2025/05/02

Le thème de Dieux

Silo : Le thème de Dieu. (fragment)

Buenos Aires, 28 et 29 octobre 1995.

Rencontre pour le dialogue philosophico-religieux


Le « Dieu est mort » n'a pu être résolu ou dépassé par une nouvelle et positive fondation des valeurs. Et les grandes constructions de la pensée ont déjà été closes dans la première partie de ce siècle sans parvenir à cette fin. Actuellement, nous nous trouvons immobilisés face à ces questions : pourquoi devrions-nous être solidaires ? Pour quelle cause devrions-nous risquer notre avenir ? Pourquoi devrions-nous lutter contre toute injustice ? Simplement par nécessité, ou pour une raison historique, ou pour un ordre naturel ? L'ancienne morale basée sur Dieu, mais sans Dieu, est-elle ressentie comme une nécessité ? Rien de tout cela n'est suffisant !

Et si aujourd'hui nous nous trouvons face à l'impossibilité historique de voir surgir de nouveaux systèmes totaux et fondateurs, la situation semble se compliquer. Rappelons-nous que la dernière grande vision de la Philosophie apparaît dans les « Recherches Logiques » de Husserl en 1900, de même que la vision complète du psychisme humain que propose Freud dans « L'Interprétation des Rêves ». La vision du monde de la Physique se concrétise en 1905 et en 1915 dans la relativité d'Einstein ; la systématisation de la logique dans les « Principia Mathematica » de Russel et Whitehead en 1910 et dans le « Tractatus Logico-Philosophicus » de Wittgenstein en 1921. Déjà avec « Être et Temps » de Heidegger en 1927, œuvre inachevée qui prétendait fonder la nouvelle ontologie phénoménologique, l'époque de rupture des grands systèmes de pensée est marquée.

Ici, il est nécessaire de le souligner, il ne s'agit pas d'une interruption de la pensée, mais de l'impossibilité de continuer l'élaboration des grands systèmes capables de tout fonder. La même impulsion de ces époques passe aussi par la grandiosité dans le domaine de l'esthétique : là sont Stravinsky, Bartok et Sibelius, Picasso, les muralistes Rivera, Orozco et Siqueiros ; les écrivains au long souffle comme Joyce ; les épiques du cinéma comme Eisenstein, les constructeurs du Bauhaus avec Gropius à la tête ; les urbanistes, les architectes spectaculaires : Wright et Le Corbusier. Et, peut-être, la production artistique s'est-elle arrêtée dans les années postérieures ou au moment actuel ? Je ne le crois pas, mais elle a un autre signe : elle se module, se déconstruit ; elle s'adapte aux moyens ; elle se réalise grâce à des équipes et des spécialistes, elle se technicise à l'extrême.

Les régimes politiques sans âme qui s'imposent à ces époques et qui, en leur temps, donnent l'illusion de monolithisme et de complétude, peuvent bien s'entendre comme des retards factuels de romantismes délirants, comme des titanismes de la transformation du monde à n'importe quel prix. Ils inaugurent l'étape de la barbarie technicisée : de la suppression de millions d'êtres humains ; de la terreur atomique ; des bombes biologiques ; de la contamination et de la destruction à grande échelle. C'est la pleine mer du nihilisme qui annonçait la destruction de toutes les valeurs et la mort de Dieu de Zarathoustra ! En quoi croit encore l'être humain ? Peut-être en de nouvelles alternatives de vie ? Ou se laisse-t-il emporter dans un courant qui lui semble irrésistible et qui ne dépend en rien de son intention ?

Et s'installe fermement la prédominance de la technique sur la science ; la vision analytique du monde ; la dictature de l'argent abstrait sur les réalités productives. Dans ce magma se ravivent les différences ethniques et culturelles que l'on supposait avoir été dépassées par le processus historique ; les systèmes sont rejetés par le déconstructivisme, le postmodernisme et les courants structuralistes. La frustration de la pensée se fait lieu commun chez les philosophes de l'intelligence faible. Le mélange d'styles qui se supplantent entre eux, la déstructuration des relations humaines et la propagation de tout type de supercherie, rappellent les époques de l'expansion impériale tant dans la vieille Perse, que dans le processus hellénistique et durant le césarisme romain…

Je ne prétends pas, avec ce qui précède, présenter un type de morphologie historique, un modèle spiralé de processus qui se nourrit d'analogies. En tout cas, je tente de mettre en évidence des aspects qui ne nous surprennent en rien ou ne nous semblent pas incroyables parce que déjà en d'autres temps ils ont affleuré, bien que dans un contexte différent de mondialisation et de progrès matériel. Je ne veux pas non plus transmettre l'atmosphère d'inexorabilité d'une séquence mécanique dans laquelle l'intention humaine ne compte pour rien. Je pense plutôt le contraire, je crois que grâce aux réflexions que suscite l'expérience historique de l'humanité, on est aujourd'hui en mesure d'initier une nouvelle civilisation, la première civilisation planétaire. Mais les conditions pour ce saut sont extrêmement difficiles. Que l'on pense à la façon dont s'agrandit le fossé entre les sociétés post-industrielles et de l'information, et les sociétés affamées ; à la croissance de la marginalisation et de la pauvreté à l'intérieur des sociétés opulentes ; à l'abîme générationnel qui semble arrêter la marche du dépassement historique ; à la dangereuse concentration du capital financier international ; au terrorisme de masse ; aux sécessions abruptes ; aux chocs ethnico-culturels ; aux déséquilibres écologiques ; à l'explosion démographique et aux mégalopoles au bord du collapsus… Que l'on pense à tout cela et, sans entrer dans la variante apocalyptique, il faudra convenir des difficultés que présente le scénario actuel.

Le problème réside, à mon avis, dans cette difficile transition entre le monde que nous avons connu et le monde qui vient. Et, comme à la fin de toute civilisation et au commencement d'une autre, il faudra faire attention à un possible effondrement économique, à une possible déstructuration administrative, à un possible remplacement des états par des para-états et par des bandes, à l'injustice régnante, au découragement, à la réduction humaine, à la dissolution des liens, à la solitude, à la violence en croissance et à l'irrationalisme émergent, dans un milieu de plus en plus accéléré et de plus en plus global. Par-dessus tout, il faudra considérer quelle nouvelle image du monde devra être proposée ? Quel type de société, quel type d'économie, quelles valeurs, quel type de relations interpersonnelles, quel type de dialogue entre chaque être humain et son prochain, entre chaque être humain et son âme ?

Cependant, pour toute nouvelle proposition, il y a au moins deux impossibilités que je vais énoncer : 1.- Aucun système complet de pensée ne pourra prendre pied dans une époque de déstructuration ; 2.- Aucune articulation rationnelle du discours ne pourra se soutenir au-delà de l'immédiateté de la vie pratique, ou au-delà de la technologie. Ces deux difficultés entravent la possibilité de fonder de nouvelles valeurs de longue portée.

Si Dieu n'est pas mort, alors les religions ont des responsabilités à remplir envers l'humanité. Aujourd'hui, elles ont le devoir de créer une nouvelle atmosphère psychosociale, de s'adresser à leurs fidèles dans une attitude enseignante et d'éradiquer tout reste de fanatisme et de fondamentalisme. Elles ne peuvent rester indifférentes face à la faim, à l'ignorance, à la mauvaise foi et à la violence. Elles doivent contribuer fortement à la tolérance et tendre vers le dialogue avec d'autres confessions et avec tout celui qui se sent responsable du destin de l'humanité. Elles doivent s'ouvrir, et je prie que cela ne soit pas pris comme une irrévérence, aux manifestations de Dieu dans les différentes cultures. Nous attendons d'elles cette contribution à la cause commune dans un moment par ailleurs difficile.

Si en revanche, Dieu est mort dans le cœur des religions, nous pouvons être sûrs qu'il doit revivre dans une nouvelle demeure comme nous l'enseigne l'histoire des origines de toute civilisation, et cette nouvelle demeure sera dans le cœur de l'être humain très loin de toute institution et de tout pouvoir.

2025/04/30

La lutte pour la subjectivité

 Silo, 1996

Ce que nous voyons, c'est une société, quels que soient ses problèmes, qui est sur le point de se libérer de toutes ces conditions oppressives et de passer à une autre étape.

Aujourd'hui, le capital lui-même ralentit la technification, qu'il augmentait autrefois pour accroître la productivité, parce que tout devient déséquilibré. Il y aura donc suffisamment de production pour résoudre les problèmes dans de vastes régions du monde.

Il nous semble que nous sommes proches d'un moment de grande explosion. Et le fait que les gens n'aient pas à travailler parmi des choses aussi primaires ne nous donne pas le sentiment de pécher. Il nous donne le sentiment que les gens entrent progressivement dans une autre zone d'activité, de travail, de pensée, de productivité dans un autre sens. Mais dans l'état actuel des choses, tout cela est freiné par une organisation sociale primitive qui n'est pas à la hauteur du développement de l'être humain. Il y a donc une croissance de la productivité, une croissance du développement humain, et tout cela est étouffé. L'être humain est étouffé. Et en termes de subjectivité, la même chose se produit : les images qui sont censées être adéquates pour le développement du système tel qu'il fonctionne sont disponibles. Ensuite, d'autres vannes sont fermées. D'autres alternatives, d'autres possibilités, d'autres images sont étouffées. Il va donc y avoir une lutte pour le contrôle de la subjectivité, et pas seulement de l'objectivité, comme cela s'est produit récemment. Il y aura une grande lutte pour le contrôle de la subjectivité : ...”vous ne devez pas penser ces choses, ou faire ces choses, c'est dangereux, la cohésion sociale, etc...&#8221 ; C'est une question un peu plus compliquée, plus abstraite. Le danger de penser à certaines choses et surtout d'avoir certaines images à sa disposition va être beaucoup plus pris en compte. Donc le monopole des images entre les mains de la télévision, des églises officielles, d'une certaine opinion publique et de toutes les autres choses dissolvantes. Il s'agit d'un arrêt de l'histoire. Les nouveautés sont pseudo. Les vraies choses sont celles qui sont acceptées.

Logiquement, dans cette asphyxie objective et subjective, les troubles vont se multiplier. Nous observerons donc des courbes de dépression sociale, de conflit social, car les gens essaient de trouver d'autres choses et sont étouffés.

Il y aura de toute façon des solutions provisoires à ce problème. Certaines images diffusées ne sont pas très dangereuses. Les images des produits pharmaceutiques peuvent être bien diffusées. Bientôt, nous nous rencontrerons dans différents endroits ; d'abord dans de très petits cercles de personnes, puis dans des cercles plus larges, puis cela atteindra les populations, cela deviendra un sujet de débat, cela commencera par la question de savoir si les gens sont d'accord avec la légalisation des stupéfiants. L'approche consistera à dire que les trafiquants de drogue perdront de l'argent. Bien sûr, ils ne vont pas se demander pourquoi la consommation augmente et ils vont nous le demander à nous aussi. Que pensez-vous de la question suivante : faut-il légaliser les drogues ou non ? Parce que si les drogues sont légalisées, les trafiquants de drogue sont foutus, ce qui est amusant, mais bien sûr, ce n'est pas la bonne question. Nous dirons que nous sommes d'accord avec la légalisation, mais ce n'est pas la fin de la question. La drogue sera légalisée, tout va bien. Une mafia prendra les fonds d'une autre mafia. Pas de problème. Elle sera dans les mains de tout le monde et la consommation continuera à augmenter, il y aura plein de gens qui resteront...

Puis viendra l'espace virtuel et avec quelques fils, quelques gants et quelques trucs, on donnera une alternative électronique à la drogue chimique. Il sera bien connu que les cas de toxicomanie et autres ont été combattus par l'espace virtuel. Au début de la discussion sur la légalisation ou non, nous dirons oui, mais c'est la société qui est malade. On nous demandera en quoi elle est malade. Les suicides augmenteront, mais ils donneront des drogues le matin, le soir, la nuit, l'après-midi, partout et de toute façon les suicides augmenteront, les dépressions augmenteront, mais ce sera normal parce que qui n'est pas dépressif ? Les sociétés seront de plus en plus malades.

Et quelle est la raison de tout cela ? Elle est due entre autres à la croissance de l'être humain et inversement à l'asphyxie à laquelle il est soumis pour que n'émergent pas d'autres possibilités qui correspondent à un nouveau moment de l'espèce humaine. C'est une très belle époque. Très accélérée, très rapide là où nous sommes. C'est une très belle époque avec tous les problèmes, mais, où l'on voit des débordements, des troubles sociaux, des problèmes psychologiques, des perturbations collectives, des dislocations et le système qui essaie de réparer cela qui n'a pas de réparation dans son approche, il n'en a pas. La seule chose à regretter, c'est que tout soit entre les mains de ces irresponsables pour un moment encore, c'est la seule chose à regretter.

Je pense qu'il faut encourager les gens et les préparer à un monde nouveau, expliquer le chômage et comment ces entreprises et ce système financier contribuent à la catastrophe. C'est une vision intéressante à discuter avec les gens, car une fois ce problème résolu, nous passerons à une autre étape, à un autre monde. Mais d'abord, nous devrions donner beaucoup d'encouragements dans ce sens. Ce n'est pas la fin du monde s'ils ne sont pas capables de surmonter cette catastrophe. Ce n'est en aucun cas la fin du monde. Les problèmes qui se posent sont essentiellement liés au chômage, à l'appauvrissement progressif, à grande échelle, de la population mondiale, et pas seulement à un endroit. Et ils sont liés à toutes sortes de troubles psychologiques. Et ce ne sont ni les drogues, ni la télévision, ni l'espace virtuel qui vont y mettre fin. Beaucoup de gens devront donc comprendre qu'ils doivent faire quelque chose avec leur tête, qu'ils doivent faire quelque chose avec leurs actions, qu'ils doivent expliquer à d'autres personnes où cela mène, et quelle est la direction qui les conduit à cette explosion.

Les gens se libéreront enfin de tout cela et, pour la première fois dans l'histoire, ils seront propriétaires de la terre, pour la première fois dans l'histoire, il y aura des conditions de propriété de la terre. L'être humain héritera de la terre et il héritera du vent et nous passerons à une autre étape. Entre-temps, il faudra faire face à certains problèmes. La question de savoir ce que les gens peuvent faire de leur tête est de la plus haute importance. Il s'agit de se remettre les idées en place, de réfléchir sans désespérer, de voir la direction des processus, de comprendre les temps difficiles qui s'annoncent, d'avoir confiance en soi et dans les autres en sachant que nous passons dans un autre monde. Les gens ont beaucoup à dire aux autres et beaucoup à se dire à eux-mêmes.

L'augmentation de la violence ne diminuera pas si l'on retire les armes à feu des mains des enfants. La violence n'est pas causée par l'utilisation d'armes à feu par les enfants. La violence n'est pas causée par le fait de regarder des films violents. Personne ne se demande pourquoi il est nécessaire de consommer autant de films violents, pourquoi ils ont autant de succès. On dit que c'est la télévision qui génère la violence, ou les armes à feu. La question est donc banalisée et passe au second plan. Cela ne devient pas une critique de la structure du système et de l'organisation sociale. Les bien-pensants, les personnes sensibles, les plus artistiques, les intellectuels, les gauchistes, veulent logiquement retirer les armes à feu des enfants et interdire les films violents. Ce n'est pas le problème !

Comment faire pour que cela ne grandisse pas en vous ? Nous allons donc dire ce que nous avons à dire, expliquer notre point de vue et dire que tout cela est secondaire et n'a rien à voir. Le problème réside dans le circuit financier, dans la gestion de l'entreprise, dans le fait qu'il y a trop d'entrepreneurs. Le problème, c'est qu'on met d'abord les gens dans la rue, on leur enlève toute sécurité et on les met en prison pour avoir mendié. C'est une merveille ! Vous voyez donc qu'ils sont en train de créer une bombe.

Nous allons trouver beaucoup de gens raisonnables qui vont nous dire : c'est un problème de technologie, qu'est-ce que les entreprises viennent faire là-dedans ? Aujourd'hui, l'ordinateur remplace dix mille travailleurs et j'aimerais qu'il en remplace un million. Bon, mais alors, ce sont des chômeurs ? Oui, et alors, si ce n'est pas le problème, le problème c'est qu'ils vivent, qu'ils mangent, qu'ils aient la santé, l'éducation, qu'ils puissent se protéger de toutes les intempéries, qu'ils puissent se projeter dans l'avenir.


2025/04/04

L'INTIME DANS LES ENTRAILLES DE LA VIE HUMAINE - fragment

Une tentative de Méditation sur les six premiers chapitres du Regard Intérieur.

Remerciements :

Un grand merci à Silo, à toutes les amies et amis avec qui au fil des années nous avons échangé sur ces sujets par différentes voies. Je ne mets pas leurs noms car j'en oublierais sûrement certains. À ma famille qui est toujours là. À ce grand investissement d'énergie provenant de l'ensemble. On a beaucoup investi en chacun de nous. Grâce à cet investissement s'est formée en nous la permanence nécessaire qui produit ses fruits. Arriver à la terre promise requiert une longue traversée du désert, guidés par un grand guide. Dans mes cahiers, j'ai accumulé pendant des années de nombreuses notes inspirantes avec lesquelles j'ai pu faire cette contribution. Grâce à l'inspiration partagée, nous pouvons continuer à créer l'ESPRIT.

INTÉRÊT

Mettre en relief l'importance des premiers chapitres du "Regard Intérieur" et l'avertissement que nous fait Silo dans ses "Commentaires au Message" sur la tendance à les écarter, à les relativiser de la part de personnes qui sont supposées chercher des vérités plus définitives. Ceci me semble être une observation qui a éveillé en moi une grande impulsion à investiguer. Sur la base de ma propre expérience, j'expose quelques compréhensions réalisées depuis la libre interprétation. J'espère que d'autres personnes feront des contributions sur ces mêmes chapitres ; cela me semble très nécessaire.

RÉSUMÉ

La méditation proposée sur les six premiers chapitres du regard intérieur est clairement une tentative de nous faire revenir sur nous-mêmes, revenir de "l'exil". Ce retour sur soi où l'on s'assume pleinement produit un "éveil spirituel", un "Grand Désir de Sens". Il permet l'émergence d'un propos qui n'est pas personnel, qui n'est pas un "accomplissement du moi", mais qui est à la base de la vie humaine en tant qu'espèce, qui fait partie du bagage avec lequel nous venons. Ce "Grand Désir" est une rébellion contre la mort et c'est lui qui nous a fait nous approcher du feu et apprendre à le maîtriser. Ce Propos s'éveille et émerge ou trouve la force nécessaire, lorsque la méditation est réalisée avec une certaine permanence et humilité.

La méditation nous aide à nous placer d'une nouvelle façon face à nos circonstances vitales. Elle nous met en présence d'un registre viscéral profond, une sorte d'incohérence vitale qu'implique continuer à vivre dans le non-sens, à la merci du donné. Cela se vit comme un état "d'urgence" qui devient évident en cherchant le fondement de la vie. Elle nous aide à prendre des décisions d'importance vitale, nous ne pouvons plus continuer à vivre de la même manière, à la merci d'une marée de nihilisme.

Il n'est pas équilibré que les individus ne se reconnaissent pas comme partie d'un tout plus vaste. Nous sommes un nous à explorer. La croyance en un individu complètement autonome détaché du contexte social, culturel et naturel dans lequel il se trouve est un rêverie qui nous enchaîne, nous empêche de NOUS ÉVEILLER.

Dans la situation mondiale aujourd'hui, nous nous trouvons immergés dans une manipulation comme jamais auparavant dans l'histoire, favorisée par les avancées technologiques. La manipulation est si grossière qu'elle a vidé de sens tous les champs de l'activité humaine. Ce grand vide de signification, de sens, est peut-être en train de créer les conditions pour que s'exprime une clameur qui aide à produire un éveil spirituel dans les peuples.

Nous savons que le vide est propulseur de changements. Dans l'action mécanique même de ce système, est en train de se favoriser l'émergence d'une nouvelle recherche face au grand vide de significations qui pourrait avoir d'énormes conséquences pour l'espèce humaine. C'est une grande intuition que partagent de nombreuses personnes sensibles.

"Celui qui est dans l'erreur tente de l'imposer aux autres. Celui qui possède la vérité s'efforce de l'appliquer à lui-même. C'est le signe qui ne trompe pas".

"L'homme supérieur évite aux autres le mal qu'il a vaincu. L'homme inférieur inflige à tous le mal qui l'a soumis. Louis Cattiaux. Livre "Le Message retrouvé".

"Ainsi, je veux surpasser ce qui en moi et en tout homme lutte pour supprimer la vie, je veux surpasser l'abîme. Point 6 du Paysage Humain, inclus dans le livre "Humaniser la Terre" de Silo

Nous sommes engagés à chercher en nous-mêmes une issue à cette crise de civilisation, de nihilisme, où l'abîme s'ouvre et semble engloutir comme un trou noir toute espérance.

Quand tu es face au dilemme dormir ou mourir comme il est posé dans le Regard Intérieur au chapitre II, quand tu vois cela de face et que tu saisis ce dilemme profond, s'éveille le "grand désir". Quelque chose prend vie, s'éveille dans les entrailles une clameur, surgit l'intime. Un intime propos de la vie humaine.

"Il convient d'ajouter que la mobilisation du centre supérieur n'est pas indépendante de l'accumulation et du saut énergétique qui dépend du centre somatique et qui est mis en marche par une certaine polarisation émotive. Les phénomènes du centre supérieur par leur énorme complexité, vitesse et effets externes apparaissent comme la manifestation la plus vive de la lumière dans l'homme. Il n'est pas incorrect de désigner cette merveille évolutive comme "centre lumineux". Siloïsme. 1972

La méditation sur le non-sens m'a également amené à me demander quelle relation il pouvait y avoir entre le noyau de rêverie que j'avais étudié dans le nivellement (et d'autres retraites et séminaires) et le non-sens, tenant compte que mon noyau de rêverie était un arrière-plan nihiliste qui s'imposait à moi presque toujours. Les époques historiques dans lesquelles nous naissons, les contextes culturels et sociaux sont-ils ceux qui configurent un type ou un autre de noyaux de rêverie ? Quelle relation y a-t-il ou peut-il y avoir entre notre noyau de rêverie et ce qu'on connaît comme "brèche" ?

"Un vrai Travail de transformation de l'homme a un sens s'il vise à bombarder le noyau de rêverie pour produire (comme dans l'atome) une transmutation. Le travail tend à déplacer le noyau mécanique par un autre qui polarise toute la structure humaine vers le développement et l'évolution individuelle et de toute l'espèce. À ce point, l'intention du Travail sur soi-même est clarifiée". 1972 Livre Siloïsme. Doctrine - Noyau de rêverie.

Quand nous cherchons un sens, une issue, c'est toute l'espèce qui le fait à travers nous. Acceptons donc notre destin. Les guides profonds nous attendent pour nous aider à dévoiler le PLAN. Il faut se vider de tout l'inutile pour être réceptifs, capter et explorer les appels du RÉEL.

La naissance spirituelle est une capacité croissante à irradier, à donner. Le début de libération du calcul déterministe. C'est une expérience qui modifie notre système de croyances nihiliste. Croire ou ne pas croire en dieu ou en la transcendance ne change pas le signe de la charge affective des entrailles. Mais sans doute croire une chose ou croire une autre a de grandes répercussions.

"Ne te trompe pas une fois de plus, en te disant que ceux-là sont des 'problèmes dépassés'. N'est pas dépassé, ni compris adéquatement, ce qui n'a pas été confronté à une nouvelle force qui compense et dépasse son influence". Le Paysage Interne (Livre Humaniser la Terre). IX. Contradiction et Unité

"En conséquence, il doit être le principal objet auquel consacrer notre plus grand effort d'attention ; tenter, au moins, de nous approcher de la 'situation d'un homme qui marche de nuit sans guide, bien que sans cesser de penser à la direction qu'il souhaite suivre. Pour un tel marcheur il y a un grand espoir'". Simone Weil (Enracinement)

SYNTHÈSE

La méditation sans hâte et avec humilité sur la base des six premiers chapitres du Regard intérieur accompagnés d'expériences avec LA FORCE, est une authentique voie Royale pour sortir du non-sens. Elle permet d'éveiller ce qui en nous ne finit pas avec la mort, car il n'y a pas de sens dans la vie si tout se termine avec la mort.

En nous, il n'y a qu'un seul lieu où une expérience peut se produire. Si ce lieu est occupé par un type d'expérience indésirable, il ne peut pas être occupé en même temps par une expérience de type désirable. Faire présent l'absent, c'est de cela qu'il s'agit.

"Les changements historiques se produisent quand la conscience humaine se connecte avec le profond et c'est de là que se produisent les changements et les pas évolutifs, les autres choses qu'on nous raconte de 'l'histoire' sont des anecdotes. Ce qui meut l'histoire est ce moteur interne. C'est depuis le profond, que cela peut être inspirant. Il y a quelque chose qui meut les choses, qui ne se voit pas. Les gens décrivent les choses, mais ne font pas attention à ce qui les meut. Tu décris la voiture, les roues, le volant, etc., mais tu ne fais pas attention au moteur. C'est ce moteur qui meut la voiture". Extrait de conversation. Silo 2008

Heureux celui qui veut une seule chose par-dessus tout.

D'OÙ NOUS PARTONS

Dans le chapitre VI du livre "Le Regard Intérieur", RÊVE ET ÉVEIL, à la fin de celui-ci il est dit : "Il y a une façon réelle d'être éveillé : c'est celle qui m'a conduit à méditer profondément sur ce qui a été dit jusqu'ici et c'est, en outre, celle qui m'a ouvert la porte pour découvrir le sens de tout ce qui existe".

Dans les commentaires au "Message de Silo" référés à la première partie du livre "Le Regard Intérieur", il est commenté et averti que les trois premiers chapitres sont introductifs et qu'ils se réfèrent à certaines précautions qui devraient être prises pour encadrer correctement les thèmes les plus importants.

Jusqu'au chapitre V les explications se donnent sur un arrière-plan de non-sens que le chercheur de vérités plus définitives se sent enclin à écarter. Nous trouvons là des chapitres et des paragraphes qui méritent quelques considérations. Ceci apparaît dans les commentaires au Message de Silo dans sa première partie.

Ces trois paragraphes sont ceux sur lesquels je m'intéresse à approfondir. C'est-à-dire les six premiers chapitres du livre "Le Regard intérieur".

Que dans les six premiers chapitres on nous dise qu'en méditant sur ces chapitres se trouve la clé pour s'éveiller et comprendre le sens de tout ce qui existe est quelque chose de très surprenant. Ensuite dans les commentaires il nous avertit qu'il y a quelque chose que nous, chercheurs de vérités plus définitives, avons tendance à ne pas RECONNAÎTRE : l'arrière-plan de Non-Sens. Mon expérience à cet égard est que reconnaître le poids du non-sens dans un sens profond n'est pas facile. Comme disait Ortega, nous ne savons pas ce qui nous arrive et c'est cela qui nous arrive.

Je crois qu'il y a une tendance chez l'être humain à chercher des résultats, le succès. La corruption d'une tradition se produit en confondant le travail intérieur avec les résultats. La recherche de résultats est illusoire et nous empêche de sortir de la rêverie. Pour certains bouddhistes, le nirvana est justement la compréhension du samsara, de l'illusion dans laquelle nous sommes, le non-sens selon le langage du Message de Silo. Ce sont les empêchements qui nous montrent la Voie du milieu, la ligne à suivre.

Dans d'anciennes traditions, on disait que l'être humain était un médiateur entre l'animal et le divin. Qu'il était au milieu et qu'il devait unir les deux mondes, le terrestre et l'éternel, donnant sens et unité à tout. Chercher l'éternel le faisait s'égarer et rester piégé dans les bas instincts animaux l'enchaînait également. Être un pont, un pontife, entre deux mondes est la voie du milieu.

"Il n'y a pas de passion ni d'idée, ni d'acte humain qui se désintéresse de l'abîme. Par conséquent, traitons la seule chose qui mérite d'être traitée : l'abîme et ce qui le dépasse" Le Paysage Interne. Silo "La voie du ciel est semblable à l'archer qui, en tendant son arc, abaisse ce qui est haut et élève ce qui est bas." Lao Tseu

Dans l'introduction de la traduction de Lobsang Lhallungpa de la Vie de Milarepa, nous trouvons cette note pour moi très révélatrice : "le nirvana est justement la compréhension du samsara".

"La fin est comme le commencement, mais le milieu nous illumine". Louis Cattiaux. "Le Message retrouvé".

2025/04/01

Sur la recherche de l'objet . Silo

 Conférence à #Londres - 15 mai 1975


... Je pense que notre grand problème est que nous recherchons tous des objets, et que certains ne recherchent pas des objets, mais cherchent à se compléter intérieurement. Cette recherche entraîne également des contradictions.


Il y a ceux qui se considèrent comme intérieurement incomplets et qui s'efforcent donc de s'intégrer intérieurement, d'être complets en eux-mêmes.


Si quelqu'un cherche des objets à l'extérieur, c'est-à-dire s'il cherche à se compléter intérieurement, il souffre de contradictions dans les deux sens.


En général, les chercheurs de choses spirituelles ou de conscience mystique cherchent soit Dieu, soit à être complets, éclairés.


Le #Buddha a soulevé ce problème et a expliqué que pour atteindre l'illumination, il ne fallait pas chercher l'illumination ; mais alors comment peut-on atteindre une chose si on ne la cherche pas ?


Nous ne cherchons pas à atteindre une chose, nous ne mettons pas cela dans un sens possessif, nous ne disons pas qu'il faut prendre quelque chose pour l'intégrer, qu'il faut prendre des objets pour les avoir. Nous disons autre chose : la contradiction doit être supprimée, la souffrance doit être supprimée.


Nous ne définissons pas notre travail comme un travail à mains pleines, mais comme un travail à mains vides.


Vous savez comment certains singes sont chassés... : vous mettez du riz sur un tronc d'arbre avec un petit trou, alors le singe met sa main dans le trou, prend le riz et ensuite il ne peut plus retirer sa main. Il voit qu'il va être chassé, mais il ne veut pas lâcher ce qu'il a dans la main. Le singe souffre d'une grande contradiction.


Nous disons qu'il faut laisser tomber les quêtes intérieures. Nous ne cédons pas à la douleur, nous nous préoccupons de sortir de la contradiction.


Il ne s'agit donc pas d'acquérir des choses, mais de les abandonner mentalement.


On peut avoir des choses dans la vie de tous les jours, mais on ne cherche pas à se remplir de choses. Vous pouvez être très intéressé par les phénomènes de conscience supérieurs, mais si vous recherchez ces phénomènes de conscience, vous créez beaucoup de douleur intérieure.


Il semble que vous obtiendrez des résultats en créant un vide et non en le comblant.


Vous obtiendrez plus d'attention si vous essayez de faire le vide dans votre esprit et non si vous le contemplez sur un objet. Il en va de même pour de nombreux phénomènes.


En général, nous sommes habitués et éduqués à l'inverse. Nous sommes habitués à prendre non seulement les objets, mais aussi les personnes.


Nous voulons prendre les sentiments des gens, nous voulons être aimés, nous voulons être reconnus, nous voulons être aimés.


La façon même dont nous aimons est une façon possessive. Nous aimons avec violence, nous ne pouvons pas imaginer comment nous pourrions aimer sans une certaine violence, mais pour tout il y a des moyens.


Il est bon que nous sachions les choses, que nous nous informions sur les choses.


On peut s'informer sur beaucoup de choses, mais on ne peut pas imposer des croyances selon lesquelles notre information résout les problèmes.


En général, les personnes ayant un bagage intellectuel pensent que l'accumulation de données résout leurs problèmes internes. En réalité, elle résout de nombreux problèmes de la vie quotidienne grâce à l'expérience sociale accumulée, grâce aux personnes qui ont travaillé avec des données, avec des techniques, grâce auxquelles l'humanité a résolu de nombreux problèmes.


Nous ne pourrions pas parler ici si de nombreuses générations n'avaient pas fait l'effort d'élaborer une langue, d'élaborer les vêtements que nous portons.


Nous ne disqualifions en aucun cas l'effort humain pour résoudre les problèmes immédiats. Nous disons simplement que le travail intérieur peut ne pas être similaire au travail effectué dans la nature, dans le sens où nous sommes habitués à la lutte avec la nature, avec les lois de la nature, et c'est très bien, c'est la façon dont l'humanité évolue.


Mais cette forme peut ne pas être adéquate pour le travail intérieur ; nous distinguons alors très bien tout le travail effectué dans la nature, dans la vie quotidienne, et l'attitude mentale que l'on a face à ses propres contradictions.


Si la nature nous impose la lutte et tous ces phénomènes de perturbation, c'est peut-être dans le calme intérieur qu'il faut chercher la compensation à tout cela.


Nous aimons beaucoup généraliser et croire que les lois sont les mêmes pour tous les phénomènes universels, mais elles ont des plans d'application différents.


Sur le plan intérieur, le sentiment de possession ne semble pas valable. Dans la lutte avec la nature, la possession semble indispensable.


Logiquement, le sentiment de possession peut avoir un caractère plus social qu'individuel, au fur et à mesure que les sociétés progressent, le sentiment devient plus social qu'individuel, mais en matière de Travail Intérieur on ne voit pas ce progrès, on ne voit pas cette évolution.


Avec notre conscience individuelle, avec notre moi individuel, nous filtrons toutes les données qui viennent du monde, ou nous interprétons le monde en fonction de ce filtre, et les choses peuvent être très différentes de ce que notre moi filtre.


Certains sont allés encore plus loin et ont cru que leur moi devait être immortel. Imaginez à quel point il peut être ennuyeux de vivre plusieurs millions d'années avec le même moi. Avec ce moi individuel, si pour couronner le tout, c'est un moi en contradiction et en souffrance.


Lorsque, par accident, vous avez éprouvé une très grande joie - soudaine - ou que vous avez fait l'expérience d'une très grande compréhension, également des choses, ces phénomènes soudains de grande émotion ou de grande compréhension, vous observez que, dans ces cas-là, vous n'avez pas pensé à votre "moi". Cela donne l'impression qu'il se serait passé autre chose, que le "je" aurait disparu.


Vous ne vous êtes pas dit à ce moment-là : qu'est-ce qui m'arrive ? Vous avez plutôt contemplé et ressenti cette expérience, et lorsque vous avez pensé à ce qui vous arrivait, ce phénomène a disparu.


Vous ne savez pas si le phénomène disparaît parce que le "je" apparaît, ou si c'est l'inverse. Ce qui est certain, c'est que ce phénomène est incompatible avec le moi psychologique.


Vous pouvez cependant dire que vous avez eu cette expérience, mais vous savez que cette expérience n'est pas la même que celle que vous avez avec le "moi" psychologique.


Cette expérience n'est pas possessive, elle est très large, comme universelle. Cette expérience ne vous est même pas attribuée et elle a l'émotion de devoir être communiquée à toute l'humanité, alors que vous l'avez réellement ressentie.


Il s'agit donc d'un phénomène remarquable pour la conscience humaine, où le moi possessif n'apparaît pas, où la recherche n'apparaît pas et où quelque chose est produit. Et lorsque nous voulons le produire, cela ne fonctionne pas, cela ne fonctionne pas à cause de la recherche.


Si nous cherchons à nous sentir bien, nous n'y parviendrons probablement pas, mais si au contraire nous (cette tension émotionnelle que nous avons parce que nous sommes ensemble avec plusieurs personnes) essayons de la dissiper intérieurement, de la détendre, de la relâcher, nous n'essayons pas vraiment d'acquérir des choses, nous ne pensons pas vraiment à nous sentir bien, nous pensons simplement à laisser aller les tensions émotionnelles et si nous pouvons travailler avec une main vide.


Nous ne cherchons pas à nous sentir bien. Nous cherchons à relâcher cette tension, puis nous nous sentons bien en plus.


C'est le sens du travail, et ce n'est pas un renoncement, ni un sacrifice, ni une élimination de soi.


Comprenez-vous à peu près cette idée ?


Pas grand-chose de plus, si ce n'est le plaisir d'avoir été avec vous !

2025/03/25

Le système: comment opere-t-il et comment le surmonter

D'OÙ PARLE-T-ON ?  

POSITION CRITIQUE :L'humanisme contemporain remet en question le monde établi.  

- VISION STRUCTURELLE :Nous considérons que la conscience est une structure acte-objet.  

- ATTITUDE OPTIMISTE :Nous croyons que le meilleur de l'être humain est encore à venir.  


DENONCIATION DU SYSTÈME  

Nous entendons par "système" l'ensemble des valeurs, normes, institutions et modes d'organisation des relations dans les sociétés contemporaines, qui orientent la vie des individus et de la société.  


LE SYSTÈME DÉTERMINE LES INDIVIDUS  

FAUSSANT LES NOTIONS DE BONHEUR ET DE SOUFFRANCE :

A - Il considère que le bonheur se réalise par une production incessante de biens et de services.

B - Il considère que **la souffrance est utile et nécessaire pour la croissance personnelle… (des autres).  


POUR CELA, IL SE SERT DE :  

- LA RÉPRESSION DU CORPS par les appareils étatiques et paraétatiques.  

- LA RÉPRESSION DE L'ESPRIT par des croyances fondées sur le péché et la culpabilité.  

- LA PERSUASION ET L’ENDOCTRINEMENT IDÉOLOGIQUE à travers :  

  - La famille  

  - Le système éducatif  

  - Les médias de masse  

  - L'opinion publique  


LE SYSTÈME ORGANISE LA SOCIÉTÉ AUTOUR DE :  

- L’ARGENT

- L’ÉCHELLE DU SUCCÈS (académique, économique, militaire, sportif, entrepreneurial, sexuel, etc.)  

- UNE MÉTHODOLOGIE DE RÉSOLUTION DES PROBLÈMES centrée sur la violence, l'individualisme et l'immédiateté.


QUE SE PASSE-T-IL POUR CEUX QUI N'ATTEIGNENT PAS LE SUCCÈS ?  

Ils souffrent d'enfermement vital:  

- Frustration de ne pas pouvoir **accéder aux satisfactions minimales pour une vie saine et digne.

- Ils transmettent souvent à leurs enfants le désespoir, le conformisme ou le ressentiment social.  


QUE SE PASSE-T-IL POUR CEUX QUI ATTEIGNENT LE SUCCÈS ?  

Ils souffrent **d’une falsification des valeurs: 

- Pour atteindre et maintenir leur succès, ils doivent souvent renoncer aux liens affectifs, aux fidélités et aux principes éthiques de base.

- Cela les conduit à ressentir une contradiction interne, accompagnée de tension, irritation ou dysfonctionnement.


COMMENT LE SYSTÈME LES SOUTIENT-IL ?  

Pour qu'ils restent dans la direction imposée, le système leur offre :  

- Des récompenses en argent, pouvoir ou prestige.

- Des thérapies de "réajustement"

- Des cours de développement personnel qui cachent les causes sociales.

- Des options "spiritualistes" enfermantes.


CONSÉQUENCES :  

- Ils réduisent temporairement leur tension, mais elle revient avec le temps.  

- Ils recourent alors à des thérapies plus intenses et coûteuses, ou se plongent davantage dans leurs pratiques aliénantes.

- Il y a toujours une nouvelle mode à essayer.


QUE SE PASSE-T-IL POUR CEUX QUI NE VEULENT PAS PARTICIPER À LA COURSE AU SUCCÈS ?  

- Ils subissent les reproches et critiques de leurs proches.

- S'ils persistent, ils sont détectés, cooptés ou persécutés.

- **Ils gardent secrètement l'espoir d'une société et d'une vie véritablement humaines,  tout en essayant de survivre.  


QUELLE EST LA SITUATION ACTUELLE ?  

Elle est marquée par une augmentation dangereuse de :  

1. La Déréférenciation

2. La Fragmentation personnelle et sociale.

3. La Désorientation.


1. DÉRÉFÉRENCIATION :  

Les gens ne croient plus en rien ni en personne :  

- Ni en les organisations,

- Ni en les idéologies,

- Ni en les leaders,

- Ni en eux-mêmes.


2. FRAGMENTATION :  

Les méga-États, les pays, les partis politiques, les syndicats, les groupes académiques, les familles, les couples, et même les individus eux-mêmes…  

Se divisent, se fracturent, et se désorganisent !  


3. DÉSORIENTATION :  

Les gens ne savent plus quoi faire :  

- Leur conscience ne trouve plus de repères pour s'orienter dans la confusion.

- Ils se réfugient dans le conformisme et le fanatisme, qui leur promettent un soulagement.  

- Le nihilisme et le défaitisme s'étendent.

- L’irrationalité croît dans la vie personnelle et publique.


QUE FONT LES PERSONNES FACE À CETTE SITUATION ?  

-Elles se replient sur "leur propre vie » (individualisme).  

- Elles deviennent insensibles aux besoins des autres (égoïsme).  

- Elles se désenchantent de l’action collective (isolement social).  


COMMENT CHANGER LES CHOSES ?  

**DÉVELOPPER UN MOUVEMENT SOCIAL QUI:

- Fournisse des repères idéologiques, sociaux et personnels.

- Fasse prendre conscience de la situation personnelle.

- Rassemble et dirige les facteurs les plus positifs de la société actuelle.


UN MOUVEMENT QUI, AU NIVEAU SOCIAL...  

- Recrée le tissu social, en partant de l'environnement immédiat de chaque personne.  

- Encourage l'échange d'idées et le travail en commun.

- Explique la nécessité de reconstruire un tissu social détruit par d'autres.


UN MOUVEMENT QUI AIDE À :  

- Prendre conscience des valeurs qui régissent nos vies et de leurs conséquences.

- Modifier la direction de sa propre vie en repensant ses valeurs et comportements.  


AU NIVEAU PERSONNEL...  

- Proposer **des outils pour normaliser les processus psychiques:  

  - Techniques d’auto-connaissance

  - Techniques de transformation des images mentales.


ET DÉVELOPPER LA COHÉRENCE COMME VALEUR :  

- COHÉRENCE PERSONNELLE :

  - Penser, ressentir et agir dans la même direction.  

- COHÉRENCE SOCIALE :  

  - Traiter les autres comme on voudrait être traité.  


EN CONCLUSION...  

Le progrès de l’humanité nécessite de transformer la société pour éliminer la domination violente d’un groupe sur un autre.

Le véritable changement viendra quand l’être humain pourra se réaliser pleinement et librement


Extraits de:  

- Silo, "Humaniser la Terre"

- Silo, "Lettres à mes amis"