2015/09/01

Sur le corps, l'âme et l'esprit.

Chez l’homme, il existe trois principes : corps - âme - esprit.
LE CORPS : il existe en toutes choses, il est la matière qui est toujours en évolution et en progrès.
L’ÂME : c’est l’énergie qui entoure le corps de tous les êtres vivants et qui est toujours en mouvement. L’âme, nous l’appelons le double. Lorsque l’être vivant se désintègre, le double aussi se désintègre et survient la mort.
L’ESPRIT : l’homme est le seul être vivant qui puisse créer l’esprit. Si on ne parvient pas à créer l’esprit, on se désintègre comme cela arrive à tous les autres êtres vivants.

Question: Alors l’homme nait sans esprit et en accord avec ce qu’il fait, il parvient à le créer ?
Réponse : Effectivement. Tout dépend de si sa vie a un sens évolutif, s’il parvient ou pas à l’unité interne. S’il n’obtient pas l’unité interne, alors les contradictions l’amènent à la désintégration, et non à l’unité du troisième principe qui est l’esprit.

Question : L’homme est-il immortel ?
Réponse : L’homme peut parvenir à l’immortalité s’il élimine les contradictions en formant l’esprit. Mais s’il n’y parvient pas, il n’y aura pas de problème lorsqu’il mourra définitivement car il ne sera pas soumis aux récompenses ni aux châtiments d’outre-tombe. Pour un homme qui ne croit pas dans l’esprit et vit dans la contradiction, sa récompense ou châtiment se trouve dans la vie physique.

Question : Vous parlez des trois principes dans l’homme. Quelles sont ses autres idées générales ?
Réponse : Celles qui font référence au style de vie nécessaire pour parvenir à l’unité de l’esprit.

Question : Qu’est-ce qui est nécessaire de faire pour parvenir à cette unité ? 
Réponse : Travailler pour obtenir la force spirituelle et éliminer les contradictions.

Question : Quel travail proposez-vous pour parvenir à ces objectifs ?
Réponse : Le travail avec ce que nous appelons la Force permet de parvenir à plus d’énergie et de développement spirituel. Vivre en accord avec les principes donne l’unité interne en éliminant les sources de contradiction, c’est-à-dire la peur, l’angoisse et la violence.

Nous pourrions résumer ces idées générales en disant que :

1)  Il y a trois principes dans l’homme : corps - double - esprit.
2)    Que la mort physique arrive lorsque le corps physique et le double se désorganisent.
3)   Que la formation possible de l’esprit immortel dépend d’une vie menée selon certains Principes et de travaux réalisés avec la Force pour parvenir au développement.

Sur la Force : Question : Comment le travail avec la Force influence-t-il le développement spirituel ?

Réponse : Par le travail avec la Force, des changements importants se produisent dans la circulation de l’énergie du corps et du double. L’énergie se déplace et met en marche les différents centres vitaux du corps en produisant une harmonisation générale. Normalement, l’énergie est mal distribuée dans l’organisme faisant apparaître des zones de “surcharge ou de “décharge dans plus d’un point, ce qui produit des perturbations très communes.
Un travail correct avec la force se réalise toujours en ayant bien compris que la direction de l’énergie doit aller dans un sens conscient.

En résumé :  

1°. Il y a trois principes chez l’homme : corps, double et esprit.
2°. La mort survient lors de la séparation du corps et du double.
3°. Il est possible de créer l’esprit.
4°. L’esprit créé est immortel.
5°. La formation de l’esprit dépend d’une vie menée selon les principes et les travaux réalisés avec la Force.
6°. L’expérience de dieu est interne et ne dépend pas de la foi ou des croyances.
7°. Le divin surgit comme produit du développement spirituel, c’est ainsi que dieu est fait à l’image et à la ressemblance de l’homme contrairement à ce qu’expliquent les religions externes.
8°. Dieu est l’univers, mais on ne peut pas prouver l’existence de la divinité sauf en tant qu’expérience intérieure.

Extrait de:
Commentaires de Silo Sur  L’âme ou double et l’esprit
Compilation partielle. Version 18 juillet 2012.
 Andrés K.

2015/05/05

Avec un point de vue violent de la violence on n’obtiendra pas la paix !

Paroles de Silo à l´occasion de la première célébration annuelle  du Message de Silo. 

Punta de Vacas, 4 mai 2004


"Nous avons échoué… mais nous insistons !

Nous avons échoué mais nous insistons dans notre projet d’humanisation du monde.

Nous avons échoué et nous continuerons d´échouer encore mille et une fois car nous chevauchons sur les ailes d’un oiseau appelé « tentative » qui vole au-dessus des frustrations, des faiblesses et des petitesses.

C’est la foi en notre destin, c’est la foi en la justice de notre action, c’est la foi en nous-mêmes, c’est la foi dans l’être humain, la force qui anime notre vol.

C ´est parce ce n’est pas la fin de l’Histoire, ni la fin des idées, ni la fin de l’homme, parce que ça n’est pas non plus le triomphe définitif de la méchanceté et de la manipulation, que nous pouvons toujours tenter de changer les choses et de nous changer nous-mêmes.

Ceci c’est la tentative qu´il vaut la peine de vivre parce que c’est la continuité des meilleures aspirations des braves gens qui nous ont précédés. C’est la tentative qu´il vaut la peine de vivre parce que c’est l’antécédent des futures générations qui transformeront le monde.

Deux grandes âmes qui luttèrent contre la discrimination et l’injustice accompagnent notre rencontre. Des guides inspirateurs de la non-violence : Mahatma Gandhi et Luther King connurent l’échec mais jamais ne renoncèrent à leur tentative. Aujourd’hui ils sont très présents dans notre esprit et notre cœur.

Dans ce malheureux monde où la force et l’injustice s’emparent des campagnes et des villes, comment peut-on penser en finir avec la violence ?

Peut être pensent-ils qu’ils sont un exemple inspirateur des nouvelles générations quand déguisés en jeux vidéo ils déblatèrent contre le monde ; quand ils menacent suivant le pire exemple de casseurs; quand finalement, ils envoient leurs jeunes envahir, tuer et mourir dans des terres lointaines. Cela n’est pas un bon chemin, ni un bon exemple.

Peut être pensent-ils que retourner aux pratiques primitives de la peine de mort sera un grand exemple social.

Peut être pensent-ils qu’en pénalisant progressivement le délit commis par des enfants, disparaîtra le délit… ou disparaîtront les enfants !

Peut être croient-ils qu’en déplaçant la « main de fer » dans les rues, les rues seront plus sûres.

Bien sûr que ces problèmes existent et se multiplient dans le moment actuel, mais avec un point de vue violent de la violence on n’obtiendra pas la paix.

On n’obtiendra pas la paix depuis la vision zoologique de la vie qui favorise la lutte pour la survie, la lutte pour la prédominance du plus apte (plus fort). Ce mythe ne donnera pas de résultats. On n’obtiendra pas la paix en manipulant les paroles ou en censurant les vraies dénonciations qui se font contre toute violation et toute atrocité commise contre les êtres humains. A ce niveau je prendrai garde à ne pas mentionner les « droits de l’homme » parce qu’ils ont été eux aussi vidés de leur contenu et faussés dans leur sens. Aujourd’hui, on bombarde les populations sans défense pour protéger leurs droits humains…

On n’obtiendra pas la paix de cette vision zoologique de la vie qui favorise un ordre social sur la base de prix et de châtiments en déplaçant la domestication animale à l’honorable citoyen qui commence à s’entraîner dans la méfiance, la délation et le marchandage de ses sentiments.

« Il faut faire quelque chose » entend-on de toutes parts. Bien, je dirai ce qu’il faut faire, mais cela ne servira à rien de le dire parce que personne ne l’écoutera.

Moi je dis que dans l’ordre international, tous ceux qui sont en train d’envahir des territoires devraient se retirer immédiatement et respecter les résolutions et les recommandations des Nations Unies.

Je dis que dans l’ordre intérieur des nations on devrait travailler pour faire fonctionner la loi et la justice aussi imparfaites soient telles avant de durcir les lois et les dispositions répressives qui tomberont dans les mains de ceux-là mêmes qui freinent la loi et la justice.

Je dis que dans l’ordre domestique les gens devraient accomplir ce qu’ils prêchent en sortant de leur rhétorique hypocrite qui envenime les nouvelles générations.

Je dis que dans l’ordre personnel chacun devrait s’efforcer de parvenir a ce que coïncide ce qu’il pense avec ce qu’il sent et ce qu’il fait, modelant une vie cohérente et s’échappant de la contradiction que génère la violence.

Mais rien de ce que je dis ne sera écouté. En revanche, les mêmes évènements feront que les envahisseurs se retirent, que les durs soient répudiés par les populations qui exigeront la simple application de la loi, que les enfants reprochent à leurs parents leur hypocrisie, que chacun se reproche à soi-même > la contradiction qu’il génère en lui-même et en ceux qui l’entourent.

Nous sommes à la fin d’une obscure période historique et plus rien ne sera comme avant. Petit à petit commencera à s’éclairer l’aube d’un jour nouveau, les cultures commenceront à se comprendre, les peuples expérimenteront une soif croissante de progrès pour tous, comprenant que le progrès de quelques uns finit en progrès de personne. Oui, il y aura la paix et par nécessité on comprendra que commence à se dessiner une nation humaine universelle.

Entre temps, ceux qui ne sont pas écoutés nous travaillerons dès maintenant dans toutes les parties du monde à faire pression auprès de ceux qui décident, à diffuser les idéaux de paix sur la base de la méthodologie de la non-violence, à préparer le chemin des temps nouveaux.

Oui, ça vaut la peine que ce Message et cet Humanisme Universaliste gagnent de la force. Cela vaut la peine que les jeunes s’ajoutent à cette Force Morale comme une variante de l’Histoire… que ce torrent (OK) soit irrépressible et que l’on écoute sa rumeur dans toutes les langues de la Terre. Alors, les nouvelles générations commenceront à enseigner aux adultes avec un nouveau sentiment et une nouvelle compréhension.

Finalement, amis, je veux partager avec vous tous cette certitude profonde qui dit : « le Sacré est en nous et rien de mauvais ne peut arriver dans cette recherche profonde de l’Innommable ». Je crois que quelque chose de très bon arrivera quand les êtres humains trouveront le Sens tant de fois perdu et tant de fois retrouvé dans les tournants de l’Histoire.

Je voudrais, amis, que s’écoute le Message du Profond. Ce n’est pas un Message strident, c’est un message tranquille que l’on ne peut écouter quand on veut l’attraper.

Je voudrais, amis, transmettre la certitude de l’immortalité. Mais, comment le mortel pourrait-il générer quelque chose d’immortel ? Peut être devrions-nous nous interroger sur comment est-il possible que l’immortel génère l’illusion de la mortalité.

Que c’est bon d’être ici ensemble considérant le présent et le futur. Que c’est bon qu’en ce moment soient en train d’assister à cette rencontre des milliers d’amis présents dans différentes latitudes. Mais par ailleurs, il n’est pas nécessaire de chercher des lieux éloignés pour nous exprimer sans offenser personne parce que ces paroles sont en train d’arriver très loin. Alors, il sera nécessaire de faire des excuses à ceux qui se seraient sentis agressés >par nos dires qui n’ont cherché sans aucun doute à personnaliser mais plutôt à se référer à des situations et des moments historiques ponctuels.

Tandis que les paroles vont mourrant calmement… nos regards les remplacent.

Nos regards se rencontrent et se comprennent en profondeur.

Nous saluons tous du fond du cœur."


2015/04/28

46 ans de La harangue "La guérison de la souffrance"

COMMUNIQUÉ DE PRESSE ::
     46 ANS DE "LA GUÉRISON DE LA SOUFFRANCE"

Québec, le 29 avril 2015.

Ce 4 mai, les humanistes du monde célèbrent le 46e anniversaire du célèbre discours de Silo : « La Guérison de la souffrance ». Cet évènement public marque la naissance publique du message de Silo. Son message présente une nouvelle spiritualité qui doucement continue à s’étendre dans plusieurs cultures. Cette spiritualité n'est pas la spiritualité de l'intolérance, ce n'est pas la spiritualité du dogme, ce n'est pas la spiritualité de la violence religieuse; c'est la spiritualité qui s'est réveillée de son profond sommeil, afin de nourrir les êtres humains dans leurs meilleures aspirations.
Nous tenons à vous partager cet anniversaire, au temps que nous vous invitons à visionner le document susmentionné.

La communauté du message de Silo à Québec



2015/04/23

À propos des signaux des espaces sacrés et de leurs traductions en mythes-racines

Extraits de: 
Investigation sur le Dessein d’Homo sapiens au Paléolithique supérieur : de la quête de survie à la quête de transcendance.

"Par moment, quand tout va mal pour les êtres humains d'une région ou d'une époque, cela génère une "grande clameur".
Alors, le Dessein émerge des Profondeurs et susurre à l’oreille de l’homme : N’imagine pas que tu es enchaîné à cet espace et à ce temps13.
Alors, l’homme chevauche la Direction transcendante qui le conduit dans son intériorité profonde et il a le registre que ces espaces et ces temps sont au-delà de son espace-temps habituel, au-delà de sa mort.
Alors, l’homme capte des "signaux" qu’il va traduire en mythes ; mythes qui génèrent une spiritualité (ou une mystique ou une religion) donnant lieu à une culture qui, à son tour, donnera identité à une région, comme par exemple à l’Europe du Paléolithique supérieur.

Question à Silo : Comment peut-on expliquer que les mythes-racines qui ont donné naissance à tant de civilisations importantes, trouvent leur origine chez des peuples primitifs ?

Réponse : Les peuples sont considérés primitifs ou pas selon leur niveau d’organisation sociale et, en ce sens, il existe toute une panoplie de peuples, depuis les troglodytes jusqu’aux peuples avec un niveau de développement comme celui d’aujourd’hui, mais quant au développement de leur fonctionnement interne, les troglodytes sont très semblables aux contemporains… Les signaux qui sont à l'origine du mythe proviennent de l'équipement avec lequel naît l'être humain et ils peuvent être traduits de manières très diverses. Mais encore s'agit-il de les écouter et de les traduire. Ces signaux existent dans l'équipement de tous les êtres humains. Écouter ou ne pas écouter ces signaux, c’est ce qui fait la différence… Ce qui se produit en réalité, c'est qu’à chaque époque, l'être humain traduit ces signaux provenant de ces autres espaces-temps. Il peut les traduire de différentes manières, sous forme de dieux, de déesses, de plusieurs dieux, d'un seul dieu, ou encore sans dieu...

Q. : Qu'est-ce qui détermine la traduction de ces signaux ?
R. : Les conditionnements de la perception. La structure de la perception dépend du monde que tu vois à l'extérieur de la peau, le monde de l'espace-temps du moi. Ne te trompe pas en croyant que tes images, tes pensées, tes émotions, tes registres sont d'un autre monde. Les images qui sont dans ta mémoire sont des images du monde de dehors, les registres que tu expérimentes dans ta cénesthésie sont des registres de ton interaction avec ce monde, les émotions sont des émotions de ton interaction avec ce monde. Les pensées sont des pensées ayant ce monde pour base. Il n’y a pas de perception des espaces-temps du monde interne profond, du monde qui transcende celui-ci...

Q. : Comment se traduisent les signaux qui sont à l'origine du mythe ?
R. : Si tu ne te places pas dans cet autre monde, tu ne peux pas traduire ces signaux. La vision qu'il y a quelque chose au-delà de la perception est nécessaire. Il faut se placer dans un espace interne différent de celui de la perception habituelle pour reconnaître le sens de ces signaux internes et pour que le mythe puisse être traduit en soi-même.

Voilà à quoi servent les expériences inspiratrices : servir de pont de liaison entre les mondes. Si tu te places dans ce monde, tu reconnaîtras au moins les signaux de ce monde à travers ses traductions.14"

12 Silo, Psychologie IV dans Notes de Psychologie, www.silo.net
13 Silo, Le Message de Silo, Éd. Références, Paris, 2010, p.153
14 Notes d’une conversation entre Enrique Nassar et Silo, Mendoza, Argentine, 26 Novembre 2006
15 Explications sur le Message de Silo, Santiago du Chili 8/09/2001, http://silo.videos.mensajedesilo.cl

31ème Forum Terre du Ciel - Le grand passage, mort et renaissance


2015/04/02

Une expérience aux frontières de la mort vécue par Nicole Dron


Nicole Dron est française, née en 1941 dans l'Aisne. Elle a été l'un des premiers "témoins" à accepter de parler publiquement de son expérience, sans volonté de publicité. Par le biais de conférences et en participant à des émissions radiophoniques et télévisées, elle a beaucoup contribué à la reconnaissance des EMI (expériences de mort imminente) dans le grand public ainsi que parmi les chercheurs et scientifiques intéressés. Depuis plus de vingt ans, Nicole Dron sillonne infatigablement la France et les pays francophones afin de sensibiliser tous ceux que son récit peut aider.

2015/02/12

Marc Dumas et "des carrefours problématiques pour la spiritualité"

Aujourd'hui c'est la première fois que je trouve un texte de Marc Dumas (professeur titulaire de la Faculté de théologie et d’études religieuses de l’Université de Sherbrooke.) grâce à la référence gentiment donnée de la part d'un autre professeur. 

Dans son article, j'écoute un intelligent appel à la théologie de s'ouvrir à la compréhension des nouvelles tendances par rapport à la quête du sens, Je trouve que l'auteur est assez courageux en faisant ce sort d'appel, et je me rejoins de voir comme dans le monde académique il y a des esprits qui sont sensibles par rapport au clamor grandissant de se laisser orienter vers une transformation intérieure qui ne soit pas antagonique avec le meilleur de la science et de la théologie. Au même temps, je vois aussi quelque nostalgie du passé, lorsque la foi en Dieu (et la peur de Dieu) était très forte
. Ici sont pertinents les mots de Silo à la fin de sa conférénce sur la religiosité dans le monde actuel:

 "Bien que la comparaison ne soit pas vraiment légitime, je me permets de vous rappeler un précédent ancien : la Rome Impériale a vu surgir de chez ses voisins toutes sortes de cultes et de superstitions, tandis que la religion officielle perdait de sa force de conviction. L’un de ces groupes insignifiants finit par se transformer en une Église universelle… Aujourd’hui, il est clair que pour avancer, cette religiosité diffuse devra combiner le paysage et le langage de notre époque – un langage de programmation, de technologie et de voyages spatiaux – avec un nouvel évangile social."
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Convencu que l'article de Marc Dumas fait une contribution à la reflexion sur les nouvelles spiritualités, et même si je ne partage plusieurs de ses points de vue, j'ajoute ici quelques extraits de son article  "La spiritualité aujourd’hui. Entre un intensif de l’humain et un intensif de la foi":

..."Depuis pratiquement cinq cents ans et telle que l’a développée finement Charles Taylor dans son ouvrage intitulé L’Âge séculier (Taylor 2011), la sécularisation a transformé, voire inversé notre rapport à Dieu et/ou à la transcendance. D’importants déplacements ont conduit les Occidentaux à recadrer de façon radicale les rapports qu’ils entretenaient avec la religion ; au Québec, ce recadrage s’est effectué à travers et aux dépens de l’institution ecclésiale (Mager et Cantin 2010)1. Cette dernière perd pied face aux principaux enjeux et développements de la société, elle est en crise de transmission de sa riche tradition et n’exerce plus l’influence d’antan, au point où on peut se demander ce qu’il en restera d’ici dix ou quinze ans2. Associés à la sécularisation, les processus de dé-traditionalisation, d’individualisation et de pluralisation affectent considérablement les efforts de recontextualisation de l’Église catholique au Québec.

Ces processus s’inscrivent de plus en plus dans une logique de marché où les traditions religieuses et spirituelles du monde enrichissent le matériau disponible au bricolage religieux et spirituel des contemporains, devenus des hommes et des femmes en recherche de sens. S’ils ont « jeté le bébé avec l’eau du bain », pour reprendre l’expression populaire, il semble toutefois que la recherche spirituelle leur apparaît comme un lieu possible pour répondre à leur quête de sens, pour panser leurs blessures et soigner leur mal-être.
Un deuxième carrefour touche la définition même de la spiritualité qui est, comme je l’ai déjà mentionnée en introduction, un terme complexe et pluriel. Est-elle une discipline académique et scientifique ? un mode alternatif de croissance humaine? un texte spirituel du passé comparable aux Écritures Saintes ? une expérience de Dieu ou de transcendance ? un moment extatique, voire une rencontre mystique ? ou une dynamique de transformation existentielle ou de conversion religieuse ? Alors que des publications théologiques s’intéressent à mieux définir ce qu’est la spiritualité et à évaluer si elle peut, comme connaissance par expérience, trouver sa place à côté des connaissances scientifiques — et ainsi devenir une discipline théologique autonome —, d’autres publications s’intéressent plus au statut du texte spirituel qu’à l’expérience spirituelle proprement dite (Robert 2009). Ce choix en faveur du texte ou d’un horizon discursif favorise une compréhension de la spiritualité inscrite dans un cadre de foi chrétienne ou dans un autre cadre religieux. Le vif de l’expérience vécue est raconté, transcrit, médiatisé ; la Parole se dépose dans la texture d’un texte. Mais il y a de plus en plus de voix, tant en théologie qu’en sciences humaines, qui insistent pour définir et inscrire la spiritualité au coeur de l’être humain (Blommestijn 2010)4. La spiritualité est-elle une initiative de Dieu et/ou une initiative de l’humain ? Dans le premier cas, la spiritualité se présente comme kénose, humilité, silence et disponibilité à Dieu (Un chartreux 2007) ; dans l’autre cas, elle est holistique, thérapeutique, elle est une décision volontaire, un désir de croissance et de réalisation, elle peut être laïque, voire athée (Guibal 2007). Dans l’un et l’autre cas, ces dimensions sont potentiellement inscriptibles dans le processus de marketing, dans la logique de marché ; un spirituel instrumentalisé favorise l’économie de marché : livres, formations de tout acabit, voyages exotiques, etc.(Camus et Poulain 2008)5.
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En élaguant le trop d’images, le trop de mots, le trop d’émotions, la trop grande complaisance pour le monde de la consommation, voire le trop du sens, ne reste-t-il pas une simple béance ou un effroyable abîme sans fond ? Et si le dépouillement laissait place à une expérience radicale du souffle qui accompagne chaque instant de l’existence et à une relation radicale avec le mystère théologal qui échappe à toute emprise ? Et si émergeait un monde où, au coeur des gestes les plus petits, une trace de ce souffle et de ce mystère annonçait la possible transfiguration de soi et du monde ? Les carrefours de la sécularisation, de la compréhension multiple de la spiritualité aujourd’hui et de la compréhension de celle-ci en régime chrétien invitent à faire un pas de plus pour mieux saisir ce qui vient d’être dit.
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Pour le théologien, la spiritualité est une expression « métaphorique » de la rencontre de Dieu ; pour le sociologue, elle est une construction sociale ; pour le psychologue, une part de l’inconscient que l’on peut analyser ou encore une illusion malsaine dont il faut se débarrasser. Elle est pour plusieurs de nos contemporains l’antidote à la chape de plomb des institutions religieuses d’antan et une possibilité de croissance et de réalisation personnelles. Si la spiritualité s’insère dans les dynamiques d’instrumentalisation et de consommation dans certaines sociétés, elle est précisément, dans d’autres communautés, ce qui résiste et ce qui s’inscrit en marge de ces dynamiques.
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Le divorce entre la théologie et la spiritualité a duré plusieurs siècles et on peut affirmer aujourd’hui que les retrouvailles ont bel et bien lieu au bénéfice de tous (Ménard et Villeneuve 1995).
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Mais revenons à ce service conseil, à ce service de traduction ou de recadrage existentiel que les spirituels offraient à leurs contemporains. Est-il encore possible aujourd’hui ? Ces services de traduction ne sont-ils as obsolètes, alléguant que l’offre ne correspond plus à la demande ? Au contraire, n’est-ce pas précisément pour cela, parce qu’ils ne correspondent pas à la demande, que l’offre devrait tenir ? Ces services peuvent-ils exister sous une autre forme, les gens aujourd’hui étant trop souvent préoccupés par eux-mêmes et se risquant de moins en moins sur le chemin de l’Autre ? Les contemporains ressentent bien l’attrait pour les expérimentations dites « spirituelles », mais ces expériences ne peuvent pas être faites ou répétées à volonté. Leurs lectures de textes spirituels marquent bien aussi leur soif de vivre pleinement en intégrant cette dimension dans leur vie, mais comment lire ces textes pour en faire une expérience signifiante ou peut-être une expérience de non-expérience ?
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D’une religion institutionnelle, plusieurs sont passés à une spiritualité plus émotionnelle. Cette dernière est même apparue comme un marqueur identitaire des individus en processus d’individualisation et en recherche d’originalité (Donard 2003, 58). Les parcours contemporains sont fréquemment confus et redondants, ils sont aussi très souvent des quêtes d’outils, de lieux et de maîtres qui pourront avoir des effets pragmatiques, voire thérapeutiques sur la personne. La spiritualité devient pour plusieurs un art de vivre tiré de la pluralité religieuse, spirituelle et culturelle disponible aujourd’hui. Les frontières entre le sacré et le profane sont de plus en plus floues, de sorte qu’un pluralisme interprétatif est possible. La mondialisation des échanges a conduit à un brassage des croyances et d’autres options sont aussi apparues comme possibles dans le paysage religieux (Vallet 2003, 8).
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on ne peut soumettre son continent intérieur à n’importe qui ou à n’importe quoi ; on ne peut non plus simplement s’enfermer dans ce continent intérieur et absolutiser le mouvement intérieur qui peut, encore là, s’avérer un mirage. Le recours à l’expérience intérieure, s’il fut trop longtemps mis de côté, ne devrait pas non plus être absolutisé et isolé.
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L’hypothèse de ce texte est de définir la spiritualité aujourd’hui comme un intensif de l’humain, un intensif inscrit dans un enfoncement intérieur qui procure une joie profonde et donne sens à la vie. Cet intensif s’inscrit aussi dans un accomplissement qui, en passant par le dépouillement de soi,
s’enrichit de la rencontre de l’Autre et des autres. Il me semble que nous vivons actuellement dans un temps d’oscillation entre un intensif de l’humain sans repère de transcendance et un intensif de la foi qui inscrit l’intensif de l’humain dans l’horizon de la foi au mystère théologal. Cette oscillation invite à un discernement critique, non pas pour écarter la recherche et la quête spirituelles contemporaines, mais pour en dénoncer les déviances et les récupérations consuméristes ou idéologiques. Il s’agit de prendre acte de ce déplacement spirituel formidable vécu à l’âge séculier qui relance de manière extraordinaire notre goût de la liberté et notre goût  de la vie. Il reste à voir comment et dans quels lieux les traces du théologal invitent à goûter à son Esprit et à être porté par son Souffle. Cet examen incite les théologiennes et les théologiens à traquer le théologal partout où il se manifeste. Retenons que le propre de l’humain renvoie à un ailleurs et à une dynamique relationnelle, dynamique fondamentale de son propre accomplissement (Donard 2003, 60).

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À propos de ce sujet, voici quelques extraits du livre: "Commentaires au message de Silo":

"Le Message accorde la plus grande importance  à ces thèmes et explique qu’on doit pouvoir disposer du plein droit de croire ou de ne pas croire en l’Immortalité et dans le Sacré car l’orientation de la vie d’une personne sera en fonction de la posture qu’elle assume face à cela.
Le Message assume les difficultés d’examiner ouvertement les croyances fondamentales, heurtant la censure et l’autocensure qui inhibent la pensée libre et la bonne conscience. Dans le contexte de la libre interprétation que favorise le Message, on admet que, pour certaines personnes, l’Immortalité se réfère aux actions réalisées dans la vie et que leurs effets continuent dans le monde physique malgré la mort physique. Pour d’autres, la mémoire conservée par les êtres chers, ou même par des groupes ou des sociétés entières, garantit la perpétuation après la mort physique. Pour d’autres encore, l’Immortalité est acceptée comme perpétuation personnelle à un autre niveau, dans un autre "paysage" d’existence. 
Pour continuer avec la libre interprétation : Certains ressentent le Sacré comme le moteur de l’affection la plus profonde. Pour eux, les enfants ou les autres êtres chers représentent le Sacré et revêtent une valeur maximale qui ne doit être avilie sous aucun prétexte. Il y a ceux qui considèrent l’être humain comme Sacré, ainsi que ses droits universels. D’autres encore expérimentent la divinité comme l’essence du Sacré.
Dans les communautés qui se forment autour du Message, on considère que les différentes postures assumées face à l’Immortalité et au Sacré ne doivent pas être simplement "tolérées" mais véritablement respectées. Le Sacré se manifeste depuis la profondeur de l’être humain, d’où l’importance de l’expérience de la Force, en tant que phénomène extraordinaire que nous pouvons faire surgir dans le monde quotidien. Sans l’expérience, tout est douteux, avec l’expérience de la Force, nous avons des évidences profondes. Nous n’avons pas besoin de la foi pour reconnaître le Sacré. On obtient la Force au cours de certaines cérémonies comme celles de l’Office et de l’Imposition. On peut également percevoir les effets de la Force dans les cérémonies de Bien-être et d’Assistance. 
Le contact avec la Force provoque une accélération et une augmentation de l’énergie psychophysique surtout si des actes cohérents sont réalisés quotidiennement, actes qui par ailleurs créent une unité intérieure orientée vers la naissance spirituelle. "