le monde à travers l’action. C’est l’action qui finalement rapporte dans l’accumulation de la force et de l’unité interne, ou dans la faiblesse et la contradiction.

La foi interne grandit dans la reconnaissance de "l’autre", d’une intention étrangère que je ne peux posséder mais que je peux aimer et rendre digne. Cette intention qui ne m’appartient pas, je peux la reconnaitre dans l’autre être humain près de moi, je peux percevoir une intention évolutive à laquelle je participe, en frôlant le terrain du sacré. Mais cette reconnaissance de "l’autre" s’évanouit immédiatement comme compréhension intellectuelle ou comme émotion touchante à moins qu’à travers l’action nous reconnaissions "l’autre" que je ne possède pas mais que l’action peut révéler.
Ainsi la valeur de l’action est tout d’abord donnée par sa capacité à augmenter la foi interne et l’unité interne et non pas par le fait d’atteindre des objectifs. Les indicateurs externes de l’action ont une importance au moment de l’évaluation et de la réflexion mais ne peuvent supplanter la référence existentielle de la croissance de la paix intérieure, de la force interne et de la joie du futur en soi même et dans le milieu qui m’entoure. En faisant cette inversion de la valeur de l’action, nous expérimentons de la contradiction, de la faiblesse et la foi s’externalise vers l’ingéniosité ou le fanatisme.
Nous en comprenons un peu plus sur la foi interne en la différenciant de la foi externe dans laquelle on croit que l’objet de foi ou la croyance est la cause de la foi. Nous avons traduit la foi interne dans sa modalité de foi en soi-même et de foi dans la transcendance.
La foi peut être réveillée quand se présente à nous la proximité de la mort ou du non-sens; ceci peut arriver par accident, ou parce que consciemment nous nous approchons aimablement de ces pensées, en acceptant l’incertitude et l’angoisse qu’elles nous produisent. La reconnaissance de ma nécessité est aussi reconnaissance de la fragilité, de l’errance dans le non-sens, du futur qui se brise avec la mort. Depuis le contact avec cette nécessité, je prends la décision de réveiller ma foi interne, de sentir ma force intérieure.
Dans cette internalisation, je trouve une force intérieure et un calme que nous appelons foi interne. Cette foi interne, je peux la diriger vers quelque chose de "voulu", d’aimé. Cet "autre" vers lequel je dirige ma foi ne peut être possédé puisqu’il n’est pas ce qu’il est mais qu’il change et se constitue dans la mesure où la foi interne grandit ; et à mesure que ma foi se dépose en lui, la sensation d’elle même s’intensifie. Le contact et la reconnaissance de cette énergie va changer les croyances que j’ai sur la vie, les autres et la transcendance.
En prenant contact avec la sensation de ma force intérieure, j’observe que celle-ci est liée à certaines personnes, à certains projets ou futurs possibles vers lesquels je me dirige. Je peux sentir aussi la force avec laquelle je m’accroche à eux et la peur que je ressens à l’idée que ces personnes m’abandonnent ou que ce futur imaginé ne s’accomplisse pas. Je peux maintenant observer cette dépendance de ma force intérieure à ces futurs possibles. En observant mon appréhension et ma peur, j’entre dans un espace plus interne et plus tranquille, et j’observe ces attachements depuis une certaine neutralité. Cette position interne peut se convertir en une nouvelle référence dont la croissance et le renforcement donnent un sens rénovateur à la vie et orientent l’action vers un destin libérateur.

2018/08/09

Préparez vous

Préparez vous chère ami e s
Préparez vous à pénétrer dans l absurdité total
Préparez vous à observer le non sens
Préparez vous à ressentir la vitalité diffuse
Préparez vous à devoir faire un choix...
Quoi qu'il en soit nous sommes tous responsable de notre devenir et celui de l humain en général.
Soyez rassuré, il n y a pas de bon ou mauvais choix lorsqu'on apprend de ses échecs
Beaucoup ne parviendra pas à voir plus loin que leur propre mort
Beaucoup vont souffrir
Cela n oblige personne à s engager à dépasser notre propre conditionnement
Ça nous rend pas moins responsable...
Alors je continue vers le non sens et cherche toujours à muter pour survivre jusqu'à devenir un mort vivant fataliste
Ou j avance pas à pas échecs après échecs dans la tentative d être de plus en plus cohérent en faisant en sort de pensée ressentir et agir dans la même direction jusqu'à aimer la réalité que je construis quotidiennement.
Je sens cette intention en moi de croissance , cette soif d apprendre et de transcendé ces peurs les plus profonde qui hante ma conscience.
Gracias à celui qui guide ma direction et éveille ma responsabilité
Gracias Silo
                                                                                                                                   Eric  Amato

2018/04/28

À propos de la "naissance de l'Esprit"

"... bien que le surgissement du corps et du double (âme ou psychisme) soit mécanique, la naissance de l’Esprit est intentionnelle. Elle est voulue et dépend du type d’actions réalisées. La première a été de naitre ; dans le premier souffle, il y a la décision de vouloir vivre.

L’être humain est surtout un être intentionnel, une direction vers le futur ouvert, c’est une intention de croissance. Le fonctionnement psychique pour être évolutif et produire le développement spirituel qui est comme une graine, a besoin "d’aliment". Il a besoin de grandir et ne peut se développer que dans une atmosphère de paix, de force et de joie que nous devons créer par nos actes.

Ce sont la souffrance et la contradiction interne qui empêchent le développement spirituel et ce sont les expériences de paix, les actes valables, les expériences avec la Force, qui configurent un "centre interne", un centre de gravité évolutif duquel il est possible d’avoir des indicateurs et qui prédispose à la vraie "naissance spirituelle", car avant, c’était une semence, une graine, une possibilité.

Chaque être humain a cette semence, cette possibilité, mais c’est par le biais d’un acte libre, d’une recherche que la nécessité interne peut se développer.

Et ceci est possible dans la situation "d’échec" puisque tant que nous sommes illusionnés, distraits par d’autres intérêts dans notre vie, le réveil spirituel n’est pas possible et attend son moment."

Eduardo Gonzalo

2018/03/27

Travaux avec le niveau de sommeil dans les écoles de l’éveil - Inde et contreforts de l'Himalaya -

arianeweinberger@gmail.com 
Parcs d’Étude et de Réflexion – La Belle Idée 
Février 2018

INTRODUCTION
Cette étude, délimitée géographiquement à la région indo-tibétaine, a été réalisée d'une part dans l'intérêt global de découvrir les écoles mystiques dans lesquelles le niveau de sommeil faisait partie des travaux d'ascèse, et d'autre part, dans l'intérêt plus personnel de comparer les expériences et conclusions de ces chercheurs spirituels avec nos propres observations dans ce domaine ; observations que nous avons formulées sous forme de « 7 hypothèses » que voici : 
1. Dans le contexte de l'ascèse, les rêves sont des « indicateurs » de notre croissance spirituelle : les rêves psychologiques diminuent et les rêves significatifs augmentent ; 
2. Il est possible et même intéressant de rendre intentionnel le sommeil naturel, en y introduisant direction, réversibilité, lucidité ; 
3. Quand le Dessein est au centre, il envahit tous les niveaux de conscience, même le sommeil ; les rêves deviennent alors des « expériences spirituelles » ; 
4. Quand l'ascèse se prolonge dans le sommeil, les rêves ressemblent à des « pratiques d'ascèse allégorisées » : le « train d'images oniriques » conduit alors au Profond ; 
5. Dans ce cas, la disparition des images/registres ne correspond plus à l'évanouissement de la conscience mais à une « rupture de niveau » (suspension/suppression du moi) : le sommeil végétatif, de vitalité diffuse, se convertit en une expérience d'Éveil ; 
6. Nombre de rêves significatifs sont des traductions postérieures des réminiscences du contact avec le Profond obtenu dans le sommeil ; 
7. Les rêves significatifs méritent d'être étudiés et interprétés pour que leurs significations et enseignements soient pleinement intégrés.
...

CONCLUSION
Cette investigation bibliographique sur les écoles indo-tibétaines de l’Éveil a été réalisée avec un intérêt général — découvrir les mystiques qui incluaient le niveau de sommeil dans leur travail d’ascèse — mais aussi avec un intérêt plus particulier — savoir si ces ascètes avaient abouti à des expériences et conclusions similaires aux nôtres.
Après étude des différentes sources rencontrées, nous pouvons affirmer à présent que nos « hypothèses » développées dans l’Introduction ont été confirmées, bien que de façon inégale selon les écoles. Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire de les reprendre une à une pour en prouver la validité ; en revanche, il nous paraît important de faire ressortir et de commenter les aspects les plus significatifs et inspirants, à nos yeux, pour notre Ascèse.

L’irrévérence mentale
Une caractéristique commune nous frappe chez tous les maîtres spirituels qui ont travaillé avec le sommeil comme voie d’ascèse : ils développent leurs travaux en marge de la religion officielle, ou bien refusent de se soumettre aux règles des ordres monastiques existants, ou encore ils s’inspirent d’éléments doctrinaires et de techniques provenant de plusieurs courants (pas seulement des leurs) pour tracer leur propre chemin.
En effet, les « ascètes de la forêt » de l'Inde ancienne sont des ascètes errants ou des ermites qui pratiquent, étudient et enseignent en marge de la religion établie (le védisme-brahmanisme). Cela vaut pour les mystiques hindous comme pour le jaïniste Mahavira et le Bouddha, les deux vivant à la même époque.
À l’époque médiévale, les shivaïtes tantriques du Cachemire se démarqueront du Shivaïsme classique, tandis que les bouddhistes tantriques de la tradition Vajrayana se distingueront du bouddhisme classique (Hinayana/Theravada) ; et qui plus est, à l’intérieur de la branche Vajrayana, les mystiques Naropa, Marpa, Milarépa et ses successeurs — constituant la lignée Kagyupa — ne seront jamais moines ordonnés comme les yogi des trois autres lignées.
Quant à Swami Satyananda (moine), il se formera auprès de plusieurs maîtres spirituels, intégrant dans son yoga des éléments de différentes traditions (hindouistes-vendantistes mais aussi tantriques et même jungienne). Enfin, si Sri Aurobindo s’inscrit dans la tradition hindouiste, il est avant tout un autodidacte, libre d'appartenance ; d’ailleurs il ne prendra jamais le statut de « renonçant » (sannyasin ou swami), même si, dans les faits, il consacrera sa vie entièrement à la Réalisation spirituelle, renonçant même à la direction de son ashram pour se dédier uniquement à la méditation et à l’écriture pendant les 25 dernières années de sa vie.
En somme, ces mystiques sont tous des esprits particulièrement indépendants, libres, audacieux. Et pour cause : prétendre produire l’éveil depuis le sommeil, n’est-ce pas une irrévérence mentale ?

La double posture
La « double nature » de la conscience — conditionnée et en même temps intentionnelle —, se traduira dans une « double posture » mentale vis-à-vis du phénomène onirique. L’être humain, lorsqu’il croit être réveillé, est en réalité perdu dans ses rêveries, il « rêve ». La nuit, il est perdu dans ses images oniriques, il « dort ». Enfin, dans son sommeil profond végétatif, il est perdu dans la vitalité diffuse, comme « mort ». L'être humain doit transcender la veille, le rêve et le sommeil profond pour réaliser sa nature ultime, passer de l'illusion à la Réalité (Réalisation du Soi). En ce sens, le contenu des rêves n’est pas très important car les images oniriques, aussi inspirées soient-elles, ne sont que les illusions d’une conscience « non totalement illuminée ». Ce qui compte c’est la lucidité dans le sommeil, le maintien de la conscience de soi, se rendre compte que l’on rêve. Aussi s'agit-il d’éluder le sommeil paradoxal avec les rêves pour glisser dans un « entre-deux » (brèche entre la veille et le rêve) ou du moins raccourcir le train d'images oniriques pour entrer le plus rapidement possible dans le sommeil profond sans images et, de là, dans l’Éveil.
Dans le même temps, le sommeil est important parce qu’il offre une voie facile d’immersion en soi: en plongeant dans le sommeil, on coupe naturellement les stimuli des sens externes, pouvant alors explorer le monde intérieur, puis les réalités du plan supérieur, si tel est le dessein. Dans ce cas, les rêves s’avèrent être un « pont » avec ce plan. Le sommeil devient une voie d'illumination dès lors qu’on apprend à éduquer l’attention, à donner direction aux images, à rester en état de liberté intérieure face aux illusions du paysage onirique. Les rêves sont considérés comme des indicateurs précieux de progrès spirituel, et inversement, les avancées de l’ascèse doivent se confirmer dans les rêves. Ce progrès se mesure à leur pouvoir transformateur, à la qualité des images /registres, au degré de lucidité, à la capacité à induire des rêves inspirés et à les diriger vers la Lumière, à s'en souvenir au réveil, à les interpréter correctement pour bénéficier de leur enseignement. Parmi les rêves significatifs, les plus recherchés sont les rêves prémonitoires ou « prophétiques », les rêves partagés (de communication d'espaces), les rêves de conscience inspirée (ravissement, extase, reconnaissance).
Cette double posture n’est pas contradictoire, elle est « paradoxale ». Mais, l’Ascèse, n’est-elle pas pleine de paradoxes ? Équilibrer le moi pour mieux le déstabiliser ; renforcer ses mécanismes pour mieux les réduire au silence. Formuler un Dessein puissant et en même temps renoncer à tous les désirs, même les plus élevés, et, enfin, mourir pour accéder à l’existence…
Et, « le penser paradoxal », ne serait-il pas, justement, l’indicateur d’une forme mentale différente, supérieure, au-delà des dualismes, des oppositions et des contradictions ?

L’ascèse continue
Ce qui est visé, dans toutes les écoles que nous avons étudiées, c’est l’Éveil absolu. Il ne suffit pas d’être un « partiellement illuminé » avec des expériences occasionnelles desquelles on peut retomber dans un état ordinaire. Il s’agit de devenir un « totalement illuminé » dont l’état ne fluctue plus. Cela implique un processus dans lequel le niveau de conscience de soi est consolidé et l’état de conscience inspirée permanent ; où le centre de gravité interne profond s'est substitué à l’ancienne identité. Parvenir à ce changement profond, essentiel, irrévocable, exige une ascèse intégrale et continue ; une ascèse jour et nuit.
Alors, rien d’étonnant à ce que le niveau de sommeil se convertisse en une « ascèse de nuit », additionnellement à l'ascèse du jour. Le Dessein étant au centre de façon permanente, il envahira tous les niveaux de conscience y compris le sommeil, transformant les rêves en expériences mystiques. « Si pour toi le jour et la nuit sont inspirés, tu avances vers une vie éveillée… ».
Mais nos ascètes « fous-furieux » ne se contentent pas de rêves significatifs comme conséquences des pratiques diurnes ; même si les rêves inspirés, mystiques, ne sont plus accidentels à ce stade de l’ascèse puisqu’ils se produisent suite à une prédisposition générale et à une pratique assidue durant la journée. Ces mystiques vont, de surcroît, élaborer des pratiques spécifiques pour la nuit : des procédés plus ou moins complexes selon les écoles, pour rendre intentionnel le sommeil naturel, pour en faire une méditation profonde, une pratique d’ascèse en soi ; ce qui exige, une fois de plus, une attitude mentale « contre-nature » !
Après étude des différentes pratiques yogiques, Eliade conclut : Toutes les techniques yogiques invitent au même geste : faire exactement le contraire de ce que la nature humaine vous force à faire. L'orientation reste toujours la même : réagir contre l'inclination « normale », « profane », en dernier lieu « humaine ». … (Eliade, Yoga – immortalité et liberté, p. 104).
Mais l'ascèse elle-même, n'est-elle pas en soi une entreprise « contre-nature », à commencer par chercher à aller dans le vide au lieu de le fuir… ?
Alors, contrôler le sommeil, en mettant de la réversibilité et de la conscience de soi dans le rêve, et de plus, en produisant l'éveil depuis le sommeil profond, revient à triompher, encore une fois, d’une loi naturelle, à s'affranchir d'un conditionnement de plus, à pousser encore une limite, bref, à amplifier le champ de liberté.
Et, en allant contre-nature, le pratiquant dépassera sa nature humaine et réalisera sa nature véritable : « pleinement humaine » ou si l’on préfère, « divine » !

Domestiquer le sommeil et la mort
Lorsque, nuit après nuit, nous allons dormir et que nous perdons toute notion de nous-mêmes, est ce que nous entrons dans la mort ou dans le Profond ? Le sommeil sert-il à nous préparer à la mort ou à la transcendance ?
Dans l'ère védique, l’attitude vis-à-vis du sommeil est pleine d’appréhensions : le sommeil est considéré comme un état d’affaiblissement par rapport à la veille, pire, il est comparé à la mort — il est le fils de la mort ; de façon similaire, chez les grecs, le dieu du sommeil « Hypnos » et le dieu de la mort « Thanatos » sont frères —. Cette vision est compréhensible puisque dans le sommeil « naturel », la réversibilité de la conscience diminue pendant le cycle paradoxal (rêves) et notre « moi-conscience » s’évanouit totalement pendant le cycle végétatif profond (sans images).
Cela changera au moment où la religion s’intériorisera : les rituels religieux externes céderont aux pratiques d’immersion en soi, d’auto-exploration et d’auto-transformation de la conscience. De même, au lieu de faire appel à la magie pour se protéger contre des rêves néfastes ou pour obtenir des rêves favorables, on étudiera le sommeil et on développera des techniques pour le contrôler.
Des équivalences vont être établies entre « sommeil-méditation-éveil » d’une part et « sommeilmort- transcendance » d’autre part. Le point de jonction étant la conscience de soi ! Sans conscience de soi, pas de centre de gravité interne, et sans centre de gravité interne, pas de transcendance.
La lucidité que le yogi aura développée dans son sommeil, lui servira au moment de sa mort ; car le « bardo post-mortem » ressemble à l’état de rêve — comme cela est amplement développé dans le Bardo-Thödol, Le livre des morts tibétains. Alors, au lieu de se perdre dans son propre labyrinthe, le rêveur (ou le mourant) entraîné à la conscience de soi, saura déjouer les pièges des projections de son mental et rester en état de liberté face aux illusions du paysage onirique ; il saura donner direction à ses images puis il saura les transcender pour se diriger vers la Lumière.
Le pratiquant devra également s’éduquer à distinguer les différents types de lumières et surtout il devra se préparer à supporter la clarté de la Lumière ultime car, dans le cas contraire, il ne pourra pas l'intégrer. En effet, lorsqu’on n’y est pas entraîné, on ne saurait supporter son éblouissement et sa pression : alors le dormeur sera expulsé de son sommeil et se réveilla brusquement. Le mort, quant à lui, s’en éloignera sans accéder à la libération ultime. Comment ne pas faire la relation avec la cérémonie d'Assistance (Le Message de Silo, p. 121) ?
Et, lorsque les rêves ressembleront de plus en plus au parcours du Guide du Chemin Intérieur (Ibid, p. 51) — quasi identique à l’Assistance — pour nous conduire dans la plus belle des Lumières, ou lorsque les rêves seront les traductions postérieures à nos incursions, toujours plus fréquentes, dans la Cité cachée devenue désormais notre nouveau « foyer », nous saurons que nous sommes immortels. Alors chaque nuit sera vécue comme un retour à la Source et chaque nouvelle journée comme une « projection » de ses significations profondes dans le monde. Et lorsque cette mission sera accomplie ici, l'évolution continuera dans les espaces infinis…

2018/03/19

La mort - La fonction oppressive du système


Le système enchaîne vers la mort. 

Chaque mort, pour le Système, est une joie car c'est un combattant de moins. Mais il n'est pas nécessaire de se référer à la mort physique, qui n'est rien d'autre que l'achèvement du court cycle de vie. Il existe d'autres types de décès, qui se produisent dans la vie. La fin de la concrétion possible des idéaux, ou la fin des longs désirs, de la saisie des vérités irréfutables, c’est aussi mourir. Sans oublier que pour beaucoup, la mort signifie la dernière fuite, la dernière évasion, l'abolition des tourments. 

Le Système propose deux pièges, et dit: «Au-delà de la mort, il n'y a rien, ou d'avant la naissance, vous avez déjà une âme, auquel cas vous devrez la garder en bon état», c'est-à-dire faire ce que le Système dicte - afin qu'il puisse alors "boire de l'éternité". En outre, ce sujet est si caché que tout ce qui est dit offenserait sérieusement. 

Il est clair qu'il peut pas y avoir une modification si vous pensez dans cette direction. 

La mort est le corrélat de la violence. Plus il y a de violence, plus la mort sera proche. 

Pourquoi y a-t-il tellement de violence aujourd'hui? Est-ce que personne ne peut se débarrasser de cette peur, de cette incertitude qui peut être une justification magnifique pour dire: «pourquoi faire quelque chose, si je peux mourir demain, et si je ne suis pas là pour le voir? 

Mais si la tâche d'assumer l'existence est entreprise, ne pas en mettant à plus tard; de faire avancer un jeune vitalisme puissant, de maintenir la volonté d'être, où finissent les peurs et les angoisses face à la mort? Si soudainement vous commencez à créer un monde parallèle, un intramonde à l'intérieur du monde en déclin, une "âme" flagrante dans les corps vides; Que reste-t-il de cette incertitude écrasante face à l'évidence de la brièveté de la vie, quand chaque moment peut être transcendant de la décadence ordinaire? 

La peur de la mort chez un jeune homme est apparemment inexplicable, mais intérieurement elle est comprise. Il y a de la peur et de l'angoisse parce qu'il y a de la vacuité, parce que tout ce qui était debout est tombé; les mythes sont tombés, la foi, Dieu est morte. La signification du langage a décliné, il n'y a pas de coïncidences, il n'y a rien de commun; Il y a un vide, une solitude, un désert qui offre parfois un mirage. C'est pourquoi il y a des jeunes qui ont perdu leur vitalité et se promènent dans des villes pleines de reflets, de lumières étranges. C'est pourquoi ce jeune homme s'inquiète de la mort. Mais ne vous laissez pas berner, ce n'est pas la vie au-delà de la mort qui vous inquiète, mais la vie plus ici de la mort, la vie que vous pensez avoir pour votre corps, mais que vous n'avez pas dans votre âme. désillusionné et donc malade et faible. Cet homme, à ce stade, est invité à créer quelque chose de sincère et de réel, pas pour demain mais pour aujourd'hui. Tout de suite! 

Il doit d'abord reprendre les quelques forces restantes, commencer par l'espoir et la peur d'échouer, car il l'a connu de nombreuses fois et il est déjà fatigué, fatigué de la tromperie et des mensonges. Ce jeune homme veut une âme, une âme nouvelle et flamboyante, construite avec son propre effort et avec l'aide de ses semblables, cette âme dont il a entendu parler mais dont il n'a aucune idée. Mais supposons que l'âme soit ce qui donne la cohérence et la sagesse, qui donne le pouvoir et la force, qui est individuel et à son tour le centre de l'Univers, qui appartient à l'esprit immortel de l'homme. Pour cette âme, le soleil se lèvera, car pour cette âme nous allons travailler dès l'aube. Tout le reste viendra à cette âme. 

2018/03/04

Notes d'une conversation sur la mort avec Salva à Milan.

(Nous avons omis les noms complets des personnes qui y figurent et laissons le contenu de ce document à qui il peut servir).

"Les morts continuent à vivre, mais dans un autre monde, dans le monde intermédiaire, qui est un monde psychique, ce n'est pas dans un endroit éloigné, c'est ici, c'est comme une autre dimension, il y a des mondes infinis, c'est un monde complexe. plus complexe que le nôtre, avec sa flore et sa faune aussi. Les morts sont là, et (si j'ai bien compris) il y a d'autres entités intentionnelles (seront-elles les dieux? Je ne sais pas).

Au moment de la mort il n'y a pas de douleur, mais c'est un moment délicat car le défunt est confus, il ne sait pas s'il est à l'intérieur du corps (comme cela lui paraît normal, car c’était l’habituel pour lui) ou dehors et il ne sait pas très bien où aller.

Plusieurs fois, la personne morte reste proche du corps (et c'est pourquoi dans toutes les cultures il y a le soin des corps des morts, ils ne sont pas jetés, ils reçoivent beaucoup d'attention). Il est aussi désorienté.

Le transit peut être facile ou difficile et cela dépend de l'état dans lequel la personne était au moment de sa mort. Voilà pourquoi N. a écrit que mourir au bon moment peut être une explosion bénie.

Les morts, quand quelqu'un les voit dans leur monde, "marchent". C'est une image configurée par le vivant, qui ne correspond probablement pas à la réalité mais qui est une configuration faite par ceux qui regardent et ne peuvent pas représenter l'autre monde tel qu'il est, ils doivent le représenter selon des éléments d'espace et de temps qui correspondent à son expérience dans ce monde. Il semble que cette image signifie que les morts sont dans un processus.

Les morts communiquent avec les vivants et les meilleurs moments pour le faire sont le rêve et les travaux transférentiels. Le contact est basé sur un lien émotionnel, c'est-à-dire entre les êtres chers.

Ce n'est pas pratique de chercher ce contact, pour ne pas déranger, mais parfois c'est parce que les deux veulent l'avoir.

La première chose que Salva m’a demandé, c'était si quelqu'un avait rêvé d'Anna, la fille qui est morte. Je lui ai dit non, mais qu’A.P. l'avait vue dans un travail de transfert deux jours après sa mort. Elle était dans la lumière, très heureuse, et a dit: "Je suis déjà arrivé ici et je vous attends, ce n'était pas un rayon, c'était un pont". Je l'ai vu moi-même, la nuit de l'accident; Je ne dormais pas, mais j'étais dans un état totalement altéré, pleurant, quand elle m'apparut, elle rit et dit: "Ne pleure pas, Gio, je vais bien!" Je n'avais pas donné beaucoup d'importance à cette chose, pensant que c'était une de mes projections pour me compenser dans un moment de désespoir total; mais Salva l’a consideré comme un contact (et N. aussi, parce qu'il a écrit hier):

"Cher Salva,
Excellente votre intervention à Milan. Je pense que cela a été très utile. Je pensais que votre explication était très appropriée et j'ai été frappé par le transfert d’A.P et le demi-sommeil de Gio.
Les événements psychologiques qui ont entouré cet événement malheureux ont servi (et je crois qu'il servira) à beaucoup de gens à mettre leur tête dans une dimension plus intéressante que le quotidien.
Merci beaucoup, Salva, et un gros câlin.
Mario. "

Salva a également donné de l'importance à d'autres signes, tels que par exemple. Le baladeur de la sœur d'Anna qui est partie seule deux fois.

Une autre fille nous est arrivée: elle conduisait, énervée, et soudainement elle a perdu sa vision de la rue et Anna est apparue heureuse, en disant: "Avez-vous vu ce que j'ai fait?" Salva pleurait de rire ... il disait qu'Anna avait quelque chose de particulier ...

Disons que Salva a bien apprécié toutes les choses qui se sont passées, en tant que contacts qu'elle a faits. Dans le travail de transfert*, ils ont parfois contacté des proches morts et une fois ils ont dit : "Nous sommes en vie, notre problème est que nous ne pouvons pas vous faire croire."

Nous avons trois corps. Le corps physique, un autre corps avec qui nous prenons contact pendant l'expérience de la force (le double) et un autre qui peut être appelé l'esprit. Quand le corps physique meurt, le double vit encore et ce double prend le troisième corps. Au cours du processus successif, l'esprit est libéré et arrive à la cité cachée. "La guide du chemin intérieur" explique ce processus. Il semble que tous n’arrivent pas à libérer l'esprit. Il semble que cela dépend de l'unité interne. Ensuite, l'unité interne détermine les possibilités de développement après la mort. Salva m'a dit que la plupart des gens parviennent à atteindre le monde du milieu, mais pas tous arrivent plus tard dans la ville cachée. Cela parce que le double, qui contient, ou protège, ou porte (je ne sais pas) le troisième corps, peut être fort ou faible et cela dépend de l'unité intérieure. Si cette unité est faible, ce troisième corps se désarme avant que l'esprit soit prêt à se libérer. Il ne nous a pas dit ce qui arrive aux doubles faibles qui se dissolvent sans avoir pu contenir l'esprit jusqu'à son départ; Il a seulement dit que rien de mal ne leur arrivait.

Mais maintenant je comprends pourquoi nous devons aider les gens à mourir dans l'unité. Avant je pensais que c'était d’essayer qu’ils transcendassent ; maintenant je crois que c'est pour aider le transit et aussi pour aider son développement futur. Et je comprends aussi pourquoi nous devons vivre dans l'unité intérieure ...

Salva a beaucoup parlé de la culture actuelle. Il a dit que le christianisme a déjà échoué, non parce que son enseignement est mauvais mais parce qu'il utilise des allégories anciennes qui ne vont plus dans cette société technologique.

Donc, les gens sont laissés sans une direction ascendante et ne conservent que la direction descendante (d'où tous les films de zombies, de Dracula, qui sont des allégories de ce qui se passe après la mort sans avoir de l'option ascendante ou, en tout cas, des allégories de désespoir face au manque d'une autre direction). La mode sombre est à l'intérieur de ce même phénomène.

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* Voir Silo, Notes de psychologie, Psychologie III. Chapitre 1. Catharsis, transferts et auto-tranferts, http://silo.net/en/collected_works/index

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Sur ce sujet, voir aussi:
a- La mort est l'illusion maximale
b- Sur la transcendance dans la vie

2018/03/03

Sur la foi et le registre de la Force

L'importance réelle de détruire les contradictions internes me convainquit.
L'importance réelle de (manier la Force pour) atteindre unité et continuité m'emplit d'un sens joyeux.
(Le Message de Silo, Chapitre X, Évidence du Sens)

Demande avec force pour t’éloigner de ce qui t’apporte contradiction, demande que ta vie soit unitive.
[…] Alors, à mesure que le temps passe, tu comprendras que le plus important est d'atteindre une vie d'unité intérieure qui fructifiera quand ce que tu penses, ce que tu sens et ce que tu fais, ira dans la même direction. La vie croît par son unité intérieure et se désintègre par la contradiction.
(La Demande, Inauguration de la Salle du Parc La Reja, 7 mai 2005)

Mais comment garder la permanence dans la répétition inlassable de cette Demande lorsqu’on ressent tant d’urgence ? Nous pouvons parler de la Force comme une expérience que l’on fait, comme résultat d’une technique, comme résultant de conditions spéciales et ce serait une façon de la voir. Mais ce peut être aussi un registre, qui commence à apparaître avec une certaine fréquence jusqu’à devenir plus constant et croissant.
Ceci dépend de la Foi. Et la Foi dépend de maintenir ta ligne d’action dans une direction, même si tu déprimes, si tu te sens faible, ou si tu te sens sans énergie, tu y vas à fond dans cette direction. Alors, surgit un phénomène que l’on connait comme la foi intérieure, et ce phénomène se manifeste avec Force. Mais fondamentalement, tout dépend du fait que tu choisisses une direction et que tu la maintiennes, quoi qu’il arrive.
Et ne dis pas, la condition pour que je puisse maintenir cette direction est qu’apparaisse la force. Non, c’est totalement le contraire : la condition pour qu’apparaisse la force est que tu maintiennes la direction.
La direction est quelque chose qui doit être positif pour toi et pour les autres. » […] 
« C’est comme pour l’alcoolique : S’il maintient la direction, les premiers jours, c’est sûr, il déprime et la force ne vient pas. Il va même se sentir seul et abandonné par ses amis, ses ennemis, par dieu et par tout le monde. Mais il maintient quand même la direction.
Ceci est la partie que tu dois faire : un effort, une barrière à briser, un seuil à franchir.
C’est un effort volitif du cortex cérébral. Et c’est INCONTOURNABLE.
(Silo, Méditation transcendantale, Buenos Aires, août 1972)