2023/11/07

Contrôle et évolution de la conscience. Silo

Notes de conversations de Silo avec Enrique Nassar – 18/4/1997

La technologie de l’image et le réseau mondial de données se développent, tout cela fait que la planète est plus connectée, ce qui facilitera la transmission et la circulation de l’information mais n’améliorera pas la communication entre les personnes ; au mieux, cela facilitera la connexion de leurs solitudes. La circulation de données est une chose ; la communication en est une autre ; la connexion au moyen de la technologie est une chose, sortir de l’isolement en est une autre. Le système voit le monde comme un commerce, c’est-à-dire que dans les gens, il voit le travail et la consommation ; toute cette technologie lui sert à extorquer de l’argent à la population, c’est pour cela que le mensonge qu’il maintient avec la réalité virtuelle est celui de confisquer l’image pour robotiser les populations, les faire travailler plus et leur soutirer plus d’argent.

Voler l’image à la population est une prétention irréalisable : un exemple de ce mensonge, c’est la Roumanie, où le président Ceausescu a cru naïvement qu’il était possible de contrôler la conscience de la population et dans l’exercice du pouvoir, il a en effet contrôlé les moyens de production, les moyens de communication, l’organisation sociale, les institutions formatrices (éducation). En Roumanie, les enfants l’appelaient "papa C.", les adolescents et les jeunes célébraient des événements où ils devaient exprimer leurs louanges à C. Les populations qui manifestaient leurs petits désaccords avec le régime étaient déstructurées, transférées, déracinées, et rééduquées ; c’est-à-dire, C. avait apparemment le contrôle de l’objectivité et de la subjectivité (de la conscience) de la population. Un jour, tout a changé, et dans une période de temps très court, C. a été destitué, fait prisonnier, jugé, fusillé. Les dernières photos de C. et de son épouse les montrent avec des expressions d’étonnement complet face à ce qui était en train de se passer. Les deux sont morts sans comprendre ce qui était en train de leur arriver.

L’exercice du pouvoir à la manière de C. se base sur la théorie naïve qui suppose que si les moyens de production sont monopolisés et les moyens de communications manipulés (monopole de l’image), les gens, qui sont supposés avoir une conscience passive, vont répondre de manière mécanique, prédéterminée et réactive aux stimuli qu’on leur envoie ; et l’on pourra donc bien sûr toujours prévoir ce qu’ils vont faire à l’avenir. Mais non, la conscience humaine n’est pas passive, la conscience humaine est active. Cela signifie que si on lance un stimulus à la conscience, en attendant une réponse prédéterminée, il pourrait arriver que cette conscience fasse quelque chose de totalement inattendu, précisément parce que la conscience est active et intentionnelle. Le système, du fait qu’il a une vision limitée et plate de l’être humain, n’apprend pas des cas comme ceux de la Roumanie, le système ne comprend pas comment fonctionne la conscience humaine.

- La conscience humaine peut-elle être contrôlée ?

Depuis l’époque des Assyriens, qui assassinaient des milliers de personnes et formaient avec elles des pyramides de cadavres pour terroriser par cette démonstration et soumettre la population, depuis cette époque, on sait que par le biais de méthodes brutales, on peut contrôler les comportements collectifs d’une population. Il est certain que, conjoncturellement, au moyen de méthodes brutales on peut soumettre les comportements collectifs d’une population mais il est certain également que du point de vue en processus, il n’y a pas moyen de contrôler la conscience humaine.

La formule de démonstrations de bains de sang puis de soumission de la population a été utilisée plusieurs fois dans l’histoire : Franco en Espagne a produit un bain de sang de plus d’un million de personnes et ensuite, il a pu soumettre sans grand problème les comportements sociaux du peuple espagnol. Staline a fomenté d’énormes tueries du peuple russe puis il l’a soumis sans difficultés. Dans ces deux cas, il y a soumission du comportement collectif de la population car, par peur, personne ne se risque à faire ce qui est interdit, mais il n’y a pas contrôle de la conscience, car les gens en fait ne sont pas d’accord avec cela. Ce qui n’est pas clair avec ces régimes : auraient-ils pris fin si les dictateurs n’étaient pas morts ? Le régime franquiste aurait été démantelé par les nouvelles générations espagnoles sans qu’importe le prix à payer en nombre de vies. Le régime stalinien n’aurait pas pu être éternel, comme l’a démontré la chute et le démantèlement de l’URSS. De même, si les nazis avaient gagné la IIe Guerre Mondiale, ils ne se seraient pas maintenus indéfiniment au pouvoir en Allemagne, le plus probable est qu’ils auraient fini par s’entretuer et la population aurait fini par se rebeller.

Nous pouvons voir un exemple du fait que les régimes violents ne se maintiennent pas à l’époque de la conquête espagnole avec Cortés. Lorsque Cortés arrive à Mexico, il trouve l’empereur en train de soumettre les comportements collectifs de la population au moyen de méthodes brutales, les populations indigènes sont asservies mais très proches de la rébellion, elles sont sur le point de se soulever contre cette imposition. Cortés est arrivé avec peu de soldats, il trouve cette situation de pré- rébellion et en profite, en soutenant les peuples soumis, il parvient à dominer l’empire aztèque (qui était très près de sa déstructuration). Cortès est resté dans l’histoire comme un génie militaire, alors que son talent fut véritablement politique... mais voilà comment les historiens voient les choses. Donc, si les espagnols n’étaient pas arrivés, les peuples asservis se seraient soulevés et cette culture aurait continué son processus. À cette époque le Pérou était en guerre civile.

- Pourquoi dans le développement historique se produisent ces déviations dans le processus des peuples ?

L’espèce humaine est une espèce récente, elle n’est pas là depuis longtemps ; de plus, son évolution ne se fait pas en ligne droite. Elle avance dans son développement en expérimentant des chemins, selon réussites et erreurs. Malgré tout ce qui s’est passé, Homo Sapiens n’a pas disparu de la surface de la planète, il est encore debout, et soyons sincères, depuis ses débuts, il s’est un peu amélioré. L’être humain n’est pas terminé, mais il est debout, se transformant, transformant sa nature... imagine-toi le futur : les expérimentations qu’il peut faire.

- Ceci éclaire comment évolue la conscience au niveau collectif. Mais que se passe-t-il avec l’évolution de la conscience au niveau individuel ?

Il se produit la même chose chez l’individu : il avance dans son développement en expérimentant des chemins et lui aussi, selon les réussites et les erreurs. L’individu peut toujours avancer s’il ne reste pas bloqué dans l’erreur. Si la conscience individuelle reste bloquée dans un recoin d’où elle ne peut sortir du système de contradiction, elle n’avance pas. Comme en plus la vie humaine est brève, ils ne doivent pas se permettre le luxe de rester arrêtés longtemps dans leurs problèmes. L’être humain doit mourir en avançant et selon ce qu’il croit. Il semble qu’il n’y a pas besoin de croire que la conscience individuelle est d’un mode déterminé, du fait qu’elle pourrait mourir, et que c’en est fini de tout. Aujourd’hui advient l’Être Humain. L’Être Humain apparaît.

- Que veux-tu dire avec : Aujourd’hui advient l’Être Humain ?

Durant ces derniers siècles, la vision positiviste a réduit l’Être Humain à un organisme, à un animal rationnel, à quelque chose qui naît, grandit, se qualifie, travaille, se reproduit, tombe malade et meurt. Tu vas à ton bureau et tu t’assois avec un collègue... Qu’est-ce que tu sens de l’autre ? Tu sens qu’il est né, qu’il a grandi, qu’il s’est qualifié, qu’il travaille avec toi, qu’il a des enfants, qu’il est malade ou qu’il pourrait tomber malade, et qu’il peut mourir ou que nécessairement il va mourir. Tout ceci que tu sens est la vision que le Système a de l’être humain : c’est un organisme qui naît, grandit, se qualifie, se reproduit, travaille, tombe malade et meurt.

L’Être Humain réel, celui qui va vers l’infini, celui qui découvre et manipule l’atome, celui qui transforme l’univers en bits, celui qui décode et peut manipuler le code génétique à sa guise et par là transformer encore plus sa nature, celui qui, quand on lui dit que la technique génère le chômage, est disposé à restructurer l’organisation sociale pour libérer l’homme du travail et lui permettre que la technologie continue son développement, celui qui se rebelle d’être considéré comme un animal rationnel qui naît, grandit, se reproduit, se qualifie, travaille, tombe malade et meurt, celui qui regarde son corps et le considère comme une antiquité primitive pour le développement de sa conscience, celui qui se rebelle face à la mort, cet Être Humain, que même la philosophie ne sait pas définir, ni la psychologie, ni les sciences sociales... cet Être Humain, l’être humain réel, celui-là, apparaît. Cet être humain va-t-il commettre des erreurs ? Bien sûr qu’il va commettre des erreurs, il ne pourrait en être autrement. Ce processus ne va pas s’arrêter, en aucune manière. Ainsi les forces antihumanistes essaient de freiner ces processus... mais ils vont se frayer un chemin. La conscience humaine va se libérer de beaucoup de chaînes qui la limitent aujourd’hui : le travail et les limitations du corps.

- Que peut-il se produire dans les prochaines années ?

Les systèmes créent le substrat de croyances de base auxquelles adhère le citoyen ordinaire. C’est depuis ce substrat de croyances fondamentales que le citoyen ordinaire pense et fait de la science, de la politique, de la culture et de l’économie. Un système primitif (comme celui qui existe) peut seulement engendrer un champ de croyances primitives, afin que le citoyen puisse y adhérer. Par exemple, le néolibéralisme est une production depuis un substrat primitif. L’analyse des phénomènes actuels est fondée sur une méthodologie propre de ce substrat, c’est-à-dire que tout est très réduit, très primitif, très limitant.

Le nouveau libéralisme va tomber (c’est difficile de le voir avec les outils des analyses propres au substrat de croyances de base) et pour nous, le problème n’est pas qu’il tombe mais tout le bordel social que pourrait engendrer le collapsus du système financier. Imagine : tout le système de production et de distribution d’aliments, tous les services publics bloqués, des millions de personnes dans les villes essayant d’en sortir, les débordements psychosociaux de tout type qu’il y aurait. Un collapsus du système sans quelque chose pour le remplacer ne serait utile en rien. Ce qui nous intéresse ce n’est pas seulement la chute du système mais son remplacement.

- Pour éviter un collapsus sans issue, nous avons besoin de prendre le pouvoir ?

C’est une option qui pour nous n’est pas très intéressante. Pour nous l’option intéressante est que les gens changent.

- Que veux-tu dire par « que les gens changent » ? Tu te souviens du Lion ailé :

« - En effet, Monsieur Ho, c’est ainsi. Personne sur cette Terre ne fera un quelconque effort, jusqu'à ce que l'on en ait fini avec la monstruosité qui admet qu'un seul être humain soit au-dessous des niveaux de vie dont nous profitons tous.

- Mais dites-moi, à quel moment est-ce que tout a commencé à changer ?... Quand nous sommes-nous rendu compte que nous existions et que, de ce fait, les autres existaient aussi ? En ce moment même, je sais que j'existe, quelle bêtise ! N'est-ce pas, Madame Walker ?

- Ce n'est pas une bêtise. J'existe, parce que vous existez et inversement. Voilà la réalité, tout le reste est stupide. Je crois que les jeunes gens du Comité de Défense du Système Nerveux Fragilisé se sont débrouillés pour mettre les choses au clair. En vérité, je ne sais pas comment ils ont fait, mais ils l'ont fait. Sinon, nous nous serions transformés en fourmis...

- C'est ainsi, vous avez raison. Toute l'organisation sociale, si on peut l'appeler ainsi, est en train de s'écrouler. Dans peu de temps, elle sera complètement désarticulée...

- Voyons, voyons, Madame Walker. Nous vivons un nouveau monde et il nous est encore un peu difficile de trouver des formes libres de communication personnelle.

- Me liriez-vous vos poèmes ? J'imagine qu'ils sont inefficaces, arbitraires et, surtout, réconfortants.

- En effet, Madame Walker, ils sont inefficaces et réconfortants. Je vous les lirai quand vous voudrez. Passez une merveilleuse journée. »

Les personnes changent si leur appareil de croyances de base change. Rappelle-toi du géocentrisme, la Terre était le centre de l’univers, et c’était une époque où tout le monde était d’accord sur le fait que c’était comme ça. On croyait cela et on vivait comme cela.

Avec le passage du temps, tout cela s’est modifié : d’abord on dit que le soleil est le centre de l’univers ; puis cela s’éclaircit et l’on dit que le système solaire est un parmi de nombreux autres d’un système plus grand appelé galaxie ; plus tard, on explique plus encore et l’on dit que cette galaxie fait partie d’un système de galaxies et que, à son tour, ce système de galaxies n’est qu’un dans l’univers ; dernièrement, on explique qu’il y a plusieurs univers. Tout cela fait que les idées changent.

Aujourd’hui, il ne vient à l’idée de personne de dire que nous sommes le centre de l’univers, mais observons comment nous parlons : « le soleil se lève à... », « le soleil se couche à... », comme si nous étions au centre de l’univers.

Mais ce n’est pas tout : aujourd’hui, malgré les recherches qui parlent de systèmes solaires, de galaxies, d’ensembles de galaxies, d’univers et de plusieurs univers ; aujourd’hui, malgré l’évidence de l’immensité de l’univers, nous soutenons trois choses : la vie sur la Terre est la seule vie qu’il y a dans l’univers, la vie sur la Terre est la seule forme d’intelligence qu’il y a dans l’univers, et l’homo-sapiens est la seule forme de vie humaine. Nous continuons à soutenir que nous sommes la seule forme de vie, de vie intelligente, de vie humaine. Nous nous croyons uniques, tout l’univers est pour nous, nous sommes le centre de l’univers, c’est-à-dire que nous continuons à être géo-centristes. C’est une croyance de l’appareil de croyances fondamentales que nous n’avons pas encore modifiée.

Ce que nous observons aujourd’hui, c’est que l’être humain veut briser cette croyance fondamentale. On le remarque dans les efforts de la science et de la technologie, dans leur recherche interstellaire et dans leur recherche d’autres formes d’existence extraterrestre. On le voit dans le désir des gens qu’il y ait une vie extraterrestre. C’est tellement fort ce désir que des illusions collectives se produisent, avoir vu des ovnis est un thème qui se généralise. Les gens mettent tant de force à ce qu’il y ait une vie extra-terrestre que nous sommes sur le point que cela se produise. L’homo-sapiens s’efforce d’ouvrir son univers, pour aller au-delà de son appareil de croyances de base. Dans cette recherche, l’être humain va découvrir la conscience.

- Que veux-tu dire par « l’être humain va découvrir la conscience » ?

Depuis Descartes, on définit la conscience comme une chose, comme quelque chose avec une extension. De là, on considère la conscience comme un cas de plus de la matière en évolution, comme un viscère qui peut être manipulé au moyen de médicaments et de stimuli électriques. La conscience n’est pas un organisme passivo-réactif, c’est beaucoup plus que cela, c’est une structure évolutive intentionnelle. La dynamique réelle de la conscience est de se transformer, de transformer le corps et de transformer le monde.

Le fait que par le biais de la recherche astronomique on soit en train de découvrir que le monde ne se meut pas mécaniquement - comme on a voulu l’expliquer à travers la théorie du Big Bang - du choc mécanique dû au hasard, qui ensuite dérive, toujours sous l’effet du hasard, dans le processus évolutif que nous connaissons, mais qu’il y a des univers qui s’agglutinent et se meuvent selon une direction non mécanique, mais intentionnelle, c’est-à-dire que l’univers dans son développement a un sens ;

Le fait de mettre en évidence l’existence d’autres formes de vie intelligente dans l’univers, c’est-à-dire que nous ne sommes pas uniques ;

Le fait de comprendre que la conscience n’est pas quelque chose de mécanique et de réactif mais une structure évolutive intentionnelle ;

Le fait d’être sur le point d’accepter que le corps est une antiquité primitive qui ne correspond pas dans son développement à la vitesse de l’évolution de la conscience et de disposer de la connaissance et de la technologie pour le modifier ;

Le fait d’être proches de libérer l’homme de l’esclavage du travail...

...sont tous des signaux clairs que l’être humain cherche à se libérer de son appareil de croyances de base.

L’appareil de croyances de base va se déstructurer, à partir du moment où toutes ces choses seront mises en évidence : qu’il y a une intention dans l’univers, qu’il y a d’autres formes de vie intelligente, que la conscience individuelle est évolutive et intentionnelle, que le corps est une antiquité primitive susceptible d’être modifié, que ce qui convient est d’arrêter de travailler et de faire en sorte que ce soient les machines qui travaillent. L’être humain ne se ressent pas selon ses idées, il se ressent lui- même selon ses croyances. Avec la déstructuration de l’appareil de base des croyances de l’être humain, son image du monde se fissurera et par là-même, tout un nouveau système de possibilités de développement pour la conscience s’ouvrira.

Après les derniers cinquante ans de paralysie, la science et la pensée sont en train de se frayer un chemin à nouveau. L’être humain est sur le point de se transformer non seulement techniquement mais aussi dans sa conscience. Tout avance en structure. Imagine le futur : Une super civilisation humain, un monde où tous les êtres humains sont d’accord sur les prémices de base parmi lesquels chacun est une diversité ; nous ne parlons pas de diversité de cultures, nous parlons de diversité de personnes : c’est-à-dire : chaque personne est un monde. Ce qui normal dans l’évolution est la multiplicité, la diversité. S’il est vrai que l’évolution de la conscience suit une direction, il peut y avoir des milliers de chemins dans cette direction.

Pour comprendre les comportements de l’être humain de maintenant, les êtres humains du futur devront étudier à fond l’appareil de croyances de base de notre époque ; et alors ils ne diront pas que cet être humain-là s’est trompé dans son raisonnement mais qu’il percevait, analysait, raisonnait, prédisait, projetait et décidait depuis un système très primitif de raisonnement généré par un champ de croyances très pauvre.

La pensée de cette époque, depuis la perspective des humains du futur, sera une pensée primitive, limitée dans une ligne mentale très étroite depuis laquelle certains phénomènes n’étaient pas visibles, où il n’était pas possible de faire certaines mises en relation, ils ne pouvaient même pas prédire certaines conséquences. On dira même que cette absurde improvisation dans les décisions, dans les analyses et dans les prévisions correspondait à un comportement mental nihiliste, depuis lequel il était impossible de construire quoi que ce soit, et son recours fondamental d’action était l’imposition brutale de type physique, économique... On expliquera qu’ils étaient les vestiges de Cro-Magnon qu’on n’avait toujours pas résolus.

Aujourd’hui le pouvoir est dans les mains d’une bande de primitifs, ignorants et irresponsables, très brutaux. L’agissement stupide de ces primitifs crée des erreurs très sérieuses dans la construction sociale du monde qui génèrent un champ de catastrophe. Cette catastrophe pourrait se produire et cela retarderait le processus de développement humain. Comme la conscience humaine est intentionnelle, les visions apocalyptiques d’entropies, de collapsus, de catastrophes (vision nihiliste) ne sont pas inexorables. L’être humain du futur ne va pas vouloir gagner et posséder des choses ; il va vouloir sentir, créer, construire, apprendre sans limite. Il ne va pas vouloir posséder, avoir, contrôler ; cet humain comprendra qu’il y a des millions de façons de développer l’émotion et la pensée, qu’il y a une diversité inimaginable de façons de sentir et de penser. À l’heure actuelle, la vision de l’être humain est très comportementale et très réduite, mais dans le futur, tout ira bien, tout ira où cela doit aller.

2023/11/01

La signification évolutive du développement spirituel

John E. Stewart
Academia.Edu

La capacité d'adaptation est d'une importance capitale dans le processus d'évolution. C'est grâce à l'adaptation que les organismes sont capables de survivre dans des environnements changeants, de mieux s'adapter à leur environnement existant ou de s'étendre à de nouveaux environnements. En général, on peut s'attendre à ce que les organismes qui s'adaptent mieux réussissent mieux en termes d'évolution. Une amélioration importante de la capacité d'adaptation constitue un progrès évolutif majeur.
L'homme est l'organisme le plus adaptable vivant sur cette planète. Nous utilisons les progrès rapides de la science et de la technologie pour survivre et satisfaire nos objectifs d'adaptation dans un large éventail d'environnements. Quel que soit le problème d'adaptation auquel nous nous attaquons, nous pouvons généralement trouver une solution. Nous nous sommes révélés beaucoup plus adaptables que les organismes qui évoluent par le biais de l'évolution génétique. Il a fallu des millions d'années à l'évolution génétique pour découvrir comment produire des reptiles capables de voler, alors que l'homme a développé la technologie nécessaire pour y parvenir en quelques milliers d'années. Les améliorations adaptatives massives observées dans les capacités humaines au cours des derniers siècles sont bien plus importantes que ce que l'évolution génétique aurait pu réaliser sur des centaines de millions d'années.

Quels que soient nos désirs, quels que soient nos besoins, nous sommes très efficaces pour trouver des moyens de manipuler notre environnement afin de les réaliser. En revanche, nous sommes très peu doués pour réaliser ce que nous ne voulons pas. Nous n'utilisons pas notre créativité pour trouver de meilleurs moyens de réaliser ce qui ne nous motive pas. En termes d'évolution, il s'agit là de la principale limite à la capacité d'adaptation de l'homme.
En général, nous ne voyons pas cela comme une limitation. Elle ne nous empêche pas de faire ce que nous voulons. Elle ne nous empêche pas de vivre une vie heureuse et épanouie. Nous ne nous sentons pas limités parce que nous n'avons pas envie de faire ce que nous n'avons pas envie de faire. Si nous évaluons notre capacité d'adaptation en nous demandant si elle nous permet de satisfaire nos besoins et nos désirs, nous continuons à nous considérer comme très adaptables.
Mais si nous mesurons notre capacité d'adaptation en termes d'évolution, nous arrivons à une conclusion très différente. Et si la poursuite de notre succès évolutif exigeait que nous nous adaptions d'une manière qui entre en conflit avec la satisfaction de nos besoins et de nos désirs existants ? Que se passe-t-il si nos motivations et nos besoins actuels ne produisent pas les comportements qui sont les meilleurs du point de vue de l'évolution ? Ces types de conflits entre nos besoins et ceux de l'évolution semblent très probables au cours de notre évolution future. Il est improbable que les besoins et les désirs implantés en nous par notre passé évolutif produisent le comportement qui est également optimal pour notre avenir. Cela signifie que notre capacité d'adaptation est sérieusement limitée en termes d'évolution.

Il existe un large éventail de comportements, de modes de vie et de technologies dont nous ne voudrions pas compte tenu de nos besoins et motivations actuels. Pourtant, ils pourraient s'avérer d'une importance cruciale pour la réussite de l'évolution à l'avenir. Nous avons un très grand angle mort dans l'évolution. Nous ne sommes pas motivés pour explorer une immense variété de possibilités adaptatives, quelle que soit leur utilité en termes d'évolution. Tant que nous n'aurons pas surmonté cette limitation, nous continuerons à utiliser le génie génétique, l'intelligence artificielle et d'autres avancées technologiques pour satisfaire nos besoins et conditionnements évolutifs passés, plutôt que pour atteindre le succès évolutif futur.

Si nous voulons réussir en termes d'évolution à l'avenir, nous devrons surmonter cette limite adaptative. Nous devrons être capables de faire tout ce qu'il faut pour réussir à l'avenir. L'humanité devra se libérer des besoins et des désirs installés en nous par notre passé biologique et culturel. Pour ce faire, nous devrons nous développer selon des méthodes traditionnellement qualifiées de spirituelles. L'humanité devra adopter largement les pratiques actuellement associées au développement spirituel si nous voulons continuer à réussir en termes d'évolution.

Pour mieux comprendre comment l'adaptabilité humaine devrait évoluer à l'avenir, il est utile de voir comment l'adaptabilité s'est améliorée au cours de l'évolution passée de la vie sur Terre. Cela nous permettra de situer le niveau actuel d'adaptabilité humaine dans une longue séquence d'améliorations évolutives. Nous verrons comment notre niveau actuel a dépassé les capacités antérieures, mais comment il est également limité. Cela nous aidera à identifier les nouvelles capacités que nous devrions développer si nous voulons dépasser ces limites. Cela permettra d'identifier les nouvelles compétences et capacités psychologiques dont nous avons besoin pour surmonter nos déficiences actuelles.
Il existe un certain nombre de mécanismes bien distincts qui adaptent les organismes de notre planète1. L'un des premiers à apparaître a été la sélection naturelle basée sur les gènes. Grâce à ce mécanisme, les organismes produisent des descendants qui diffèrent génétiquement les uns des autres et de leurs parents. La différence génétique peut entraîner un changement au sein de l'organisme qui en est porteur. Cette caractéristique modifiée peut à son tour rendre l'individu plus performant et lui permettre d'avoir un plus grand nombre de descendants survivants. Si c'est le cas, la proportion d'individus porteurs de la différence génétique augmentera et la différence génétique se répandra dans la population. La population sera mieux adaptée, ayant acquis une caractéristique améliorée. La sélection naturelle basée sur les gènes découvre les adaptations en testant les changements parmi les descendants.
Mais la sélection naturelle fondée sur les gènes n'opère qu'à travers les générations. Elle n'adapte pas les organismes individuels au cours de leur vie. Elle est incapable de découvrir de nouvelles adaptations en essayant des changements au sein de l'individu pendant sa vie. Il est évident qu'un mécanisme adaptatif capable de le faire aurait un avantage significatif en termes d'évolution. Il pourrait découvrir et mettre en œuvre des adaptations améliorées en permanence au sein des individus, bien avant que l'évolution génétique n'en soit capable.

De manière quelque peu ironique, les mécanismes adaptatifs qui opèrent au sein des organismes au cours de leur vie ont été découverts et établis par l'évolution génétique. L'évolution génétique a mis au point des mécanismes adaptatifs supérieurs qui pourraient la remplacer, du moins chez l'homme. Les premiers mécanismes adaptatifs établis par l'évolution génétique ont recherché une meilleure adaptation en essayant des changements au sein de l'organisme, en procédant par essais et erreurs. Mais comment les systèmes de l'organisme pouvaient-ils savoir si un changement particulier avait amélioré l'adaptation de l'organisme ? Il s'agissait là d'un défi majeur pour l'évolution génétique : il fallait doter l'organisme d'un moyen d'identifier les changements internes bénéfiques en termes d'évolution.
Ce défi était plus facile à relever dans le cas de changements qui produisaient une amélioration immédiate du fonctionnement de l'organisme. L'efficacité d'un changement pouvait être jugée en fonction de ses effets immédiats au sein de l'organisme. Par exemple, les modifications de la quantité d'oxygène fournie à un tissu pouvaient être évaluées en fonction de leur effet sur le taux métabolique du tissu.
Le défi ne pourrait pas être relevé aussi facilement pour les changements susceptibles de produire un avantage évolutif à plus long terme, sans effets bénéfiques immédiats sur l'organisme. Les comportements qui conduisent à la reproduction sexuelle en sont un bon exemple. Ces comportements n'ont pas de retombées immédiates pour l'organisme. Ils n'améliorent pas son fonctionnement et peuvent même l'entraver. Comment l'évolution a-t-elle pu adapter les organismes de manière à ce qu'ils mettent en œuvre des changements de comportement qui conduisent à une reproduction réussie, et à ce qu'ils rejettent les comportements qui n'y conduisent pas ?

La réponse découverte par l'évolution génétique a consisté à doter les organismes d'un système de récompense interne. Ce système récompense intérieurement les individus lorsqu'ils adoptent des comportements bénéfiques en termes d'évolution, et les punit dans le cas contraire. Nous ressentons ces récompenses internes sous la forme de divers types de sentiments, de motivations et d'émotions attrayants. Les habitudes et les modèles de comportement qu'un organisme adopte sont ceux qui sont renforcés positivement par son système de récompense interne. Son comportement et son mode de vie sont façonnés par les objectifs fixés par ses motivations et ses émotions.
Les récompenses et les punitions internes agissent comme des indicateurs du succès de l'évolution. L'évolution génétique règle le système de motivations et d'émotions de telle sorte que lorsqu'un organisme recherche ses récompenses internes, il agit d'une manière qui conduit au succès de l'évolution. Les motivations et les émotions d'un organisme l'incitent à découvrir et à mettre en œuvre des adaptations qui sont bénéfiques en termes d'évolution. Si les circonstances changent et qu'un comportement particulier n'est plus optimal en termes d'évolution, l'évolution génétique modifiera le système de récompense interne de sorte que le comportement ne soit plus renforcé. L'évolution génétique adapte le système de récompense interne de manière à ce que les objectifs de l'organisme continuent d'être alignés sur le succès de l'évolution.
L'apprentissage et l'imitation constituent d'autres développements importants dans l'évolution des mécanismes adaptatifs au sein des organismes. Une fois qu'un organisme a découvert par essai-erreur qu'un changement particulier était utile dans des circonstances particulières, l'apprentissage lui permet de mettre en œuvre ce changement adaptatif chaque fois que ces circonstances se présentent à nouveau. Quant à l'imitation, elle permet à un organisme d'adopter un changement adaptatif découvert par un autre individu, sans avoir à le découvrir lui-même. Ces deux améliorations ont réduit la quantité d'essais et d'erreurs que les organismes devaient utiliser pour s'adapter.

Mais l'avancée la plus significative et la plus profonde en matière d'adaptabilité est intervenue avec le développement d'une capacité de modélisation mentale2. Cette capacité nous est très familière et c'est chez l'homme qu'elle est la plus développée. Nous utilisons la pensée et d'autres représentations mentales pour modéliser les effets de notre comportement sur notre environnement. Ainsi, au lieu de devoir essayer des actions alternatives dans la pratique, les humains peuvent utiliser des modèles mentaux pour prédire leurs effets. Nous pouvons essayer mentalement les adaptations possibles. Cela réduit considérablement le besoin d'essais et d'erreurs coûteux dans la recherche d'un comportement adaptatif et nous permet de prendre en compte les conséquences futures (prédites) de nos actions.
Notre capacité à tester mentalement des comportements alternatifs est à la base de notre capacité à planifier, à imaginer des alternatives, à inventer et à adapter des technologies, à construire des structures telles que des maisons et des routes, à modifier radicalement notre environnement externe pour atteindre nos objectifs adaptatifs, à établir des objectifs à long terme, à imaginer comment nous pourrions changer le monde, à élaborer des plans stratégiques, à concevoir des projets et à entreprendre des activités qui ne porteront leurs fruits que dans le futur (telles que planter des cultures et nourrir des animaux).

L'acquisition du langage a constitué une étape cruciale dans notre capacité à construire des modèles mentaux. Le langage et les formes de communication associées ont permis aux humains de partager les connaissances utilisées pour construire des modèles. La communication a permis à tous les membres d'une société d'acquérir et d'utiliser les connaissances découvertes par un individu. Elle a également permis d'accumuler des connaissances au fil des générations. L'accumulation progressive des connaissances a permis à l'homme de modéliser un plus grand nombre d'interactions avec son environnement et de prédire les conséquences de ses actions sur de plus grandes échelles d'espace et de temps. Cela nous a permis de découvrir des moyens plus efficaces d'atteindre nos objectifs adaptatifs et d'obtenir un renforcement positif de nos systèmes de récompense internes.
Notre capacité à construire et à manipuler des modèles s'est également améliorée au fur et à mesure que nous avons appris à augmenter nos capacités mentales à l'aide d'artefacts externes tels que le papier et le crayon, les livres, les appareils d'enregistrement, les ordinateurs et d'autres formes d'intelligence artificielle. On peut s'attendre à ce que notre capacité d'adaptation mentale

On peut s'attendre à ce que notre capacité d'adaptation mentale continue à s'améliorer à mesure que l'humanité accumule davantage de connaissances sur la façon dont le monde extérieur réagit à nos interventions et que l'intelligence artificielle se développe.
Le potentiel évolutif de la modélisation mentale est évident. Une fois que les organismes auront accumulé suffisamment de connaissances, leur modélisation sera souvent supérieure au système de récompense interne pour identifier les adaptations qui sont les meilleures en termes d'évolution. Les organismes n'auront plus à être guidés vers le succès évolutif uniquement par un système de motivations et d'émotions. Au lieu de cela, les organismes pourraient utiliser la modélisation mentale pour identifier et mettre en œuvre les actions qui leur permettraient de survivre et de prospérer à l'avenir.

Les modèles mentaux ont le potentiel d'être bien supérieurs au système de récompense interne établi par l'évolution génétique dans le passé des organismes.
par l'évolution génétique dans le passé évolutif des organismes. Les motivations et les volitions (morales
ou autres) qui ont été favorisées par la sélection darwinienne dans leur passé évolutif ont très peu de chances d'être optimales pour leur survie au cours du prochain million d'années. Et au fur et à mesure que les circonstances évoluent, les valeurs et les motivations optimales sont susceptibles de changer à plusieurs reprises.
Mais la modélisation mentale n'est pas en mesure de réaliser son énorme potentiel d'adaptation lorsqu'elle apparaît pour la première fois. Au départ, elle n'a pas la capacité de prendre en charge l'adaptation de l'organisme. Elle n'a pas accumulé les connaissances et les informations détaillées nécessaires pour prédire les conséquences futures d'un large éventail d'actions alternatives. Par conséquent, la modélisation sera moins efficace que les systèmes de motivation et de récompense préexistants pour découvrir les meilleures adaptations.
Cependant, la modélisation mentale présente des avantages immédiats. Elle permet à l'organisme de trouver de meilleurs moyens d'atteindre ses récompenses et motivations internes. L'organisme peut utiliser des modèles mentaux pour identifier les comportements qui permettront d'obtenir des résultats produisant des états internes souhaitables. Au départ, la modélisation mentale ne permet pas d'établir ou de modifier les objectifs adaptatifs de l'organisme - elle commence par être au service des systèmes de motivation et de récompense préexistants.

Il est facile de situer l'humanité dans cette séquence évolutive3. Les humains ne sont pas encore des organismes qui utilisent la modélisation mentale pour s'adapter de toutes les manières nécessaires au succès futur de l'évolution. Nous sommes encore des organismes qui passent leur vie à rechercher des substituts de réussite évolutive comme des fins en soi. Nous utilisons notre modélisation mentale pour déterminer comment atteindre les objectifs fixés par notre système interne de récompense et de motivation - des objectifs dont nous avons été dotés par la sélection naturelle et qui ont été modifiés dans une certaine mesure par le conditionnement au cours de notre éducation. Nous utilisons l'énorme pouvoir de la modélisation mentale pour voir comment nous pouvons agir sur le monde afin de produire des états psychologiques souhaitables et d'éviter les états désagréables. Pour la plupart d'entre nous, cela signifie utiliser la modélisation pour rechercher le sexe, la richesse, la popularité, des relations satisfaisantes, le statut social, le pouvoir, le sentiment d'être unique, etc. Et nous passons notre vie à essayer d'éviter les états psychologiques indésirables tels que ceux associés au stress, à la culpabilité, à la dépression, à la solitude, à la faim et à la honte.
Mais lorsque nos intérêts évolutifs entrent en conflit avec ces motivations et ces réactions émotionnelles, nos intérêts évolutifs sont perdants. Nous n'avons pas encore développé une capacité globale à nous libérer des diktats de notre passé biologique et social. Nous ne pouvons pas adapter ou modifier à volonté nos goûts et nos dégoûts, nos réactions émotionnelles, nos motivations, ce qui nous procure du plaisir ou du déplaisir, nos habitudes ou nos traits de personnalité (par exemple, nous ne pouvons pas passer d'extraverti à introverti à volonté). Peu d'entre nous sont capables de "tendre l'autre joue" sans effort, même lorsque nous voyons mentalement qu'il est dans notre intérêt de le faire. Il en est ainsi que ces prédispositions soient largement héritées ou qu'elles soient le produit d'une expérience individuelle au cours de notre éducation.
En conséquence, la capacité d'adaptation évolutive de l'humanité est sérieusement limitée. Nous n'utilisons pas l'immense capacité de modélisation mentale pour poursuivre des objectifs évolutifs. Il existe des adaptations qui sont Nous pouvons constater qu'elles sont supérieures en termes d'évolution, mais nous ne les mettons pas en œuvre. Au lieu de cela, nous passons notre vie à courir après le renforcement positif de notre système de récompense interne. Si l'humanité veut réaliser le plein potentiel évolutif de la modélisation mentale, nous devrons nous libérer de notre passé biologique et culturel.
L'homme peut-il développer une telle capacité psychologique ? Ou bien notre capacité d'adaptation sera-t-elle toujours limitée par les prédispositions résultant de notre histoire évolutive ? Serons-nous capables de nous adapter uniquement dans les directions actuellement récompensées par notre système de récompense interne, sans tenir compte de ce qui est le mieux pour notre avenir évolutif ? Ou pouvons-nous développer la capacité d'évoluer à contre-courant de notre histoire et de notre conditionnement, et de nous adapter de la manière qui nous permettra de réussir notre évolution future ?
La psychologie scientifique moderne n'a pas encore réussi à comprendre comment nous pouvons développer une capacité psychologique dans ce sens. Jusqu'à présent, elle s'est concentrée sur la compréhension du fonctionnement actuel de notre psychologie et sur la manière dont les pathologies peuvent être corrigées. Elle n'a pas grand-chose à dire sur notre potentiel de développement psychologique futur.

Mais les humains ont accumulé un vaste ensemble de connaissances et de pratiques sur la manière de développer ces nouvelles capacités psychologiques. Ces connaissances s'incarnent dans des systèmes religieux et spirituels. Bien que certains systèmes soient plus explicites que d'autres à ce sujet, et que certains aient un certain nombre d'autres objectifs de développement spirituel, les principaux systèmes religieux du monde prônent tous le développement d'une capacité à se libérer de réponses émotionnelles, de désirs et de motivations particuliers. En outre, tous les systèmes contiennent des méthodologies et des pratiques qui peuvent aider au développement d'une telle capacité.
Bien que les systèmes religieux utilisent une terminologie très différente pour décrire leurs pratiques et leurs croyances, il est possible d'identifier une approche largement commune du développement spirituel. La plupart des pratiques visent à favoriser l'émergence d'un nouveau moi qui se situe en dehors des états émotionnels, des pensées et des sensations de l'individu. Ce nouveau moi observateur n'est pas lié au flux des pensées et des sentiments et les considère comme des objets d'attention. L'individu fait l'expérience de lui-même en tant que nouveau moi observateur, séparé de ses pensées, de ses sentiments et de ses sensations, et capable de les traiter comme des objets qui peuvent être gérés et modifiés4. Ce qui faisait autrefois partie du sujet devient un objet en relation avec le nouveau moi, et peut être géré et contrôlé par lui5.

Cela contraste avec l'expérience de l'individu avant le développement d'un nouveau moi observateur. Auparavant, l'individu avait tendance à être absorbé et à s'identifier à ses réactions émotionnelles et à ses pensées, il n'était pas conscient d'être séparé d'elles et ne pouvait pas facilement choisir d'être influencé par elles. L'individu se vit comme ses motivations et ses pensées, et se définit à travers elles et à travers les traits de personnalité et les modèles de comportement qui en découlent.
Le nouveau moi reçoit une grande variété de noms dans divers systèmes religieux et philosophiques. Certains aspects du nouveau moi sont désignés comme le témoin silencieux, le vrai moi, l'esprit de Bouddha, le Seigneur, l'observateur, l'âme, l'atman, le maître, la conscience du Christ, le "moi" observateur, un métasystème émergent6 et le moi supérieur.
Les systèmes religieux encouragent généralement l'émergence du nouveau moi par des pratiques qui séparent l'esprit en une partie observatrice et une partie observée. La partie observatrice est le précurseur du nouveau moi. Ces pratiques consistent généralement à tourner l'attention et la conscience vers l'intérieur et à les diriger vers le contenu mental - les sensations, les émotions, les motivations, les images mentales et les pensées qui surgissent dans l'esprit. Par exemple, de nombreux systèmes religieux exigent L'enseignement de l'anglais, de l'espagnol et de l'espagnol langue étrangère permet aux adeptes de lutter contre les dictats de leurs désirs et de leurs impulsions "inférieurs". Ce faisant, ils dirigent leur attention vers l'intérieur, font de ces états mentaux des objets d'attention et commencent à séparer l'esprit en une partie observatrice et une partie observée. Le fait de mener une guerre interne contre les désirs et les impulsions contribuera au développement d'un nouveau moi qui se tient en dehors d'eux et n'est plus identifié à eux.
D'autres pratiques favorisent également la séparation de l'esprit en une partie observatrice et une partie observée. La méditation consiste généralement à tourner l'attention vers l'intérieur et à faire des pensées et des états émotionnels des objets d'attention7. De même, les pratiques de pleine conscience du bouddhisme et l'auto-observation8 de Gurdjieff favorisent le développement du nouveau moi observateur au cours de la vie ordinaire. Ces pratiques concentrent l'attention sur les sensations physiques, les émotions, les images mentales et les pensées qui surgissent au cours des activités et des interactions quotidiennes. Toutes ces techniques mettent l'accent sur le fait que l'observation de soi doit être passive et sans jugement. Cela permet de s'assurer que le nouveau moi observateur ne s'identifie pas ou ne s'absorbe pas dans les contenus mentaux au fur et à mesure qu'ils apparaissent.

Un certain nombre de pratiques aident le moi observateur à rester séparé des contenus mentaux. Certaines d'entre elles ont pour effet d'atténuer l'activité mentale et de réduire l'incidence des expériences émotionnelles intenses. Il est ainsi plus facile pour le nouveau moi de se tenir à l'écart du flux des contenus mentaux sans être absorbé et identifié avec eux. Les pratiques qui éloignent les individus des pressions de la vie normale, telles que les retraites, la vie monastique, l'ascétisme et les pèlerinages, en sont des exemples. De nombreux systèmes ont également découvert que la méditation est une méthode efficace pour tranquilliser l'activité mentale, et que la prière et la dévotion peuvent avoir des effets similaires. La plupart des systèmes insistent sur le fait que des efforts répétés et une grande vigilance sont nécessaires pour maintenir la séparation - l'individu aura tendance à retomber dans l'identification avec ses pensées et ses états émotionnels, et il lui sera très difficile de rester à l'extérieur et de les observer pendant de longues périodes.
Ces pratiques développent également la capacité de l'individu à disposer volontairement de son attention et à briser le contrôle de l'attention par les états émotionnels. Les pratiques dévotionnelles renforcent également cette capacité - elles exigent de l'individu qu'il ramène continuellement son attention sur l'objet de sa dévotion et qu'il l'éloigne des distractions.
Le nouveau moi qui peut être développé grâce à ces pratiques est relativement libre des objectifs adaptatifs du système de récompense interne. Une fois que le nouveau moi émergent peut rester fonctionnellement séparé des motivations et des impulsions émotionnelles, il peut décider de se laisser influencer ou non par elles. Au lieu de "suivre" ces impulsions au fur et à mesure qu'elles se présentent, il peut décider de ne pas agir en conséquence. Cette séparation fonctionnelle permet également au nouveau moi de contrôler la disposition de l'attention. Le nouveau moi peut diriger son attention et son énergie uniquement vers des activités qui servent ses objectifs.

Au fur et à mesure que le moi observateur accumule des connaissances sur le fonctionnement du système motivationnel et émotionnel, il améliore sa capacité à les gérer. L'individu apprend à modifier les objectifs de son système de récompense interne et est alors capable de les aligner sur les buts et objectifs de son choix. En conséquence, elle peut trouver la motivation et la satisfaction émotionnelle dans les activités qui servent ses buts et ses objectifs. Par exemple, si un individu choisit de poursuivre le succès évolutif comme but ultime, il sera en mesure d'aligner son système de récompense interne sur les objectifs évolutifs9.
La métaphore d'une voiture (ou d'un char) tirée par des chevaux a été utilisée par un certain nombre de systèmes religieux et philosophiques pour représenter la psychologie d'une personne qui a développé ces capacités10. En général, le conducteur est l'intellect, les chevaux les émotions, l'attelage le corps, et le maître de l'attelage (ou seigneur du char) est le nouveau moi. Le maître coordonne les actions des différentes composantes afin qu'elles coopèrent ensemble pour servir les objectifs et les buts fixés par le maître. Il est important de noter que cette métaphore souligne que le nouveau moi ne réprime pas, ne supplante pas et ne prend pas en charge les fonctions des émotions et du corps. Un moi supérieur compétent, à l'instar d'un directeur compétent d'une entreprise moderne ou d'un chef d'orchestre, travaille avec les capacités spéciales des éléments qu'il gère et en fait le meilleur usage.

Pourquoi les religions ont-elles développé ce vaste ensemble de connaissances et de pratiques visant à libérer les êtres humains des exigences de leurs systèmes motivationnels et émotionnels ? L'une des principales raisons est que les religions encouragent généralement l'adhésion à des systèmes éthiques qui entrent en conflit avec les impératifs de notre système de récompense interne. Les religions ont appris qu'il faut bien plus qu'un engagement intellectuel à l'égard d'un système éthique pour qu'un individu soit capable de le mettre en œuvre. La raison ne contrôle pas les passions tant que l'individu n'a pas développé une nouvelle structure psychologique capable de gérer son système de récompense interne.
Une autre raison de l'intérêt profond des religions pour ce domaine est l'intuition que seul un moi qui a transcendé les impulsions émotionnelles peut concevoir de vivre au-delà du corps. Un moi lié à des désirs corporels et à des réponses émotionnelles mourra certainement lorsque le corps qui les a engendrés mourra. Un certain nombre de traditions religieuses qui adoptent cette position croient également que le point final du développement spirituel est la fusion de ce moi transcendant avec l'absolu (par exemple Dieu).

Bien entendu, la grande majorité des membres des religions ne développent pas un moi supérieur. La plupart n'adoptent pas intégralement les pratiques prescrites par leur religion, et peu comprennent les pratiques et les croyances dans les termes décrits ici. Très peu de chrétiens développent la capacité de tendre sans effort l'autre joue au sens plein de cette métaphore. Si les pratiques de développement spirituel doivent réussir à transformer la psychologie de l'humanité en général, elles devront être améliorées et développées. La meilleure façon d'y parvenir est d'étudier ces pratiques dans le cadre de la psychologie scientifique moderne et de les y intégrer. Si les pratiques spirituelles sont soumises à l'examen sceptique et aux tests rigoureux de la science moderne, les pratiques et les croyances fondées sur des faits pourront être séparées de celles qui reposent sur des suppositions et un mysticisme sans fondement. Les techniques puissantes et les ressources étendues de la science moderne pourraient être utilisées pour découvrir des pratiques nouvelles et meilleures. Ce processus poursuivrait l'expansion progressive de la science dans de nouveaux domaines, qui a eu lieu tout au long de son histoire relativement jeune. La science s'est développée en incorporant et en développant des corpus de connaissances qui, à l'origine, n'étaient pas systématiques et étaient truffés de contradictions et de savoirs populaires.

Tant que nous, les humains, n'aurons pas développé la capacité de nous libérer de notre passé biologique et culturel, notre capacité d'adaptation évolutive sera sérieusement limitée. Nous n'utiliserons pas l'énorme potentiel de la modélisation mentale pour identifier et mettre en œuvre les actions qui contribueront le plus au succès évolutif de l'humanité. Au lieu d'utiliser nos avancées technologiques et nos ressources économiques à des fins évolutives, nous continuerons à les utiliser uniquement pour répondre aux besoins et aux désirs établis par notre passé évolutif et notre conditionnement. L'humanité continuera à passer son temps sur cette planète à se masturber sur des désirs de l'âge de pierre, n'allant nulle part en termes d'évolution.
En revanche, nous pourrions améliorer considérablement notre capacité d'adaptation évolutive en nous libérant des diktats de notre passé biologique et culturel. Nous pourrions développer la capacité d'aligner notre système de récompense et de motivation interne sur les objectifs de l'évolution. Cela nous permettrait de trouver satisfaction et motivation dans les adaptations qui servent ces objectifs. Grâce à cette capacité, nous pourrions choisir de mettre en œuvre les actions qui favoriseraient la réussite évolutive de l'humanité, et nous y trouverions satisfaction et motivation. Cela nous permettrait d'utiliser l'immense pouvoir de la modélisation mentale pour poursuivre des objectifs évolutifs, plutôt que de continuer à rechercher aveuglément des approximations dépassées et inexactes du succès évolutif comme s'il s'agissait d'une fin en soi.

Si nous réussissons cette transition, les humains deviendront des êtres auto-évolutifs, capables de s'adapter dans toutes les directions nécessaires au succès futur de l'évolution, sans être entravés par notre passé biologique ou par nos expériences de vie antérieures. À mesure que nous nous déplaçons dans le système solaire, la galaxie et l'univers, nous pourrions modifier nos objectifs et nos comportements adaptatifs en fonction des défis que nous rencontrons. Nous pourrions nous recréer continuellement, changer de nature humaine à volonté, sacrifier sans cesse ce que nous sommes pour ce que nous pouvons devenir, mourir et renaître continuellement.
1 Pour une discussion plus détaillée de l'évolution de ces mécanismes, voir Dennett, D. C. (1995), Darwin's Dangerous Idea (New York : Simon and Schuster).
2 L'importance évolutive de la modélisation mentale a été clairement reconnue pour la première fois par Popper, K. R. (1972), Objective knowledge - an evolutionary approach (Oxford : Clarendon).
3 Pour une discussion plus complète, voir Stewart, J. E. (2000), Evolution's Arrow (Rivett : Chapman Press) [en ligne à l'adresse http://www4.tpg.com.au/users/jes999/ ].
4 Pour en savoir plus sur la relation entre le nouveau moi et les contenus mentaux, voir Nicol, M. (1980b),
The Four Bodies of man", dans Psychological Commentaries on the Teachings of Gurdjieff and Ouspensky (Londres : Watkins) 1, pp. 218-35.
5 Ce point est très bien expliqué par Keegan, R. (1994), In over our heads - the mental demands of modern life (Cambridge : Harvard University Press).

6 Voir Heylighen, F. (1991), "Cognitive Levels of Evolution : from pre-rational to meta-rational", in The Cybernetics of Complex Systems - Self-organisation, Evolution and Social Change, F. Geyer Ed. (Salinas, California : Intersystems) pp.75-91.
7 Par exemple, voir Goleman, D. (1988), The meditative mind - the varieties of meditative experience (New York : G. P. Putnam's Sons).
8 Pour plus d'informations sur l'auto-observation, voir Nicol, M. (1980c), "Commentary on Self-Observation and 'I's'", in Psychological Commentaries on the Teachings of Gurdjieff and Ouspensky (Londres : Watkins) 1, pp. 302-17.
9 Cette notion est développée plus en détail dans Stewart, J. E. (2001), "Future psychological evolution", Dynamical Psychology [en ligne sur http://www.goertzel.org/dynapsyc/ ].
10 Par exemple, voir la Katha Upanishad, le Phèdre de Platon et les contes de Belzébuth à son petit-fils de Gurdjieff.







2023/09/30

2 Octobre : Journée internationale de la Non-violence

Source: Pressenza

« Aucun être humain ne naît violent, la violence n’est pas un destin, c’est une intention. L’intention opposée est possible. La méthodologie de la non-violence est le seul moyen valable pour arrêter la violence dans le monde ».

En 2007, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a instauré la journée du 2 octobre, jour de la naissance de Gandhi, comme « Journée internationale de la Non-violence ». Donc, cette année, nous célébrons son onzième anniversaire.

La violence sous toutes les formes imaginables se développe sur la planète. Guerres conventionnelles, territoires occupés, menaces nucléaires (qui pourraient nous mener à une future catastrophe nucléaire), famines, migrations massives, exploitation économique, crise de millions de réfugiés, attaques terroristes, violences dans les écoles, dans les villes, à la maison, etc. Mais aussi il y a la violence à l’intérieur des personnes, et cette violence s’exprime en tant que souffrance interne et est source de destruction. La violence, sous toutes ses formes, est un élément fondamental d’un système individualiste et déshumanisant et sa méthodologie d’action génère toujours plus de violence.

Cependant, en observant les événements de ces dernières années, il est possible d’envisager une solution au problème : la « méthodologie de la non-violence active ».

La non-violence est une nouvelle sensibilité qui commence à s’exprimer dans l’opposition croissante aux différentes formes de violence sur les différents continents et dans les grands et petits groupes humains, et aussi, dans les actions individuelles.

La non-violence est une méthodologie d’action qui entraîne une profonde transformation individuelle et sociale, plaçant l’être humain en tant que valeur centrale.

La non-violence est une force capable de changer la direction violente et inhumaine des événements actuels.

La non-violence cherche à promouvoir une nouvelle attitude interne et externe face à la vie, et ses outils principaux sont:

  • Le changement personnel, le renforcement et le développement interne, et la transformation sociale simultanée.
  • Refuser et ne pas répondre aux différentes formes de discrimination et de violence.
  • La non-collaboration avec les pratiques violentes.
  • La dénonciation de tous les faits de discrimination et de violence.
  • La désobéissance civile face à la violence institutionnalisée.
  • L’organisation et la mobilisation sociale, volontaire et solidaire.
  • Le développement des vertus personnelles et des meilleures et plus profondes aspirations humaines.

La Méthodologie de la non-violence s’est exprimée dans l’Histoire avec des actions actions et des développements dans leur tentative de transformer le monde. Des apports comme ceux réalisés par León Tolstoi, Mahatma Gandhi, Martin Luther King, et plus récemment, par le Guide de la non-violence, fondateur du courant de pensée connu comme le Nouvel Humanisme, Silo.

La Méthodologie de la non-violence s’exprime aussi dans les milliers d’actions communes que des millions de personnes mènent quotidiennement sur toute la planète. Des organisations, des groupes de volontaires et des personnes isolées avec un esprit solidaire tentent de transformer les situations de violence qui existent autour d’eux.

Ce sont des signes de la non-violence, des signes d’une nouvelle spiritualité et d’une nouvelle solidarité. Les signes d’un nouvel horizon personnel et social que nous avons besoin de construire. Ce sont des signes d’une évolution non-violente à laquelle chacun peut participer.

On comprend peu à peu que : « Sans progrès pour tous, il n’y aura de progrès pour personne ».
C’est le moment opportun pour exprimer le message calme et puissant de la non-violence. C´est le moment de grande nécessité dans lequel nous devons exprimer nos meilleures qualités pour construire un avenir non violent.

Le 2 octobre prochain diffusons dans le monde, avec force, le message :
« La Méthodologie de la Non-violence est la seule issue ».

2023/09/11

THÈSES POUR UN NOUVEAU PARADIGME sur la base des MOUVEMENTS ÉMERGENTS

 THÈSES POUR UN NOUVEAU PARADIGME sur la base des MOUVEMENTS ÉMERGENTS


Ces notes sont une tentative de compiler de manière  synthétique certains des points communs aux  mouvements dénommés émergents, c’est-à-dire les  divers mouvements sociaux qui sont apparus dès  2011 sur différents points du globe. 
Elles ont été formulées  grâce aux apports de membres de ces mouvements (15M, Indignés, Occupy, Yo soy 132, ..).
Ce travail se présente comme un résumé en forme de thèses qui  reprennent les idées et les valeurs communes observées dans ces processus, au-delà des  différents contextes sociaux et politiques où ils se manifestent.
C’est pourquoi  il peut sembler un peu incomplet, partiel, et n’est représentatif de personne. Il présentera un intérêt s’il est utile à l’ensemble, et s’il renforce la discussion, l’échange et la pensée collective. 


Thèse 1. Du réveil de  la Conscience. «Nous dormions… nous nous sommes  réveillés!». Nous avons pris conscience de nos possibilités. «Ceci n’est pas un rêve, c’est un réveil«. «C’est la révolution de la conscience» qui est en train de se découvrir, de dévoiler de nouvelles possibilités.


Thèse 2. De la Liberté. Aucun de nous n’a choisi ni le pays, ni le lieu, ni le moment où il apparait  comme être humain. Nous partons de la non-liberté.


Thèse 2.1) Le chemin vers la liberté, se nomme libération. Cela signifie se libérer pas à pas, c’est un mouvement, c’est un processus.

Thèse 2.2) «Nous n’avons pas  peur«. La libération avance lorsque nous dépassons nos craintes et nos peurs.

Thèse 2.3) Nous partons de la non-liberté individuelle et avançons vers la «co-liberté«, la liberté partagée avec les un-E-s et les autres. On parvient à la véritable  libération avec les autres et pour les autres.
Thèse 2.4) Le processus humain tend à une plus grande liberté sociale ainsi qu’à la libération personnelle.


Thèse 3. De l’Historicité. Nous accumulons une histoire.

Thèse 3.1) Nous bénéficions du savoir et de la connaissance accumulés par les femmes et les hommes qui nous ont précédé. Nous apprenons au fur et à mesure que nous nous  incorporons  au milieu social dans lequel  nous vivons et  nous évoluons.

Thèse 3.2) Nous utilisons toutes sortes d’objets, d’outils et de constructions qui ont été produits et qui ont été améliorés tout au  long de l’histoire.


Thèse 4. De l’Apprentissage.

Thèse 4.1) Nous avons appris quels sont les facteurs qui aident au progrès humain :


– Elargir  la participation citoyenne à tous les espaces sociaux et politiques.

– Augmenter la qualité de vie des citoyens.

– Améliorer l’éducation, la santé, l’habitat et l’alimentation.

– Mettre l’économie au service des gens et non le contraire, les gens au service de l’économie.

– Réduire les dépenses en  armement et le militarisme.

– Renforcer le dialogue et minimiser au maximum la violence institutionnelle sous ses diverses formes.

– Veiller à l’intégration sociale et  à la solution consensuelle  des conflits, que ce soit entre individus,  groupes ou peuples.

Prioriser les points antérieurs sera ce qui ouvrira les portes de l’avenir social.

Thèse 4.2) Nous avons appris quels sont les facteurs qui arrêtent le progrès humain :

–  Freiner les citoyen-nes dans leur participation sociale, dans leurs droits, dans leur liberté et leur refuser  certaines facettes de l’existence.
– Concevoir l’économie dans la seule  direction d’accumulation de ressources dans les  mains d’un petit nombre, au détriment de la majorité.
– Reléguer les citoyen-nes  à de basses conditions d’existence : esclaves à une époque, prolétaires à une autre, ou consommateurs dans l’actuelle.
– Valoriser l’économie au détriment de l’être humain, en produisant exclusions, maladies et même la  mort de beaucoup de gens.
– Maintenir des armées avec une capacité toujours plus destructrice. En faisant des recherches et en produisant des armes de destruction massive.
–  Perpétuer des politiques qui font que quelques pays soumettent, oppressent, envahissent d’autres pays ou s’octroient le pouvoir d’ingérence.
–  Exercer diverses formes de violence : physique, économique, raciale, générationnelle, religieuse, de genre, morale ou psychologique.


Thèse 5. De l’Égalité. Nous sommes égaux  face au droit, à  la loi, et aux  opportunités. Non seulement comme théorie ou  aspiration, mais aussi comme pratique.


Thèse 6. De l’Horizontalité. Nous nous mettons en relation  de manière horizontale. Nous promouvons l’horizontalité, la rendons manifeste et nous la développons dans tous les domaines.

Thèse 6.1) Horizontalité dans des relations de partenariat, de collaboration, d’échange; Plus de représentant/es, plus de chefs, plus de coupoles : personne au  poste de commandement.

Thèse 6.2) Nous impulsons la création de fonctions au service de  l’ensemble, selon les besoins;  Elles doivent être rotatives et rendre des comptes à l’ensemble.
Thèse 6.3) Nous sommes contre la compétitivité que propose ce système: cette forme d’individualisme exacerbé, où l’on met surtout l’accent sur les rôles protagonistes  Nous exprimons la sensibilité du non-protagoniste, de l’anonyme, de l’ensemble.


Thèse 7. De la Diversité. Nous sommes différents, avec des regards, des idéologies, des croyances spécifiques, et nous enrichissons l’ensemble par les divers apports de chacun.

Thèse 7.1) Nous allons amplifier cette diversité parce que nous sommes en permanence en train de grandir, de changer et de nous développer.


Thèse 8. De l’Inclusivité. Face au différent, il ne suffit pas «de le tolérer». Nous essayons d’aller plus loin pour l’approcher, l’inclure et nous y relier.

Thèse 8.1) Nous pratiquons  «l’écoute active», avec l’intention de comprendre le différent, en ouvrant de nouvelles voies de compréhension et de communication.

Thèse 8.2) Nous voulons aussi inclure les violents, puisque nous entendons qu’ils abandonneront la violence en  comprenant leur erreur de comportement.

 

Thèse 9. De la Sociabilité. «Ensemble nous pouvons» résoudre les conflits. Bien qu’on nous les présente de manière individualisée, ce sont des conflits sociaux. En rendant visible le conflit et en le socialisant, nous créons les conditions pour résoudre les problèmes que nous ne pourrions jamais résoudre de manière isolée. Nous cherchons à «amener le conflit au sein de l’assemblée


Thèse 10. De l’Intelligence Collective. Nous faisons travailler l’intelligence en réseau. La somme d’intelligences inThdividuelles n’a pas le même résultat que lorsqu’on travaille en relation et en  réseau,  en cherchant de manière collective. Cela multiplie les réponses et on trouve de meilleures solutions. L’intelligence collective produit un saut de niveau du travail d’ensemble.


Thèse 11. De la Pacification. Le processus humain évolue plus rapidement  quand il ne perd pas d’énergie dans des confrontations violentes. Nous pratiquons les relations de collaboration qui favorisent le progrès social.


Thèse 12. De la Non-violence. «Nous n’avons pas besoin de la violence, nous avons la raison«.

Thèse 12.1) Nous défendons la non-violence comme la posture existentielle la plus courageuse possible.

Thèse 12.2) Nous avons l’habitude de partager notre vie avec la violence, nous la sentons proche ;  notre travail consiste à la désactiver.

 

Thèse 13. De l’Action Volontaire. Nous agissons sans calcul économique. Nous construisons par et pour l’ensemble. « Nous apportons des gouttes d’eau à la grande rivière de l’espèce humaine. »

 

Thèse 14. De la Cohérence. Nous agissons conformément à nos principes. Nous voulons que confluent, la pensée, l’émotion et l’action. «Quand nous disons quelque chose, nous nous y engageons et nous le faisons».

 


Thèse 15. De l’Ensemble. Je me découvre moi-même au travers du nous.

Thèse 15.1) Depuis l’ensemble nous pouvons construire notre libération.

Thèse 15.2) C’est dans l’ensemble que le meilleur de chacun s’exprime.

Thèse 15.3) C’est dans l’ensemble que nous nous découvrons  humain et découvrons l’humain chez les autres.

 

Thèse 16. Du Respect. Nous voulons que les personnes s’expriment librement et qu’elles ne soient pas jugées, dans la mesure où elles ne violentent pas les autres.

Thèse 16.1) Nous respectons les autres et nous nous respectons. Cela augmente notre dignité.

Thèse 16.2) Nous respectons l’autre bien qu’il-elle ait une idéologie, une croyance ou une conduite différente de la notre.

Thèse 16.3) Nous nous respectons nous mêmes lorsque nous sommes cohérents dans nos vies.

 

Thèse 17. De la Spiritualité.

Thèse 17.1) Nous assistons au surgissement d’une forme de religiosité athée.


Thèse 17.2) Il existe une recherche de spiritualité  sans dieux et sans temples.

Thèse 17.3) Nous ne sommes pas meilleurs ni pires pour être athées ou croyants.

Thèse 17.4) Les religions ont été ambivalentes quant à  l’aide apportée au processus humain. À certains moments elles l’ont soutenu, dans d’autres elles l’ont freiné en générant énormément de souffrance.

 

Thèse 18. De l’Inspiration. Nous avons eu l’expérience de «connexion» entre nous, d’une syntonie, de nous » sentir dans la même chose «. Nous avons été capables de créer une atmosphère qui inondait les rues et les places teignant  tout de liberté, de possibilités, êtres humains connectés dans la lutte. Tout se remplit d’humanité.

Quand cela se donne, tout devient  possible. Cette énergie forme partie de notre inspiration.

 

Thèse 19. De la Mondialisation. Nous  connaissons l’importance des actions locales, mais nous savons aussi qu’elles ne peuvent résoudre à elles seules les problèmes globaux. Le monde est dans un processus de mondialisation et aujourd’hui certaines solutions ont  besoin de se donner à cette échelle. En voici quelques unes:


Thèse 19.1) En finir avec la faim sur la planète est la priorité.

Thèse 19.2) Réorienter les dépenses militaires et en armement  vers le progrès  social pour accélérer le développement de l’être humain.

Thèse 19.3) Approfondir la démocratie, en la rendant plus participative et avancer en justice,  transparence et équité sans exclusions sociales.

Thèse 19.4) Prioriser la santé, l’éducation et le logement  pour toutes et tous.

Thèse 19.5) Ces propositions ne sont pas utopies irréalisables, mais des aspirations réelles et possibles. Il existe des conditions techniques et des ressources suffisantes. Le 99 % de la population mondiale partage cette aspiration. Il est déjà en train de surgir entre les peuples cette syntonie qui rendra  tout cela possible … Les mouvements émergents en sont un symptôme … nous sommes en train d’avancer vers cette connexion globale

 

Thèse 20. De la rEvolution. Au XXIe siècle nous pouvons et c’est à nous qu’il revient de reformuler l’action sociale et le type de société que nous voulons.

Thèse 20.1) Cette révolution est non-violente. «Prochaine station : Révolution»

Thèse 20.2) Les formes de lutte sociale basées sur la violence renforcent le vieux système patriarcal et violent.

Thèse 20.3) Une forme de lutte est la non-collaboration avec des lois illégitimes. La désobéissance civile.
Thèse 20.4) La meilleure forme de lutte , c’est de construire des alternatives à ce qui ne marche pas, qui servent d’effet-démonstrations du nouveau.

 

Thèse 21. Du réveil d’une génération planétaire.

Thèse 21.1) Nous assistons  au réveil  d’une génération sur le plan mondial qui s’exprime dans les mouvements sociaux émergents.

Thèse 21.2) Une génération qui trouve un appui et un souffle dans les générations précédentes. Elle n’est pas en confrontation avec celles-ci.

Thèse 21.3) Une fois socialisé au niveau mondial, le maniement des technologies de communication instantanée et le développement des réseaux sociaux ont créé  les conditions de travail en réseau pour une nouvelle étape du processus humain.

 

Thèse 22. Du Nouveau Paradigme. L’interaction des thèses antérieures configure un nouveau paradigme de  civilisation qui va nécessairement produire des changements profonds dans le domaine social, culturel et existentiel de l’être humain. «Excusez le dérangement, nous  sommes en train de changer le monde».

 

Thèse 23. Le Nouveau Paradigme est déjà installé. En référence à la Thèse 2 sur la Liberté, ces Thèses  peuvent être librement discutées, rejetées, socialisées, étudiées,  approfondies,  appliquées, ignorées, combattues,  incorporées à la propre vie ou niées, et plus encore. Selon la posture que l’on prend,  notre avenir s’ouvrira ou au contraire se fermera. Ce qu’on ne  pourra sûrement pas faire, c’est les éliminer, les oublier, et encore  moins empêcher qu’elles se développent. Parce qu’elles sont déjà installées dans la conscience de beaucoup de citoyens, ainsi que dans la notre. Elles sont venues pour rester et n’en partiront pas de sitôt.  «Nous avons déménagé à ta conscience». «S’ils ne nous permettent pas de rêver, nous ne leur permettrons pas de dormir».

 

Thèse 24. Le Nouveau Paradigme est déjà en phase de réplication.  Dans toute la société, on en  voit de multiples manifestations de ces changements.

Thèse 24.1) Nous appliquons nos énergies pour récupérer tout ce qui sert, pour l’améliorer, et surtout pour construire du neuf. Nous ne luttons même pas contre le vieux, puisqu’il est déjà en train de s‘effondrer de lui-même.


Thèse 24.1)  À un moment  donné que nous ne pouvons pas définir, ce Nouveau Paradigme entrera dans une phase de réplication virale …

Vous êtes prêts ?

«Nous allons lentement parce que nous allons loin«.

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*Groupe collaboratif  transversal de membres des mouvements 15M, OWS, Occupy, Indignés, YS132.

*Ce blog débute en diverses langues. Nous espérons en élargir la liste. Les intéressés pour y  collaborer peuvent  laisser un message.

*Cette  version n’est pas fermée. Elle s’enrichira avec les apports et les commentaires que nous recevrons. Nous vous y invitons.

*Nous pensons actualiser cette version  avec la suivante 24.1  pour octobre 2013.

* Voici le site web où laisser les suggestions est https://thesesmouvementsemergents.wordpress.com/