A un moment donné du jour ou de la nuit, inspire une bouffée d’air et imagine que tu amènes cet air à ton cœur. Alors, demande avec force pour toi et pour tes êtres les plus chers. Demande avec force, pour t’éloigner de tout ce qui t’apporte confusion et contradiction ; demande, afin que ta vie soit en unité. Ne dédie pas beaucoup de temps à cette brève oraison, à cette brève demande, parce qu’il te suffira d’interrompre un seul instant le cours de ta vie pour que, dans le contact avec ton intérieur, s’éclaircissent tes sentiments et tes idées.
"...Comme nous sommes aujourd’hui dans une célébration - et que dans certaines célébrations les gens échangent des présents - je voudrais te faire un cadeau et, bien sûr, c’est toi qui verras s’il mérite d´être accepté. Il s’agit, en réalité, de la recommandation la plus facile et la plus pratique que je sois capable d’offrir. C’est presque une recette de cuisine, mais j’ai confiance dans le fait que tu iras au-delà de ce qu’indiquent les mots...
A un moment donné du jour ou de la nuit, inspire une bouffée d’air et imagine que tu amènes cet air à ton cœur. Alors, demande avec force pour toi et pour tes êtres les plus chers. Demande avec force, pour t’éloigner de tout ce qui t’apporte confusion et contradiction ; demande, afin que ta vie soit en unité. Ne dédie pas beaucoup de temps à cette brève oraison, à cette brève demande, parce qu’il te suffira d’interrompre un seul instant le cours de ta vie pour que, dans le contact avec ton intérieur, s’éclaircissent tes sentiments et tes idées.
Eloigner la contradiction de soi-même, c’est dépasser la haine, le ressentiment, le désir de vengeance. Eloigner la contradiction, c’est cultiver le désir de réconciliation avec d’autres et avec soi-même. Eloigner la contradiction, c’est pardonner et réparer deux fois tout mal que tu aurais pu infliger à d’autres. Ça, c’est l’attitude qu’il convient de cultiver. Alors, à mesure que le temps passe, tu comprendras que le plus important est d’atteindre une vie d’unité intérieure qui fructifiera quand ce que tu penses, ce que tu sens et ce que tu fais, ira dans la même direction. La vie croît par son unité intérieure et se désintègre par la contradiction. Et il se trouve que ce que tu fais ne reste pas seulement en toi mais parvient aussi aux autres. C’est pourquoi, quand tu aides les autres à dépasser la douleur et la souffrance, tu fais grandir ta vie et tu apportes au monde. Inversement, quand tu augmentes la souffrance des autres, tu désintègres ta vie et tu envenimes le monde. Et qui dois-tu aider ? D’abord, ceux qui sont les plus proches. Mais ton action ne s’arrêtera pas à eux.
Avec cette « recette », l’apprentissage ne s’achève pas mais c’est plutôt là qu’il commence. Dans cette « recette-là », il est dit qu’il faut demander. Mais à qui demande-t-on ? Selon ce que tu crois, ce sera soit à ton dieu intérieur, soit à ton guide, soit à une image inspiratrice et réconfortante. Enfin, si tu n’as personne à qui demander, tu n’auras personne non plus à qui donner et donc mon cadeau ne méritera pas d’être accepté.
Plus tard, tu pourras prendre en considération ce qu’explique le Message dans son Livre, dans son Chemin et dans son Expérience. Et tu compteras aussi sur de véritables compagnons qui pourront entamer avec toi une vie nouvelle.
Dans cette simple demande, il y a aussi une méditation orientée vers sa propre vie. Et avec le temps, cette demande et cette méditation prendront de la force au point de transformer les situations quotidiennes.
En avançant ainsi, un jour peut-être, tu capteras un signal. Un signal qui se présente quelquefois avec des erreurs et quelquefois avec des certitudes. Un signal qui s’insinue avec beaucoup de douceur, mais qui, en de rares moments de la vie, fait irruption comme un feu sacré, donnant lieu au ravissement des amoureux, à l’inspiration des artistes et à l’extase des mystiques. Parce qu’il convient de le dire, autant les religions que les oeuvres d’art et les grandes inspirations de la vie sortent de là, des diverses traductions de ce signal, et ce n’est pas pour autant qu’il faut croire que ces traductions représentent fidèlement le monde qu’elles traduisent. Ce signal dans ta conscience est la traduction en images de ce qui n’a pas d’image, c’est le contact avec le Profond du mental humain, une profondeur insondable où l’espace est infini et le temps éternel."
Silo, Rencontre pour un dialogue philosophico-religieux. Syndicat Luz y Fuerza, Buenos Aires, Argentine, 29 octobre 1995
"Si Dieu n’est pas mort, les religions ont alors des responsabilités à assumer envers l’humanité. Elles ont aujourd’hui le devoir de créer un nouvel environnement psychosocial, de s’adresser à leurs fidèles avec une attitude pédagogique et d’éradiquer toute trace de fanatisme et de fondamentalisme. Elles ne peuvent rester indifférentes face à la faim, à l’ignorance, à la mauvaise foi et à la violence. Elles doivent fermement contribuer à renforcer la tolérance et le dialogue avec d’autres confessions et avec tous ceux qui se sentent responsables du destin de l’humanité. Elles doivent s’ouvrir, et je vous prie de ne pas prendre ceci pour une irrévérence, aux manifestations de Dieu dans les différentes cultures. Nous espérons d’elles cette contribution à la cause commune en un moment par ailleurs difficile. Au contraire, si Dieu est mort dans le cœur des religions, nous pouvons être certains qu’il renaîtra en une nouvelle demeure, comme nous l’enseigne l’histoire de l’origine de toutes les civilisations ; et cette nouvelle demeure sera dans le cœur de l’être humain, et elle sera fort éloignée de toute institution et de tout pouvoir"
(texte complete:)
"J’essaierai, dans les vingt minutes qui m’ont été accordées, de donner mon point de vue sur la première des questions de l’ordre du jour défini par les organisateurs de cet événement, à savoir La question de Dieu.
La question de Dieu peut être posée de différentes façons. Je choisirai le cadre historique-culturel, non par affinité personnelle, mais pour tenir compte du cadre implicite de cette rencontre. L’ordre du jour inclut en effet d’autres questions telles que “ la religiosité dans le monde contemporain ” et “ le dépassement de la violence personnelle et sociale ”. L’objet de cet exposé sera par conséquent “ la question de Dieu ”, et non “Dieu”.
Pourquoi devrions-nous nous intéresser à la question de Dieu ? Quel intérêt un tel sujet peut-il avoir pour nous qui appartenons déjà au XXIe siècle ? Ne l’avait-on pas considéré comme épuisé depuis l’affirmation de Nietzsche, “ Dieu est mort ” ? Apparemment, cette question n’a pas été réglée par simple décret philosophique. Et ceci pour deux raisons importantes : en premier lieu, on n’a pas compris exactement la signification d’une telle question ; en second lieu, nous nous rendons compte, à partir d’une perspective historique, que ce qui était considéré encore récemment comme “hors propos” soulève aujourd’hui de nouvelles questions. Et les interrogations sur ce sujet résonnent non dans les tours d’ivoire des penseurs ou des spécialistes, mais dans la rue et dans le cœur des gens simples. On pourra toujours dire que ce que l’on observe aujourd’hui est une simple croissance de la superstition ou un trait culturel de peuples qui, pour défendre leur identité, retournent avec fanatisme vers leurs livres sacrés et leurs leaders spirituels. Avec une approche pessimiste et en se fondant sur certaines interprétations historiques, on pourra aussi considérer que tout ceci signifie une régression vers d’obscures époques. A chacun son avis ; toutefois la question demeure, et c’est ce qui compte.
Je crois que l’affirmation de Nietzsche : “ Dieu est mort ” marque un moment décisif dans la longue histoire de la question de Dieu, du moins du point de vue d’une théologie négative ou “radicale”, comme voudront l’appeler les défenseurs de cette position.
Il est clair que Nietzsche ne se situait pas sur le terrain de la confrontation que les théistes, les athées, les spiritualistes ou les matérialistes fixaient habituellement pour leurs discussions. Nietzsche se demandait plutôt : croit-on encore en Dieu ? ou encore : le processus qui en finira avec la croyance en Dieu est-il déjà en marche ? Dans Ainsi parlait Zarathoustra, celui-ci dit : “ … Et c’est ainsi qu’ils se séparèrent l’un de l’autre, le vieillard et l’homme, riant comme rient deux petits garçons. Mais quand Zarathoustra fut seul, il parla ainsi à son cœur : “Serait-ce possible ! Ce vieux saint dans sa forêt n’a pas encore entendu dire que Dieu est mort !” ” Dans la IVe partie, Zarathoustra demande : “ Qu’est-ce que tout le monde sait aujourd’hui ? … Serait-ce ceci, que le Dieu ancien ne vit plus, le Dieu en qui tout le monde croyait jadis ? Tu l’as dit, répondit le vieillard attristé. Et j’ai servi le Dieu ancien jusqu’à sa dernière heure. ” D’autre part, dans Le gai savoir apparaît la parabole de l’insensé qui dit en cherchant Dieu sur la place publique : “ Où est allé Dieu ? … je veux vous le dire ! … Dieu est mort ! Dieu reste mort ! … ” Mais comme ceux qui l’écoutaient ne comprenaient pas, le fou leur expliqua qu’il était venu prématurément, et que la mort de Dieu était encore en train d’advenir.
Dans les passages cités, il est évident que l’on fait allusion à un processus culturel, au déplacement d’une croyance, en laissant de côté la détermination exacte de l’existence ou de la non-existence en soi de Dieu. Le déplacement de cette croyance a des conséquences considérables car elle entraîne tout un système de valeurs, du moins en Occident et à l’époque où Nietzsche écrit. La “ grande marée du nihilisme ”, prédite par l’auteur pour les temps à venir, a comme toile de fond la mort annoncée de Dieu.
Suivant cette conception, on peut penser que si les valeurs d’une époque sont fondées sur Dieu et que celui-ci disparaît, un nouveau système d’idées devra advenir, qui rendra compte de la totalité de l’existence et justifiera une nouvelle morale. Ce système d’idées devra rendre compte du monde, de l’histoire, de l’être humain et de leur signification, de la société et de la vie collective, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, de ce que l’on doit faire et ne pas faire. Or, de telles idées sont apparues depuis bien longtemps et ont abouti aux grandes constructions de l’idéalisme critique et de l’idéalisme absolu. Peu importe dans quelle direction – idéaliste ou matérialiste – un tel système de pensée a été appliqué car sa trame et sa méthodologie de connaissance et d’action étaient strictement rationnelles et ne rendaient jamais compte de la totalité de la vie. Dans l’interprétation nietzschéenne, les choses étaient à l’opposé : les idéologies surgissaient de la vie pour en donner une explication et une justification. A ce propos, n’oublions pas que Nietzsche et Kierkegaard, tous deux en lutte contre le rationalisme et l’idéalisme de l’époque, passent pour être les précurseurs des philosophies de l’existence. Cependant, la description et la compréhension de la structure de la vie humaine n’apparaissent pas encore dans l’horizon philosophique de ces auteurs – elles arriveront à une époque ultérieure. A leur époque, la définition de l’homme en tant “qu’animal rationnel” agit encore de manière sous-jacente : l’homme en tant que nature dotée d’une “raison” qui peut être comprise en termes d’évolution animale ou en termes de “réflexe”, etc. A cette époque, on pouvait encore penser légitimement que la “raison” primait sur le reste ou, à l’inverse, que les instincts et les forces obscures de la vie orientaient la raison, comme chez Nietzsche et chez les vitalistes en général. Mais après la “découverte” de la “vie humaine”, les choses changèrent… Et je dois m’excuser de ne pas développer ce point en raison du temps qui m’est imparti pour cet exposé.
Cependant, j’aimerais éclaircir sommairement la sensation d’étrangeté que l’on éprouve lorsqu’on affirme que “la vie humaine” n’a été découverte et comprise que récemment. En deux mots : depuis les premiers hommes jusqu’à nos jours, nous savons tous que nous vivons, que nous sommes humains et tous, nous faisons l’expérience de notre propre vie ; néanmoins, dans le domaine des idées, la compréhension de la vie humaine avec sa structure typique et ses caractéristiques propres est très récente. C’est comme si l’on disait que nous, humains, avons toujours vécu avec les codes de l’ADN et de l’ARN dans nos cellules, mais qu’il y a fort peu de temps que ceux-ci ont été découverts et que leur fonctionnement a été compris ; ainsi, des concepts comme ceux d’intentionnalité, d’ouverture, d’historicité de la conscience, d’intersubjectivité, d’horizon, etc. ont été précisés récemment dans le domaine des idées ; et grâce à eux, on a rendu compte de la structure de la “vie humaine”, et non de la vie en général. La définition qui en résulte est radicalement différente de celle de “l’animal rationnel”. Par exemple : la vie animale, la vie naturelle, commence au moment de la conception ; mais la vie humaine, quand commence-t-elle si elle est par définition “être-au-monde”, et que “être au monde” est ouverture et milieu social ? Ou bien : la conscience est-elle le reflet des conditions naturelles et “objectives” ou est-elle l’intentionnalité qui configure et modifie les conditions données ? Ou encore : l’être humain est-il définitivement achevé ou est-il un être capable de se modifier et de se construire lui-même, non seulement dans un sens historique et social, mais aussi biologique ? Ainsi, les découvertes concernant la structure de la vie humaine soulèvent d’innombrables questions qui nous poussent à dépasser l’horizon historique de l’époque où Nietzsche a pu affirmer que “ Dieu est mort ! ”, époque où prévalait encore la définition de l’être humain comme “animal rationnel”.
Revenons à notre sujet…
Si, à la mort de Dieu, on ne trouvait aucun substitut qui pose les fondements du monde et de l’action humaine ou si, face à cette mort, on imposait de force un système rationnel auquel échapperait le fondamental (la vie), ce serait le chaos et l’effondrement des valeurs, qui entraînerait avec lui toute la civilisation. C’est ce que Nietzsche a nommé “ la grande marée du nihilisme ” et parfois “ l’Abîme ”. Il est clair que ni les études qu’il a menées dans La Généalogie de la morale, ni les idées qu’il a développées dans Par-delà le bien et le mal ne sont parvenues à produire la “ transmutation des valeurs ” qu’il s’efforçait de rechercher. Au contraire, en cherchant quelque chose qui puisse dépasser son “dernier homme” du XIXe siècle, il construisit un Surhomme qui, comme dans les plus récentes légendes du Golem, se mit en marche sans contrôle, détruisant tout sur son passage. On érigea l’irrationalisme et la “ volonté de puissance ” en valeur suprême, constituant ainsi le tréfonds idéologique de l’une des plus grandes monstruosités dont se souvient l’Histoire.
Le “Dieu est mort” n’a pu être résolu ni dépassé par une base de valeurs nouvelle et positive. Et les grandes constructions de la pensée trouvèrent leur point d’orgue dans la première partie de ce siècle sans atteindre cet objectif. A l’heure actuelle, nous nous immobilisons face à ces questions : pourquoi devrions-nous être solidaires ? Pour quelle cause faudrait-il que nous risquions notre avenir ? Pourquoi devrions-nous lutter contre toutes sortes d’injustices ? Par simple nécessité, pour une raison historique ou à cause d’un ordre naturel ? L’ancienne morale basée sur Dieu, mais sans Dieu, est-elle ressentie comme une nécessité ? Tout cela est insuffisant !
Aujourd’hui, nous nous trouvons dans l’impossibilité historique que surgissent de nouveaux systèmes qui posent des fondements solides ; pourtant, la situation semble se compliquer. Nous devons rappeler que la dernière grande vision de la philosophie apparaît en 1900, dans les Recherches logiques de Husserl ; que la vision complète du psychisme humain, proposée par Freud dans L’interprétation des rêves, est de la même année ; la vision cosmique de la physique prend forme en 1905 et 1915 avec la relativité d’Einstein ; la systématisation de la logique, quant à elle, prend forme en 1910 dans les Principia Mathematica de Russel et Whitehead et en 1921, dans le Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein ; Etre et Temps de Heidegger date de 1927 et cette œuvre inachevée, qui prétendait jeter les bases d’une nouvelle ontologie phénoménologique, marque l’époque de rupture avec les grands systèmes de pensée.
Précisons que nous ne parlons pas de l’interruption de la pensée, mais de l’impossibilité de continuer à élaborer de grands systèmes capables d’apporter un fondement à toutes choses.
Le dynamisme de cette période se manifeste également dans le domaine esthétique, à travers “le grandiose” des œuvres. C’est Stravinsky, Bartok et Sibelius, Picasso, les muralistes Rivera, Orozco et Siqueiros ; ce sont des écrivains de grande ampleur comme Joyce, des cinéastes épiques comme Eisenstein, les constructeurs du Bauhaus avec Gropius à leur tête ; des urbanistes, des architectes tels Wright et Le Corbusier, aux œuvres spectaculaires. La production artistique se serait-elle arrêtée dans les années suivantes et encore à l’heure actuelle ? Je ne le crois pas. Cependant, elle prend un autre aspect, se module, se déconstruit, s’adapte aux moyens ; elle se réalise grâce à des équipes et des spécialistes, et utilise la technique à l’extrême.
Les régimes politiques sans âme qui, pendant ces périodes, s’imposent et donnent l’illusion du monolithisme et de la complétude, peuvent être compris comme les séquelles d’un romantisme délirant, comme des tentatives titanesques pour transformer le monde à n’importe quel prix. Ils inaugurent l’ère de la barbarie technicisée, de la suppression de millions d’êtres humains, de la terreur atomique, des bombes biologiques, de la contamination et de la destruction à grande échelle. Voilà la grande marée du nihilisme, celle qui annonçait la destruction de toutes les valeurs et la mort de Dieu de Zarathoustra ! En quoi l’être humain croit-il encore ? Croit-il en de nouvelles alternatives de vie ou bien se laisse-t-il emporter par un courant qui lui semble irrésistible et comme ne dépendant pas de son intention ?
C’est alors que s’installe fermement la prédominance de la technique sur la Science, la vision analytique du monde, la dictature de l’argent abstrait sur les réalités productives. Dans ce magma se ravivent les différences ethniques et culturelles que l’on croyait dépassées par le processus historique ; les systèmes sont rejetés par le déconstructivisme, le post-modernisme et les courants structuralistes. La frustration de la pensée devient un lieu commun chez des philosophes à l’intelligence faible.
Le méli-mélo des styles qui se supplantent les uns les autres, la déstructuration des relations humaines et la propagation de supercheries en tout genre rappellent les époques d’expansion impériale de la Perse ancienne, de l’hellénisme et de la Rome des Césars. Par cet exposé, je ne prétends pas présenter une morphologie historique type, un modèle de processus en spirale qui se nourrit d’analogies. En tout cas, je souligne des aspects qui ne nous surprennent pas et ne nous semblent pas incroyables car on les a observés, quoique dans un contexte différent de mondialisation et de progrès matériel. Je ne veux pas non plus transmettre l’atmosphère “d’inexorabilité” d’une séquence mécanique dans laquelle l’intention humaine ne compte pas. Je pense plutôt le contraire. Je crois que, grâce aux réflexions que suscite l’expérience historique de l’humanité, nous sommes aujourd’hui en mesure d’amorcer une nouvelle civilisation, la première civilisation planétaire. Mais les conditions requises pour ce saut sont extrêmement difficiles à remplir. Pensons à la manière dont s’élargit la brèche entre d’un côté les sociétés post-industrielles, les sociétés de l’information et de l’autre les sociétés où l’on souffre de la faim ; pensons à l’augmentation de la marginalisation et de la pauvreté dans les sociétés opulentes ; pensons à l’abîme entre les générations, qui semble freiner l’avancée de l’Histoire ; pensons à la dangereuse concentration du capital financier international, au terrorisme de masse, aux brusques sécessions, aux chocs ethnico-culturels, aux déséquilibres écologiques, à l’explosion démographique et aux mégalopoles au bord du collapsus… Pensons à tout ceci et, sans céder à une vision apocalyptique, il faudra bien admettre les difficultés que présente le scénario actuel.
Le problème se situe à mon avis dans cette difficile transition entre le monde que nous avons connu et le monde à venir. Et comme dans toutes les transitions entre la fin d’une civilisation et le début d’une autre, il faudra tenir compte de la possibilité d’un collapsus économique, d’une déstructuration administrative, d’un remplacement des Etats par des Para-Etats et par des bandes ; il faudra prendre garde au règne de l’injustice, au découragement, à l’amenuisement de l’être humain, à la dissolution des liens, à la solitude, à l’augmentation de la violence et à l’émergence de l’irrationalisme, tout cela dans un milieu de plus en plus accéléré et de plus en plus global. Par-dessus tout, il faudra examiner quelle sera la nouvelle image du monde à proposer : quel type de société, quel type d’économie, quelles valeurs, quel type de relations interpersonnelles, de dialogue entre chaque être humain et son prochain, entre chaque être humain et son âme
Néanmoins, toute proposition nouvelle devra tenir compte d’au moins deux limites : premièrement, aucun système complet de pensée ne pourra prendre pied dans une époque de déstructuration ; deuxièmement, aucune articulation rationnelle du discours ne sera défendable si elle va au delà des aspects immédiats de la vie pratique et de la technologie. Ces deux difficultés nuisent à la possibilité de fonder durablement de nouvelles valeurs.
Si Dieu n’est pas mort, les religions ont alors des responsabilités à assumer envers l’humanité. Elles ont aujourd’hui le devoir de créer un nouvel environnement psychosocial, de s’adresser à leurs fidèles avec une attitude pédagogique et d’éradiquer toute trace de fanatisme et de fondamentalisme. Elles ne peuvent rester indifférentes face à la faim, à l’ignorance, à la mauvaise foi et à la violence.
Elles doivent fermement contribuer à renforcer la tolérance et le dialogue avec d’autres confessions et avec tous ceux qui se sentent responsables du destin de l’humanité. Elles doivent s’ouvrir, et je vous prie de ne pas prendre ceci pour une irrévérence, aux manifestations de Dieu dans les différentes cultures. Nous espérons d’elles cette contribution à la cause commune en un moment par ailleurs difficile.
Au contraire, si Dieu est mort dans le cœur des religions, nous pouvons être certains qu’il renaîtra en une nouvelle demeure, comme nous l’enseigne l’histoire de l’origine de toutes les civilisations ; et cette nouvelle demeure sera dans le cœur de l’être humain, et elle sera fort éloignée de toute institution et de tout pouvoir.
Je vous remercie de votre attention."
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* Le terme registre constitue l’un des concepts centraux de la psychologie de Silo ; il signifie l’expérience vécue que l’on a d’un phénomène, c’est-à-dire la manière dont la conscience l’enregistre, “ l’impression ” du phénomène dans la conscience (n.d.t.).
PRATIQUE D’ASCESE. L’OFFICE ET LA MANIFESTATION DE L’ESPRIT
Parcs d’Étude et de Réflexion La Belle Idée
Mars 2016
Michelle Salaméro
michellesalamero@yahoo.fr
Le double énergétique
Afin de mieux appréhender sa réalité, j’ai
cherché des données complémentaires de ce que dit Silo sur le double
énergétique et l’Esprit, et le travail d’Andres K. « Compilation partielle -
Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’Esprit - Version 18 juin 2012 »,
m’a été d’un immense apport. J’y ferai souvent référence.
Donc, selon les commentaires de Silo, le double
– appelé âme, par les anciens5 - est un champ d’énergie psychophysique qui 6:
- se structure en organisant
la matière,
- circule dans et
autour de tout être vivant,
- utilise le corps
comme un centre de gravité,
- est actif dès la
fécondation,
- et complète tous les organes du corps entre
eux, même s’ils ne sont pas joints physiquement.
Champ énergétique, il se nourrit de «
sensations de potentiels différents», ce que Silo appelle les impressions : ce
qui se voit, s’entend, se sent, à travers les sens externes et internes, mais
aussi les sentiments, les pensées, les sensations7, et donc tout ce qui provient
de la mémoire. Et comme le corps physique en a aussi besoin pour fonctionner,
il les reçoit par l’énergie du double, lui-même utilisant le corps comme centre
de gravité. Tout ce que nous sentons, nous le sentons à travers le double8, cette énergie à
la fois psychique et physique, que décrit Edouardo Gonzalo comme un "système
d’exploitation informatique", interface qui communique avec le "
hardware ".9
Donc, ce champ énergétique circule dans et
autour de tout être vivant, et nous allons voir à plusieurs reprises que, pour
devenir ce principe organisateur – ou " ordonnateur " -
de la matière, Silo indique que le double doit retourner sur lui-même, se faire
conscient.
Dans son apport « Références aux états de
conscience inspirée chez Platon »10, Pia Figueroa mentionne des extraits du magnifique
texte « Phèdre ou de la beauté », qui m’évoquent à la fois les " nourritures
du double ", ce mouvement intérieur et " la conscience
de soi " :
« … Car tout corps qui reçoit
son mouvement de l'extérieur est inanimé ; mais celui qui le reçoit du dedans,
de lui-même, est animé, puisque c'est en cela même que consiste la nature de
l'âme ».
"… Il s'ensuit que la
pensée d'un dieu qui se nourrit d'intellection et de connaissance sans mélange
– et de même la pensée de toute âme qui se soucie de recevoir l'aliment qui lui
convient -, se réjouit, lorsque, après un long moment, elle aperçoit la
réalité, et que, dans cette contemplation de la vérité, elle trouve sa
nourriture et son délice, jusqu'au moment où la révolution circulaire la ramène
à son point de départ.»
Le double se nourrit de ces " sensations
", à travers l’accumulation de nos expériences vécues, mécaniques
ou intentionnelles, à travers notre structure conscience-monde. Si nous prenons
conscience de nos actes, par le fait de monter le niveau d’attention et de
conscience de soi - le " retour sur soi ", la
contemplation de Platon – ces sensations se modifient : elles gagnent en
intensité. De fait, lorsque nos actes sont créateurs d’unité, cette unité se
renforce. S’ils sont créateurs de contradiction, la contradiction se renforce.
Et nous pouvons travailler pour dépasser - voire réparer - ces contradictions
et nourrir alors le double de nouvelles sensations unitives. 8
L’action
du double peut donc être mécanique, et s’il n’est pas animé par un Dessein, une
conscience supérieure, il n’est autre qu’une sorte de conglomérat énergétique
qui, sans support physique, se désintègrera11.
Éclaircie par ces données, et,
vouant une curiosité ludique et poétique, à défaut d’être purement
scientifique, au domaine de la physique (du modèle standard aux phénomènes
quantiques), j’ai complété ces données et résumerai cette petite investigation
jubilatoire ainsi :
Toute la matière de l'Univers,
des molécules d'eau aux galaxies, en passant par les organismes vivants (et
donc le corps humain), est formée de particules élémentaires qui "
tiennent ensemble " par l'interaction des quatre forces physiques que sont
la gravité, la force nucléaire forte, la force nucléaire faible et la force
électromagnétique. Pour comprendre d’où provient leur masse (et donc leur
" matière "), il a fallu découvrir ce que la communauté scientifique
surnomme " la particule de Dieu ", le boson de Higgs, « clef de
voûte de la structure fondamentale de la matière, qui donne leur masse à toutes
les autres particules de notre univers. Sans le boson de Higgs, les
particules ne se rencontreraient jamais, elles ne pourraient créer des protons
et des neutrons, qui, combinés aux électrons, forment la matière »12.
Il existe donc une particule sans masse qui, par le simple fait d’être en
relation, donne leur masse aux autres particules.
Tout est énergie … et
relation.
Ce début d’étude dans le
domaine de la physique, et qui n’est pas le propos de cet écrit, m’a surtout
permis de poser des bases d’observation, approfondissant ma question " les
relations créent-elles, alors, la matière ? " et m’éloignant
définitivement du piège de " la conscience magique ", admettant la
possibilité de la réalité du double énergétique. Mais le lien entre la
cérémonie de l’Office et la physique – standard et quantique - est un autre
sujet …
L’Esprit et
l’Expérience
« L’Esprit est, mais s’il
n’y a pas l’expérience, c’est comme s’il n’existait pas. »13
L’être-humain naît-ill’Esprit - car l’Esprit « est
» - mais il n’en a pas l’expérience ? Alors le Sens de sa vie serait notamment
de le faire exister, d’aller vers ce que Silo appelle " la naissance
spirituelle " ? C’est mon intuition, et, selon moi, c’est sans doute
pourquoi il nous invite sans cesse à " l’expérience " :
« Ici, on parle de la
révélation intérieure à laquelle parvient celui qui, soigneusement, médite en
une humble recherche »14 ; « Au long des jours, je parvins à la lumière
depuis les obscurités les plus épaisses, guidé non par l’enseignement mais par
la méditation »15 ; « … Et tout ceci m’a donné à penser. Je me
rends bien compte que sans ces expériences, je ne serais pas sorti du non-sens
»16
;
« Sans l’expérience, tout est douteux, avec l’expérience de la Force, nous
avons des évidences profondes. (…) Le contact avec la Force provoque une
accélération et une augmentation de l’énergie psychophysique surtout si des
actes cohérents sont réalisés quotidiennement, actes qui par ailleurs créent
une unité intérieure orientée vers la naissance spirituelle. »17
Évidemment, le thème de la naissance m’a
évoquée le plus Sacré de la vie. Imaginons le développement du foetus et la
naissance de l’enfant comme le développement de l’Esprit et de la naissance
spirituelle : l’Esprit " est ", au coeur de l’Etre-Humain, et il peut
grandir jusqu’à sa naissance spirituelle au monde. Imaginons l’Etre Humain
naissant avec ce " foetus-esprit " et, s’il lui donne les conditions
pour se développer, alors, il peut le mettre au monde. Ainsi, Socrate
pratiquait l’accouchement des âmes. La maïeutique, « méthode qui menait à la
connaissance de soi-même et à la discipline des facultés de l’âme »18, revenait à leur
faire se souvenir des connaissances qu’elles – les âmes - avaient avant
d’entrer dans le corps. L’âme dont parleSocrate est le double décrit par Silo. L’âme se
souvient, et ici, le thème du " retour du double sur lui-même " me
semble lié à la Connaissance – que Socrate défend alors comme " objective
" - par l’Expérience.
Silo décrit l’Esprit comme cette conscience
non-psychophysique, qui est à la fois ce centre de gravité permanent et ce
nouveau centre d’énergie organisée.
- Centre permanent
car il est généré tout au long de la vie à travers l’action du double devenu
conscient, par le travail avec la Force et l’accumulation d’actes unitifs.
- Nouveau centre d’énergie organisée car il
possède des « propriétés énergétiques qui lui permettent de continuer son
développement conscient vers des plans à chaque fois plus élevés »19 jusqu’à
l’immortalité.
Ici, j’interprète que les propriétés
énergétiques sont celles du double qui, en gagnant de plus en plus en unité,
donne les conditions au développement de l’Esprit.
Ainsi, « L’Esprit est le principe nouveau de
l’être humain, c’est une mutation de la conscience. Lorsque le double revient
sur lui-même, il réfléchit et forme un centre d’énergie nouvelle capable
d’irradier »20.
Pour que ce nouvel être humain naisse, nous
avons donc besoin d’une expérience accomplie de l’Esprit, et nous sommes
équipés pour cela. À nous de nous servir de cet équipement, avec attention et
intention (direction, Dessein), pour que se forme cette conscience de soi, ce
retour de l’énergie sur elle-même. Car « ceci
est l’Esprit »21.
Je fais encore une petite parenthèse, inspirée
de la théorie du physicien italien Massimo Teodorani sur l’intention et
l’attention. Pour lui, ces deux principes observés en physique procèdent d’un
processus de cohérence qui réduit le hasard des choses en les dirigeant vers
une évolution précise ordonnée, diminuant l’entropie (la tendance naturelle à
la désorganisation) et augmentant la néguentropie (facteur d'organisation) de systèmes physiques, sociaux et humains22. Ce qui me ramène au principe du
double énergétique qui, pour organiser la matière, a besoin d’attention – la
conscience de soi - et d’intention, la charge affective puissante du Dessein.
NOTES
5 Compilation
partielle. Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit - Version 18
juin - 2012 - Andres K – Communication de l’École (1973) p.10
6 Id. p. 8
7 Id. Extraits des
Notes de l’École – p.80
8 Madeleine John - El Doble y el Espíritu - Entrevista
a Eduardo Gozalo - http://www.parclabelleidee.fr/monographies.php
9 Id. p. 52
10 Pia Figueroa –
Références aux états de conscience inspirée chez Platon – chapitre 3 -
http://www.parclabelleidee.fr/monographies.php
11 Compilation
partielle. Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit - Version 18
juin - 2012 - Andres K – p.11
13 Compilation
partielle. Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit - Version 18
juin - 2012 - Andres K – Extraits des Notes de l’École – p.82
14 Le Message de
Silo – Éditions Références 2010 – p.9
15 Id – p.13
16 Id – p.22
17 Commentaires du
Message de Silo – Éditions Références 2010 – p.32
18 Mariana Uzielli
– Antécédents de la Discipline de la Morphologie – Platon et le Pythagorisme -
http://www.parclabelleidee.fr/monographies.php
19 Compilation
partielle. Commentaires de Silo sur l’âme ou double et l’esprit - Version 18
juin - 2012 - Andres K – Le début de la deuxième ronde (1974) p. 20
Le Message donné par Silo est formalisé par
Le Livre (Le regard Intérieur), l’Expérience (les Cérémonies) et Le Chemin (des
phrases de méditation). Quelques œuvres comme Le Paysage Intérieur et Le
Paysage Humain ont aidé à comprendre Le Message.
Le
Message est l’expression du “Profond, de l’intériorité de l’esprit humain,
capable de transcender les temps et les espaces dans lesquels vit notre “moi.
C’est le moyen capable de nous mettre en présence du Sacré.
L’Expérience.
Le sacré se manifeste depuis la profondeur de
l’être humain, d’où l’importance de l’expérience de la Force comme phénomène
extraordinaire que nous pouvons manier pour qu’elle fasse irruption dans le
monde quotidien. Sans l’expérience, tout est douteux ; avec l’expérience de la
Force, nous avons des évidences profondes. Nous n’avons pas besoin de la foi
pour reconnaitre le Sacré. La Force s’obtient dans certaines cérémonies, comme
l’Office et l’Imposition. On peut également percevoir les effets de la Force
dans la cérémonie de Bien-être et dans celle de l’Assistance.
Le contact avec la Force provoque une
accélération et une augmentation de l’énergie psychophysique surtout si on
réalise quotidiennement des actes cohérents qui créent aussi une unité intérieure
orientant vers la naissance spirituelle. La Force peut s’extérioriser à
distance et son influence est plus grande si de nombreuses personnes agissent.
Entre proches, amis et êtres aimés, l’action de la Force augmente.
L’univers et la Vie.
Une intention évolutive donne lieu à la
naissance du temps et à la direction de cet Univers. Énergie, matière et vie
évoluent vers des formes chaque fois plus complexes. Quand
la matière commence à se mouvoir, à se nourrir et à se reproduire, surgit la
vie. Et la matière génère un champ d’énergie que l’on a traditionnellement
appelé “âmeˮ, L’âme ou double énergétique agit à l’intérieur et autour des
centres vitaux des êtres animés.
Les êtres vivants se reproduisent et, dans
cet acte, à travers les cellules en fusion, passe le champ énergétique qui
configure un nouvel être totalement indépendant. Les corps vivants ont besoin
d’éléments solides, liquides, gazeux et rayonnants, pour se nourrir et réaliser
leurs fonctions. De plus, les doubles énergétiques ont besoin de sensations de
potentiels différents pour atteindre leur développement. Avec la mort se
produit la dissolution du corps en même temps que se produit la séparation et
l’anéantissement du double énergétique.
L’évolution constante de notre monde a
produit l’être humain, lui aussi en transit et en changement. En lui (à la
différence des autres espèces) s’incorpore l’expérience sociale capable de le
modifier de façon accélérée. L’être humain parvient à être en condition de
sortir des diktats de la Nature en s’inventant, en se faisant lui-même
physiquement et mentalement. Et c’est dans l’être humain qu’apparaît un nouveau
principe généré dans le double. Depuis l’antiquité, on a appelé ce nouveau principe
“l’espritˮ. L’esprit naît quand le double revient sur lui-même, se fait
conscient et forme un “centreˮ d’énergie nouvelle.
L’Esprit humain.
L’être humain n’a pas terminé son évolution.
C’est un être incomplet et en développement qui a la possibilité de former un
centre interne d’énergie… une telle chose arrivera selon le type de vie qu’on
mène. Si les actes qu’on réalise sont cohérents, un système de forces
centripètes, que nous appelons “espritˮ se structurera peu à peu. Si les actes
sont contradictoires, le système sera centrifuge et, par conséquent, l’esprit
ne naîtra pas ou il aura une configuration élémentaire sans développement. Un
être humain peut naître, mener sa vie de l’avant, mourir et se dissoudre pour
toujours et un autre peut naître, mener sa vie de l’avant, laisser son corps et
continuer d’évoluer sans limite. L’être humain, dans sa bonté, dans
l’élimination des contradictions internes, dans ses actes conscients et dans sa
sincère nécessité d’évolution, fait naître son esprit. Pour l’évolution,
l’amour et la compassion sont nécessaires. Grâce à eux, la cohésion interne est
possible ainsi que la cohésion entre les êtres qui permettent la transmission
de l’esprit des uns aux autres. Toute l’espèce humaine évolue vers l’amour et
la compassion. Celui qui travaille pour lui-même dans l’amour et la compassion,
le fait aussi pour les autres êtres.
Corps, Double et Esprit.
La production et la reproduction artificielle
de la vie sont à la portée de l’être humain ainsi que la prolongation du cycle
vital. Dans tous les cas, l’être humain sera accompagné par son champ
énergétique pendant un certain temps après la mort physique. Si l’on a généré
l’esprit, celui-ci pourra rester dans des régions proches du plan de la vie
physique, mais finalement il conclura son cycle d’esprit individuel pour
continuer d’avancer vers des plans plus évolués. L’esprit peut se former en
prenant l’énergie du double.
L’action du double se manifeste à certaines
occasions en dehors du corps sans que la mort ne soit survenue. Le double peut
perdurer sans se dissoudre pendant un certain temps après la
mort si celle-ci s’est produite de façon violente, le champ énergétique étant
alors déplacé du corps vers l’endroit où s’est produit le décès. Ces doubles
fixés à certains environnements ne possèdent qu’une conscience apparente de
type réflexe, restant dans cet état durant un certain temps jusqu’à ce qu’ils
perdent leur cohésion ou que l’on modifie l’espace physique auquel ils
adhéraient. Il y a des cas de relative permanence qui ont pour origine un fort
désir de témoigner ou, des sentiments très profonds d’amour et de la haine
envers d’autres personnes. Les doubles des animaux et des végétaux peuvent
aussi continuer à adhérer à certains lieux jusqu’à leur prompte dissolution.
Enfin, il existe des conglomérats d’énergie considérable qui agissent sans
arriver à constituer de véritables doubles.
Pratique de la Religiosité Intérieure.
Si l’on vit en accord avec ce qui a été
déclaré lors de la cérémonie de Reconnaissance…
Si occasionnellement,
on fait appel à l’inspiration du Guide Intérieur…
Si
de façon hebdomadaire, on participe aux cérémonies et aux méditations sur le
Livre, le Chemin et les matériels complémentaires…
Si, mensuellement, on réfléchit à la
croissance intérieure obtenue face aux difficultés de la vie…Alors, on est sur
le chemin de l’illumination spirituelle.