2016/03/27
2016/03/20
Le double énergétique, l’Esprit et l’Expérience
source:
PRATIQUE D’ASCESE. L’OFFICE ET LA MANIFESTATION DE L’ESPRIT
Parcs d’Étude et de Réflexion La Belle Idée
Mars 2016
Michelle Salaméro
michellesalamero@yahoo.fr
Le double énergétique
Afin de mieux appréhender sa réalité, j’ai
cherché des données complémentaires de ce que dit Silo sur le double
énergétique et l’Esprit, et le travail d’Andres K. « Compilation partielle -
Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’Esprit - Version 18 juin 2012 »,
m’a été d’un immense apport. J’y ferai souvent référence.
Donc, selon les commentaires de Silo, le double
– appelé âme, par les anciens5 - est un champ d’énergie psychophysique qui 6:
- se structure en organisant
la matière,
- circule dans et
autour de tout être vivant,
- utilise le corps
comme un centre de gravité,
- est actif dès la
fécondation,
- et complète tous les organes du corps entre
eux, même s’ils ne sont pas joints physiquement.
Champ énergétique, il se nourrit de «
sensations de potentiels différents», ce que Silo appelle les impressions : ce
qui se voit, s’entend, se sent, à travers les sens externes et internes, mais
aussi les sentiments, les pensées, les sensations7, et donc tout ce qui provient
de la mémoire. Et comme le corps physique en a aussi besoin pour fonctionner,
il les reçoit par l’énergie du double, lui-même utilisant le corps comme centre
de gravité. Tout ce que nous sentons, nous le sentons à travers le double8, cette énergie à
la fois psychique et physique, que décrit Edouardo Gonzalo comme un "système
d’exploitation informatique", interface qui communique avec le "
hardware ".9
Donc, ce champ énergétique circule dans et
autour de tout être vivant, et nous allons voir à plusieurs reprises que, pour
devenir ce principe organisateur – ou " ordonnateur " -
de la matière, Silo indique que le double doit retourner sur lui-même, se faire
conscient.
Dans son apport « Références aux états de
conscience inspirée chez Platon »10, Pia Figueroa mentionne des extraits du magnifique
texte « Phèdre ou de la beauté », qui m’évoquent à la fois les " nourritures
du double ", ce mouvement intérieur et " la conscience
de soi " :
« … Car tout corps qui reçoit
son mouvement de l'extérieur est inanimé ; mais celui qui le reçoit du dedans,
de lui-même, est animé, puisque c'est en cela même que consiste la nature de
l'âme ».
"… Il s'ensuit que la
pensée d'un dieu qui se nourrit d'intellection et de connaissance sans mélange
– et de même la pensée de toute âme qui se soucie de recevoir l'aliment qui lui
convient -, se réjouit, lorsque, après un long moment, elle aperçoit la
réalité, et que, dans cette contemplation de la vérité, elle trouve sa
nourriture et son délice, jusqu'au moment où la révolution circulaire la ramène
à son point de départ.»
Le double se nourrit de ces " sensations
", à travers l’accumulation de nos expériences vécues, mécaniques
ou intentionnelles, à travers notre structure conscience-monde. Si nous prenons
conscience de nos actes, par le fait de monter le niveau d’attention et de
conscience de soi - le " retour sur soi ", la
contemplation de Platon – ces sensations se modifient : elles gagnent en
intensité. De fait, lorsque nos actes sont créateurs d’unité, cette unité se
renforce. S’ils sont créateurs de contradiction, la contradiction se renforce.
Et nous pouvons travailler pour dépasser - voire réparer - ces contradictions
et nourrir alors le double de nouvelles sensations unitives. 8
L’action
du double peut donc être mécanique, et s’il n’est pas animé par un Dessein, une
conscience supérieure, il n’est autre qu’une sorte de conglomérat énergétique
qui, sans support physique, se désintègrera11.
Éclaircie par ces données, et,
vouant une curiosité ludique et poétique, à défaut d’être purement
scientifique, au domaine de la physique (du modèle standard aux phénomènes
quantiques), j’ai complété ces données et résumerai cette petite investigation
jubilatoire ainsi :
Toute la matière de l'Univers,
des molécules d'eau aux galaxies, en passant par les organismes vivants (et
donc le corps humain), est formée de particules élémentaires qui "
tiennent ensemble " par l'interaction des quatre forces physiques que sont
la gravité, la force nucléaire forte, la force nucléaire faible et la force
électromagnétique. Pour comprendre d’où provient leur masse (et donc leur
" matière "), il a fallu découvrir ce que la communauté scientifique
surnomme " la particule de Dieu ", le boson de Higgs, « clef de
voûte de la structure fondamentale de la matière, qui donne leur masse à toutes
les autres particules de notre univers. Sans le boson de Higgs, les
particules ne se rencontreraient jamais, elles ne pourraient créer des protons
et des neutrons, qui, combinés aux électrons, forment la matière »12.
Il existe donc une particule sans masse qui, par le simple fait d’être en
relation, donne leur masse aux autres particules.
Tout est énergie … et
relation.
Ce début d’étude dans le
domaine de la physique, et qui n’est pas le propos de cet écrit, m’a surtout
permis de poser des bases d’observation, approfondissant ma question " les
relations créent-elles, alors, la matière ? " et m’éloignant
définitivement du piège de " la conscience magique ", admettant la
possibilité de la réalité du double énergétique. Mais le lien entre la
cérémonie de l’Office et la physique – standard et quantique - est un autre
sujet …
L’Esprit et
l’Expérience
« L’Esprit est, mais s’il
n’y a pas l’expérience, c’est comme s’il n’existait pas. »13
L’être-humain naît-il l’Esprit - car l’Esprit « est
» - mais il n’en a pas l’expérience ? Alors le Sens de sa vie serait notamment
de le faire exister, d’aller vers ce que Silo appelle " la naissance
spirituelle " ? C’est mon intuition, et, selon moi, c’est sans doute
pourquoi il nous invite sans cesse à " l’expérience " :
« Ici, on parle de la
révélation intérieure à laquelle parvient celui qui, soigneusement, médite en
une humble recherche »14 ; « Au long des jours, je parvins à la lumière
depuis les obscurités les plus épaisses, guidé non par l’enseignement mais par
la méditation »15 ; « … Et tout ceci m’a donné à penser. Je me
rends bien compte que sans ces expériences, je ne serais pas sorti du non-sens
»16
;
« Sans l’expérience, tout est douteux, avec l’expérience de la Force, nous
avons des évidences profondes. (…) Le contact avec la Force provoque une
accélération et une augmentation de l’énergie psychophysique surtout si des
actes cohérents sont réalisés quotidiennement, actes qui par ailleurs créent
une unité intérieure orientée vers la naissance spirituelle. »17
Évidemment, le thème de la naissance m’a
évoquée le plus Sacré de la vie. Imaginons le développement du foetus et la
naissance de l’enfant comme le développement de l’Esprit et de la naissance
spirituelle : l’Esprit " est ", au coeur de l’Etre-Humain, et il peut
grandir jusqu’à sa naissance spirituelle au monde. Imaginons l’Etre Humain
naissant avec ce " foetus-esprit " et, s’il lui donne les conditions
pour se développer, alors, il peut le mettre au monde. Ainsi, Socrate
pratiquait l’accouchement des âmes. La maïeutique, « méthode qui menait à la
connaissance de soi-même et à la discipline des facultés de l’âme »18, revenait à leur
faire se souvenir des connaissances qu’elles – les âmes - avaient avant
d’entrer dans le corps. L’âme dont parle Socrate est le double décrit par Silo. L’âme se
souvient, et ici, le thème du " retour du double sur lui-même " me
semble lié à la Connaissance – que Socrate défend alors comme " objective
" - par l’Expérience.
Silo décrit l’Esprit comme cette conscience
non-psychophysique, qui est à la fois ce centre de gravité permanent et ce
nouveau centre d’énergie organisée.
- Centre permanent
car il est généré tout au long de la vie à travers l’action du double devenu
conscient, par le travail avec la Force et l’accumulation d’actes unitifs.
- Nouveau centre d’énergie organisée car il
possède des « propriétés énergétiques qui lui permettent de continuer son
développement conscient vers des plans à chaque fois plus élevés »19 jusqu’à
l’immortalité.
Ici, j’interprète que les propriétés
énergétiques sont celles du double qui, en gagnant de plus en plus en unité,
donne les conditions au développement de l’Esprit.
Ainsi, « L’Esprit est le principe nouveau de
l’être humain, c’est une mutation de la conscience. Lorsque le double revient
sur lui-même, il réfléchit et forme un centre d’énergie nouvelle capable
d’irradier »20.
Pour que ce nouvel être humain naisse, nous
avons donc besoin d’une expérience accomplie de l’Esprit, et nous sommes
équipés pour cela. À nous de nous servir de cet équipement, avec attention et
intention (direction, Dessein), pour que se forme cette conscience de soi, ce
retour de l’énergie sur elle-même. Car « ceci
est l’Esprit »21.
Je fais encore une petite parenthèse, inspirée
de la théorie du physicien italien Massimo Teodorani sur l’intention et
l’attention. Pour lui, ces deux principes observés en physique procèdent d’un
processus de cohérence qui réduit le hasard des choses en les dirigeant vers
une évolution précise ordonnée, diminuant l’entropie (la tendance naturelle à
la désorganisation) et augmentant la néguentropie (facteur d'organisation) de systèmes physiques, sociaux et humains22. Ce qui me ramène au principe du
double énergétique qui, pour organiser la matière, a besoin d’attention – la
conscience de soi - et d’intention, la charge affective puissante du Dessein.
NOTES
5 Compilation
partielle. Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit - Version 18
juin - 2012 - Andres K – Communication de l’École (1973) p.10
6 Id. p. 8
7 Id. Extraits des
Notes de l’École – p.80
8 Madeleine John - El Doble y el Espíritu - Entrevista
a Eduardo Gozalo - http://www.parclabelleidee.fr/monographies.php
9 Id. p. 52
10 Pia Figueroa –
Références aux états de conscience inspirée chez Platon – chapitre 3 -
http://www.parclabelleidee.fr/monographies.php
11 Compilation
partielle. Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit - Version 18
juin - 2012 - Andres K – p.11
12
http://quoi.info/actualite-science/cest-quoi-le-boson-de-higgs-explication-1145540/
13 Compilation
partielle. Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit - Version 18
juin - 2012 - Andres K – Extraits des Notes de l’École – p.82
14 Le Message de
Silo – Éditions Références 2010 – p.9
15 Id – p.13
16 Id – p.22
17 Commentaires du
Message de Silo – Éditions Références 2010 – p.32
18 Mariana Uzielli
– Antécédents de la Discipline de la Morphologie – Platon et le Pythagorisme -
http://www.parclabelleidee.fr/monographies.php
19 Compilation
partielle. Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit - Version 18
juin - 2012 - Andres K – Le début de la deuxième ronde (1974) p. 20
20 Id. Notes de
l’École – p.84
21 Id. Classeur Orange (1974) p. 19
2016/01/03
Le message de silo inspire une profonde religiosité
Antécédents.
Le Message donné par Silo est formalisé par
Le Livre (Le regard Intérieur), l’Expérience (les Cérémonies) et Le Chemin (des
phrases de méditation). Quelques œuvres comme Le Paysage Intérieur et Le
Paysage Humain ont aidé à comprendre Le Message.
Le
Message est l’expression du “Profond, de l’intériorité de l’esprit humain,
capable de transcender les temps et les espaces dans lesquels vit notre “moi.
C’est le moyen capable de nous mettre en présence du Sacré.
L’Expérience.
Le sacré se manifeste depuis la profondeur de
l’être humain, d’où l’importance de l’expérience de la Force comme phénomène
extraordinaire que nous pouvons manier pour qu’elle fasse irruption dans le
monde quotidien. Sans l’expérience, tout est douteux ; avec l’expérience de la
Force, nous avons des évidences profondes. Nous n’avons pas besoin de la foi
pour reconnaitre le Sacré. La Force s’obtient dans certaines cérémonies, comme
l’Office et l’Imposition. On peut également percevoir les effets de la Force
dans la cérémonie de Bien-être et dans celle de l’Assistance.
Le contact avec la Force provoque une
accélération et une augmentation de l’énergie psychophysique surtout si on
réalise quotidiennement des actes cohérents qui créent aussi une unité intérieure
orientant vers la naissance spirituelle. La Force peut s’extérioriser à
distance et son influence est plus grande si de nombreuses personnes agissent.
Entre proches, amis et êtres aimés, l’action de la Force augmente.
L’univers et la Vie.
Une intention évolutive donne lieu à la
naissance du temps et à la direction de cet Univers. Énergie, matière et vie
évoluent vers des formes chaque fois plus complexes. Quand
la matière commence à se mouvoir, à se nourrir et à se reproduire, surgit la
vie. Et la matière génère un champ d’énergie que l’on a traditionnellement
appelé “âmeˮ, L’âme ou double énergétique agit à l’intérieur et autour des
centres vitaux des êtres animés.
Les êtres vivants se reproduisent et, dans
cet acte, à travers les cellules en fusion, passe le champ énergétique qui
configure un nouvel être totalement indépendant. Les corps vivants ont besoin
d’éléments solides, liquides, gazeux et rayonnants, pour se nourrir et réaliser
leurs fonctions. De plus, les doubles énergétiques ont besoin de sensations de
potentiels différents pour atteindre leur développement. Avec la mort se
produit la dissolution du corps en même temps que se produit la séparation et
l’anéantissement du double énergétique.
L’évolution constante de notre monde a
produit l’être humain, lui aussi en transit et en changement. En lui (à la
différence des autres espèces) s’incorpore l’expérience sociale capable de le
modifier de façon accélérée. L’être humain parvient à être en condition de
sortir des diktats de la Nature en s’inventant, en se faisant lui-même
physiquement et mentalement. Et c’est dans l’être humain qu’apparaît un nouveau
principe généré dans le double. Depuis l’antiquité, on a appelé ce nouveau principe
“l’espritˮ. L’esprit naît quand le double revient sur lui-même, se fait
conscient et forme un “centreˮ d’énergie nouvelle.
L’Esprit humain.
L’être humain n’a pas terminé son évolution.
C’est un être incomplet et en développement qui a la possibilité de former un
centre interne d’énergie… une telle chose arrivera selon le type de vie qu’on
mène. Si les actes qu’on réalise sont cohérents, un système de forces
centripètes, que nous appelons “espritˮ se structurera peu à peu. Si les actes
sont contradictoires, le système sera centrifuge et, par conséquent, l’esprit
ne naîtra pas ou il aura une configuration élémentaire sans développement. Un
être humain peut naître, mener sa vie de l’avant, mourir et se dissoudre pour
toujours et un autre peut naître, mener sa vie de l’avant, laisser son corps et
continuer d’évoluer sans limite. L’être humain, dans sa bonté, dans
l’élimination des contradictions internes, dans ses actes conscients et dans sa
sincère nécessité d’évolution, fait naître son esprit. Pour l’évolution,
l’amour et la compassion sont nécessaires. Grâce à eux, la cohésion interne est
possible ainsi que la cohésion entre les êtres qui permettent la transmission
de l’esprit des uns aux autres. Toute l’espèce humaine évolue vers l’amour et
la compassion. Celui qui travaille pour lui-même dans l’amour et la compassion,
le fait aussi pour les autres êtres.
Corps, Double et Esprit.
La production et la reproduction artificielle
de la vie sont à la portée de l’être humain ainsi que la prolongation du cycle
vital. Dans tous les cas, l’être humain sera accompagné par son champ
énergétique pendant un certain temps après la mort physique. Si l’on a généré
l’esprit, celui-ci pourra rester dans des régions proches du plan de la vie
physique, mais finalement il conclura son cycle d’esprit individuel pour
continuer d’avancer vers des plans plus évolués. L’esprit peut se former en
prenant l’énergie du double.
L’action du double se manifeste à certaines
occasions en dehors du corps sans que la mort ne soit survenue. Le double peut
perdurer sans se dissoudre pendant un certain temps après la
mort si celle-ci s’est produite de façon violente, le champ énergétique étant
alors déplacé du corps vers l’endroit où s’est produit le décès. Ces doubles
fixés à certains environnements ne possèdent qu’une conscience apparente de
type réflexe, restant dans cet état durant un certain temps jusqu’à ce qu’ils
perdent leur cohésion ou que l’on modifie l’espace physique auquel ils
adhéraient. Il y a des cas de relative permanence qui ont pour origine un fort
désir de témoigner ou, des sentiments très profonds d’amour et de la haine
envers d’autres personnes. Les doubles des animaux et des végétaux peuvent
aussi continuer à adhérer à certains lieux jusqu’à leur prompte dissolution.
Enfin, il existe des conglomérats d’énergie considérable qui agissent sans
arriver à constituer de véritables doubles.
Pratique de la Religiosité Intérieure.
Si l’on vit en accord avec ce qui a été
déclaré lors de la cérémonie de Reconnaissance…
Si occasionnellement,
on fait appel à l’inspiration du Guide Intérieur…
Si
de façon hebdomadaire, on participe aux cérémonies et aux méditations sur le
Livre, le Chemin et les matériels complémentaires…
Si, mensuellement, on réfléchit à la
croissance intérieure obtenue face aux difficultés de la vie…Alors, on est sur
le chemin de l’illumination spirituelle.
La “religion extérieure” et la réligion intérieure
1. Ce
que l'on dit des choses et des faits ne sont ni les choses ni les faits, mais
leurs “figures” avec lesquelles ils ont une certaine structure en commun. C'est
grâce à cette structure commune que l'on peut mentionner les choses et les
faits. Quant à cette structure, elle ne peut pas être mentionnée de la même
manière que les choses parce que c'est la structure de ce qui se dit (ainsi que
celle des choses et des faits). Conformément à cela, le langage peut montrer
mais non dire quand il se réfère à ce qui “inclut” tout (y compris le langage
lui‑même). Tel est le cas pour “Dieu”.
2. On
a dit diverses choses sur Dieu, mais cela apparaît comme un contresens dès que
l'on observe ce qui se dit, ce que l'on prétend dire.
3. De
Dieu, on ne peut rien dire. On peut seulement dire à propos de ce qui a été dit
sur Dieu. Nombreuses sont les choses dites sur lui et beaucoup peut être dit
sur ces dires sans pour autant avancer sur la question de Dieu, c'est‑à‑dire à
propos de Dieu lui‑même.
4. Indépendamment
de ces jeux de mots, les religions ne peuvent être d'un profond intérêt que si
elles prétendent montrer Dieu et non dire sur lui.
5. Mais
les religions montrent ce qui existe dans leurs paysages respectifs. C'est
pourquoi une religion n'est ni vraie ni fausse car sa valeur n'est pas logique.
Sa valeur se fonde sur le type de registre intérieur qu'elle suscite, dans
l'accord de paysages entre ce que l'on veut montrer et ce qui est effectivement
montré.
6. La
littérature est en général liée à des paysages extérieurs et humains ; les
caractéristiques et les attributs des dieux n'échappent pas à ces paysages.
Néanmoins, même si les paysages extérieurs et humains se modifient, la
littérature religieuse peut traverser les âges. Cela n'est pas
étonnant puisque un autre genre de littérature (non religieuse) peut
également être suivi avec intérêt et avec une vive émotion à des époques très
éloignées. La permanence dans le temps d'un culte n'en dit pas beaucoup sur sa
“vérité”, puisque les formalités légales et les cérémonies sociales passent de
culture en culture et que l'on continue de les observer en ignorant, cependant,
leur signification d'origine.
7. Les
religions surgissent dans un paysage humain et dans un moment historique ;
on dit alors que Dieu “se révèle” à l'homme. Mais quelque chose s'est passé
dans le paysage intérieur de l'être humain pour qu'à ce moment historique une
telle révélation soit acceptée. L'interprétation de ce changement s'est faite
généralement du “dehors” de l'homme,
situant ce changement dans le monde extérieur ou dans le monde social ;
ainsi, on a gagné sous certains aspects mais on a perdu en compréhension du
phénomène religieux quant au registre intérieur.
8. Les
religions, elles aussi, se sont présentées comme externalité ; ainsi, elles ont préparé le terrain aux
interprétations mentionnées.
9. Quand
je parle de “religion extérieure”, je ne me réfère pas aux images
psychologiques projetées sous forme d'icônes, peintures, statues, édifices,
reliques (propres à la perception visuelle). Je ne mentionne pas non plus leur
projection sous forme de cantiques, prières (propres à la perception auditive),
ni à leur projection sous forme de gestes, postures et orientations du corps
dans des directions précises (propres aux perceptions kinesthésique et
cénesthésique). Enfin, je ne dis pas non plus qu'une religion est extérieure
parce qu'elle s'appuie sur ses livres sacrés ou sur des sacrements, etc. Je ne
désigne même pas une religion comme extérieure parce qu'elle ajoute une église
à sa liturgie, une organisation, des dates de culte, un certain état physique
ou un certain âge des croyants pour effectuer des opérations déterminées. Non.
Cette forme, où les partisans de telle ou telle religion luttent entre eux de
façon mondaine – chaque camp attribuant à l'autre divers degrés
d'idolâtrie pour le type d'image préférée avec lequel les uns et les autres
travaillent –, cette forme ne constitue pas la substance du sujet (sauf
pour montrer la totale ignorance psychologique des adversaires).
10. J'appelle
“religion extérieure” toute religion qui prétend dire sur Dieu et sur la
volonté de Dieu, au lieu de dire sur le religieux et sur le registre intime de
l'être humain. Le soutien par un culte extériorisé pourrait même avoir un sens
si, avec de telles pratiques, les croyants éveillaient en eux‑mêmes
(montraient) la présence de Dieu.
11. Toutefois le fait
que les religions aient été jusqu'à présent extérieures correspond au paysage
humain dans lequel elles sont nées et se sont développées. La naissance d'une
religion intérieure est possible, de même que la conversion des religions à la
religiosité intérieure, si, toutefois, elles survivent. Mais cela arrivera dans
la mesure où le paysage intérieur sera en condition d'accepter une nouvelle
révélation. Et déjà, on commence à l'entrevoir dans les sociétés où le paysage
humain fait l'expérience de changements si sévères que le besoin de références
intérieures se fait de plus en plus impérieux.
12. Rien de ce qui a
été dit sur les religions ne peut aujourd'hui se maintenir debout, car ceux qui
s'en sont fait les apologistes ou les détracteurs ont cessé depuis longtemps de
remarquer le changement intérieur chez l'être humain. Si certains pensaient les
religions comme des somnifères de l'activité politique ou sociale, aujourd'hui
ils y sont confrontés à cause de leur forte poussée dans ces domaines. Si
d'autres les imaginaient imposant leur message, ils trouvent que leur message a
changé. Ceux qui croyaient qu'elles allaient durer pour toujours doutent
aujourd'hui de leur “éternité”, et
ceux qui supposaient leur disparition à court terme assistent avec surprise à
l'irruption de formes mystiques manifestes ou larvées.
13. Et dans ce
domaine, peu nombreux sont ceux qui pressentent ce qu'offre le futur, parce que
rares sont ceux qui s'attellent à la tâche de comprendre dans quelle direction
marche l'intentionnalité humaine qui, résolument, transcende l'individu humain.
Si l'homme veut que quelque chose de nouveau “se montre”, c'est parce que ce qui tend à “se montrer” est déjà à
l'œuvre dans son paysage intérieur. Mais ce n'est pas en prétendant être le
représentant d'un dieu que le registre intérieur de l'homme devient la demeure
ou le paysage d'un regard (d'une intention) transcendant.
Voir Humaniser la terre, chap. XII.
2015/12/31
Sens profond des rituels funéraires
"Le “double énergétiqueˮ se nourrit de sensations de différents potentiels, il se maintient sur la base d’impressions (des choses qui se voient, s’entendent, se sentent à travers les sens externes et internes). Ce corps d’impressions qui sont en définitive des sentiments, des pensées, des sensations, tout ce qui n’est pas le corps physique.
Lorsque les fonctions du corps physique s’arrêtent, le corps énergétique se sépare. L’énergie du double vient du monde des sensations et du fait qu’il manque les sensations, il se dissout. La mort cérébrale est décisive et non pas la mort clinique qui se produit avant. C’est pour ça, s’il y a mort, ne lui faites pas peur, ne le dérangez pas et ne dites pas d’imbécilités jusqu’à ce que la mort cérébrale se produise, ce qui se donne lorsque le double se sépare et conserve une frange de souvenirs.
Lors de la mort cérébrale, les émotions, les représentations se paralysent. Le double, qui ne peut plus utiliser ces énergies organisées, ne reçoit plus d’impressions, mais le corps énergétique a une mémoire (des souvenirs) comme l’enregistrement de ce qu’il y a eu, c’est tout ce qu’il peut conserver. C’est une mémoire répétitive, ce n’est pas une mémoire dynamique. S’il reste fixé dans un lieu, on bouge les meubles de l’endroit et le double se dissout.
Les cérémonies des morts sont des intuitions sur le double, pour qu’il se “nourrisseˮ d’impressions, non pas qu’il va manger le repas que lui laisse les proches ou les amis, mais le double a besoin de “sensationsˮ pour ne pas se dissoudre. Tout le thème de la conservation du corps, les momifications, les repas, les talismans, pour les Égyptiens, c’était pour que le Ka (l’âme ou le double) se maintienne et pour lui offrir une possibilité, pour lui donner le temps afin qu’à son tour, il puisse générer autre chose, un souffle plus élevé qui puisse devenir une organisation plus subtile, plus élevée, l’esprit, le Ba."
Pris à partir de: "Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit" (page 81).
Compilation partielle.Version 18 juillet 2012 Andrés K.
Le Moi, la réminiscence et l'origine des religions exterieures
Le double a besoin de sensations ; sans sensations, la conscience ne pourrait pas fonctionner, elle ne pourrait pas structurer et tout serait foutu. Sensations des sens externes et des sens internes. Tu ne peux enlever ton “moiˮ comme disent certains. Il ne s’agit pas non plus d’annuler le “moiˮ, car on ne pourrait pas se bouger dans ce temps et dans cet espace. Enlève les sensations à la conscience et tu vas voir le bazar que ça produit : 40 minutes dans une chambre de silence et tu commences à voir des petits anges… la conscience ne peut fonctionner sans les sensations.
La structure de la conscience n’a pas d’autonomie des sensations internes et externes, lorsque se rompt cet équilibre du “moiˮ, tout s’arrête. Dans la mort, le “moiˮ disparait, tu restes sans rien.
Le “moiˮ permet que l’on se meuve dans ce monde, mais si le “moiˮ “s’envolait, s’il se déconnectait un instant, en reconnectant, tu ne saurais que dire de ce qu’il s’est passé, tu aurais seulement un vague souvenir, une réminiscence. De “celaˮ, on ne sait rien, seulement des traductions. Lorsque tu parlerais de “çaˮ, ce seront des traductions, ce n’est pas ce monde, parce que “çaˮ se meut dans d’autres temps et dans d’autres espaces : ce sont des traductions de ces temps et de ces espaces Sacrés.
Si on suspendait pour un instant le fonctionnement du “moiˮ et que l’on connectait avec le Profond, on pourrait expérimenter une quantité de choses qui se passent dans cet instant sans temps et sans espace. Qui après pour être racontées dans ce temps et dans cet espace, devront être traduites d’une certaine manière, parce que si tu ne les traduis pas, il n’y a pas de façon de les décrire, c’est seulement en les traduisant, en accord avec le paysage de chacun et de l’époque. Et tu peux le faire par le souvenir que tu as ou la réminiscence de ce que tu as expérimenté. Au mieux, tu racontes une chose parmi celles qui se sont passées… dans le temps d’un clignement d’œil…
C’est avec les traductions de ces réminiscences, de ces contacts avec le Profond que se sont montées les religions externes. Sans aucun doute, ont-ils eu ces contacts, imaginez Mahomet ou Bouddha, les choses qu’ils ont traduites après, pour raconter cette expérience.
On peut faire différents récits du Profond, des dieux et des autres choses, mais ce qui existe ce sont les signifiants profonds, qui peuvent donner un sens à tout. Pour nous, ce qui nous intéresse, c’est l’expérience, les procédés pour parvenir “là où demeurent les dieuxˮ. Les signifiants des choses, dans la vie quotidienne, sont comme des signifiants tombés de ceux plus profonds…
… L’espace interne est incommensurable, il correspond au Profond de l’œil vers l’intérieur. On a le vertigeˮ du Profond. Le Sacré est notre thème, mais on ne peut parler du Sacré ; les religions se sont spécialisées dans la traduction du Sacré en langage quotidien.
Ce qui nous intéresse surtout, ce sont les procédés pour arriver à ça, les procédés pour arriver à la demeure des dieux. Si vous faites ces procédés, vous allez entrer dans ce monde.
Le matériel de la R.I. prend de la force. Mais maintenant, dans le moment actuel, où les gens ont-ils la tête ? Ils ont un bruit important. Nous verrons dans l’avenir ce qui se passe dans la tête humaine.
Le matériel de la R.I. prend de la force. Mais maintenant, dans le moment actuel, où les gens ont-ils la tête ? Ils ont un bruit important. Nous verrons dans l’avenir ce qui se passe dans la tête humaine.
Pris à partir de: "Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit" (page 69).
Compilation partielle.Version 18 juillet 2012
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