Quand je parle du niveau de conscience de l’unité, que j’ai caractérisé par l’éveil du regard intérieur, je me réfère à une façon d’être, à laquelle j’accède sans effort et qui s’installe en moi, comme cela est arrivé à nos ancêtres hominidés avec le sommeil et la veille. Je mentionne un état qui dépasse la veille et fait pressentir un grand changement.
Si je remonte à un temps originel, et que j’observe le surgissement de l’Univers, la condensation de la matière, la naissance de la vie, la coordination de la conscience, cela me semble connecté à une impulsion évolutive, qui à partir de particules très simples, élabore des moments de plus en plus complexes. Il ne semble pas que dans cette spirale de la création, le créé soit jamais intervenu pour collaborer avec cette intention qui le précède. Cette impulsion, jusqu’à maintenant, a été suffisante pour que des combinaisons mécaniques, chimiques et biologiques fassent germer toute l’existence, y compris la vie et les espèces. Jusqu’à l’apparition de l’être humain.
Dorénavant, cet être commence, par son action, sa propre conquête et la conquête du naturel ; pour cela, il accumule son histoire, transfère le temps dans les générations, et réfléchit sur son origine et son sens.
S’il est vrai que le dépassement de la souffrance et de la peur de la mort est une nécessité, notre prochain pas sera d’atteindre la conscience de l’unité. Mais ceci ne sera pas le fait de l’évolution naturelle, mais parce que, dorénavant, l’humanité ellemême assumera son destin. Non seulement quant aux avancées scientifiques et techniques, qui améliorent la domination de la nature, mais aussi quant à son propre développement psychique et spirituel.
Si ce changement est obtenu dans de petits groupes, il est certain qu’ils essaieront d’influencer le processus historique, la science, l’art, la technique, la religion. Ils chercheront à créer des conditions sociales harmonieuses pour multiplier ce niveau de conscience majeur parmi les grands ensembles.
Extrait de la présentation
du livre « Lettres à mes amis »
Silo,
Centre
Culturel "Station Mapocho"
Santiago,
Chili, 14
mai 1994
"Nous arrivons ainsi à un
monde où la concentration du pouvoir financier sape toute industrie, tout
commerce, toute politique, tout pays et tout individu. L’époque du système
fermé commence et dans un système fermé, il n’existe aucune autre alternative
que sa dé- structuration. Dans cette perspective, la déstructuration du camp
socialiste apparaît comme le prélude à la déstructuration mondiale qui
s’accélère de façon vertigineuse.
Tel
est le moment de crise dans lequel nous nous trouvons. Mais la crise peut se
résoudre selon différentes variantes. Par simple économie d’hypothèses et, par
ailleurs, pour pouvoir les illustrer à grands traits, seulement deux variantes
sont esquissées dans lesLettres: d’une part l’entropie
des systèmes fermés, et d’autre part l’ouverture d’un système fermé grâce à
l’action non pas naturelle mais intentionnelle de l’être humain.
Voyons la
première, que nous allons nuancer par un mode descriptif pittoresque.
Il
est très probable que se consolide un empire mondial qui tendra à homogénéiser
l’économie, le droit, les communications, les valeurs, la langue, les us et
coutumes. Un empire mondial orchestré par le capital financier international
qui ne fera même pas cas des populations situées dans les centres de décision.
Dans cette situation saturée, le tissu social va poursuivre son processus de
décomposition. Les organisations politiques et sociales, l’administration de
l’État seront tenues par des technocrates au service d’un monstrueuxpara-Étatqui tendra à discipliner les
populations, avec des mesures plus restrictives à mesure que la décomposition
s’accentuera. La pensée aura perdu sa capacité d’abstraction, remplacée par un
mode de fonctionnement ana- lytique et pas à pas, selon le modèle informatique.
On aura perdu la notion de processus et de structure, et il en résultera de
simples études de linguistique et d’analyse formelle. La mode, le langage et
les styles sociaux, la musique, l’architecture, les arts plastiques et la
littérature s’en trouveront déstructurés et l’on considèrera comme une grande
avancée ce mélange de styles dans tous les domaines, comme ce fut le cas à
d’autres périodes de l’Histoire avec les éclectismes de la décadence impériale.
Alors le vieil espoir de tout uniformiser entre les mains d’un même pouvoir
s’évanouira pour toujours. Cet obscurantisme de la raison, cette fatigue des
peuples laisseront le champ libre à tous les fanatismes, à la négation de la
vie, au culte du suicide et au fondamentalisme désincarné. Il n’y aura plus de
science ni de grandes révolutions de pensée… seulement une technologie qu’on
appellera alors "Science". Les localismes, les luttes ethniques
resurgiront, et les peuples laissés pour compte se jetteront sur les centres de
décision, dans un tourbillon après le passage duquel les mégacités, jadis
surpeuplées, seront désertées. Des guerres civiles continuelles secoueront
cette pauvre planète sur laquelle nous ne désirerons plus vivre. Enfin arrive
la partie du conte qui s’est répétée dans de nombreuses civilisations,
lesquelles croyaient, à cemoment-là,en un progrès sans fin. Toutes ces
cultures se sont dissoutes mais, heureusement, alors que certaines tombaient,
de nouvelles impulsions humaines surgissaient ailleurs et, dans cette
alternance, l’ancien fut dépassé par le nouveau. Il est clair que, dans un
système mondial fermé, il n’y a pas de place pour l’émergence d’une autre
civilisation, mais seulement pour un long et obscur Moyen Âge mondial.
Si
ce qui est exposé dans lesLettres, sur
la base du modèle expliqué, est totalement incorrect, nous n’avons aucune
raison de nous inquiéter. Si, en revanche, le processus mécanique des
structures historiques prend bien la direction commentée, alors il est temps de
se demander comment l’être humain peut changer le cours des événements. Qui
pourrait produire ce formidable changement de direction sinon les peuples qui
sont précisément le sujet de l’Histoire ?Sommes-nousarrivés à un degré de maturité
suffisant pour comprendre qu’il n’y aura dorénavant plus de progrès si ce n'est
celui de tous et pour tous ? C’est cette seconde hypothèse qui est explorée
dans lesLettres.
Si
chez les peuples s’incarne l’idée qu’il n’y aura pas (il est bon de le répéter)
de progrès qui ne soit celui de tous et pour tous, alors la lutte sera claire.
Au dernier échelon de la déstructuration, à la base sociale, de nouveaux vents
commenceront à souffler. Dans les quartiers, dans les communautés de voisinage,
dans les lieux de travail les plus humbles, le tissu social commencera à se
régénérer. Cela sera, apparemment, un phénomène spontané. Il se répétera avec l’apparition
de multiples groupements de base formés de travailleurs affranchis de la
tutelle des directions syndicales. De nombreux noyaux politiques sans
organisation centrale apparaîtront et entreront en lutte avec les coupoles des
organisations politiques. Dans chaque usine, chaque bureau, chaque entreprise,
on commencera à discuter. À partir des revendications immédiates, on prendra
conscience d’une situation plus ample dans laquelle le travail aura plus de
valeur que le capital. Et quand viendra l’heure de considérer les priori- tés,
le risque supporté par le travail sera plus évident que le risque du capital.
On arrivera facilement à la conclusion que le bénéfice de l’entreprise doit
être réinvesti dans de nouvelles sources de travail ou dirigé vers d’autres secteurs
dans lesquels la production continue à augmenter au lieu de dériver vers des
franges spéculatives qui engraissent le capital financier, vident l’entreprise
et mènent l’appareil de production à la faillite. Le dirigeant d’entreprise
commencera à se rendre compte que la banque l’a converti en simple employé et que,
dans cette urgence, le travailleur est son allié naturel. Le ferment social se
réactivera. Une lutte claire et franche se déchaînera entre le capital
spéculatif, caractérisé par sa force abstraite et inhumaine, et les forces de
travail, véritable levier de la transformation du monde. On commencera à
comprendre, d'un seul coup, que le progrès ne dépend pas de la dette que l’on
contracte auprès des banques, mais des crédits quecelles-ci devront accorder aux entreprises sans percevoir d’intérêts. Il ne s’agira même plus de
la conquête des États nationaux mais d’une situation mondiale dans laquelle ces
phénomènes sociaux se propageront en précurseurs d’un changement radical de la
direction des événements. De cette façon, le processus ne débouchera pas sur le
collapsus mécanique que l’on a vu se répéter si souvent, mais la volonté de
changement et d’orientation des peuples avancera sur le chemin qui mène à la
nation humaine universelle.
C’est
sur cette seconde possibilité, c’est sur cette alternative que parient les
humanistes d’aujourd’hui. Ils ont trop foi en l’être humain pour croire que
tout finira de manière stupide. Et s’il est vrai qu'ils ne se sentent pas àl’avant-gardedu processus humain, ils sont disposés
à accompagner ce processus dans la mesure de leurs forces et là où ils sont
bien positionnés."
Centre
d'Étude, Parcs d'Étude et de Réflexion Punta de Vacas
Le
psychologique ou le scientifique par leurs caractéristiques prétendent
objectiver l'expérience, la sortir du subjectif et la mettre dans un système
théorique (méthode scientifique) aligné avec la pensée de l'époque.
Nous,
nous préférons une méthode mystique qui nous indique le chemin vers
l'expérience et qui se préoccupe de construire des procédés. Ce ne sont pas
deux formes qui s'opposent nécessairement, mais elles ont leurs différences.
Pour
définir un peu plus la méthode mystique, c'est quelque chose qui donne priorité
à l'expérience et ne tente pas de monter un système théorique, mais qui est en
relation directe avec l'obtention des expériences. Cette méthode mystique a
recours, suivant la situation, tantôt à la philosophie, à la psychologie et à
la science pour décrire ses procédés. La psychologie, fille de cette époque,
doit maintenir le langage qui lui correspond, raison pour laquelle elle ne peut
développer des théories sur des expériences subjectives sur lesquelles il n'y a
pas une base commune de registres ni un schéma théorique cohérent avec la
science actuelle. De ceci résulte que, ce qui est présenté dans Le Regard
Intérieur, en termes de prose poétique et d'expérience personnelle, ne peut
pas être présenté si facilement en termes
psychologiques tant qu'il n'y a pas d'encadrement théorique admissible pour les
paradigmes scientifiques. Donc, cette restriction que nous trouvons dans le
dernier chapitre de Notes de Psychologie 4 « on ne peut rien dire de
ce vide », il faut le comprendre comme une limitation du langage
psychologique. Au contraire, dans Le Regard Intérieur et dans de
nombreuses littératures poétiques et mystiques, il y a des développements
notables sur le transcendantal, développements qui se donnent en dehors du
cadre de la psychologie actuelle.
Le
contact avec le Profond ne peut se mesurer en termes précis tout comme on ne
peut mesurer l'amour. Mais ceci n'enlève pas que ce soient des
"réalités" qui peuvent être expérimentées clairement. Là apparaissent
des structures et des dynamiques transcendantes très claires, avec une
"logique" précise, qui configurent le grand mécanisme de l'univers.
Il y a un plan régi par des lois universelles très précises, et il y a
seulement des formes provisoires et indirectes pour s'y référer.
Ce
qui intéresse la mystique, c'est la transcendance, comme quelque chose qui peut
s'atteindre maintenant, dans le parcours de cette vie et non dans une autre. La
mystique se préoccupe des procédés pour la transmission des uns aux autres des
expériences fondamentales. Dans la mystique, il n'y a pas de limites. De
maîtres à disciples on cherche, non seulement à répéter les expériences mais
aussi à avancer. Comme le disait Léonard de Vinci « Rares sont les disciples
qui ne dépassent pas leur maître ».
Voyons
maintenant quelques piliers de l'expérience mystique.
"Vide",
"Double", "Centre Lumineux" et "Conscience
Séparée"
Il y
a 4 expériences que nous avons appelées : "Vide", "Double",
"Centre Lumineux" et "Conscience Séparée". Elles
constituent un parcours clair qui s'est révélé dans le travail en Chambre de
Silence. L'expérience du Profond est une expérience circulaire qui est à la
fois finie et infinie, parfois représentée comme la Cité Cachée.
Ce
sont 4 points que nous reconnaissons comme communs. Ce ne sont pas des vérités
en soi, chaque point est une description de diverses expériences et registres
que nous regroupons en un mot-concept. Chaque point admet extension et
profondeur.
Voici
mes descriptions :
Le
Vide : il va de la quiétude de la transe (ce que John Lilly appelle "Point
Zéro") à une expérience de nirvana en une insondable vacuité absolue5.
Le
Double : il va de phénomènes énergétiques-lumineux totalisateurs et extrêmement
intenses, dispersés ou expérimentant le corps comme un siège, jusqu'à des
expériences de dédoublement partiel ou total, de vision depuis le dehors et de
projections.
Le
Centre Lumineux : il va du registre d'un point concentré, parfois localisé dans
la tête ou entre les yeux, jusqu'au Centre où tout est, plein de significations
; c'est une profonde expérience de Reconnaissance. C'est parfois un point
adimensionnel qui concentre tout, désormais détaché des registres du corps.
C'est un phénomène conscient, la plus haute manifestation du divin.
Le
Centre Lumineux est comme une cause-résultat entre le Vide et les phénomènes
énergétiques structurés que nous appelons Double. On pourrait voir le Centre
Lumineux (5)
comme
le Tao, en relation au Yin-vide et au Yang-énergie. Le Centre Lumineux a une
vie propre et de là surgissent les registres de Conscience Séparée. Tous les
registres du Centre Lumineux, comme ceux de Conscience Séparée, se révèlent par
un travail indirect.
Conscience
Séparée : à partir du Centre Lumineux apparait un registre conscient, depuis le
dehors. C'est comme s'il y avait une conscience supérieure à laquelle on
participe.
Par rapport au
Dessein et aux restes :
Comment
organiser les choses de façon à ce que les registres se structurent de manière
adéquate, que les restes tombent dans un champ, comme attirés par un aimant ?
Je
dois aller à l'expérience avec un filet, avec un Dessein catalyseur, pour que
les registres prennent cette direction.
Ce
n'est pas la même chose de revivre l'expérience en la ressortant de la mémoire
(évocation) que de produire de nouveau les registres et qu'ils se structurent
d'une façon nouvelle.
Toute
expérience transcendante doit prendre vie dans le quotidien : un sentiment
religieux croissant doit accompagner ces processus. Le sentiment religieux, à
son tour, est la porte à la certitude de la transcendance.
Dans
ce travail, est valable ce qui est dit dans Le Regard Intérieur de 1973
: « Le doublepeut se consolider par son activité unitive ou en
recevant la Force directement du centre lumineux. »
Bibliographie
suggérée sur ce thème
-Canaries, 1978, 5ème
jour.
-Causerie de Silo sur le sens de la vie,
Brésil, 1980.
-Commentaires de Silo sur l'âme-double, centre
de gravité et esprit : compilation partielle de notes pas forcément
authentiques (non officielles), version de septembre 2012, Andrès Korysma.
-Notes d'une causerie avec Mario, 2 janvier
2000 (sur l'irruption du transcendantal).
-Le Secret de la Fleur d'Or,
traduction de Thomas Cleary.
-Tanks for the memories – Flotation Tank
Talks, John Lilly – E. J. Gold.
-Isolation Tank – The deep self, John Lilly.
-Sensory Isolation in Flotation Tanks –
Altered States of Consciousness and Effects on Well-being, Kjellgren.
-The Book of Floating, Hutchinson.
---------------------------------
5 Voici
les pas pour atteindre le "Point Zéro" avec lesquels je travaillais
en Chambre de Silence : ne rien faire, rester immobile, perdre le corps, mettre
l'attention sur une respiration profonde et régulière qui entre en syntonie
avec une ouverture poétique, ensuite se laisser aller à l'ivresse et relâcher
la respiration. Lâcher tout, se laisser aller en ayant confiance dans le
Dessein. Il fallait au moins 40 minutes aux débutants pour entrer en transe,
c'est pourquoi les sessions doivent durer 1 heure. Avec les sessions
successives, on avance plus rapidement, plus facilement et plus en profondeur.
Attention aux expectatives et entrer toujours avec beaucoup d'humilité, ne pas
y aller frontalement… se laisser aller.
Remarques
sur les observations faites par Salvatore Puledda des conversations
avec Silo[1] concernant le phénomène de la mort, lors d'un séminaire à
Mendoza, 1983.
Voici ce que me lança Negro par rapport au phénomène de la mort pendant les séminaires que j’eus à Mendoza. La causerie ne fut pas totalement différente. Nous avons commencé par un bout, puis un autre et ainsi de suite, mais je l’ai reconstruite plus ou moins ainsi : Il dit qu’il y a un Double et que cela est considéré comme certain. Ce double registre tout ce qui se passe durant la vie comme si c’était une espèce de… lui le nomme “une copie carboneˮ ou photocopie du corps et tout ce qui lui arrive à chacun est inscrit là. Non seulement ceci, mais aussi que les caractéristiques avec lesquelles chacun naît sont là, gravées dans le Double. Parce que là surgit un problème assez sérieux, qui serait… en quels termes pourrions-nous parler de justice humaine si effectivement on ne connaît pas les conditions qui ont été données à une personne ?
Par exemple : une personne naît boiteuse ou aveugle, ou avec un développement intellectuel très faible ou très haut, quelqu’un naît dans une situation environnementale d’une certaine manière, un autre dans une situation totalement défavorable, un autre au milieu d’un champ. La chose est différente, n’est-ce pas ? La capacité de développement de chacun est différente et donc de quelle manière pouvons-nous juger une personne, où est la justice ? Ce sont des interrogations que vous vous êtes faites mille fois.
Il disait que ces caractéristiques dans lesquelles on vient au monde et l’enceinte dans laquelle chacun arrive, tout ceci est gravé dans le Double. Il disait que chacun arrive avec une caractéristique déterminée que lui appelle “la Direction Mentaleˮ, qui pourrait être ce que les Grecs appelaient le “Daimôn qui est la force qui pousse une personne dans une direction ou une autre, qui va la mener de préférence dans une direction ou une autre. De plus, cette personne va se développer dans une enceinte déterminée, dans laquelle elle est, dans laquelle on nait et tout ceci donne la Direction Mentale qu’on lui donne (et nous pouvons parler ainsi) à la naissance. Toutes les choses qui vont lui arriver dans la vie, s’il a été dans une enceinte favorable ou un peu favorable etc., tout ceci est inscrit dans le Double.
Alors, s’il y a un jugement post-mortem, c’est un jugement très différent du jugement humain. Alors, tout ce qui lui a été donné au commencement, plus ce qu’il lui a été donné dans les interrelations avec l’enceinte plus ou moins favorable, ainsi que toutes les choses qui lui sont arrivées au cours de la vie vont s’inscrire là, comme une photocopie parfaite de ce qui est arrivé dans la vie, ça s’accumule là.
Alors je vous décris le panorama comme lui, me l’a présenté. La Mort. Qu’est-ce que la Mort ?
Il me donna une définition que je me rappelle très précisément. Il disait : “La Mort est l’illusion maximaleˮ. Pourquoi est-ce ainsi ? La raison était celle-ci. Il disait : pendant la vie, on a des impulsions non seulement de la mémoire mais aussi de l’enceinte externe et alors on se situe aussi par rapport à l’enceinte externe, on répond aux choses qui sont dehorset on bouge vers elles.
Mais lorsqu’on meurt, ton corps n’a déjà plus la possibilité de répondre aux stimuli, de les sentir, de les capter, alors l’unique chose qui reste, c’est la mémoire, dans le Double. Dit dans notre langage, tu as la représentation mais pas de perception. Si tu n’as pas de perception, ce que tu as sont seulement tes souvenirs qui se sont organisés d’une certaine manière. Alors, après la mort, mis à part que le sujet ne comprend pas, un sujet sans travail interne ne comprend pas qu’il est mort, donc la relation avec le milieu est coupée et lui surgissent tous ses contenus, ses climats et, ces contenus et climats organisent un paysage, comme le paysage du rêve ou le paysage du transfert et il se meut dans ces paysages, croyant qu’ils sont réels. Donc l’approximation que je peux avoir de ce phénomène est le transfert ou le rêve. Dans le rêve, je suis dans un paysage que j’ai moi-même construit, mais je ne sais pas que c’est moi qui l’ai construit.
Si le sujet ne se rend pas compte, n’a pas d’autre référence, il est comme dans un rêve. Il est dans son paysage mais il ne se rend pas compte qu’il le construit lui-même et automatiquement les paysages qu’il construit vont avoir un argument, un développement jusqu’à parvenir à un point où se donne la contradiction.
Je me demande : À ce point, le sujet est-il vivant ou mort ? Qui est celui qui perçoit ? C’est un bazar. Qui est celui qui me voit ?
Ainsi nous émettons une hypothèse, qui est que le Double existe, parce que si nous pensons que seul le corps existe, alors nous avons un autre bazar. Le Double travaille avec sa mémoire. La connexion entre la mémoire, le Double et le corps, ceci je ne sais pas comment ça fonctionne.
Continuons de supposer que le Double existe, la question suivante est : Comment le Double agit-il sur le corps ? Ceci je ne l’ai pas clair. Je ne sais pas non plus à quel moment commence le phénomène, je transmets ce qu’il m’a dit.
Nous en étions là, le sujet était dans son paysage que lui-même construit sans le savoir et qui l’amène automatiquement à sa contradiction. Après ça, quelques-uns de ces Doubles, ceux qui sont là-bas et ne peuvent processer davantage, se dissolvent, perdent de l’unité, le paysage qu’ils ont construit par la contradiction se dissout. Et d’autres non, d’autres parviennent à un paysage comme c’est dans la majorité des religions, ils arrivent à un paysage et là-bas on pèse, on décide, les bonnes actions et les mauvaises actions. Il disait que c’est ainsi, mais que ce n’est pas le lot commun que le Double arrive au jugement.
Je lui demande alors : S’il y a un jugement, il y a des juges. Qui juge ? Ces juges ontils une identité ? Ont-ils une réalité externe au rêve du sujet ? Ou sont-ils une projection du sujet lui-même lorsqu’il est arrivé à un certain état ? Ça se comprend ? Parce que dans la majorité des religions, il y a les juges des morts.
Lui disait que ce n’était pas très important, que ce n’est pas le point central. Puis il dit : Et, après le jugement, on les envoie dans différents endroits qui correspondent plus ou moins à ce qui se dit dans les religions, à un point où on les dissout une autre fois. (C’est-à-dire qu’après le jugement, il peut se dissoudre,
c’est-à-dire qu’il y a comme plusieurs check-up). Et après il disait – et c’est peut-être le plus intéressant dans ce qu’il m’a dit : ceux qui ont passé le jugement favorable (pour ainsi dire) se trouvent face à l’anneau de l’expérience guidée “Le voyageˮ(2). C’est ce qu’il m’a dit explicitement. Et là, on passe véritablement à une chose complètement différente. Ce double qui a maintenu son unité, qui a pu passer à travers son rêve, qui a été jugé de façon favorable alors, làbas, lui apparait un anneau. Il disait que c’était plus ou moins le paysage post-mortem et l’expérience du “voyageˮ exprimait exactement ce tunnel lumineux où vont les Doubles qui arrivent.
Quels sont les Doubles qui arrivent ? Ceci est très intéressant. Ceci dépend de ce que tu as fait avec cette Direction Mentale qui t’a été donnée au commencement. Qu’as-tu obtenu, qu’as-tu fait ? Étant donné les conditions que tu as eues.
Une autre chose qu’il m’a dite était en rapport avec la réincarnation. Il disait que seuls les Bodhisattvas se réincarnaient. C’est-à-dire cette personne très spéciale qui est arrivée à un certain niveau de compréhension et qui choisit par amour de l’humanité ou une autre raison de revenir. Il disait que c’était l’unique forme de réincarnation. Tout ne se réincarne pas.
Un autre point très, très important, bien que ce ne soit pas du paysage post mortem était comment l’Orient et l’Occident ont affronté le thème de la mort. Il disait que les Occidentaux avaient pris la forme égyptienne de conserver les corps ou cette forme que prirent plus tard le judaïsme et le christianisme où resurgissait la chair. Alors il y a le problème du corps, et la momification sera une idée fondamentale de l’Occident qui l’amène à une certaine matérialisation matérialité de la civilisation.
En Orient, l’idée est complètement différente, c’est une vallée de larmes où cette roue monstrueuse, terrible, te fait toujours te réincarner et te réincarner et te réincarner et tu dois passer 10000 vies, d’abord un asticot, puis un papillon etc. jusqu’à parvenir à être Brahman. L’idée fondamentale est que ceci disparaisse de là et ça produit deux tréfonds mentaux très différents, qui donnent direction à un type de civilisation. Là-bas, il est souhaitable de s’en aller et, ici, de conserver le corps.
Autre chose qui me reste de ce qu’il me dit : le concept de purgatoire n’était pas une idée si stupide. Lorsque l’on donne un jugement, on donne aussi un temps pour qu’il puisse recomposer ses contradictions et alors, certains sont jugés et… Et aux autres on leur laisse un temps qui correspondrait avec le mythe du purgatoire, où il peut y avoir une interaction avec les vivants. Interaction mentale. Les vivants peuvent l’aider à faire ce qu’il doit faire (c’est comme ça qu’on explique les prières pour les morts et ces choses). C’est ainsi qu’il décrivait le paysage.
De tout ça se détache une idée très utile qui est que peu importe à quel moment de la vie on meurt, ni dans quelles conditions on naît. C’est la chose la plus exceptionnelle et la plus importante. Il y a une véritable justice, qui n’est pas la justice humaine ! Il n’y a pas de désavantage, c’est une justice que nous ne comprenons pas très bien.
L’autre idée que l’on peut ressortir de cette conversation qui est très utile, qui aide dans tout ce thème des transferts et de l’action valable. Ceci me pousse à sortir de mes contradictions, car ce sont les mêmes que je
rencontrerai, à la différence qu’ici je peux opérer et, là-bas non.
Par rapport à la Direction Mentale, il disait que tous ne partent pas ou ne viennent pas avec la même. (Cette Direction Mentale c’est … la Dot). Ce n’est pas un prédéterminisme, c’est un regard. Avec tout ce qui t’a été donné, qu’as-tu fait ? On te mesure selon ce que l’on t’a donné et ceci est la justice.
Il disait littéralement : Tout ceci, tant la direction mentale qui t’a été donnée que les conditions, les choses qui te sont arrivées pendant ta vie sont inscrites dans le Double, malgré ça on ne peut comparer et, c’est pour ça qu’il n’existe pas de justice humaine. Alors la difficulté est énorme, l’énorme humilité que nous devrions avoir pour juger la vie des autres. C’est très difficile de juger. Par conséquence, la justice est relative, le jugement qu’ils te feront sera relatif. C’est un jugement personnalisé, pas selon le code.
Ce thème de la justice m’a enlevé plusieurs problématiques, je ne sais pour vous… mais pour moi, ça m’a beaucoup allégé, c’est pour ça que je vous le raconte. Le reste, la mort comme illusion et comme création d’images d’un rêve, où se construisent des paysages en accord avec le climat que tu avais dans la vie, pour moi, sans m’effrayer, ça m’a généré l’envie de travailler parce que de toutes façons, que je le veuille ou non, ce que j’ai va apparaitre. Cela me donne de l’entrain pour travailler. Je peux me cacher comme l’autruche mais de toutes manières ce que tu as va t’apparaitre, ainsi mieux vaut le travailler. C’est meilleur que tu parviennes à une unité parce que, même si tu fais l’autruche, ça va t’apparaitre de toute façon.
C’est ce que je crois utile… le reste sont des anecdotes que je ne comprends pas. C’est tout.
--------------
[1] Mario Luis Rodríguez Cobos (www.silo.net)
[2] « …J'avance parmi des murs transparents qui produisent des changements de couleur musicaux quand on les traverse. J'avance encore jusqu'à parvenir à une surface plane au centre de laquelle je vois un grand objet mobile, impossible à cerner du regard, car quelle que soit la direction suivie à sa surface, celle-ci finit par s'enrouler à l'intérieur du corps. Ça me donne des vertiges; je détourne le regard. Je rencontre une silhouette apparemment humaine. Je ne peux voir son visage. Elle me tend une main dans laquelle je vois une sphère rayonnante. Je commence à m'approcher et, en un acte de complète acceptation, je prends la sphère et la pose sur mon front. (*)…”. Voir: http://experiencesguidees.blogspot.ca/2014/10/le-voyage.html
-Silo, parfois, lorsque
j'essaie d'exprimer ton message, je rencontre des difficultés, cela ne sort pas
très bien, j'ai la sensation que je ne le communique pas bien.
-Tu ne peux communiquer avec facilité le Message, par ce que le Message est
surtout Expérience, Alors, expliquer une expérience. . . Comment pourrais-tu
expliquer à quelqu'un le goût sucré ? Comment pourrais-tu expliquer à une
personne qui n'a jamais vu les couleurs par exemple, ce qu'est la couleur rouge
ou la couleur bleue à celui qui ne l'a pas vue ? S'il s'agit de quelqu'un qui a
vu la couleur bleue, quand tu lui en parles, il te dit : “ Ah oui, je sais de
quoi tu parles ! "
-Mais comment expliques-tu une
expérience que l'autre n'a pas eue ?
-Alors quand tu dis que tu as des difficultés pour commenter ton expérience,
je dis que c'est très raisonnable que cela se produise, c'est ce qui se passe,
y'a pas moyen de le communiquer. Donc, lorsque tu veux communiquer quelque
chose,
tu dois parvenir à ce que l'autre personne puisse faire un effort
d'expérience, qu'elle puisse ressentir cela, car simplement en l'expliquant, tu
ne pourras pas l'atteindre, tu ne la toucheras pas. Et les expériences que nous
transmettons ce sont des expériences qui ne sont pas tellement liées aux choses
quotidiennes mais plutôt à quelque chose de très extraordinaire qui se produit
en nous.
Ces expériences, surtout les expériences qui nous intéressent tellement, sont
les expériences de changement. Les expériences de changement, dont je t'ai déjà
parlé à un autre moment, sont très différentes des expériences quotidiennes,
parce que ce sont les expériences qui changent les gens. Lorsque quelqu'un
tombe amoureux pour la première fois, son cortex s'enflamme et c'est comme s'il
marchait sur des nuages ; tout en marchant il se sent tout léger, c'est une
autre expérience, une autre expérience de l'espace dans lequel il vit, une
autre expérience de la relation entre personnes.
L'expérience de l'amour est
une des grandes expériences, mais comment la transmettre à qui n'a pas eu cette
expérience ? Les expériences du rêve sont plus habituelles. On rêve de choses
extraordinaires, des choses que l'on ne voit pas dans la vie quotidienne. Parfois,
quand on se réveille, les influences du rêve continuent et cela s'avère très
attrayant et très profond . . . ce qui s'est produit dans nos rêves.
Mais l'on comprend que ces
rêves, - où ce qui arrive n'est pas ce qui se passe dans la vie quotidienne - travaillent
dans un autre espace mental, dans un autre endroit du mental.
C'est la même chose que ce que
nous avons dit de l'amour. Ils agissent dans un autre lieu du mental, pas dans
le lieu du mental où travaille la représentation quotidienne.
Ainsi, il existe donc en
chacun de nous la capacité de nous placer en d'autres lieux,
de gagner d'autres
profondeurs. Nos expériences se transmettent, pour produire ces changements,
dans la profondeur du mental de l'être humain. Le Message va par-là, c'est là
que “ frappe” le Message.
Les expériences de changement
Comment peux-tu expérimenter
ces choses-là ? Eh bien en ce moment même tu pourrais expérimenter ces choses. Avant
toute chose, dis-moi : tu as bien rêvé une fois dans ta vie ? Oui ou non ? Tu
as sûrement déjà fait un rêve une fois dans ta vie ? Je crois que l'on connait
bien les rêves, c'est un état de conscience différent de celui que l'on a dans
la vie de tous les jours, celui des rêves, qui a sur nous beaucoup
d'importance, beaucoup de pouvoir et parfois cela nous change la vie, les
expériences des rêves, n'est-ce pas ?
Bon, es-tu déjà tombé amoureux
? Ne serait-ce qu'une fois ? C'est un type d'expérience qui peut changer ta vie ; c'est
ce type d'expériences qui se produisent dans un autre espace, comme à un autre niveau : l'expérience
de l'amour par exemple, les expériences des rêves, celles que nous avons tous
eues, dont nous n'avons pas l'habitude de tenir compte et que nous oublions, sont des
expériences très révélatrices dans lesquelles nous approfondissons.
Parfois, en entrant dans ces
expériences, nous avons la sensation de voir le monde pour la première fois. Je
n'ai jamais vu le monde de cette façon et de plus, cela dure très peu de temps,
cela dur e vraiment très peu de temps de voir le monde ainsi et je ne peux pas
y revenir par la suite.
Parfois, à la campagne comme ici, je vois un
coucher de soleil. Et dans ce coucher de soleil, c'est comme si je comprenais
tout, pour un très court instant. Cette compréhension, tout à coup, pour un
très bref instant, liée à ce coucher de soleil est pour moi une expérience de
changement qui peut même s'avérer très importante, mais habituellement je ne
tire pas les conséquences de cela.
Tout le monde a eu des
expériences de ce type, mais bien peu nombreuses sont les personnes qui ont
approfondi ces expériences. Nous entrons là dans les expériences qui ont lieu
dans un autre espace mental, qui ont lieu dans une autre situation mentale, qui
se produisent dans un autre état de conscience ; c'est dans ces expériences que
nous entrons.
Et il y a un petit livre, qui
s'appelle le Regard Intérieur, qui explique très bien ces expériences-là. C'est
ce petit livre que nous transmettons et nous disons aux gens : “Méditez ce
petit livre, regardez si dans ce petit livre il y a des choses qui vous
résonnent, comme des choses importantes
dans votre vie, car bientôt va surgir le thème que...vous ne serez pas là pour
toujours... Vous allez partir, nous allons tous partir ; la vie se termine à un
moment donné. . . Et alors comment ça continue cette histoire ? Vous
disparaissez pour toujours ou quelque chose en vous continue ? Vous voudriez
avoir des réponses là-dessus avant de partir, car partir… c'est sûr, vous allez
partir. Mais cela vous plairait bien d'avoir une quelconque réponse à ce sujet.
Bien. Ce livre parle de ces
choses, ces expériences parlent de ces choses, de ce qui se passe avec la vie,
avec le sens de la vie, ce qui se passe après la vie, ce qui se passe avec la
mort, toutes ces choses qui sont
celles qui nous intéressent. Et cela intéresse beaucoup de gens. C'est pour cela que beaucoup
de gens écoutent ce message, mais nous ne dissertons pas beaucoup sur le
message théorique, le message des idées, mais sur cette chose affective,
émouvante, d'expérience, c'est sur cela que nous travaillons avec les gens qui
s'approchent. Alors les gens viennent et
nous questionnent. Alors nous leur disons : « Faisons une expérience
! ». Et voilà !
- Durant toutes ces années, tu as exprimé ton message sous différentes
formes. dans différentes choses, oui ! et il y a des gens qui disent, eh bien,
que tu changes toujours d'avis, que ce sont des choses différentes. . . Mais
pour nous, pour moi, je n'ai pas cette sensation.
Mais comment toi, tu expliques
cette forme ? Mais toi ? Tu as la sensation qu'il s'agit toujours de la même
chose ?
- La même chose, bien sûr, depuis le début.
- Comme si nous parlions de
traductions de la même chose. Différentes traductions, différents langages de
la même signification. Ces expressions surgissent parce que les gens le voient
sous différents angles et les gens interrogent depuis différents angles et les
gens qui questionnent sous un certain angle obtiennent une réponse qui
correspond à cette perspective, différente de l'autre. Cela finit par produire
cette grande confusion car certains interprètent une chose et les autres une
autre. Interprétation d'une seule et même chose.
Nous, qui avons la tête si
fermée, nous croyons toujours que
l'interprétation doit être unique et résultat : les interprétations sont
diverses, par ce que les perspectives des personnes sont diverses. Il se
produit la même chose avec le langage. Il semble que ce sont des choses
différentes mais, en réalité, c'est la même histoire, dans le fond, mais ce
sont des traductions différentes de ce message, ce sont des traductions
différentes. Toi tu l'as vu et tu as l'expérience que nous sommes toujours en
train de parler de la même chose, oui... c'est cela, nous sommes toujours en
train de parler d'une seule et même chose. Et si tu parles avec quelqu'un qui
n'a jamais rien entendu avant de ce message, que poses-tu comme thème central ?
Le thème central, c'est la souffrance humaine.
La Souffrance comme thème
central, c'est notre thème. Le thème de la souffrance : Comment la souffrance
existe-t-elle dans l'être humain ? Comment peut-on vaincre la souffrance ? Quel
est le chemin qui amène vers une plus grande souffrance ? Par quel chemin
peut-on sortir de là et arriver ailleurs ? C'est notre thème, le thème de la
souffrance.
La souffrance, ce n'est pas
simplement la douleur, la douleur physique. Nous faisons une très grande
distinction entre la douleur et la souffrance. On peut ressentir de la douleur
parce qu'on a faim, parce que le corps fait mal.
Eh bien, c'est la science et
la justice qui peuvent soulager la douleur humaine. Mais la souffrance humaine
est mentale et la souffrance humaine n'est résolue ni par le développement de
la science, ni par le développement de la justice. C'est un effort que doit
faire l'être humain pour entrer dans d'autres régions du mental. Ceci est notre
thème, ceci est l'un de nos thèmes.
En toute logique, il y a des
thèmes qui sont très reliés au thème de la souffrance : celui de l'illusion, le
thème du monde que l'on imagine, des choses que l'on imagine sur soi-même, des choses que l'on imagine
sur les autres. Le thème de l'illusion est pour nous le thème clé et il est
très lié à la souffrance. Selon la façon dont quelqu'un fait évoluer ses
illusions, sa souffrance va augmenter ou va diminuer.
Enfin, le thème des croyances,
des choses que l'on croit. . . le thème des choses que l'on croit sur les
autres, sur soi-même, sur le monde, sur la vie, sur la durée de la vie. Parce
que quand on est dans un état normal, en train de faire des choses, on a
toujours la sensation et la croyance que l'on ne va pas mourir. Bien entendu
que si l'on demande à quelqu'un : “ Hey, vous allez mourir ?” Il va dire “ Bien
sûr !” mais au fond, il ne le croit pas. “ Oui, oui, bien sûr, évidemment, nous
allons tous mourir !” Mais il ne le croit pas. S'il le sentait à ce moment-là, il
en tremblerait comme une feuille, il en tomberait par terre, tiens!
Si bien que le thème de la souffrance, le thème des illusions, le thème de
la finitude, le thème des croyances, ce sont les thèmes dans lesquels nous
sommes. oui . . . les gens les associent toujours. .
- Ils se réfèrent à cela depuis un cadre religieux. Si tu crois en un dieu,
si tu ne crois pas. .
- Bien sûr, mais en fait nous ne pouvons pas mettre nos thèmes dans le
domaine du religieux car pour être dans le domaine du religieux, il faut avoir
des dieux, il faut avoir des prêtres, il faut avoir des livres sacrés, et pour
nous les dieux, ou le dieu, -ce qui revient au même- pour nous, ce n'est pas quelque
chose de confirmé, pour nous, c'est quelque chose de douteux, tout simplement.
Dieu est quelque chose d'incertain
Dieu est quelque chose
d'incertain. Et si tu me dis : “ Bon, mais toi tu crois ou tu ne crois pas en
dieu ?” Pour moi, ce sujet n'a aucun intérêt, par ce que ce n'est pas dieu qui
va résoudre mon problème de souffrance, ce n'est pas dieu qui va solutionner
mon problème de futur, en aucune façon, et ceux qui disent qu'ils ont dieu pour
résoudre ces problèmes souffrent tellement, ont tant de problèmes de futur,
tant d'insécurité, tant de choses, que l'on finit par douter qu'eux-mêmes
croient en dieu.
Alors posons-le de façon plus
simple. Posons-le de façon plus facile. Dieu est quelque chose d'incertain. Et
à partir de là, à vous de commencer à faire sur vous-même les changements et à
faire les choses. Bien ! “ Je crois en Dieu” , va nous dire l'un ; et l'autre
va nous dire “ Je ne crois pas en Dieu” et nous allons leur dire : “ Dieu est
quelque chose d'incertain.” .“ Comment ça, c'est quelque chose d'incertain ?”
Oui bien sûr, c'est clairement quelque chose d'incertain. Il suffit que je vous
dise que Dieu est quelque chose d'incertain pour qu'il soit incertain. “ Oui,
mais moi j'y crois !” Va dire l'autre. Oui vous y croyez, mais je dis que c'est
quelque chose d'incertain. On se rend compte alors qu'on introduit le thème de
l'incertitude des dieux. Et si Dieu est quelque chose d'incertain, alors là,
cela pose des problèmes de toutes parts. Si Dieu est quelque chose d'incertain,
alors il est d'autant plus discutable que quelqu'un utilise les dieux pour
imposer des choses, c'est bien pire encore.
- Alors, il y a deux démarches, une pour les croyants, une pour les non croyants,
alors que dis-tu aux croyants, aux gens qui croient en dieu, que leur dis-tu à
eux ?
Moi ce que je leur dis, c'est
: qu'ils croient ou ne croient pas, parfait ! Cela me parait très bien qu'ils
croient ou qu'ils ne croient pas, ça m'est égal. Mais ceci n'est pas le thème
pour sortir du monde de la souffrance et pour créer un nouveau type d'être
humain. Ceci n'est pas le thème. Ce que je dis aux gens qui croient : qu'ils
croient ! Et l'on me dit qu'ils ne croient pas, et bien qu'ils ne croient pas
!! Car le thème est autre. Le thème est autre, ce n'est pas le sujet de croire
ou ne pas croire en dieu. Le thème, c'est : comment solutionner ses problèmes
existentiels. Et l'existentiel ne se résout pas par ce que l'on croit ou ne
croit pas en dieu. . .
Il suffit d'observer. On peut
l'expérimenter: Prends... comme si nous faisions une recette, prends trois
cuillérées de sucre . . ., bon. Prends une personne qui croit en dieu avec
force et demande-lui comme elle a
résolu ses problèmes dans la vie, comment elle a solutionné ses angoisses, ses
peurs ; et ensuite, prends une autre personne qui ne croit pas en dieu et
demande-lui comment elle a résolu ses thèmes, ses peurs. Et nous allons trouver
dans les deux cas, qui sont si différents car l'un croit en dieu et l'autre
pas, nous allons trouver qu'ils sont très semblables parce que ces personnes
ont les mêmes angoisses, les mêmes peurs, le même désespoir de mourir.
Alors, nous disons : ce sont
des thèmes très intéressants, mais ils ne sont pas à propos. Ce qui est à propos, c'est
l'étude, l'approfondissement du thème de la souffrance. Ça, c'est approprié. Ce
qui est judicieux, c'est de comprendre que ce ne sont pas les croyances qui
solutionnent les problèmes, c'est judicieux de comprendre que l'on vit en
craignant des choses, que l'on vit rempli de peurs, rempli d'angoisses, c'est
cela qu'il nous parait important de souligner ici, cela même.
- À quelqu'un qui n'a jamais rien entendu de ces choses, qui arrive et
écoute tout cela, que dis-tu à cette personne, comment commence-t-elle ?
Comment est-ce que je peux commencer à dépasser ma souffrance ? Par où ?
Comment ? Quel est le premier pas ?
- Je ne lui dis rien. C'est
elle qui s'approche pour demander, ceci est important aussi. Nous expliquons
face aux questions Nous ne savons même pas comment parvenir aux gens, nous
n'avons pas de moyens de diffusion, ce que l'on nous fait dire à travers des
médias de diffusion n'a jamais rien à voir car c'est manipulé . alors nous ne
parvenons pas aux gens, nous sommes une voix qui parle
dans le désert.
Ce sont les gens qui
s'approchent de nous ; les gens nous demandent : Il parait que vous parlez de
l'expérience ? Comment cela, vous parlez de la souffrance ? Ce sont les gens
qui nous interrogent et nous, nous leur répondons ; et quelques-uns vont à leur
tour répondre à d'autres. Ainsi donc, nous n'essayons pas de faire du
prosélytisme, comme on pourrait comprendre le prosélytisme, nous expliquons nos
choses, par ce qu'il y a des gens que cela intéresse. Il y a beaucoup de gens intéressés
par ces choses-là, et il me semble qu'il y a de plus en plus de gens.
Et bon, ce sont d'autres
formes. Nous sommes dans un autre type de société, nous sommes dans les
sociétés postmodernes où les idées de la modernité ne fonctionnent plus, nous
sommes loin de la Renaissance et nous sommes loin de l'âge moderne, on ne fait
plus bouger les choses avec l'explication de doctrines, avec l'explication
d'efficiences, comme s'il s'agissait de grandes valeurs, non . . . cela ne
fonctionne plus. Ce sont d'autres choses qui fonctionnent, cela nous est encore
un peu difficile. . . Les gens vont comprendre que les valeurs ont changé, que
le monde est différent, que ce prosélytisme vulgaire des idéologies ne
fonctionne plus, ceci pour les gens, c'est un problème. . .Bon, on va avoir ces
problèmes quelques années encore, mais cela va s'améliorer. . .
- C'est une optique très intéressante, pas très commune. . .
- Non, ce n'est pas très
commun, encore quelque temps avec ces petits problèmes, ces choses mais il va
leur arriver avec les idéologies ce qui arrive dans la vie quotidienne avec
certaines illusions que l'on a. On ne veut pas s'enlever ces illusions.
Croyances, idéologies, illusions.
. . . On ne veut pas se
déposséder des illusions que l'on a par ce qu'on croit qu'on va pouvoir vivre
grâce à ces illusions. Finalement, ces illusions s'effondrent et là on commence
à ressentir une liberté bien plus grande que celle que l'on supposait. C'est
comme ça que cela se passe aussi avec les idéologies beaucoup de gens croient
qu'ils doivent avoir cette idéologie car si l'on n'a pas cette idéologie, ben
alors, à quoi bon de vivre, dans quel but, et en fin de compte, ce que l'on a,
c'est une illusion grande comme une maison. Et c'est un problème car cela nous
déforme la réalité.
Donc, je dis que le monde
change et que les gens, sans grandes difficultés et dans peu de temps, vont peu
à peu se défaire des idéologies, un vêtement qui leur est devenu trop petit
aujourd'hui ; mais non pas parce que l'homme chute, par ce que l'être humain
est en train de chuter, au contraire, c'est parce qu'il est en train de grandir
! Et les vêtements lui sont devenus tr op petits, les idéologies lui sont trop
petites, les illusions lui sont tr op petites.
Cette croissance de l'être
humain est ce qui lui donne la sensation d'asphyxie dans ce moment historique. Tout
va bien, tout va bien, les choses ne vont pas si mal, mais nous avons besoin
d'encore un peu de temps.
- Silo, il y a des gens qui disent que tu es un homme comme les autres. .
.d'autres disent que tu es un prophète ; d'autres encore disent que tu es un
demi-dieu, un dieu, un diable, enfin.
- les gens disent beaucoup de
choses. Je crois que les gens ont le droit de dire tout cela, et puis alors ? Cela
ne me soucie pas le moins du monde. Que quelqu'un dise : Mais c'est un prophète
! Et ? Cela n'enlève ni n'ajoute rien. Je suis une personne commune ? Et ? Le
sujet, c'est comment peut-on faire pour sortir des problèmes de souffrance, de
la douleur, de toutes ces choses, et cela ne déforme en rien le Message le fait
que les gens croient une chose ou une autre.